EN MODE ACTION 04 - Avril 2025
L’info en
Yves Krattinger, une vie politique
dont il a été élu en 1988 en tant que conseiller général du canton de Rioz. Il est élu sénateur de la Haute-Saône en 2003, puis réélu en 2004. Il a démissionné le 10 février 2025 après avoir dirigé la Haute-Saône pendant un quart de siècle. Il a été remplacé à la tête du Conseil départemental par Laurent Seguin, conseiller départemental et maire de Faucogney et-la-Mer dans le pays des 1 000 étangs. Yves Krattinger est officier de la légion d’honneur.
Le tout jeune retraité de la politique a consacré plus de 50 ans de sa vie à la chose publique. Parcours.
Yves Krattinger est né le 5 novembre 1948 à Boult (Haute-Saône) Socialiste, puis divers gauche, il a présidé le Conseil départemental de la haute Saône de 2001 à 2025. Avant d’entrer en politique, en tant que professeur, il a enseigné la construction mécanique et microtechnique de 1975 à 2001, au lycée Édouard-Belin de
Vesoul, puis au lycée Jules-Haag de Besançon. Élu d’abord conseiller municipal à l’âge de 22 ans à Boult, puis conseiller municipal et maire de Chaux-la-Lotière à 33 ans, il a adhéré au P.-S. en 1982. Il a également été maire de Rioz de 1995 à 2001. En 2001, il est élu président du Conseil général de la Haute-Saône
Haute-Saône. Et quand on m’a demandé de me présenter au Sénat, j’ai accepté à la condition de pouvoir rester président. C’est une mission où on est vraiment dans l’action directe. Il y a une proximité avec les habitants, les entreprises, les partenaires… qui convient bien à ma façon de faire. Ce qui fait que quand il y a eu une nouvelle loi sur le non-cumul des mandats en 2014, j’ai choisi de ne pas me représenter au Sénat pour privilégier cette fonction. Je ne suis pas trop bureaucratique - on m’a souvent dit : “toi, tu parles comme nous” -, et j’aime bien entendre tous les points de vue. Ce qui a sans doute aidé. J’organisais des réunions hebdomadaires avec les élus de la majorité, pour faire en sorte que chacun puisse dire les choses. On doit pouvoir régler les questions entre nous dans notre diversité. Et j’ai toujours eu le courage d’arbitrer, même quand c’était difficile. En Mode Action : Outre le développement numérique, vous avez fait de l’accessibilité routière de ce département rural, un cheval de bataille. En quoi était-ce important ? Yves Krattinger : J’ai effectivement été dans les premiers à prendre le train du numérique, aussi bien autour du raccordement à la fibre, que du recrutement de conseillers numériques pour se former, ou l’équipement des collèges. La question du désenclavement était tout aussi primordiale et je suis fier d’avoir obtenu la délégation de maîtrise d’ouvrage pour les routes nationales. Au total, nous avons pu faire pour 440 millions d’euros de travaux sur les routes de Haute-Saône, de 2003 à 2023 (dont 190 millions d’euros en maîtrise d’ouvrage déléguée et un peu plus de 200 millions d’euros en maîtrise d’ouvrage d’État). À l’image du tronçon Lure-Héricourt, de la mise à 2 x 2 voies de la R.N. 57, entre Rioz et Voray-sur-l’Ognon, ou encore du prolongement sur la section Vellefaux (pour améliorer la liaison Vesoul-Besançon, dont il ne reste plus que 10 km à réaliser entre Rioz et le
carrefour d’Authoison). On poursuit aujourd’hui sur la nationale entre Sévenans et Héricourt. Il restera à régler l’aménagement entre Lure et Vesoul. En Mode Action : Que penser des oppositions rencontrées dans le dossier de l’élargissement de la R.N. 57 dans le Doubs entre Micropolis et Beure ? Yves Krattinger : Je pense qu’il faut des voies de communication et qu’on arrivera à des motorisations meilleures, y compris sur les poids lourds. Il faut juste être patient. Et que si on veut faire travailler les gens sans voiture dans nos zones rurales, cela n’ira pas. En Mode Action : Prôner une politique active de développement des routes ne va-t-il pas à l’encontre des enjeux environnementaux ? Yves Krattinger : On confond la question de la motorisation avec celle de la desserte. Que l’on essaie de moins polluer, c’est évident, mais ce n’est pas contradictoire avec le fait de se déplacer. Une route caillouteuse ou mal entretenue est, on le sait, plus polluante qu’un équipement sécurisé. Yves Krattinger : Je tenais à ce que les Haut-Saônois soient fiers de leur département et abandonnent leur complexe. Nous avons réussi à changer l’image que l’on s’en faisait, notamment grâce au Tour de France. On a participé à faire connaître la Planche des Belles Filles, c’est devenu une vitrine avec six passages du Tour et même l’arrivée finale du Tour féminin. On a fait du cyclisme un outil touristique formidable. Je me félicite aussi d’avoir porté la question de l’égalité homme-femme au sein des instances départementales. Certains de mes collègues y étaient opposés, à gauche comme à droite, et la plupart m’ont fait remarquer, après coup, qu’ils s’étaient trompés et que cela avait permis de faire mûrir les débats dans nos assemblées. n En Mode Action : Quels ont été vos autres grands engagements ?
“Si on veut faire travailler les gens sans voiture, cela n’ira pas.”
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