la Presse Pontissalienne 241 - Novembre 2019

PONTARLIER 14

La Presse Pontissalienne n°241 - Novembre 2019

RENCONTRE Littérature Le “Joli Cœur” de Dominique Raguin-Meyer Tel est le titre du premier roman édité par cette professeure de français, passionnée de littérature depuis toujours. Elle réalise là un très vieux rêve, et nourrit déjà d’autres projets.

deux ans de recherches, de docu- mentations, car tous les lieux sont réels, deux ans pendant lesquels ses personnages l’ont tenue en haleine. “C’est génial d’écrire, et d’imaginer. Je suis sortie de moi, je me suis mise à la place de ma grand-mère. Il y a beaucoup d’amour dans ce roman de ma part et de la part de la narratrice” , décrit la romancière, qui aime travailler le vocabulaire. Lorsqu’elle a posé le point final à “Joli Cœur”, elle a “été contente et triste de laisser ses personnages. Ce n’est pas un roman d’action. C’est un roman sur l’analyse des sentiments, des personnages, de l’amour à la haine, un roman réaliste” , défi- nit-elle. La passion de l’écriture ne sem- ble plus la quitter puisque Domi- nique Raguin-Meyer a déjà envoyé un recueil de 7 nouvelles à sa maison d’édition. “J’ai com- mencé un deuxième roman, dont l’histoire débute en 1970” , révèle- t-elle. L’écrivaine aimerait main- tenant aller à la rencontre de ses lecteurs, à travers des dédi- caces en librairie et des parti- cipations à des salons litté- raires. n M.T.

C’ est à 38 ans qu’elle devient professeure de français, après une carrière aux impôts entamée pour faire plaisir à son père.Alors maman de deux filles en bas âge, elle passe le C.A.P.E.S. “Je suis très très contente d’avoir fait ce choix, car j’aime donner ! J’ai tenu un journal intime dès mes 12 ans, et ce jusqu’à ce que je me marie” , confie Dominique Raguin- Meyer. “J’avais un très vieux rêve : celui d’éditer un roman un jour” , poursuit-elle. C’est donc à l’âge de 62 ans, qu’elle a pu le réaliser, avec la sortie de “Joli Cœur” le 13 sep- tembre. L’ouvrage a été envoyé à plusieurs maisons d’édition et a été retenu par les Éditions

Gunten, à Dole, qui diffusent dans toute la Bourgogne- Franche-Comté et l’Alsace. Ori- ginaire de Lons-le-Saunier, c’est dans cette ville que l’auteure a choisi de situer son histoire. “L’histoire remonte le temps et se passe sur tout le XX ème siècle. Elle commence en 1908 et se ter- mine en 2008” , précise-t-elle. “C’est l’histoire d’un personnage, Françoise, qui a une cinquan- taine d’années, et qui entreprend d’écrire l’histoire de sa grand- mère à partir d’une lettre écrite par cette dernière, plus de 50 ans auparavant. Elle en fait plus un roman” , raconte Dominique Raguin-Meyer, qui elle-même a écrit à titre privé, l’histoire de ses deux grands-mères.Voici le résumé : “Françoise entre-

prend d’écrire Joli Cœur, le roman d’une rencontre qui a bouleversé quatre femmes de sa famille. La guerre, entre-temps, n’a pas réussi à reléguer les sou- venirs. 17 ans d’amour, d’attente, se sont écoulés, dévalant le cœur d’Augustine comme un torrent plutôt qu’une

Un rêve de petite fille.

douce rivière. Ils ont érodé son âme elle aussi en guerre,mais contre elle-même, une autre facette de sa cruauté.” L’écriture de cet ouvrage, auquel on trouve des airs de Maupassant, a duré deux ans,

Le premier roman de Dominique Raguin-Meyer est disponible dans les librairies de la région, et est certainement le premier d’une longue série…

RECHERCHE Un ouvrage collectif Le chapitre manquant de l’histoire de l’horlogerie dans le Haut-Doubs Le Centre d’Entraide Généalogique de Franche-Comté sous la direction de Martine Prenot-Guinard édite un ouvrage collectif consacré aux horlogers du Haut-Doubs forestier. Retour sur un savoir-faire prestigieux et totalement méconnu.

Située rue Morand à Pontarlier, la maison de Junius Gondy. On retrouvera des membres de cette famille d’horlogers à Besançon et à La Chaux-de-Fonds.

O n a coutume de différencier aujourd’hui le Haut-Doubs forestier du Haut-Doubs hor- loger mais il n’en a pas toujours été ainsi comme on peut le constater à la lecture de cet ouvrage imposant qui recense les horlogers ayant exercé dans le triangle d’or du Haut-Doubs forestier. “C’est le territoire compris entre Pontarlier, La Ferrière et Roche- jean. On y a ajouté aussi une grosse partie du Val de Mouthe jusqu’à Cha- pelle-des-Bois” , décrit Martine Prenot- Guinard. Cette passionnée d’histoire locale et de généalogie s’est d’abord beaucoup intéressée aux origines du prieuré de Saint-Point. Au fil de ses recherches, elle constate la présence de nombreux horlogers à Saint-Point mais aussi aux Grangettes, à La Planée. D’autres amis généalogistes comme Jean-Pierre Favrot confirment cette densité à Chapelle- des-Bois, Chaux-Neuve. Ce savoir-faire s’étend aussi à d’autres villages comme Oye-et-Pallet, Les Verrières-de-Joux et Pontarlier. “On a travaillé une dizaine d’années sur ce sujet pour réaliser ce livre de 180 pages.” Les origines de l’horlogerie dans le

deux types de production avec l’horloge fabriquée du côté du Val de Mouthe et au fur et àmesure que l’on se rapproche de Morbier.Autour du lac et Pontarlier, il était plus question de montres et de pendules. “Sur ce secteur, on recense beaucoup de décès liés au saturnisme car les horlogers faisaient de la dorure à partir de mercure.” L’ouvrage met en évidence la mobilité des horlogers qui voyagent beaucoup. Il nous fait décou- vrir ces “garçons horlogers” titulaires d’une maîtrise qui se déplacent un peu partout pour vendre ou réparer leur production. Ils seront remplacés au XIX ème siècle par les colporteurs. Pontarlier fut un centre horloger très actif où venaient s’installer de nombreux fabricants. Les notables de la ville se permettront toutes les audaces. “Ils ont par exemple obligé Maillet, le fabri- cant d’horloges monumentales bien connu, à vivre cinq ans sur place pour avoir le droit de réparer les horloges de la ville. Ils sont même allés jusqu’à refuser à Breguet de venir s’installer à Pontarlier.” Autre caractéristique commune aux horlogers éclairés, la plupart étaient francs-maçons.Martine Prenot-Guinard

Haut-Doubs forestier sont fort anciennes puisqu’elles remontent au XVII ème siècle.Martine Prenot-Guinard est convaincue qu’il existe un lien étroit avec l’exploitation du minerai de fer en différents gisements duHaut-Doubs et notamment sur le Mont d’Or. “Cette activité spécifique a contribué selonmoi à l’émergence de l’horlogerie dans ce triangle d’or. C’est une hypothèse per- sonnelle qui ne fait pas toujours l’una- nimité.” À cette époque, on parle d’horlogers complets capables de fabriquer toutes les pièces d’une montre. Ce qui suppose

et les généalogistes qui l’ont accompa- gnée dans cette aventure dressent aussi un inventaire précis des horlogers vil- lage par village. Pour Chapelle-des- Bois, cela représente 28 pages et aux Verrières-de-Joux 68 pages. Citons par exemple le fameux Poix-Landry à Cha- pelle-des-Bois qui a aussi vendu des serrures à un certain Louis XVI. Aux Verrières-de-Joux la famille Jouille qui a fini dans la limonade. Les Barthet aux Grangettes qui partiront s’installer à Marseille et Malte. Jacques Paillard originaire des Hôpitaux-Neufs qui fut l’un des premiers horlogers bisontins. Jules-César Fernier à Oye-et-Pallet, grand-père du peintre. À La Planée, Jean-Antoine Laresche. Horloger du prince de Condé, il mit au point une “machine-réveil” dont il confia la pro- duction à Japy. Il y a du génie horloger dans le Haut-Doubs forestier. Et Martine Prenot-Guinard cite par exemple à Sarrageois, Séraphin Cart- Grandjean. Né en 1828, ce meunier va fabriquer l’horloge astronomique aujourd’hui visible au musée de l’hor-

logerie à Morteau. Originaire de Pon- tarlier où l’on peut toujours voir sa belle demeure rue Morand, Junius Gondy fabriquera une horloge qui rem- portera une médaille à l’exposition uni- verselle de Philadelphie. L’histoire va connaître un coup d’arrêt en 1875 quand les horlogers demandent le soutien de la ville de Pontarlier pour construire une fabrique. Nouveau refus et à partir de là, beaucoup préféreront soit partir à Besançon, Morteau, Vil- lers-le-Lac ou changeront d’orientation pour trouver de l’emploi au P.L.M. ou dans une nouvelle activité en plein boom : l’absinthe. n Livre “De la Mine à l’horloge. Des horlogers dans le triangle d’or du Haut-Doubs forestier” Ouvrage collectif du Centre d’Entraide Généalogique de Franche-Comté sous la direction de Martine Prenot-Guinard

de savoir lire, écrire et compter. “Les premiers horlogers sont donc issus de classes aisées. Ce sont souvent des fils de nota- bles à l’image des Brocard à Rochejean. Les règles et le statut de l’horloger évolueront de façon radi- cale au cours du XVIII ème siècle avec la généralisa- tion de l’établissage impulsée par Laurent Mégevand.” De même, elle distingue

Beaucoup de décès liés au saturnisme.

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