Le Doubs Agricole 46 - Novembre 2025
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LE PRÉSIDENT DE LA C.U.M.A. BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ “En C.U.M.A., c’est important d’avoir l’esprit coopératif”
À la tête de la fédération des C.U.M.A. en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2018, Hervé Delacroix, agriculteur à Courvières dans le Haut-Doubs revient sur l’histoire, le fonctionnement, les missions, les pistes d’amélioration et les dif fi cultés auxquelles est confrontée la structure.
L e Doubs Agricole: Le concept des C.U.M.A. est-il partagé sur l’ensemble de la région ? Hervé Delacroix : Le principe de répartition, c’est que chaque exploitant dispose d’une C.U.M.A. à moins de 10 km de chez lui. L’offre est hétérogène avec des C.U.M.A. dynamiques et d’autres qui le sont moins notamment sur les zones en déprise agricole. LDA : Quelques mots sur l’histoire de cette fédé ration régionale ? HD : D’abord signaler que tous les départements de Bourgogne-Franche-Comté sont représentés à l’exception du Territoire de Belfort. L’histoire de cette fédération est marquée par une succession de fusions
organisées dans un premier temps à l’échelle des anciennes régions, en 2012 pour la Bourgogne et en 2016 pour la Franche-Comté avant d’aboutir en 2018 au regroupement actuel. Dans chaque département, il y a une quinzaine de référents dont trois sont élus au conseil d’administration de la fédération régionale. LDA : Et le fonctionnement de cette fédération ? HD : Elle s’appuie sur une équipe de 21 salariés avec un directeur, une dizaine d’animatrices réparties dans les territoires. Elles apportent des conseils, gèrent des projets d’investissement, organisent des journées techniques. Il y a aussi deux chargés de mission innovation qui accompagnent les C.U.M.A. sur différents projets en lien par exemple avec la transition énergétique, des pratiques plus vertueuses. Ils gèrent notamment le dispositif Dina-C.U.M.A. qui vise à améliorer le fonctionnement de la C.U.M.A. et du travail collectif. Aujourd’hui la Fédération dispose d’une enveloppe de 60 000 euros attribués par l’État, mais en diminution d’un tiers pour 2026, et qui permet de financer des journées d’intervention. Chaque année, une trentaine de C.U.M.A. bénéficie de ce dispositif. LDA : Quel est votre parcours au sein des C.U.M.A.? HD : Quand je me suis installé en 1991 sur un G.A.E.C. mère-fils, j’avais besoin de matériel et pas les moyens de tout acquérir. J’ai adhéré à la C.U.M.A. de la Baume à sa création en 1992 et je m’étais mis sur tous les matériels : épandage, bétaillère. Quand on a fusionné en 1994 avec deux autres G.A.E.C., la C.U.M.A. nous a vraiment aidés. Elle regroupe aujourd’hui 15 exploitations sur les communes de Courvières et Boujailles. Il y a pas mal de jeunes. Je suis entré au conseil d’administration des C.U.M.A. du Doubs en 2000. Je me suis retrouvé président en 2006, puis président de la fédération Franche-Comté en 2012. Quel que soit le niveau, j’ai toujours été administrateur. En C.U.M.A., c’est important d’avoir l’esprit coopératif. LDA : La C.U.M.A. facilite donc l’installation ? HD : C’est même très attractif. Avec 2 000 à 3 000 euros de parts sociales, cela permet d’accéder à beaucoup de matériel en épandage, manutention, transport et même à du matériel de fenaison dans les grosses C.U.M.A. avec des tracteurs et des salariés. Avec cette stratégie matériel, on peut privilégier d’autres investissements comme la salle de traite ou la stabulation qui sont, à mon sens, plus importants qu’un tracteur ou qu’une tonne à lisier utilisée seulement quelques jours par an.
LDA : L’année 2025 a été riche pour la fédération Bourgogne-Franche-Comté ? HD : On a reçu du 3 au 5 juin à Beaune le congrès national de la F.N. C.U.M.A. qui se déroule tous les trois ans. C’est un événement très fédérateur. Après la journée statutaire, on a organisé des visites dans chaque département. Dans le Doubs, les congressistes ont pu découvrir la fruitière de Chay vers Quingey et la C.U.M.A. de l’avenir à Lavans-les-Quingey. HD : Tout à fait. C’est sa raison d’être en coopérant avec la fédération nationale. On est là pour défendre les statuts. On formalise des conventions avec des organismes de gestion. On travaille avec les mêmes logiciels, les mêmes partenaires. On s’est mobilisé pour que les C.U.M.A. bénéficient des mêmes avantages que les agriculteurs comme l’exonération de la taxe à l’essieu ou la possibilité de revendre l’énergie fournie par des panneaux photovoltaïques. LDA : Le modèle C.U.M.A. est perfectible ? HD : Bien sûr. Il y a encore des choses à faire évoluer. Je pense notamment aux pratiques d’épandage qui se font essentiellement en C.U.M.A. On doit tendre vers une approche plus technique et rationnelle. On a aussi un rôle à jouer dans l’organisation de journées techniques ou de webinaires. HD : Comme souvent, c’est au niveau budgétaire qu’on doit être le plus attentif. Le budget de la Fédération est de 1,7 million d’euros. Le mode d’attribution des aides publiques a évolué et reste toujours aléatoire. On a mis en place un groupe “budget” pour étudier les sources d’économie possible. On a eu la chance de pouvoir s'appuyer sur situations budgétaires très saines à la fusion en 2018, on doit veiller à ne pas dégrader le fonds de roulement de la fédération régionale. n P r o p os r ec u eillis par F.C. “On veut maintenir une cohésion entre les salariés et la Fédération. On a lancé une réflexion sur un système de gouvernance partagé”, explique Hervé Delacroix qui préside la fédération régionale des C.U.M.A. LDA : La fédération défend les intérêts des C.U.M.A.? LDA : Quels sont les points de vigilance à sur veiller au niveau de la Fédération ?
salariés dédiés aux fonctions supports. “La Fédération est affiliée à la Chambre Régionale Économique Sociale et Solidaire (C.R.E.S.). 50 % de nos ressources proviennent des cotisations, 20 à 25 % des prestations et le solde est apporté par des financements publics extérieurs. On gère 1,8 million d’euros de budget” , détaille Jean-Philippe Rousseau. L’esprit C.U.M.A. rime souvent avec coopération. Plus il y a d’échanges, plus il y a de C.U.M.A. et plus les exploitations sont de taille moyenne. En résumé, ce n’est pas le mode de fonctionnement prioritaire dans les zones de grandes cultures. L’évolution de la Fédération s’inscrit dans une diversification des services. “On nous délègue de plus en plus des tâches administratives, le montage et les dossiers de financement, le développement d’outils numériques comme MyCuma planning. La tendance, c’est d’aller sur des conseils ponctuels et de l’appui numérique jusqu’à la dématérialisation des factures. Le conseiller machisme est très demandé.” Le directeur rappelle que toutes les coopératives ont toutes l’obligation d’être inscrites au registre du commerce. La fédération collecte aussi les informations nécessaires auprès de chaque C.U.M.A. avant de les transmettre au Haut Conseil de la Coopération Agricole. La prochaine A.G. de la fédération aura lieu le 5 février 2026 en Côte-d’Or. n une C.U.M.A.
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