La Presse Pontissalienne 217 - Novembre 2017

LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n° 217 - Novembre 2017

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AGRICULTURE BIO, MARCHÉS LOCAUX, PRODUCTIONS FERMIÈRES… LE HAUT-DOUBS EN CIRCUITS COURTS

Le bio, les circuits courts, l’agriculture raisonnée, ne sont plus une mode réservée à une minorité de rêveurs ou d’utopistes. Les nouveaux modes de consommation font de plus en plus appel à ces formes de production et de distribution. Les conversions en bio n’ont jamais été aussi nombreuses malgré la baisse annoncée des aides. Dossier.

9 % des terres agricoles sont en bio l Franche-Comté De plus en plus de conversions La vague des conversions bio qui déferle aujourd’hui dans la plupart des régions françaises a débuté sur le sol comtois au milieu des années soixante-dix avec la mise en place du comté bio. Le mouvement a évolué au gré des crises agricoles et s’amplifie notablement depuis trois ans.

ploitation per- mettant d’accéder aux aides à la conversion. “On observe une secon- de vague en 2009 et 2010 suite à l’écroulement des cours du lait stan- dard et des céréales conven- tionnelles” , pour- suit celle qui fut longtemps à la tête d’Interbio Franche-Comté. La troisième pha- se, d’une ampleur sans précédent, est celle que nous vivons actuelle- ment. Amorcée

entre 15 et 30 en Franche-Com- té. Il a triplé depuis trois ans en nombre comme en surface. 9 % des terres agricoles sont aujourd’hui conduites en bio. “On est de plus en plus sollici- té par des producteurs de lait à comté qui se posent des ques- tions. Ces personnes sont atti- rées par le cahier des charges bio plus restrictif que celui de l’A.O.P. comté. Cette prise de conscience tombe plutôt bien au moment où les affineurs peinent à répondre à la demande en com- té bio. C’est le moment ou jamais. Il y a de la place même si la démarche doit être collective car le comté impose de se mettre à plusieurs pour remplir les cuves. Il est nécessaire aussi d’être rela- tivement regroupé pour maîtri- ser les coûts de collecte. Toute conversion impose des contraintes techniques auxquelles il faut répondre, cela fait aussi partie des missions d’Interbio” ajoute la spécialiste. Cette notion collective s’applique aussi à la viande où il s’avère vite nécessaire de faire appel à un opérateur en capacité de valo- riser les bêtes sur un réseau organisé. “Ici, se pose un pro- blème d’équilibre matières qui bloque certains éleveurs isolés. L’application du label bio répond aux mêmes contraintes tech- niques, logistiques et commer- ciales que les productions conven- tionnelles.” n F.C.

Q ue ce soit dans l’affi- nage lent des comtés qui font aujourd’hui la renommée de tou- te la filière ou dans l’accompa- gnement des premières coopé- ratives à comté bio, force est de reconnaître que Marcel Petite

a toujours eu une longueur d’avance. Plusieurs de ces coopé- ratives comme à La Chaux-de- Gilley, à Chapelle-des-Bois ou aux Cerneux-Monnot ont fêté en 2015 ou 2016 leurs 40 ans de conversion au bio. Certaines de ces fruitières n’existent plus.

D’autres, dans le Doubs et le Jura, ont également opéré une conversion partielle ou totale. “Jusqu’à la fin des années quatre- vingt-dix, on peut considérer que 50 % du lait bio comtois partait dans la fabrication du comté bio” , estime sans trop se trom-

per Christelle Triboulot, char- gée de mission spécialisée sur les filières longues à Interbio Franche-Comté. La diversifica- tion des productions bio en gran- de culture, maraîchage, viticul- ture remonte à la mise en place des Contrat Territoriaux d’Ex-

Un mouvement d’une ampleur sans précédent.

Évolution des surfaces bio en Bourgogne-Franche-Comté entre 2015 et 2016 (Source Agence Bio/O.C. - Agreste)

depuis 2015, elle répond à la fois à une demande des consom- mateurs de plus en plus sou- cieux de s’alimenter sainement si possible en circuit court. Elle correspond également à une réaction des producteurs de lait standard fragilisés par des prix catastrophiques qui saisissent l’opportunité d’aides à la conver- sion particulièrement attrac- tives. “Ces conversions se font le plus souvent sur la Haute- Saône et dans le nord du Doubs. On espère qu’une partie des can- didats resteront en bio, à nous de les convaincre et de leur expli- quer l’éthique et les valeurs qui nous animent.” Avant 2015, le rythme des conversions annuelles variait

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