La Presse Pontissalienne 217 - Novembre 2017

La Presse Pontissalienne n° 217 - Novembre 2017

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l Politique d’aide Les syndicats agricoles Divergences sur l’évolution du soutien au bio

Approuvée par la F.D.S.E.A., la décision de supprimer à partir de 2018 les aides au maintien de l’agriculture bio suscite la colère de la Confédération paysanne et des groupements de producteurs bio.

L es crises agricoles com- binées à l’appétit des consommateurs pour le bio, + 20 % en 2016, pro- voquent une vague de conver- sions sans précédent. Au point que les enveloppes s’avèrent insuffisantes. Les retards de paiement s’accumulent depuis deux ans. Face à cette situation, le ministre de l’agriculture Sté- phane Travert a annoncé en juillet dernier un transfert de 4,2 % du budget du premier pilier de la P.A.C. vers le second pilier, géré par les régions, qui sert en partie au financement du bio. Le montant du transfert est estimé à 300 millions d’eu- ros qu’il faudra répartir sur dif- férents aides : mesures agro- environnementales, l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (I.C.H.N.) et le bio. Le 20 septembre dernier, le ministre a confirmé que l’État se désengageait des aides au maintien en concentrant ses efforts sur l’aide à la conversion bio. Une position défendue par la F.D.S.E.A. et la chambre d’agriculture du Doubs. “Reven-

diquer des aides au maintien, c’est de mon point de vue per- sonnel, un facteur de non-rému- nération par le marché. Je crois davantage à l’économie par la construction de filière à valeur ajoutée” , explique Daniel Prieur, le président de la chambre d’agri- culture 25-90. Vincent Guillemin du groupe- ment régional d’agriculteurs biologiques estime que le trans- fert de 4,2 % du budget du pre- mier pilier au second pilier est largement insuffisant. “Il aurait fallu au moins 6 % uniquement dédiés au bio. L’État se désen- gage en invitant les Régions à

plafonnée à 5 000 euros par an alors que certains éleveurs et céréaliers touchent parfois jus- qu’à 120 000 euros du premier pilier. Cette aide au maintien, c’est un peu la carotte pour main- tenir les néo-convertis dans le bio. Si le marché bio se suffit à lui-même et n’a plus besoin d’ai- de, pourquoi ne pas supprimer le versement de l’I.C.H.N. aux producteurs de lait à comté qui eux aussi gagnent bien leur vie ?” Jean-Michel Bessot qui prési- de la Confédération paysanne dans le Doubs s’interroge sur l’intérêt de maintenir les aides à la conversion sur cinq ans alors que la valorisation en bio est autorisée au bout de la secon- de année. Le porte-parole de la Conf’ dans le Doubs, Jérémie Colley craint que “les petites fermes soient encore les plus impactées. Il n’y a pas de raison que ce soit le bio qui trinque le plus. On risque de dissuader des agriculteurs à passer en bio. Il faudrait que les primes soient indexées non pas sur le nombre d’hectares mais sur le nombre d’actifs.” n

compenser. On sait très bien que les budgets des collectivités sont de plus en plus serrés.” Avis par- tagé par Pierre Chupin, l’un des trois co-prési- dents d’Interbio Franche-Comté. “C’est scanda- leux de suppri- mer une aide

Les enveloppes s’avèrent insuffisantes.

“C’est scandaleux de supprimer une aide plafonnée à 5 000 euros par an quand on sait que certains éleveurs et céréaliers touchent jusqu’à 120 000 euros par an du premier pilier de la P.A.C.”, s’insurge Pierre Chupin, l’un des trois co-présidents d’Interbio (photo archive L.P.P.).

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