EN MODE ACTION 04 - Avril 2025
Printemps 2025 | EN MODE ACTION.
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Débat À UN AN DES PROCHAINES MUNICIPALES
Un statut de l’élu pour renforcer les vocations ? La création d’un statut de l’élu apporterait sans doute quelques sécurités aux élus qui s’engagent. Il n’est cependant pas au cœur de l’engagement. La prétendue crise des vocations est à relativiser.
À moins d’un an du prochain scrutin municipal, le Cevipof (le centre d’études de la vie po litique dépendant de Sciences Po) a lancé une grande enquête auprès des maires de France pour connaître leur état d’esprit et évaluer leur volonté, ou pas, de briguer un nouveau mandat. Dans le Doubs comme ailleurs, nombreux sont ceux qui se posent la question à dix mois du scrutin. On sait par exemple que pour Patrick Genre le maire de Pontarlier, c’était le dernier mandat, il l’a annoncé dès sa dernière élection en 2020. C’est le cas aussi dans des communes rurales comme Chemaudin où le maire Gilbert Gavignet a annoncé son retrait après plusieurs décennies consacrées à la vie de cette commune de la périphérie bisontine. Alors qu’Anne Vignot, elle, à Besançon, a clairement affiché son ambition de briguer un second mandat à la tête de la ville-préfecture du
“Hélas aucune loi ne pourra imposer le respect des élus.”
Doubs. Dans cette enquête dédiée à l’état d’esprit des maires à un an du scrutin, il apparaît que 41,7 % des maires interrogés (l’échantillon dépasse les 5 000 maires), dé clarent vouloir être candidats à leur propre succession en 2026. 28,2 % d’entre eux affirment vouloir renoncer, et 30,1 % sont encore indécis. Ceux élus après 2020 sont même 45,5 % à vouloir rempiler. L’étude du Cevipof fait apparaître pourtant des dispa rités selon la taille de la commune. “Plus la taille de la commune est grande, plus l’intention de se réengager augmente. Le seuil de plus de 1 000 habitants semble déterminant” observent les enquêteurs. D’autant plus que la réforme électorale touchant ces dernières a été adoptée. Par ailleurs, plus le nombre de mandats successifs exercés est élevé, plus le souhait de ne pas se représenter augmente. “En toute logique, cette ancienneté élective met en exergue un facteur âge et une lassitude dans le rôle de maire, qui a pu s’accélérer ces dernières années au regard de facteurs contextuels.” La volonté de réengagement est aussi en corrélation avec l’âge des élus. Le réengagement se conjugue plus avec la jeunesse. Les moins de 35 ans sont 3 fois plus nombreux à vouloir continuer que les + de 75 ans. Pour rappel, la moyenne d’âge des maires est de 60 ans. L’âge critique se situe autour de 65 ans, période charnière entre le besoin de repos ou de recul, et la poursuite de l’engagement ajoute l’enquête parue il y a quelques semaines. Une nuance cependant : les exécutifs intercommunaux (présidents et/ou vice-pré sidents d’interco) sont nettement plus disposés que les conseillers communautaires ou les non élus au sein d’un EPCI à vouloir se réengager dans leur mandat municipal. Mais près d’un quart des maires dit encore pouvoir changer d’avis d’ici le scrutin. En moyenne, les maires déclarent passer 32 heures par semaine aux affaires communales. Et disent prendre 2,7 semaines de va cances par an. Quelles sont les raisons institutionnelles de leur re noncement ou de leur hésitation ? En premier lieu, “des ressources financières et fiscales insuffisantes” pour leur commune avancent les élus. Puis “une trop forte exigence des citoyens” et, en troisième lieu, “des indemnités insuffisantes.”
L’info en
Cumul des mandats, le retour ? Le Premier ministre François Bayrou lui-même estimait en fin d’année dernière “qu’on s’est trompé en rendant incompatibles les responsabilités locales et nationales.” Depuis quelques mois, une petite musique monte pour revenir sur ce que le législateur avait interdit sur fond de demande populaire (populiste ?) en 2014 : le cumul des mandats. En décembre dernier, le groupe LR à l’Assemblée a déposé une nouvelle proposition de loi pour abroger la loi de 2014 et ainsi permettre le cumul d’une fonction exécutive locale avec le mandat de parlementaire. Lui qui a été à la fois maire et député et qui a choisi en 2017 de ne rester plus que maire de Vesoul, Alain Chrétien estime lui aussi que l’interdiction du cumul a eu comme effet indirect un abaissement du débat démocratique au sein de l’Assemblée. “Un député dans l’Hémicycle a beaucoup de responsabilités déclamatoires, mais aucune décision opérationnelle à prendre. Alors que quand vous êtes maire en même tant que député, vous êtes beaucoup plus humble, vous ne donnez pas de leçon. L’interdiction du cumul a incontestablement conduit à une dégradation de l’ambiance et des débats au sein de l’Assemblée” observe Alain Chrétien. L’ancien député-maire (comme l’ont été dans le Doubs Annie Genevard, ou Jean-Marie Binétruy et Jean Louis Fousseret avant lui) estime cependant que “revenir sur la règle du non-cumul n’est surtout pas la priorité du moment. Il faudrait en rediscuter, sans doute, mais quand on aura réglé les principaux problèmes qui se posent actuellement à la France.” La gauche, elle, reste farouchement opposée à un quelconque retour du cumul.
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