Journal C'est à Dire 98 - mars 2005

D O S S I E R

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D’Arçon à Remonot Des améliorations espérées avec les stations de Doubs et Ville-du-Pont

Sur ce secteur, le phénomène de prolifération d’algues tend à se manifester de plus en plus tôt. Des pollutions d’origine agricole et domestique susceptibles d’être atténuées par une meilleure ges- tion des eaux usées du secteur et de l’agglomération pontissalienne.

toutes les problématiques en compte. “On pour- rait s’inspirer du contrat de rivière mis en pla- ce pour la Loue.”

l’instant où l’on aura une rivière propre, on pour- ra travailler efficacement.” La qualité de l’eau du Doubs implique une pri-

se de conscience collective de la sour- ce jusqu’à la confluence avec la Saô- ne. Il ne s’agit pas forcément de dur- cir ou compliquer encore les réglemen- tations. “On demande seulement qu’on fasse déjà respecter les prescriptions réglementaires concernant par exemple les mises aux normes des installations

En attendant, les pêcheurs saugets fondent beaucoup d’espoir sur la mise en service, programmée pour mi-2005, de la seconde tranche de la station d’épuration de Doubs qui reçoit notam- ment les eaux usées de la ville de Pon- tarlier. Ils attendent également avec impatience la construction de la sta-

“Si on a une rivière propre, on pourra tra- vailler efficace- ment.”

“O n observe déjà des mousses noires qui recouvrent le fond. Je ne sais pas à quoi ça correspond mais c’est rare de voir ça à cette époque de l’année. Le manque d’eau peut également accen-

tuer ce phénomène.” Patrick Toupance, le pré- sident de la Truite du Saugeais et du Trésor, ne voit guère l’intérêt d’entreprendre un plan de gestion des milieux aquatiques sans avoir au préalable réglé les problèmes de pollution. “Dès

tion d’épuration de Ville-du-Pont. Le projet englo- be Montbenoît, Maisons-du-Bois, La Longeville, Ville-du-Pont et La Chaux-de-Gilley. “Les col- lecteurs intercommunaux sont réalisés. Les 5 vil- lages sont connectés à l’exception des hameaux et fermes isolées. Le permis de construire de la sta- tion est accordé. Le lancement des travaux est prévu d’ici le mois de mai” , annonce la secré- taire de la communauté de communes du can- ton de Montbenoît. La remise en état du barrage d’Arçon et de l’an- cien canal d’amené prend bonne tournure. Le dossier de financement qui s’inscrit dans le cadre des fonds européens Fidel est en cours de vali- dation. Le Conseil général prendra à sa charge 50%, la communauté de communes les 2/3 de la somme restante et la société de pêche appor- tera le complément. “Ce canal est utilisé com- me réserve de pêche. On introduit toujours un peu de truitelles. Un aménagement est néces- saire pour obtenir de meilleurs résultats.” Les choses sont beaucoup moins avancées du côté du barrage de Remonot. Son état de déla- brement a causé la disparition d’une impor- tante frayère à perches et à brochets. Cet ouvra- ge n’est plus entretenu par son propriétaire. “Avant d’envisager une intervention, il faut régler une question juridique liée au droit d’eau.” La recherche d’une solution amiable est en cours d’étude avec le Département et la communau- té de communes du Val de Morteau. ! F.C.

susceptibles d’avoir un impact sur la qualité des rivières.” Patrick Toupance estime qu’il serait opportun de lancer un projet global qui prendrait

Le barrage de Remonot est en très mauvais état. En concertation avec tous les acteurs, Le Conseil général du Doubs et la communauté de communes du Val de Morteau cherchent une solution pour réhabiliter l’ouvrage.

État des lieux Un nivellement par le bas et par le haut De 1999 à 2003, Jean-Luc Falconnet et Jean-Yves Rouaut, respectivement biologiste et chimiste à la D.I.R.E.N. ont dressé un état des lieux sur la qualité du Doubs entre Mouthe et Goumois. Un travail réalisé dans le cadre de la directive européenne sur l’eau et qui sera consultable en sous-préfecture en mai prochain. Synthèse des résultats.

Entre Arçon et Montbenoît, on observe en été une importante prolifération alguale engendrée par des pollutions d’origine agricole et domestiques et accentuée par la chaleur et les débits faibles.

Méthode : Pendant la durée de l’étude, 2 prélèvements ont été effectués chaque année au printemps et à l’automne sur 5 points de sui- vi : pont des Rosiers à l’amont de Pontarlier, pont rouge à la confluence Doubs-Drugeon, Arçon, pont de Sobey et Gou- mois. “Cet état des lieux est effec- tué sur des tronçons associant une rivière et ses affluents qu’on identifie sous le terme de masse d’eau. Il y en a 7 sur le secteur étudié” , simplifie Jean-Luc Fal- connet. Au niveau physique-chimique. 3 masses d’eau sur 7 sont consi-

Commentaires : “Globalement, on constate une amé- lioration par le bas mais à l’inver- se les excellentes rivières ou tronçons comme le Dessoubre ou Goumois ont tendance à disparaître.” Comme tous les outils de mesure, l’I.B.G.N. a ses limites. Le degré de précision s’ar- rête au niveau de l’identification des familles. Il ne prend pas en comp- te les changements observables au sein d’une même famille. Il faut éga- lement se garder de l’interpréter de façon purement scolaire. En théo- rie, la seule note acceptable pour un cours d’eau serait 20. Chaque fois qu’on perd un point, il faut consi- dérer qu’un nouveau problème sur- vient. !

dérées comme bonne à satis- faisante. Les principales conta- minations recensées, c’est-à-dire au-dessus des normes, sont : - pollution d’azote d’origine urbai- ne et agricole sur le Drugeon et entre Pontarlier et Morteau. - pollution métallique à l’aval de Morteau. Détection de chro- me et de nickel. Même constat sur le Drugeon. - pollutionmicro-polluants orga- niques (hydrocarbures aroma- tiques polycycliques : H.A.P.) : de Saint-Point à Goumois. Ces H.A.P. n’ont pas une origine connue. Ils proviennent de com- bustion naturelle ou anthro- pique. On les retrouve à l’aval

des stations d’épuration. - Pollution suspecte par les pes- ticides de l’aval de Mouthe jus- qu’à Goumois Le diagnostic est plus sévère pour l’analyse biologique qui comprend les poissons, la végé- tation et les invertébrés aqua- tiques. - fortes proliférations alguales : Drugeon. À l’aval de Pontarlier jusqu’à Villers-le-Lac. - mauvaise qualité piscicole : Drugeon. DeMouthe à Goumois. - invertébrés. Des qualités dou- teuses dès l’aval de Mouthe.

et des cours d’eau depuis 10 ans Pour mesurer la qualité d’un cours d’eau, les scientifiques uti- lisent une méthode normali- sée basée sur l’identification des familles d’invertébrés aquatiques. Ce travail leur permet de déter- miner l’Indice Biologique Glo- bal Normalisé ou plus commu- nément appelé I.B.G.N. qui défi- nit la qualité d’un cours d’eau en lui attribuant une note variant de 0 à 20. -Aval deMouthe : 12/20 en 1996 et 13/20 en 2003. - Entre Labergement-Sainte- Marie et Oye-et-Pallet : situa- tion satisfaisante entre 15 et

16/20. - À l’amont de Pontarlier : qua- lité excellente jusqu’en 1994 puis nette régression avec 10/20 en 1996, 12/20 en 1999. Aujour- d’hui, amélioration sensible avec 16/20. - À l’aval d’Arçon. Qualitémoyen- ne en 1996, entre 10 et 12/20. En 2004, 14/20. Une améliora- tion envisagée avec les stations de Doubs et Ville-du-Pont. - Morteau. Situation mauvai- se jusqu’en 1999 : 9/20 puis 11- 12/20 et en 2003-2004 : 14-15/20. - Goumois : 18-19/20 jusqu’en 1998 puis glissement pour atteindre aujourd’hui 16/20.

Évolution au niveau des stations

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