La Presse Pontissalienne 298 - Novembre 2024

24 Le dossier

La Presse Pontissalienne n°298 - Novembre 2024

l L’Entrepôt du bricolage Une baisse entre 5 et 10% Premier coup de frein après 17 ans de croissance Le fléchissement du marché immobilier se répercute forcément sur le second œuvre avec des achats de matériaux et d’outillage en retrait comme le constate Benoît Gagelin de L’Entrepôt du Bricolage à Doubs.

Sans être alarmiste, Benoît Gagelin qui dirige L’Entrepôt du bricolage estime qu’on ne retrouvera

pas encore en 2025 la dynamique du marché immobilier.

“C C e ralentisse ment représente sur une année une baisse du chiffre d’affaires entre 5 % et 10 %. C’est la première fois depuis la création du magasin en 2007 que l’on enregistre un retrait d’activité aussi important” , explique le directeur. À la diffé rence d’autres enseignes locales, L’Entrepôt du bricolage n’entre pas dans la catégorie des négo ciants de matériaux où vont s’ap provisionner les constructeurs. “Chez nous, la vente directe aux professionnels correspond à 20 % de l’activité globale. On travaille sur le second œuvre avec des entreprises générales et des par ticuliers. Cette part d’activité progresse car on est en capacité de proposer une grande ampli tude horaire avec un gros stock,

en bois : charpente, autoclave, lamellé, ossature-bois ainsi que sur les fers à béton. Les maté riaux dont le process de fabri cation intègre de grosses dépenses d’énergie restent aux mêmes prix.” Avec le contexte politique plutôt anxiogène, les consommateurs sont aussi plus prudents et pri vilégient l’épargne à l’investis sement. “Cette année, on a aussi souffert de la fermeture de la R.N. 57. Même si on travaille peu avec les Suisses, ces diffi cultés de circulation s’appli quaient aussi à nos clients qui vivent sur le secteur des Fourgs ou du Mont d’Or” poursuit Benoît Gagelin. Si la poursuite de la baisse des taux laisse espérer une reprise d’activité immobilière, l’impact ne sera pas immédiat et d’une

ce qui convient bien aux artisans qui peuvent, par exemple, venir chercher ce dont ils ont besoin sur le temps de midi avec la quasi-certitude de trouver leur bonheur.” Moins de maisons à construire, c’est donc moins de matériaux, moins de fournitures vendues aux artisans et aux particuliers qui se gardent souvent des fini tions à exécuter eux-mêmes : parquets, salle de bains, cuisines, aménagements de combles et des extérieurs. Les causes de cette désaffection de clientèle sont bien identifiées : crise immo bilière, taux d’intérêt, conditions de financements. “Après l’envol du prix des matériaux à l’époque du Covid, on commence main tenant à ressentir une déflation des prix sur certaines familles de produits comme les matériaux

l’intérêt d’avoir aussi mis en place une large offre de services : S.A.V., location d’outillage, solu tion de transport, revente d’outil d’occasion et bien sûr le site Internet du groupe Entrepôt du bricolage. “À notre niveau, les ventes en ligne représentent 4 à 5 % du chiffre. La notion de ser vices est devenue hyper impor tante” termine le patron de l’en seigne. n F.C.

magasin qui emploie 60 salariés pour un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros ? “Cela pose pas mal de questions sur les aug mentations de salaire, la gestion du personnel, les investissements. On vivait sur un rythme de crois sance annuel de 2 à 4 %, ce qui permettait d’évoluer assez serei nement. On sait déjà que l’on ne fera pas de recrutements en 2025. On reste toujours en mode projets mais en étant plus vigilant.” D’où

ampleur telle qu’on a pu l’ob server par le passé. “Il y aura un effet d’inertie qui va sans doute se prolonger jusqu’au pre mier semestre 2025. Personne ne peut encore nous prédire à quelle pression fiscale seront sou mis les Français dans les mois à venir. On manque franchement de lisibilité.” Quelles sont les conséquences de cette baisse d’activité à L’En trepôt du bricolage, dans ce

l Location

- 50 % de chiffre d’affaires

“Nous sommes dans le brouillard,

l Pontarlier La Maison des travaux Un courtier en travaux pour faciliter les rénovations Installé depuis deux ans rue de Besançon, Maxime Philippe de “La Maison des travaux” est courtier en travaux. Il conseille sur les travaux dans le neuf ou la rénovation et fournit un réseau d’artisans locaux. Une activité qui connaît un bel engouement malgré le contexte immobilier tendu.

pas d’éclaircie avant 18 mois” Le marché de la location subit par ricochets les conséquences de la crise immobilière. Les transactions locatives auraient chuté d’au moins 50 %. L’éclairage de Laurent Reynaud, le président régional du réseau F.N.A.I.M.

L a Presse Pontissalienne: Qu’en est-il du secteur de la location localement ? Laurent Reynaud : Le marché est tendu, c’est le moins qu’on puisse dire… Et il l’est encore plus dans le Haut-Doubs. Depuis deux ans, le nombre de nouveaux contrats de location a chuté de 50 à 60 %. Les locataires ne bougent pas de leur loge ment de peur de ne pas pouvoir en retrouver un autre ou parce qu’ils ne peuvent pas acheter. Et s’ils prennent le risque de quitter leur logement pour en retrouver un autre, le loyer sera forcément plus élevé vu la pénurie. L.P.P. : Quelles sont les raisons de ce blocage ? L.R. : La question du D.P.E. d’abord qui a refroidi beaucoup de propriétaires à louer leurs logements. Et bien sûr la baisse du nombre de permis de construire qui a chuté d’au moins 50 % ces trois dernières années. Un autre paramètre existe, ici aussi: un certain nombre de propriétaires, pour avoir des revenus complémen taires plus élevés, préfèrent louer en AirBnb. Au lieu de toucher un loyer de 800 euros par mois par exemple, en 8

I l est l’intermédiaire entre les habitants de logements et les artisans. Courtier en travaux installé à Pontarlier mais rayon nant sur l’ensemble du Doubs, Maxime Philippe ne connaît pas vraiment de ralen tissement dans son activité. Malgré l’effon drement de la construction neuve. Cette der nière a laissé la place à la rénovation, notamment énergétique. Après dix ans passés dans le secteur de la construction, Maxime Philippe connaît bien son sujet. “Le plus gros travail est de recruter des artisans et créer un réseau” , explique-t-il. Fort d’une cinquantaine d’artisans locaux, il

Laurent Reynaud est le président de la chambre syndical F.N.A.I.M. de Franche Comté.

les met en relation avec ses clients selon les besoins, et négo cie les meilleurs tarifs et les meilleurs délais. “Quand on appelle les artisans, une grosse partie du projet est déjà faite. Je les débarrasse de la partie commerciale, du pré-chiffrage. J’accompagne financièrement, techniquement, administrati vement les projets.” Rénovation intérieure dont énergétique,- Maxime Philippe accompagne aussi pour les aides étatiques - surélévation ou extension, aménagement extérieur, il fédère un réseau de tous les corps d’artisans. Sa clientèle, des primo-accédants

nuits à 100 euros, ils touchent déjà le même revenu, et pour l’instant ils y gagnent fiscale ment. Ajoutons à cela la hausse des taux ces deux dernières années: moins de personnes devenues propriétaires, cela signifie moins de logements remis en location. Résultat: on n’a jamais eu un taux de vacances aussi faible depuis bien longtemps, il est bien infé rieur à 4 %, encore moins dans le Haut-Doubs. L.P.P. : Les agences commencent elles à voir une éclaircie ? L.R. : Avec l’inertie et dans ce

contexte, il n’y aura aucune éclaircie avant au moins 18 mois. Les agences restent pour l’instant dans le brouillard. Leur chiffre d’affaires lié aux frais d’agence payé au moment d’un changement de locataire a chuté de 50 % ces deux der nières années. À l’échelle natio nale, 700 agences ont disparu en 2023, le chiffre 2024 devrait encore être supérieur. Et dans le contexte politique actuel, on ne voit pas comment il pour rait y avoir une politique du logement assez ambitieuse pour relancer la machine. n Propos recueillis par J.-F.H.

Un engouement pour la rénovation.

Maxime Philippe s’est installé en courtier des travaux il y a deux ans à Pontarlier.

ou des rachats de maisons, des achats plaisirs, sont principalement des particuliers, “une clientèle plus raisonnée.” La Maison des travaux à Pontarlier compte environ une soixantaine de clients en travaux finis. Enfin, le client ne paie “pas de frais de courtier” , la rémunération de Maxime Philippe et de son équipe - deux professionnelles en décoration intérieure et une en agencement - est assurée par son réseau d’artisans. n L.P.

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