EN MODE ACTION 05 - Octobre 2025

Automne 2025 | EN MODE ACTION.

Politique LA PRÉSIDENTE DÉMISSIONNAIRE DE LA RÉGION

RENCONTRE ➜

“Mon souhait désormais, c’est Après 17 ans à la tête de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay a décidé de passer la main. Elle revient sur ces années intenses, son engagement, ses souvenirs. Confidences.

Propos recueillis par Jean-François Hauser

En Mode Action : Dans quel état d’esprit êtes-vous Marie Guite Dufay au moment où vous tournez la page de plus de 40 ans d’engagements publics dont 17 ans à la tête de la Région Franche-Comté puis Bourgogne Franche-Comté ? Marie-Guite Dufay : Je suis dans un état d’esprit serein car la décision de démissionner, c’est moi qui l’ai prise seule en mon âme et conscience. Dire que je n’ai pas de nostalgie, c’est autre chose, et j’avais quand même quelques appréhensions sur les conséquences de cette décision en interne. Mais je vois que les choses se passent bien et que le passage de relais s’est fait dans la sérénité. M-GD : Il est clair que dès la réélection de 2021, je me suis dit que ce serait très long pour moi de tenir jusqu’en 2028. Si j’allais jusqu’au bout sans rien préparer, je ne voulais pas prendre le risque que le vide s’installe et je préférais donc que d’autres que moi se fassent connaître avant cette échéance. C’est désormais chose faite avec Jérôme Durain qui doit me succéder. M-GD : J’avais une grosse pression de mon camp pour m’inciter à repartir à un moment où la menace RN, et ça s’est confirmé, était très forte. Dans ce contexte, j’ai dû faire face à des médias nationaux qui se demandaient ce que j’allais faire dans cette galère avec en plus, une gauche qui était divisée. Il n’y avait à l’époque pas beaucoup de personnalités politiques qui portaient le sujet de l’union de la gauche de façon concrète. J’ai essayé de le faire, je l’ai fait avec les communistes, seule, mais je n’ai pas réussi à le faire avec les Verts. Je n’étais pas dans l’idéologie, eux y étaient à cette époque et je reste convaincue qu’ils auraient eu plus d’élus s’ils avaient accepté l’union. Dans ce contexte compliqué, j’étais sans doute aussi un atout face au RN. Je me suis sentie investie de cette obligation d’y aller. Tout en me disant qu’il faudra bien faire le point à mi-mandat sur la suite en cas de réélection. En Mode Action : Vous saviez depuis plusieurs années que vous n’iriez pas au bout de ce dernier mandat ? En Mode Action : Pourquoi alors avoir accepté de repartir en 2021 ?

M-GD : Jérôme Durain a une stature nationale, c’est aussi quelqu’un qui a une grande expérience de la Région puisqu’il est dans son troisième mandat. C’est un grand spécialiste de l’aménagement des territoires, comme l’est Éric Houlley côté franc-comtois. Je suis persuadé qu’il saura faire cela à l’échelle de la grande région. Il sait, et je lui ai demandé aussi, qu’il devra travailler à ce que l’équilibre des deux entités de la région soit respecté. S’il agit comme moi, le seul reproche qui pourra lui être fait par les Bourguignons est de faire trop attention à la Franche-Comté ! Moi, c’est l’inverse qu’on m’a souvent reproché ! En tout cas, il devra aller au contact sur le terrain sur l’ensemble du territoire, mais je pense qu’avec Jérôme Durain, la Région sera entre de bonnes mains. En Mode Action : Revenons quelques années en arrière, quand vous avez accédé à la présidence de la Région Franche-Comté en 2008 suite au décès de Raymond Forni. Vous étiez préparée à endosser la fonction ? M-GD : Pas du tout ! Raymond Forni me convoque un jour dans son bureau de président. C’était à l’époque où Paulette Guinchard m’avait demandé de me présenter aux législatives pour tenter de lui succéder. Il était en train de perdre ses forces. Il me dit : “Pour moi, c’est le plus beau mandat de la République.” Je pensais qu’il me parlait du mandat de député. Il ajoute ensuite : “Je ne suis pas éternel, il faut que tu penses à la Région…” Il est décédé six mois après et c’est alors que je me suis rendu compte qu’il m’avait délivré ce jour-là un message subliminal pour que je prenne sa suite. Mon expérience de la campagne des législatives entre temps, même si je n’avais que très peu de chances d’être élue, m’a donné des forces pour la suite et pour prendre la succession de Raymond Forni à la tête de la région Franche-Comté en 2008. M-GD : Pas du tout en effet. En 2004, je me suis retrouvée sur la liste de Raymond Forni car c’était une liste de parti et que j’avais fait des questions de formation et d’emploi à la mairie de Besançon mes spécialités. Quatre ans après, alors que j’étais restée dans l’ombre de Raymond Forni pendant tout le début du mandat, je me retrouve à la présidence de la Région. En Mode Action : Vous n’étiez pas dimensionnée ni préparée pour une telle fonction ?

“Lui adorait la communication, moi je fuyais ça…

En Mode Action : Le Bourguignon Jérôme Durain élu le 5 septembre fera un bon successeur ?

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