La Presse Pontissalienne 297 - Octobre 2024

Le dossier 21

La Presse Pontissalienne n°297 - Octobre 2024

l Association L’Escale Les bienfaits de la dynamique de groupe au service des patients L’association L’Escale mobilise des soignants et des patients dans l’organisation d’animations, de sorties, d’activités thérapeutiques. Une façon d’entretenir du lien social, de retrouver de l’estime de soi et le goût de vivre.

B Bien avant la construction du Grandvallier en 1998, il existait déjà une asso ciation au centre psychia trique des Genévriers à Villers-le-Lac. “Elle réunissait alors uniquement des soignants. La compo sition de l’association a évolué en 1999 avec la volonté d’accorder plus de place aux patients qui ont ainsi rejoint les soignants. Cette association nous a aussi permis d’avoir plus d’autonomie par rapport à l’administration hospi talière pour faire des sorties, des acti

qui fait elle aussi partie du collectif présidence. L’Escale concerne tous les patients du pôle psychiatrique qu’ils soient hos pitalisés au Grandvallier ou avec une prise en charge ambulatoire. Chaque club se réunit une fois par semaine pour définir le programme hebdoma daire. “On se retrouve tous ensemble une fois par mois.” Le champ des actions est très large : sorties, parti cipation à la semaine du goût, prépa ration des animations de Noël, Car naval. “On fait aussi un loto aux

vités” , rappelle utilement Marlène Binétruy, psychologue et membre du collectif secrétariat au sein de L’Es cale. L’association compte entre 120 et 130 adhérents répartis en trois clubs thé rapeutiques avec une gouvernance organisée trois collectifs : secrétariat, trésorerie, présidence. “J’admets que c’est un peu compliqué mais structuré en privilégiant une gestion de groupe à tous les niveaux : prise de décision, organisation des activités…” complète Sophie Bagnoud, la présidente officielle

psychiatrique

la responsable du pôle. Zoom La C.G.T. dénonce le manque de moyens accordés à la psychiatrie L e syndicat C.G.T. du C.H.I.H.C. constate depuis plusieurs années l’augmentation de l’activité au sein du pôle de psychiatrie. “Les patients accueillis sont de plus en plus jeunes, souvent sans domicile. Les missions demandées aux équipes du pôle sont de plus en plus variées et l’accompagnement pour réinsérer ce public en souffrance n’est pas financé par l’A.R.S.” , explique le syndicat. Ce manque de moyens affecte aussi toutes les unités du pôle : l’hôpital psychiatrique, les C.M.P., hôpitaux de jour, C.A.T.T.P. “Le pôle fait ce qu’il peut avec toute la bonne volonté du personnel, motivé, empathique avec les moyens qui lui sont octroyés.” La C.G.T. pointe aussi du doigt la place de la psychiatrie dans la formation. “Nous attendons du nouveau référentiel des études d’infirmières une meil leure prise en compte de la spécialité Psy chiatrique avec plus de stages et d’heures de formation.” Il dénonce enfin les risques liés au financement de la prise en charge. “La réforme du financement de la psychiatrie avec 15 % de son budget basé sur la T2A dotation à l’activité va obliger les établissements de faire des sorties prématurées, avec un retour sur la société dans les mêmes conclu sions que lors de leurs admissions. Alors la psychiatrie sera stigmatisée dès qu’un pro blème sociétal fera la une des journaux.” n

Soignants et patients se réunissent régulièrement pour organiser les activités, les sorties, les actions mises en place par l’association l’Escale.

a le sentiment d’appartenir à un groupe. Cela permet de nouer des amitiés et des liens de confiance. Comme j’adore les chiffres, je fais partie du collectif trésorerie.” L’association est également impliquée au centre d’activités théra peutiques à temps partiel où il est pos sible de participer à différents ateliers : bricolage, cuisine, atelier d’écriture, marche pédestre… Sans oublier le res taurant “Le temps d’une pause” qui fonctionne le mardi. “J’ai commencé à aller à l’atelier cuisine du C.A.T.T.P.

Capucins. Cela permet de récupérer de l’argent pour financer les actions” , note Emre, un autre patient en mode thérapeutique. L’hôpital de Pontarlier verse chaque année une subvention à l’association. Cela représentait une aide de 8 000 euros en 2023. Un grand pique nique a récemment été organisé sur le site de la Perdrix. “Tous les membres de l’association ont pris part à l’orga nisation de cette journée” , souligne aussi le docteur Buisson, psychiatre au Grandvallier. “Pour cette sortie, on a travaillé sur le thème des jeux anciens. Ces réunions, rassemblements ont tou jours un but thérapeutique. En tant que personne soignée, on peut reprendre le goût des projets, gagner en confiance, voir autre chose que le repli sur soi, trouver sa place dans le groupe. Dans la vie de tous les jours, ce n’est pas tou jours facile d’afficher qu’on a eu des soins en psychiatrie” , énumère Sophie Bagnoud qui suit actuellement une formation de pair-aidante. Un terme étrange pour évoquer un accompagne ment, un soutien et une aide apportés par une personne ayant une expérience de vie et de rétablissement avec une maladie, des troubles ou un handicap à une autre personne vivant une expé rience similaire. Cynthia, autre patiente, exprime sa satisfaction d’adhérer à l’Escale : “On

par curiosité car je n’aime pas cuisiner. Un jour, on m’a proposé d’intégrer l’équipe du restaurant et je m’y plais énormément. Je ne fais toujours pas la cuisine chez moi mais cette expérience m’a motivé à faire d’autres choses” , témoigne Émi lie, patiente et membre du collectif secrétariat. À l’Escale, chacun y trouve son compte. “Cela permet d’huma niser les rapports entre les soignants et les soi gnés. Ici tout le monde est d’accord qu’ensem ble, c’est plus facile que tout seul.” n

“Ensemble, c’est plus facile que tout seul.”

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