La Presse Pontissalienne 292 - Mai 2024
10 Pontarlier
La Presse Pontissalienne n°292 - Mai 2024
Zoom Actif ou dette patrimoniale ?
URBANISME Les 20 ans de l’acquisition Ce bien qui aurait pu rapporter plus de 2,5 millions d’euros d’impôts
en 2016 par l’État qui confirmait que ce bâtiment ne pouvait être rasé. Un Pontissalien s’était employé à calculer ce que la maison Chevalier aurait pu Avis partagé par Julien Toulet, autre élu de la minorité qui estime aussi que ce bien vient amplifier une dette patrimoniale déjà importante. “On peut intégrer l’îlot Lallemand, la Chapelle des Castors, l’ancienne école Vannolles, sans compter le retard pris dans la rénovation des autres bâtiments publics.” L a minorité pontissalienne regrette aussi que la maison Chevalier n’ait jamais trouvé une destination dans un contexte démographique et financier qui n’était guère favorable. “Ce bien inoccupé depuis 20 ans représente clai rement un manque à gagner fiscal, sans compter l’évolution des coûts de la réno vation qu’il faudra débourser pour le rendre habitable. Entre 2007 et 2013, Pontarlier a perdu près de 1 500 habi tants alors qu’elle a conservé la même structure” , analyse Gérard Voinnet, élu de la minorité pontissalienne.
priété qu’il faudra sans doute démolir pour la reconstruire à l’identique. Pour autant, les professionnels de l’immo bilier semblent toujours intéressés par un bien de cette taille aussi bien situé au centre-ville. L’idée d’un portage public-privé est dans l’air du temps avec sans doute une surface à vocation publique ou commerciale en rez-de chaussée. Il ne reste plus qu’à espérer qu’un projet aboutisse enfin avant de célébrer les 25 ans de cette coquille vide. n F.C. Sur la destination, le choix de la minorité pontissalienne est clair. “En dehors des locaux à usage public, on doit privilégier des logements à vocation sociale, ce qui n'empêche pas d’y mettre quelques logements de haut standing pour amortir les coûts. Sur la méthode de construc tion, je pense qu’il faut peut-être extraire quelques éléments mais pour le reste, c’est plus simple de raser et de recons truire à l’identique avec des techniques d’aujourd’hui. Pour nous, c’est un projet à confier aux bailleurs sociaux.” n Les deux élus approuvent aussi le fait que la Ville ait racheté la maison Che valier mais il serait grand temps de la valoriser. “La municipalité annonce tou jours que c’est un actif mais qui ne rap porte rien, contrairement à la forêt ou à la Belle Vie qui génèrent des recettes issues de la vente des bois ou des loca tions” , poursuit Gérard Voinnet.
Q u’il l’admette ou pas, ce dossier restera l’un des plus débattus voire critiqués depuis que Patrick Genre a pris les rênes de la ville de Pontarlier en 1999. Assez paradoxalement, personne ne conteste le fait d’avoir investi dans l’acquisition de ce bien. C’était d’ailleurs une volonté de la famille propriétaire qui avait fixé comme clause le maintien du parc atte nant à la propriété. Engagement tenu avec la création du jardin public Jea nine-Dessay. Après l’achat, la commune avait dû trouver des solutions de relogement pour les habitants qui vivaient encore dans la Maison Chevalier en 2004. Au bout de 3 ou 4 ans, des promoteurs locaux avaient fait des propositions immobilières à la commune sans qu’elles aboutissent. Le choix d’une destination pour cette propriété his torique qui offre 3 800 m 2 de surface de plancher a évolué au fil du temps. Médiathèque, foyer ou résidence pour personnes âgées, service des archives, locaux associatifs, logements sociaux, les idées ne manquent pas. Certaines sont toujours d’actualité sans que rien ne soit encore validé. Plusieurs fois évoquée, la question de la démolition reste entière. Ancien couvent des Bernardines dont la construction remonte vers 1670, la maison Chevalier a une valeur histo rique. Comme l’a confirmé l’étude faite
L’année 2024 marque les 20 ans d’acquisition de la Maison Chevalier par la Ville de Pontarlier qui avait alors déboursé à l’époque 1,275 million d’euros. L’investissement n’a pas encore été rentabilisé, tant s’en faut.
rapporter en impôts locaux dans l’hypothèse d’y amé nager une trentaine de loge ments de standing. Résultat, c’est près de 2,5 millions d’euros de manque à gagner pour la commune. Se pose aujourd’hui la ques tion de chiffrer le coût d’une transformation d’une pro
L’idée d’un portage public privé.
Acquise en 2004 par la Ville de Pontarlier, la maison Chevalier attend toujours sa destination, vingt ans après…
RENCONTRE
Une bourse du Rotary
Montserrat Gutierez, pérégrination d’une Mexicaine en Franche-Comté À seulement 16 ans, Montse a eu la chance de voyager en Europe grâce au Rotary international, une association philanthropique. Elle est actuellement hébergée à Pontarlier, chez Gérard Toitot, un rotarien local.
Montserrat Gutierez s’est vue attribuer une boursepar leRotary international pour voyager en Europe et découvrir de nouvelles cultures.
A vec les souvenirs des quatre coins du globe et les autres breloques qui pendent après sa veste bleue comme des décorations d’une palanquée de pays, Mont serrat Gutierez n’a rien d’une touriste comme les autres. “J’ai déjà visité Paris, Strasbourg, Bruxelles, Berlin, Amsterdam, Milan et Vienne” , énumère la jeune Mexicaine, dans un fran çais à peine maculé d’intonations castillanes. Elle a eu l’opportu nité de traverser l’Atlantique grâce au Rotary club de sa ville, une association philanthropique présente sur tous les continents et créée en 1905 aux États-Unis. Arrivée à l’aéroport de Genève en septembre 2023, elle a passé deux mois dans une famille de Vuillafans. Aujourd’hui et jusqu’en septembre, elle séjourne
confortablement installée sur un canapé et semble si épanouie et radieuse dans son nouveau cadre de vie qu’on pourrait pen ser qu’elle a toujours vécu dans la vaste maison des Toitot. Si elle est ici, précise son père adop tif, “ce n’est pas pour apprendre notre langue, mais pour décou vrir la culture française.” Vaste programme auquel s’est rapi dement attelée la jeune fille. Tout d’abord en passant par la case du lycée. “J’ai été accueillie dans une classe de seconde du lycée Xavier-Marmier, car il n’y a pas d’examens à ce niveau-là. Les élèves et les professeurs m’ont bien reçue. La prof d’espagnol m’a beaucoup aidée pour m’ex primer en français… Mais j’ai toujours du mal avec la gram maire et la prononciation” , admet-elle en laissant échapper
chez Gérard Toitot, le respon sable jeunesse du Rotary club de Pontarlier. Son association organise des “studing exchanges” chaque année. Vingt-quatre jeunes gens de Colombie, du Japon ou de Taïwan, sélection nés sur dossiers, ont atterri en
même temps que r dans le district Alsace-Franche Comté. Dans le même temps, vingt-cinq Français ont fait le trajet inverse. “C’est un peu notre quatrième enfant” , soutient Gérard. Le retraité n’a pas tort : Montse, comme ses “parents français” la surnomment, est
“J’ai bien aimé le comté.”
il n’y a pas de petit-déjeuner, par exemple” , explique Montse, qui a été également déconcertée par les plateaux garnis de fro mages de toutes sortes. “Au Mexique, nous en mangeons beaucoup moins. J’ai quand même bien aimé le comté” , concède-t-elle en souriant. La découverte des plats tradi tionnels s’est faite dans les deux sens, puisque la jeune Mexicaine a proposé à ses hôtes du gua camole, une fameuse prépara
un rire. La jeune lycéenne a éga lement passé du bon temps à Paris, ville où réside le fils de Gérard Toitot. “On l’emmène partout, se réjouit ce dernier. Dernièrement, elle m’a accom pagné au salon des vins, à Pon tarlier. Elle est allée aussi à la chorale.” Cependant, s’il y a bien un endroit pour apprécier les us gaulois, c’est bien la cuisine. “J’ai été perturbée par les horaires des repas : chez nous,
tion à base d’avocat. Des saveurs exotiques qui ont rappelé à Montserrat, non sans nostalgie, les couleurs du pays de Frida Khalo et Pancho Villa. “J’essaye d’appeler mes parents et ma petite sœur une fois par semaine. C’est dur de vivre loin d’eux” , souffle-t-elle. Montse est tout de même bien courageuse d’avoir traversé un océan et de s’être lancée gaillardement à la décou verte d’un autre continent, à seulement 16 ans. n
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