Le Doubs Agricole 46 - Novembre 2025
Hors série de la Presse Pontissalienne
D.N.C. : VACCINATION À MARCHE FORCÉE 80 % des 160 000 bovins de la zone réglementée devaient être vaccinés. p. 4
HORS-SÉRIE DE LA PRESSE PONTISSALIENNE N°46
NOVEMBRE 2025
Les C.U.M.A., ou la coopération en mode matériel agricole
Le dossier en p. 10 à 17
Ensemble, cultivons & concrétisons les projets qui feront l’agriculture de demain.
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SOMMAIRE 2 ACTUALITÉ Halte à la dermatose nodulaire P. 4 Une vaste campagne de vaccination a été lancée le 21 octobre dans le Doubs pour contenir l’épidémie. L’agroforesterie au service des abeilles P. 8 200 arbres et arbustes mellifères ont été plantés sur une parcelle d’1 hectare attenante au Rucher des Deux Lacs à Labergement-Sainte-Marie. Un coup de pouce aux colonies d’abeilles. LE DOSSIER P. 10 à 18 coopération agricole On compte près de 95 coopératives d’utilisation de matériel agricole dans le Doubs. Souvent utilisée pour partager du matériel d’épandage, la C.U.M.A. limite les charges de mécanisation sur les exploitations. Elle permet aussi de tester à moindres frais du matériel innovant. Dans un monde agricole où l’isolement tend à se développer, la C.U.M.A. joue un rôle fédérateur et humain parfois très important. Tour d’horizon. FILIÈRE COMTÉ P. 20-21 La montbéliarde trace sa route L’union de coopératives Juramont fête ses 80 ans. Retour sur l’histoire pas toujours linéaire de cette union créée après-guerre La C.U.M.A., l’autre forme de à Poligny pour défendre les intérêts des producteurs face aux affineurs. TECHNOLOGIES Comment traiter l’eau de pluie pour l’abreuvement des bêtes ? P. 34-35 Le G.A.E.C. Raymond à Mont-de-Laval a investi dans une unité de traitement d’eau de pluie équipée d’une cuve-tampon qui lui permet abreuver pratiquement la totalité de son troupeau de 70 vaches laitières.
C omme le prouve actuel lement la Dermatose Nodulaire Contagieuse (D.N.C.), le sanitaire sera sans doute le grand défi à relever par l’agriculture dans les pro chaines années. Les mesures appliquées ne sont pas sans conséquences. L’interdiction de mouvement d’animaux, premiè re barrière contre la propagation de la D.N.C., a mis en suspens tout le calendrier des salons, comices et autres supercomices qui agrémentent l’automne agri cole. Un moindre mal quand on imagine les dégâts que pourrait causer une propagation incon trôlée de la maladie sur la zone comté. La D.N.C. illustre aussi les défis sanitaires auxquels l’éleva ge est confronté avec d’autres menaces tangibles : fièvre aph teuse, peste porcine africaine, grippe aviaire… Les conséquences sont aussi immédiates pour l’ex port sachant qu’aucun animal pré sent sur une zone réglementée ne pourra être vendu pendant les 14 mois après la dernière injec tion du vaccin réalisée sur la zone. Si les mesures de lutte - interdic tion de mouvement, dépeuple ment, vaccination - peuvent s’avé rer efficaces, l’endiguement de la D.N.C. sera aussi le fait d’une vigi lance collective. n É d i t o Sanitaire
Les menaces sanitaires sur les élevages tendent à se multiplier à l’image de la D.N.C.
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Le Doubs Agricole Hors-série de “La Presse Pontissalienne” Conception, rédaction, publicité et réalisation : S.A.S. Publipresse Médias Tél. : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr www.publipresse.fr Directeur de la publication : Éric Tournoux. Directeur de la rédaction : Jean-François Hauser. Rédaction : Frédéric Cartaud, Jean-François Hauser, Laurine Personeni. Directeur artistique : Olivier Chevalier. Crédits photos : Publipresse, Sabine Alpinsine, Direction de la santé des forêts, Fédération régionale des C.U.M.A. Impression : Est Imprim. I.S.S.N. : 1623-7641 - Dépôt légal : Octobre 2025 Commission paritaire : 0227 D 79291 La reproduction partielle ou totale de textes ou photographies de ce numéro du “Doubs Agricole” est subordonnée à l’autorisation de l’éditeur.
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ACTUALITÉ 4
SANTÉ ANIMALE
Dix jours après la con fi rmation du premier foyer de Dermatose Nodulaire Contagieuse dans un élevage du département du Jura, la campagne de vaccination bat son plein. Plus de 80 % des 160 000 bovins de la zone réglementée devaient être vaccinés d’ici la fi n octobre. D.N.C. : vaccination à marche forcée en zone réglementée
“On est soulagé de pouvoir vacciner”, explique Sébastien Legain (en rouge) aidé dans cette intervention par son épouse et sa fille et en grande discussion avec le vétérinaire Christian Farge.
Entre les deux départements, la zone réglementée englobe un cheptel de 300 000 bovins. Après l’administration du vaccin, il fau dra encore maintenir les bêtes en pâtu re pendant 28 jours, durée d’incuba tion de la D.N.C. Lionel Malfroy, le président du Groupement de Défense Sanitaire (G.D.S.) du Doubs insiste sur le respect des mesures à tenir, notam ment d’éviter tout mouvement d’ani maux en zone réglementée. “C’est plus qu’une crise sanitaire car on peut perdre tout le capital bovin de l’exploitation. Il faut savoir être patient. Par chance, on raisonne par foyer et non par exploita tion. Ce qui peut éviter d’avoir à dépeu
pler tout un troupeau. C’est aussi pour ça qu’on enjoint les éleveurs de ne pas rassembler leurs bêtes si elles sont dis persées sur plusieurs parcelles. Le G.D.S. ne cautionne aucun déplace ment.” Les sanctions sont lourdes si un éle veur est pris en flagrant délit avec une amende qui s’élève à 1 500 euros par bête déplacée. En l’absence de nou veaux foyers, les zones réglementées pourront être levées 45 jours après la déclaration du dernier foyer. Rappelons aussi qu’aucun bovin ne peut être ven du durant les 14 mois après la derniè re injection dans une zone réglemen tée. n
U ne certaine agitation règne ce matin au G.A.E.C. Delacroix Legain où 287 animaux répar tis sur 23 parcelles devaient être vaccinés contre la D.N.C. Cette mesure obligatoire s’applique à tous les élevages situés dans la zone régle mentée qui couvre aujourd’hui 249 com munes dans le Doubs, soit un cheptel de 160 000 bovins à vacciner. “On sou haite agir le plus rapidement possible. On a fait appel à des voisins pour récu pérer des rateliers-cornadis qui per mettent d’immobiliser les bêtes en pâtu re quand le vétérinaire intervient” , explique Sébastien Legain, l’un des associés de cette exploitation en lait à comté. L’éleveur exprime aussi son soulage
ment de pouvoir vacciner assez vite. “La pression est quand même un peu retombée depuis qu’il n’y a pas eu d’autres foyers déclarés du côté d’Écleux.” Les journées sont également bien remplies pour Christian Farge, le vétérinaire qui vaccine à tour de bras. “On en a encore pour une semaine de travail à deux vétérinaires.” D’ici là, 80 % des vaccins seront réalisés. “On finali sera les 20 % dans les jours suivants” , confirme Rémi Bastille, le préfet du Doubs. Le traitement est identique dans la zone réglementée du département du Jura où les trois foyers D.N.C. avaient été identifiés, conduisant au dépeuplement, c’est-à-dire à l’euthanasie de 250 bêtes.
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Immobilisées dans des rateliers-cornadis, les bêtes du G.A.E.C. Delacroix-Legain à Fourg sont vaccinées contre la D.N.C.
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ACTUAL I TÉ 6
P R O J E T
Les comices du Doubs candidats au patrimoine mondial de l’Unesco La fédération des comices du Doubs présidée par Richard Ielsch a été reçue au ministère de la Culture à Paris pour of fi cialiser cette demande qui vise à faire reconnaître les comices comme une tradition à protéger.
Les membres de la fédération des comices du Doubs avec Richard Ielsch à sa tête (deuxième en partant de la gauche) avaient offert une cloche Obertino à Rachida Dati.
comices du Doubs, enthousiaste. “Rachi da Dati nous a expliqué que pour deman der une inscription à l’Unesco, il fallait déjà être reconnus à l’inventaire du patri moine culturel français. Nous allons donc faire cette première démarche, en lien avec un conseiller du ministère de la Culture. Il y a une commission en juin, une autre en octobre. Notre dossier sera étudié lors d’une de ces deux com missions. Ensuite seulement, nous pour rons postuler à l’Unesco. Il y a 18 mois d’instruction. Nous avons bon espoir que ça aboutisse, Rachida Dati a plu tôt été emballée par l’idée” résume Richard Ielsch. Les agriculteurs du Haut Doubs en ont profité aussi pour offrir à la ministre quelques produits fromagers du terroir. Richard Ielsch et son équipe voient dans cette démarche bien plus qu’un simple aspect folklorique. Le Doubs est d’ailleurs
le seul département de France à être organisé en fédération et où la vingtai ne de comices qui s’y déroulent chaque année couvrent l’ensemble du territoi re départemental. Depuis 1822, à part les deux guerres mondiales et une ou deux crises sani taires qui ont empêché leur tenue, les comices n’ont manqué qu’un seul autre rendez-vous récemment dans le Doubs, c’était à cause de la crise du Covid en 2020. “Et dès 2021, le préfet nous demandait de les réorganiser, alors que d’autres manifestations sportives et autres n’étaient toujours pas autorisées. Il avait bien conscience que les comices comptaient beaucoup dans la vie de nos territoires” ajoute M. Ielsch. En revanche, les changements de gou vernements entre-temps ne contribuent pas à faire avancer sereinement le dos sier… n
L’ idée a été soufflée par Annie Genevard, la ministre de l’Agri culture, et elle fait son chemin. Elle vient de recevoir également l’appui du sénateur du Doubs Jean François Longeot. La démarche a été officialisée au printemps dernier par un rendez-vous au ministère de la Cultu re, organisée par M me Genevard, auquel était conviée la fédération des comices du Doubs présidée par Richard Ielsch, en présence également du député du Haut-Doubs Éric Liégeon et des deux vice-présidents de la fédération Richard Lacroix de Remoray-Boujeons et Vin cent Girard de Cléron. Ils ne sont pas arrivés les mains vides
au ministère de la Culture, avec une cloche personnalisée que la délégation a offerte à Rachida Dati, mais surtout un dossier présentant la spécificité de cette tradition qui perdure dans le Doubs depuis 1822 : les comices. Car l’idée est bien de protéger cette tradition ancestrale par le label de l’Unesco en tant que “patrimoine immatériel de l’hu manité” comme d’autres traditions fran çaises ont déjà été reconnues par l’Unes co (la transhumance, la fête de l’ours dans les Pyrénées par exemple, ou plus récemment le travail des couvreurs-zin gueurs parisiens). Le dossier des comices a-t-il une chance d’aboutir ? Oui à en croire le président de la fédération des
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B E S AN ÇON Quand le maraîchage
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se nourrit du collectif
Depuis le début de l’année, un collectif
I ls sont pour l’instant encore des jeunes pousses, tout juste sortis de la pépinière. Mais le collectif de maraî chers Commun jardin possède de solides racines qui commencent à s’im planter dans les terres de Port-Dou vot, pile en face de la station d’épu ration. Après trois ans passés à tester la for ce du collectif et à appréhender le métier de maraîcher au sein de la cou veuse agricole du Grand Besançon, Graines de maraîchers, Loïc, Antoine, Jean-Luc, Gaëlle, Philippe et Thomas la couveuse agricole du Grand Besançon, s’est installé sur des terrains à Port-Douvot. Si l’installation est progressive, la vente de paniers de légumes est déjà possible. de maraîchers appelé Commun jardin, issu de
se sont lancés à leur compte, depuis le début de l’année. Sur 1,4 hectare de terrains à Port-Douvot, le collectif réuni sous une association à objet agri cole, poursuit l’installation. Une gran de serre de 1 000 m2 est en cours de construction, deux plus petites sont attenantes dont l’une dédiée à la pépi nière. À terme, 6 000 m2 seront aus si cultivés en extérieur. Début juin, les plants sont mis en ter re. Mais la vraie première année com plète de production commencera en 2026. “On vend sous forme d’A.M.A.P., explique Antoine. L’année dernière, on a produit une soixantaine de paniers. Mais on aura une première petite année de production, on table sur une tren taine de paniers, distribués sur une vingtaine de semaines. On prend le temps de tester nos sols, d’adapter nos méthodes.” Certifié bio, Commun jardin pratique un maraîchage diversi fié avec une cinquantaine de légumes toute l’année. Pour chacun, plusieurs variétés sont cultivées. Comme la toma
L’association Commun jardin regroupe six maraîchers.
te qui se décline en une douzaine de variétés. L’originalité de Commun jardin réside bien dans l’idée du collectif. Tous les six ont gardé une activité principale (ils sont enseignants, orthophoniste, ingé nieur, coursier) à temps partiel et pra tiquent le maraîchage 10 à 15 heures hebdomadaires. “À nous tous, on réus sit à faire l’équivalent d’1,5 temps plein, souligne Antoine. Maraîcher est un métier très dur, solitaire. On a voulu essayer un autre modèle. Par exemple,
en été, on peut tous prendre un mois de vacances, ce qui est impossible pour un maraîcher seul.” Une fois l’installation terminée, et le rythme de croisière enclenché, le collectif aimerait créer un lieu vivant, sur leurs terrains avec un point de distribution de paniers de légumes, un lieu de convivia lité, organiser, pourquoi pas, des visites pédagogiques. En plus des légumes, Commun jardin aime cul tiver l’ouverture sur l’extérieur. n
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ACTUALITÉ 8
AGROFORESTERIE
Les haies alliées des abeilles 200 arbres et arbustes mellifères ont été plantés sur une parcelle d’1 hectare attenante au Rucher des Deux Lacs à Labergement-Sainte-Marie. Un coup de pouce aux colonies d’abeilles.
Pierre Guy de la société Absinthide Agroforesterie a accompagné Mickaël
Girard duRucher des Deux lacs sur ce projet de plantation de haies.
U ne végétation abondante, diversifiée, n’ayant peu ou pas subi de traitement phytosa nitaire favorise indéniablement l’activité mellifère et la survie des abeilles. Mickaël Girard cogérant du Rucher des Deux Lacs avec son frè re Johann le constate tous les jours. “Il y a pas mal de haies autour de Sain te-Colombe-La Rivière-Drugeon. Dès qu’on pose des ruches sur ce sec teur, on observe que les colonies d’abeilles ont beaucoup moins de dif ficultés à produire.” La présence de haies n’est pas géné ralisée dans le Haut-Doubs. Beau coup ont été victimes des remem brements et décloisonnements des parcelles qui n’étaient plus adaptées aux pratiques agricoles. Un autre frein
pénalise aujourd’hui l’activité mellifè re : le dérèglement climatique avec des départs de végétation plus pré coces, des gelées tardives, des cani cules persistantes ou des précipita tions abondantes. “Depuis quelques années, on envisageait de replanter des haies autour de la miellerie des Granges Sainte-Marie” , explique l’api culteur qui a sollicité Pierre Guy. Issu d’une famille de distillateurs bien connue dans le Haut-Doubs, ce der nier a suivi une formation à l’école fran çaise d’agroforesterie. Il a ensuite créé en 2022 la société Absinthide Agro foresterie. “J’accompagne des agri culteurs ou des collectivités qui sou haitent replanter des haies”, explique Pierre Guy qui a déjà piloté une quin zaine de projets similaires à celui du
Rucher des Deux Lacs. L’école fran çaise d’agroforesterie se décline éga lement sous la forme d’une associa tion soutenue depuis 2008 par la Fondation Goodplanet pour encou rager le développement de projets agroforestiers sur tout le territoire fran çais. Cette fondation s’est associée avec le groupe D.S. Smith, leader mondial des solutions d’emballage durable pour renforcer cette dyna mique. En 2025, ce sont 12 exploita tions agricoles ou apicoles dont cel le du Rucher des Deux Lacs qui ont replanté au total 8 194 arbres et arbustes, de 75 espèces différentes, sur 138 hectares. “On a commencé par faire un diagnostic à partir de don nées climatiques, de l’altitude, de la composition du sol. Cela a permis de
mettre en place un schéma d’im plantation”, détaille Pierre Guy. Cinq nouvelles haies d’arbres et arbustes mellifères ont finalement été plantées au printemps comprenant 21 espèces différentes telles que l’érable syco more, le néflier, le prunellier, le meri sier, l’aubépine, le cornouiller, l’épi ne-vinette, et le cytise à grappe… Cette plantation à floraison étalée garantira aux pollinisateurs une nour riture toute l’année. “Le niveau d’aide global varie entre 70 et 80 %. Il reste à charge la préparation du sol : pailla ge, pose de filets anti-abroutissement autour des tiges, et la plantation des essences. Ces travaux ont été réali sés par un pépiniériste” , poursuit Pier re Guy qui a supervisé le chantier et assure un suivi sur trois ans. n
ENVIRONNEMENT Daniel Prieur, actif promoteur des séparateurs de boues L’ancien président de la chambre d’agriculture soutient des solutions susceptibles de valoriser les ef fl uents agricoles et les boues de stations d’épuration sans nuire aux milieux naturels. Explications.
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“En agissant de cette manière, je pen se que l’on peut faire évoluer sans trop de contraintes l’agriculture vers des pratiques qui soient à la fois ver tueuses, économiques et écolo giques” , analyse Daniel Prieur, sou cieux que les gens travaillent ensemble sur ces problématiques en définis sant par exemple un plan multi-actions. Il sait aussi qu’on ne révolutionnera pas les pratiques du jour au lende main. Très peu d’exploitations agri coles ont investi dans des sépara teurs de phases. “On continue dans la simplicité en se contentant de res pecter les 200 degrés jour et la syn chronisation des épandages. Je suis persuadé que le stockage de la par tie liquide en poches souples et ins tallées aux bons endroits serait beau coup moins onéreux que d’investir dans une fosse à lisier. Il suffirait ensui te de l’épandre juste après la pre mière coupe d’herbe pour fertiliser la seconde coupe.” Le choix d’un séparateur de lisier n’est pas une question financière mais de conviction. Il suggère d’introdui re sans l’imposer l’idée d’aller vers le séparateur dans les cahiers des charges des A.O.P. fromagères. n
la partie liquide du lisier, celle conte nant le sacro-saint azote mais qui est aussi responsable de l’eutrophisa tion des rivières. Cette séparation permet d’arriver à un objectif com mun : que les effluents soient consom més par les plantes plutôt que déver ser dans les rivières.” À partir de là, tout n’est qu’affaire d’épandage du bon produit au bon moment. En morte-saison, priorité aux élé ments solides riches en potasse, phosphore. En pleine saison de pous se, utilisation de la partie liquide cap tée alors directement par les plantes. “J’appelle à un sursaut citoyen sur la question de la pollution des rivières. Tous les acteurs doivent travailler ensemble pour trouver des solutions techniques”, note Daniel Prieur.
“E n mai 2014, j’étais allé à Saint Hippolyte rencontrer des pêcheurs qui manifestaient pour dénoncer la pollution du Des soubre. J’ai eu l’occasion d’échan ger avec l’un d’eux sur la question du lisier. C’est le cauchemar des éco logistes et la solution de facilité pour les agriculteurs car ce produit est beaucoup moins coûteux et chrono phage à fabriquer que le fumier. Ces échanges m’ont amené à réfléchir sur les solutions existantes ou pos sibles qui permettraient de valoriser les effluents agricoles et les boues
de stations d’épuration dont personne ne veut.” Il approfondit sa connais sance technique en allant discuter avec la société Sermap, spécialisée dans la gestion des effluents d’éle vage. Il a aussi l’opportunité d’en savoir davantage sur les capacités d’auto-épuration des rivières grâce aux explications de Pierre-Marie Badot, professeur au laboratoire Chrono Environnement spécialiste de la pol lution des cours d’eau. “Sur la problématique des lisiers, il existe le séparateur de phases. Cet appareil dissocie la partie solide de
DOSS I ER 10 C.U.M.A. : L’AUTRE PARTENAIRE DE L’AGRICULTURE DU DOUBS
A vec deux agriculteurs sur trois de la région adhérant à une C.U.M.A., on comprend vite l’importance de ces structures. “C’est un vrai levier à l’installation. La part de capital social d’un adhérent correspond à 20 % de la valeur du maté riel. C’est une contribution beaucoup plus faible que si le jeune agriculteur devait investir lui-même. Les avan tages d’être en C.U.M.A. sont multiples : intérêt éco nomique, financier, technique sans oublier le volet social qui permet pour certains de rompre l’isolement” , esti me Jean-Philippe Rousseau, le directeur de la fédéra tion régionale. L’activité de cette fédération s’articule autour de services répartis dans trois secteurs. D’abord apporter du conseil en économie-gestion, administratif, juridique et en machinisme. C’est à la fédération qu’il revient d’animer aussi le réseau des C.U.M.A. en organisant des réunions, des journées techniques en webinaires, en créant du lien, de l’échange sur des pratiques. “On a aussi pour mission de représenter les C.U.M.A. auprès des pouvoirs publics, des conseils départementaux, de la Région et des administrations agricoles. La Fédération régionale des C.U.M.A. est une association qui s’appuie sur un conseil d’administration comprenant 19 membres dont trois dans le Doubs. On compte aussi 7 ou 8 référents par département.” 21 personnes travaillent à la fédération dont une dizaine d’animatrices et animateurs, cinq assistantes en fonction support, deux chargés de mission, un conseiller spécialisé en agro-équipements et des La culture de la coopération si chère aux producteurs de lait A.O.P. du département du Doubs se décline aussi fortement dans l’adhésion aux coopératives d’utilisation de matériel agricole, ou C.U.M.A. Précieux support d’aide à l’installation, la C.U.M.A. par son concept et son fonctionnement permet de mutualiser du matériel performant et renouvelé sur des activités très ponctuelles qui vont de l’épandage au plantage des piquets en passant par le traitement des indésirables. Tout le monde s’y retrouve. Ce réseau s’appuie depuis 2018 sur une Fédération régionale Bourgogne-Franche-Comté en capacité d’apporter des conseils, une assistance dans de multiples domaines : technique, comptable, juridique, montage de projets, innovation… Le bonheur est dans la C.U.M.A.
(photo Fédération régionale des C.U.M.A.).
BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ Deux agriculteurs sur trois en adhérent à
La Fédération régionale des C.U.M.A. de Bourgogne-Franche-Comté existe depuis 2018. Elle fédère aujourd’hui 766 C.U.M.A., soit 95 % de l’existant, et emploie 21 personnes qui ont pour mission d’animer, de conseiller, d’accompagner les structures adhérentes.
Les chiffres clefs des C.U.M.A. B.F.C. Fédération l 19 administrateurs l 21 salariés l 766 C.U.M.A. cotisantes en 2023 l 32,19 millions d’euros : chiffre d’affaires H.T. cumulé des C.U.M.A. en 2022 La C.U.M.a. Moyenne l 21 matériels
l 41 700 euros de C.A. ParC des MatérieLs l 15 995 matériels l 650 épandeurs l 405 tonnes à lisiers l 257 tracteurs l 133 moissonneuses l 124 bineuses
Depuis 2018, près de 300 exploitations ont réalisé des ouvrages de stockage d’eau dans le Doubs. (photo Fédération régionale des C.U.M.A.)
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LE PRÉSIDENT DE LA C.U.M.A. BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ “En C.U.M.A., c’est important d’avoir l’esprit coopératif”
À la tête de la fédération des C.U.M.A. en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2018, Hervé Delacroix, agriculteur à Courvières dans le Haut-Doubs revient sur l’histoire, le fonctionnement, les missions, les pistes d’amélioration et les dif fi cultés auxquelles est confrontée la structure.
L e Doubs Agricole: Le concept des C.U.M.A. est-il partagé sur l’ensemble de la région ? Hervé Delacroix : Le principe de répartition, c’est que chaque exploitant dispose d’une C.U.M.A. à moins de 10 km de chez lui. L’offre est hétérogène avec des C.U.M.A. dynamiques et d’autres qui le sont moins notamment sur les zones en déprise agricole. LDA : Quelques mots sur l’histoire de cette fédé ration régionale ? HD : D’abord signaler que tous les départements de Bourgogne-Franche-Comté sont représentés à l’exception du Territoire de Belfort. L’histoire de cette fédération est marquée par une succession de fusions
organisées dans un premier temps à l’échelle des anciennes régions, en 2012 pour la Bourgogne et en 2016 pour la Franche-Comté avant d’aboutir en 2018 au regroupement actuel. Dans chaque département, il y a une quinzaine de référents dont trois sont élus au conseil d’administration de la fédération régionale. LDA : Et le fonctionnement de cette fédération ? HD : Elle s’appuie sur une équipe de 21 salariés avec un directeur, une dizaine d’animatrices réparties dans les territoires. Elles apportent des conseils, gèrent des projets d’investissement, organisent des journées techniques. Il y a aussi deux chargés de mission innovation qui accompagnent les C.U.M.A. sur différents projets en lien par exemple avec la transition énergétique, des pratiques plus vertueuses. Ils gèrent notamment le dispositif Dina-C.U.M.A. qui vise à améliorer le fonctionnement de la C.U.M.A. et du travail collectif. Aujourd’hui la Fédération dispose d’une enveloppe de 60 000 euros attribués par l’État, mais en diminution d’un tiers pour 2026, et qui permet de financer des journées d’intervention. Chaque année, une trentaine de C.U.M.A. bénéficie de ce dispositif. LDA : Quel est votre parcours au sein des C.U.M.A.? HD : Quand je me suis installé en 1991 sur un G.A.E.C. mère-fils, j’avais besoin de matériel et pas les moyens de tout acquérir. J’ai adhéré à la C.U.M.A. de la Baume à sa création en 1992 et je m’étais mis sur tous les matériels : épandage, bétaillère. Quand on a fusionné en 1994 avec deux autres G.A.E.C., la C.U.M.A. nous a vraiment aidés. Elle regroupe aujourd’hui 15 exploitations sur les communes de Courvières et Boujailles. Il y a pas mal de jeunes. Je suis entré au conseil d’administration des C.U.M.A. du Doubs en 2000. Je me suis retrouvé président en 2006, puis président de la fédération Franche-Comté en 2012. Quel que soit le niveau, j’ai toujours été administrateur. En C.U.M.A., c’est important d’avoir l’esprit coopératif. LDA : La C.U.M.A. facilite donc l’installation ? HD : C’est même très attractif. Avec 2 000 à 3 000 euros de parts sociales, cela permet d’accéder à beaucoup de matériel en épandage, manutention, transport et même à du matériel de fenaison dans les grosses C.U.M.A. avec des tracteurs et des salariés. Avec cette stratégie matériel, on peut privilégier d’autres investissements comme la salle de traite ou la stabulation qui sont, à mon sens, plus importants qu’un tracteur ou qu’une tonne à lisier utilisée seulement quelques jours par an.
LDA : L’année 2025 a été riche pour la fédération Bourgogne-Franche-Comté ? HD : On a reçu du 3 au 5 juin à Beaune le congrès national de la F.N. C.U.M.A. qui se déroule tous les trois ans. C’est un événement très fédérateur. Après la journée statutaire, on a organisé des visites dans chaque département. Dans le Doubs, les congressistes ont pu découvrir la fruitière de Chay vers Quingey et la C.U.M.A. de l’avenir à Lavans-les-Quingey. HD : Tout à fait. C’est sa raison d’être en coopérant avec la fédération nationale. On est là pour défendre les statuts. On formalise des conventions avec des organismes de gestion. On travaille avec les mêmes logiciels, les mêmes partenaires. On s’est mobilisé pour que les C.U.M.A. bénéficient des mêmes avantages que les agriculteurs comme l’exonération de la taxe à l’essieu ou la possibilité de revendre l’énergie fournie par des panneaux photovoltaïques. LDA : Le modèle C.U.M.A. est perfectible ? HD : Bien sûr. Il y a encore des choses à faire évoluer. Je pense notamment aux pratiques d’épandage qui se font essentiellement en C.U.M.A. On doit tendre vers une approche plus technique et rationnelle. On a aussi un rôle à jouer dans l’organisation de journées techniques ou de webinaires. HD : Comme souvent, c’est au niveau budgétaire qu’on doit être le plus attentif. Le budget de la Fédération est de 1,7 million d’euros. Le mode d’attribution des aides publiques a évolué et reste toujours aléatoire. On a mis en place un groupe “budget” pour étudier les sources d’économie possible. On a eu la chance de pouvoir s'appuyer sur situations budgétaires très saines à la fusion en 2018, on doit veiller à ne pas dégrader le fonds de roulement de la fédération régionale. n P r o p os r ec u eillis par F.C. “On veut maintenir une cohésion entre les salariés et la Fédération. On a lancé une réflexion sur un système de gouvernance partagé”, explique Hervé Delacroix qui préside la fédération régionale des C.U.M.A. LDA : La fédération défend les intérêts des C.U.M.A.? LDA : Quels sont les points de vigilance à sur veiller au niveau de la Fédération ?
salariés dédiés aux fonctions supports. “La Fédération est affiliée à la Chambre Régionale Économique Sociale et Solidaire (C.R.E.S.). 50 % de nos ressources proviennent des cotisations, 20 à 25 % des prestations et le solde est apporté par des financements publics extérieurs. On gère 1,8 million d’euros de budget” , détaille Jean-Philippe Rousseau. L’esprit C.U.M.A. rime souvent avec coopération. Plus il y a d’échanges, plus il y a de C.U.M.A. et plus les exploitations sont de taille moyenne. En résumé, ce n’est pas le mode de fonctionnement prioritaire dans les zones de grandes cultures. L’évolution de la Fédération s’inscrit dans une diversification des services. “On nous délègue de plus en plus des tâches administratives, le montage et les dossiers de financement, le développement d’outils numériques comme MyCuma planning. La tendance, c’est d’aller sur des conseils ponctuels et de l’appui numérique jusqu’à la dématérialisation des factures. Le conseiller machisme est très demandé.” Le directeur rappelle que toutes les coopératives ont toutes l’obligation d’être inscrites au registre du commerce. La fédération collecte aussi les informations nécessaires auprès de chaque C.U.M.A. avant de les transmettre au Haut Conseil de la Coopération Agricole. La prochaine A.G. de la fédération aura lieu le 5 février 2026 en Côte-d’Or. n une C.U.M.A.
DOSSIER 12
T R É P OT Au Pays de Courbet, on cultive l’entraide depuis 37 ans Installée à Trépot dans un bâtiment récent, la C.U.M.A. du Pays
I l faut remonter un petit chemin blanc, un peu à l’écart du village, pour dénicher l’imposant bâti ment de la C.U.M.A. du pays de Courbet. Heu reusement, une boîte à lettres aux couleurs vives indique le bon chemin. Point de chute pour le sala rié Valentin Bordy, le bâtiment construit en 2018 fait également office de lieu de convivialité et de réunion pour les adhérents. Et aussi de stockage de matériel évidemment, un atelier assurant aus si l’entretien. Toutes les machines ne sont pas entreposées dans le bâtiment, la plupart sont chez les adhérents. “Les machines, le matériel, sont aux adhérents” , martèle le président de la C.U.M.A. Sébastien Launay. Occupant ses fonctions depuis 2018, l’agriculteur installé à Trépot au G.A.E.C. de la Touvière, a fait le choix avec son conseil d’ad ministration, d’investir dans un bâtiment et dans un poste à temps plein pour un salarié. Chauffeur mécanicien, Valentin Bordy assure l’entretien des machines et la conduite chez les adhérents. Toutes les C.U.M.A. n’opèrent pas ce choix. La C.U.M.A. du Pays de Courbet intervient sur 25 activités différentes. “De la fauche, semis, fenai son, épandage, travail du sol avec charrue, déchau la structure regroupe une quarantaine d’exploitations, une dizaine de C.U.M.A. adhérentes ainsi que 4 communes. de Courbet s’étend de Tarcenay à Lavans-Vuillafans. Créée en 1988,
Sébastien Launay, président de la C.U.M.A. du Pays de Courbet.
mage, fendage, enfonce-pieu…” énumère Sébas tien Launay. Le matériel est acheté en commun puis loué selon l’heure ou l’hectare. Ce modèle financier est vertueux pour le président de la C.U.M.A. “Aujourd’hui, on a du matériel performant pour un
coût moindre. On renouvelle beaucoup le maté riel. Financièrement, l’exploitant trouve son inté rêt. Psychologiquement, c’est plus compliqué. On travaille avec des humains, il faut composer avec tout le monde.” Tous les adhérents ne portent en effet pas la même attention au matériel. Pour autant, Sébastien Launay reste pragmatique. “Il y a du matériel qu’une exploitation ne peut pas se per mettre d’avoir. Comme un épandeur, une tonne à lisier qu’on utilise 4-5 jours dans l’année…” Autre argument en faveur de la C.U.M.A. : l’avan cée technologique des machines. “Un pulvérisa teur est bourré de technologie, il faut un appren tissage du matériel innovant” , souligne Sébastien Launay. De la même manière, la C.U.M.A. du Pays du Courbet s’apprête à accueillir un nouvel adhé rent. Un jeune installé qui doit faire ses preuves avant. Pendant une période d’essai d’un an, il tra vaille sur tout le parc matériel avant d’entrer dans la structure. Il rejoindra la quarantaine d’exploita tions, une dizaine de C.U.M.A. adhérentes ainsi que 4 communes. Le système des C.U.M.A. incarne l’exemple du bon sens paysan et de la culture coopérative pro fondément enracinée dans le département du Doubs. n
La C.U.M.A. a fait le choix d’investir dans la construction d’un bâtiment à Trépot en 2018.
DOSSIER 14
LABERGEMENT La C.U.M.A toujours f i d’épandag
PLAIMBOIS-DU-MIROIR C.U.M.A. des Sapins : 65 exploitations pour 66 matériels La dynamique d’une C.U.M.A. est loin d’être linéaire. Après des années de sommeil, la C.U.M.A. des Sapins a retrouvé en 1992 un second souf fl e qui est toujours d’actualité.
L a C.U.M.A. du Haut-Doubs était déjà à la pointe de la maîtrise des épandages de lisier quand elle avait fait le choix, il y a de cela une dizai ne d’années, d’investir dans des pen dillards permettant de travailler au plus près du sol, en réduisant aussi de façon significative les émissions d’ammoniac dans l’air. Un plus dans un secteur com me le Haut-Doubs gagné par l’urbani sation où la cohabitation entre les néo ruraux et le monde agricole impose forcément des concessions. “On a déci dé d’aller plus loin dans la démarche agronomique en équipant nos épandeurs à fumier et à lisier de dispositifs de Débit Proportionnel à l’Avancement ou D.P.A. Le premier a été installé il y a 4 ans et le second l’an dernier” , explique Rémi Dubois, le président de la C.U.M.A. du Haut-Doubs. La gestion électronique du débit est pro grammée par le chauffeur à partir d’un boîtier situé à l’intérieur de la cabine du tracteur. Les contraintes réglemen dité d’intervention sont autant d’argu ments qui plaident en faveur des systèmes D.P.A. “Cela permet de calibrer auto matiquement le dosage en fonction de la vitesse d’avancement du tracteur. Ce pilotage se faisait auparavant manuelle ment” , complète Loïc Minary du G.A.E.C. de la Combette à Remoray-Boujeons et trésorier de la C.U.M.A. du Haut-Doubs. Les buses du pendillard sont installées à l’intérieur de “chaussettes” posées sur des patins. Ce système permet d’écar ter l’herbe pour que le lisier soit au plus Une gestion électronique du débit. pour gagner en précision et ajuster au mieux les doses aux besoins des plantes. taires, la valo risation des effluents d’éle vage et la rapi Fondée en 1986, cette C.U.M.A. qui regroupe 27 exploitations et deux communes a fait le choix d’investir depuis des années dans des équipements d’épandage performants
L’ origine de cette C.U.M.A. remonte à 1957 avec des exploitants installés autour du Russey et de Plaim bois-du-Miroir qui partageaient alors l’utilisation de moisson neuses-batteuses avec d’autres agriculteurs de la commune de Sainte-Marie située dans le pays de Montbéliard. L’activité va ensuite décliner avec l’arrêt pro gressif des cultures céréalières sur le Haut-Doubs. Le réveil s’opère au début des années quatre-vingt-dix. “La C.U.M.A. va fédérer de nom breuses exploitations autour du matériel d’épandage, du travail du sol et de fenaison”, explique Julien Boillon qui préside cette C.U.M.A. depuis 2013. Bennes, épandeurs, cuves à lisier, fau cheuse, semoirs, déchaumeurs, charrues, sans oublier pelleteu se, télescopiques : le parc de
“La C.U.M.A. possède 5 cuves à lisier et cinq épandeurs à fumier”, détaille Julien Boillon le président de la C.U.M.A. des Sapins.
nement par groupes ayant cha cun à gérer un type de matériel. “On a le matériel en conséquence des besoins des adhérents. La plupart des machines sont stoc kées chez des responsables. En hiver, ils déplacent une partie de
labore régulièrement avec l’ani matrice du réseau quand on envi sage de faire de nouveaux inves tissements.” Comme dans la plupart des C.U.M.A., ici, tout se règle par unités. Tarif horai re pour les matériels motorisés, nombre d’U.G.B. par exploita tion pour le matériel d’épanda ge, forfait pour du petit matériel comme la planteuse à piquets. Le paiement s’effectue par pré lèvement. “On a la chance d’avoir une C.U.M.A. qui fonctionne bien. Un projet d’agrandisse ment du bâtiment du Russey est à l’étude. Il s’agirait juste de s’adapter à des matériels de plus en plus volumineux.” 11 exploitants siègent au conseil d'administration de la C.U.M.A. des Sapins. Ils se retrouvent chaque mois en réunion chez l’un ou l’autre. Julien Boillon aimerait rajeunir le bureau en attirant quelques jeunes prêts à prendre des responsabilités. n
machines s’est étof fé pour intégrer aujourd’hui 66 maté riels à destination de 65 exploitations. “On a également un bâti ment à la sortie du
leur matériel dans le hangar du Russey et ils gardent chez eux le matériel de la C.U.M.A.” L’organisation de plannings de réser
L’utilisation de moissonneuses batteuses.
Russey en direction de Gran d’Combe-des-Bois”, poursuit Julien Boillon. De par sa taille, la C.U.M.A. des Sapins a privilégié un fonction
vation est gérée sous l’applica tion Mycuma. “Avec la C.U.M.A., les adhérents réduisent leurs charges et bénéficient de maté riel récent et en bon état. On col
En 2003, la C.U.M.A. des Sapins a investi dans un bâtiment qui fera l’objet d’un agrandissement en 2013.
SAINTE-MARIE A. du Haut-Doubs idèle à ses objectifs ge raisonné
La C.U.M.A. du Haut-Doubs a investi
“Le pendillard associé avec le D.P.A. permet de doser automatiquement l’épandage en fonction de la vitesse d’avancement”, indique Rémi Dubois, le président de la C.U.M.A. du Haut-Doubs, ici en compagnie de Loïc Minary le trésorier.
dans les rampes de pendillard il y a une dizaine d’années.
près du sol. “C’est plus précis et effi cace”, poursuit Rémi Dubois en admet tant que “ce type de pendillard repré sente un investissement coûteux qui n’aurait pas de sens sur une seule exploi tation.” Créée initialement au sein d’une coopé rative laitière pour financer le camion de ramassage de lait, la C.U.M.A. du Haut
Doubs s’est ensuite diversifiée pour s’ouvrir à de nouveaux adhérents hors de la fruitière et élargir son offre d’acti vités. “Cela va de l’épandage au maté riel de semis en passant par l’épareu se, les bennes et du petit équipement type balayeuse, planteuse à piquets… La C.U.M.A. possède également un tracteur utilisé à la belle saison comme
tracteur de tête au G.A.E.C. de la Com bette. De novembre à mars, il est mis à disposition de deux communes pour le déneigement.” Le fonctionnement de la C.U.M.A. du Haut-Doubs est assez classique. Com posé de 8 membres, le conseil d’ad ministration se réunit 6 à 6 fois par an. “Quand on a décidé d’investir dans un
matériel, on sollicite l’animatrice de la fédération qui nous accompagne pour le montage financier. Elle se charge aus si de faire les comptes rendus des A.G.” Tout le matériel est réparti sur les exploi tations avec un responsable par engin qui gère le remisage et l’entretien. Les réservations se font par le biais de l’ap plication “Mycuma planning”. n
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DOSSIER 16
GESTION DES ADVENTICES La C.U.M.A. du Val Drugeon traite le rumex à la tâche
Au-delà de limiter les charges de mécanisation sur une exploitation, la C.U.M.A. permet aussi d’investir dans de nouvelles machines en phase avec les enjeux environnementaux. Exemple dans la vallée du Drugeon où les agriculteurs testent un pulvérisateur de haute technologie capable réguler à la tâche la prolifération des rumex.
dans le traitement du rumex : la météo, le stade végétatif de la plante, temps d’attente de trois semaines minimum avant de remettre les bêtes sur la parcelle… Pour l’instant, trois exploitations ont testé ce traitement à la tâche. “Seulement 27 hec tares ont été traités sur un parcellaire global de 500 hectares. Les résultats sont positifs, poursuit Oli vier Baudet. Toutes les images prises par les camé ras sont enregistrées et transmises au fabricant pour des mises à jour. Le logiciel de reconnaissance est évolutif. On attend en 2026 une nouvelle version capable d’identifier les chardons. ” n Le conseil d’administration se réunit une fois par mois. “La C.U.M.A. permet de réduire les charges de mécanisation. Il y a aussi un volet collectif et humain très important entre des agri culteurs qui sont parfois isolés sur leur exploi tation et ont peu d’occasions de se côtoyer. À 45 adhérents, il a fallu mettre des choses en place pour que tout fonctionne. On utilise aus si l’application Mycuma pour les réservations. Le stade supplémentaire serait de s’engager sur du matériel de fenaison. Pour ma part, je pense que ce serait possible sur des petits groupes de 4 ou 5 exploitations.” n “Le stade supplémentaire serait de s’engager sur du matériel de fenaison”, explique Olivier Baudet le président de la C.U.M.A. du Val Drugeon. La C.U.M.A. du Val Drugeon Fondée en mars 1995, cette grosse C.U.M.A. fédère aujourd’hui 45 exploitations, soit 90 agri culteurs, réparties sur 12 communes limitrophes ou situées dans la vallée du Drugeon. “On uti lise 28 matériels différents axés principalement autour de l’épandage et du travail du sol : tonnes à lisier, épandeurs, bennes de transport, herses rotatives, semoirs. Depuis 15 ans, on a aussi développé une activité telescopique. Le Rumex est le dernier matériel acheté” , note Olivier Bau det. 10 à 15 % du matériel sont répartis en parts sociales. La charge d’utilisation est calculée par unités de surface, de temps ou de volume en fonction du matériel utilisé. Tous les règlements se font par prélèvement. Pour créer une activi té et investir dans le matériel adéquat, il faut au minimum deux adhérents. Chaque matériel a un responsable.
P lante commune assez envahissante et sans intérêt fourrager, le rumex est sans doute l’adventice la plus rencontrée dans les prai ries. Difficile de s’en débarrasser ou alors au prix de traitements phytosanitaires coûteux et pas forcément en phase avec la préservation des milieux. D’autant plus dans un secteur comme la vallée du Drugeon aussi riche que sensible aux atteintes envi ronnementales.
Une dizaine d’adhérents ont accepté d’investir dans un nouveau pulvérisateur. Tous ont suivi une for mation certi-phyto. Baptisée tout simplement Rumex, cette machine est équipée de caméras capables d’identifier le rumex et d’ajuster la pulvérisation uni quement sur les taches occupées par la plante indé sirable. “L’objectif n’est pas de faire du traitement radical mais de limiter la prolifération. Le traitement localisé est impossible avec un pulvérisateur clas
80 % du territoire de la C.U.M.A. du Val Drugeon s’inscrit d’ailleurs dans une zone Natura 2000 où les pra tiques agricoles sont très régle mentées. Date d’épandage, distan ce par rapport aux habitations,
sique. Cette technique de recon naissance par caméra permet d’éco nomiser 95 % de produit phytosanitaire. Avec une cuve de 200 litres, on peut traiter au mini mum entre 6 et 7 hectares” , détaille
Une économie de 95 % de produit phytosanitaire.
labourage, ici tout est plus strict qu’ailleurs ou sou mis à autorisation. “On observe une vraie prise de conscience de la profession agricole sur l’impact du changement climatique. On travaille toujours dehors et on est bien placé pour comprendre que l’on a tout intérêt à préserver cet environnement”, explique Olivier Baudet qui préside cette C.U.M.A. regroupant 45 exploitations.
Olivier Baudet. La C.U.M.A. du Val Drugeon est la première en Fran ce à tester ce pulvérisateur rumex sachant que d’autres appareils similaires existent mais sous d’autres marques. “On a d’ailleurs touché une aide de France Agrimer qui soutient les actions de ce type.” Plusieurs paramètres sont à prendre en compte
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ACTUALITÉ 18
L E V I E R 75 ans de cours agricoles dispensés au lycée LaSalle
L es 7 et 8 novembre seront célé brés les 75 ans des cours agri coles dispensés à Levier. Autant dire que des générations de jeunes agriculteurs sont déjà passées par ici et d’autres devraient également apprendre les bases de leurs métiers dans cet établissement. Lequel fait partie d’un Organisme de Gestion de l’Enseignement Catholique compre nant aussi une école maternelle et pri maire, et un collège. “L’effectif global avoisine 850 élèves et chaque éta blissement à sa propre direction” , explique Xavier Kasper. Le lycée LaSalle accueille des apprenants de la 4ème au B.T.S. “On a été contraint de refuser des candidats en 4ème et 3ème. Ces deux classes bénéficient d’un programme adapté à la découverte des métiers de l’agriculture. Il reste encore quelques places en Bac général et en B.T.S. en formation initiale. Environ 420 élèves seront scolarisés au lycée. On suit une courbe assez stable depuis deux ans.” Le gros des effectifs se concentre encore dans la filière agricole qui reste le moteur de l’établissement. Assez le directeur d’un lycée accueillant 420 élèves. Le lycée de Levier af fi che pratiquement complet dans ses formations générales ou agricoles. Le point avec Xavier Kasper,
“On compte une quinzaine d’enseignants qui exercent une activité agricole. C’est très intéressant car cela permet de ramener des cas concrets”, apprécie Xavier Kasper, le directeur du lycée LaSalle à Levier.
places. “C’est un équipement très attractif notamment au niveau de la filière hippique.” Le lycée LaSalle, c’est aussi une ferme d’application de 35 hectares qui abrite une centaine d’animaux : chevaux, moutons, vaches allaitantes. “On n’a pas d’atelier laitier car il y a plein d’exploitations aux alentours avec lesquelles on collabore régulièrement pour des visites, l’accueil de stagiaires… La ferme du lycée est plus dédiée à la diversification. On a aussi la chance d’avoir une forge et une menuiserie au lycée. Cela permet d’initier les élèves qui seront parfois amenés à faire de la soudure ou à travailler le bois dans le cadre de leurs activités à la ferme.” Xavier Kasper reconnaît que le recrutement des enseignants reste
toujours un souci dans un lycée qui emploie une centaine de salariés dont la moitié sont des professeurs. “Une quinzaine exerce aussi une activité agricole. Pour nous, ces profils sont très intéressants car cela permet de ramener du concret dans la pédagogie. Cette pluriactivité est une chance dans l’enseignement agricole.” L’agenda du lycée LaSalle sera marqué par des demi-journées d’informations programmées en novembre, janvier et mai. Sans oublier en mars les traditionnelles journées portes ouvertes. Bien conscient du contexte actuel, Xavier Kasper rappelle toute la vigilance portée sur le volet sanitaire. “Si le Super Comice de Pontarlier avait lieu en octobre, on serait présent sur cet événement. ” n
elle a de la famille dans le Doubs.” La filière d’enseignement général s’articule autour d’un Bac à dominante scientifique. Pas de nouvelles formations à signaler à la rentrée 2025. “On réfléchit sur l’opportunité de proposer un bachelor, soit un Bac + 3.
logique quand on se situe au cœur des A.O.P. fromagères jurassiennes. L’aire de recrutement sur la partie agricole s’étend dans un rayon de 60 à 70 km autour de Levier. Elle est un peu plus large
La seule innovation à mentionner concerne le B.T.S. qui sera organisé en semestrialisation. C’est plutôt une bonne chose car cela est plus adapté aux besoins des professionnels. Ce
“On a été contraint de refuser
des candidats en 4 ème et 3 ème .”
sur l’autre filière liée aux métiers du cheval. “On attire des jeunes qui viennent du grand Est. Cette année, on aura même une jeune Martiniquaise qui a choisi de se former à Levier car
changement a été validé par la D.R.A.A.F. Bourgogne-Franche-Comté en juin dernier.” L’un des atouts du lycée réside dans son internat moderne qui offre 250
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