Le Doubs Agricole 43 - Avril 2024

ACTUAL I TÉ

F r A s n E

Le G.A.E.C. des Lancieux mise sur les économies d’énergie Confronté à

A vec une production annuel le d’1,2 million de litres de lait et un troupeau de 185 vaches laitières, le G.A.E.C. des Lancieux dépense de l’énergie. Tant humaine qu’électrique. Depuis quelques années, les quatre asso ciés, Sylvain Marmier, Philippe Alpy, Bastien André et Charles-Antoine Mar mier réfléchissent sur la façon d’at ténuer le bilan carbone de l’exploita tion et de réduire les consommations d’énergie. Alors, quand à la fin 2022, le budget de 15 000 euros par an dédié à l’électricité risquait de tripler, les agriculteurs ont pris le taureau par les cornes et investi dans des dispo sitifs pour économiser l’énergie en 2023. “Nos principaux postes de consommation d’énergies et de res sources sont l’électricité, l’eau et le carburant” , explique Charles-Antoi ne Marmier. Le G.A.E.C. des Lancieux a en effet fait le choix du séchage du foin en vrac en grange, très intéressant d’un point agronomique et zootechnique. Mais très gourmand en électricité. “De gros ventilateurs soufflent de l’air chaud sous la toiture pour sécher le foin. Nous avons installé des varia teurs de fréquence sur les moteurs des ventilateurs, ce qui permet d’au tomatiser l’installation avec un systè me de sondes d’humidité et de tem pérature. Le séchage se déclenche et varie sa puissance en fonction des conditions climatiques. On ne venti le pas pour rien” , éclaire Charles Antoine Marmier. Le séchage en gran ge est utilisé seulement sur les trois consommation d’énergie. La réflexion lancée il y a déjà plusieurs années s’est accélérée ces derniers mois. l'augmentation des tarifs d’électricité fin 2022, qui aurait triplé le budget annuel, le G.A.E.C. des Lancieux a installé plusieurs dispositifs afin de réduire sa

Des variateurs de fréquence sur les ventilateurs permettent d’automatiser le séchage et de le déclencher selon les conditions climatiques, comme l’explique

Charles Antoine Marmier.

mois de la campagne fourragère, pour autant les économies restent non négligeables. S’il est encore trop tôt pour tirer un bilan, le G.A.E.C. table sur plusieurs milliers d’euros d’éco nomies sur la période et un retour sur investissement (ce dernier étant de l’ordre de 15 000 euros) assez rapi de. En 2015 déjà, du séchage solai re en surtoiture avait été installé pour remplacer les résistances électriques. Autre poste très énergivore, la réfri gération du tank à lait. Les 3 000 litres qu’il peut contenir doivent passer de 30 à 12 °C pour la production de com té, et 4 °C pour le mont d’or. Pour atténuer le delta de température, le G.A.E.C. a installé depuis septembre un pré-refroidisseur entre la salle de traite et le tank à lait, système beau coup utilisé dans les fromageries et l’agroalimentaire. “Le lait passe dans un tuyau et l’eau passe à contre-cou rant dans un autre, ce qui produit un échange de calories entre les deux” , souligne Charles-Antoine Marmier. Si l’installation a coûté 18 000 euros, les associés n’ont aucun doute sur l’ef ficacité du système. “Avant, le tank à lait tournait tout le temps. Là, le lait arrive déjà à 12 °C, il ne tourne presque pas pour le lait qui part en comté, et beaucoup moins pour celui qui est destiné au mont d’or. On sollicite moins le matériel.”

Comme avec le bon sens paysan, rien ne se perd, l’eau qui sort du pré refroidisseur part alimenter les abreu voirs des vaches, qui se délectent d’une eau à 30 °C. “On n’a pas enco re de recul sur le réel bénéfice pour les bêtes mais lorsqu’elles boivent de l’eau à 9 °C, celle-ci refroidit la pan se et il faut plus d'énergie pour la réchauffer” , constate l’agriculteur. Par ailleurs, le G.A.E.C. des Lancieux, gourmand en eau, consomme 12000m 3 d’eau par an. L’exploita tion a investi dans une citerne de 650m 3 de récupération d’eau qui est potabilisée, mise en service cet été. “La rentabilité est moindre mais on sollicite moins le réseau. La citerne permet une autonomie de trois semaines pour le G.A.E.C., même si là aussi nous n’avons pas encore assez de recul” , relève Charles-Antoi ne Marmier. Dans la même optique, le lavage des installations de traite nécessite une eau à 80 °C, chauffée avec des chauf fe-eau électriques. L’exploitation anti cipe déjà la prochaine phase pour économiser de l’énergie : du photo voltaïque en toiture sur deux nou veaux bâtiments en autoconsomma tion et revente du surplus. Le premier de600m 2 servira de hangar de stoc kage pour abriter du matériel et le foin en vrac. La puissance installée en

photovoltaïque sera de 150 kW. Soit l’équivalent environ de 200 000 kW/h, quand la consommation annuelle actuelle du G.A.E.C. est de 80 000 kW/h. “On a encore de la mar ge de manœuvre par rapport à la consommation annuelle, c’est pour ça que l’objectif est d’électrifier le plus possible pour pouvoir autoconsom mer au maximum l’électricité photo voltaïque” , relève Charles-Antoine Marmier. L’installation estimée à 200 000 euros avec la construction du hangar devrait permettre une réduc tion de 50 % de la facture d’électri cité. Dans la même veine, le G.A.E.C. consomme environ 15 000 litres de G.N.R. par an, et compte passer autant que possible de véhicules thermiques à électriques. “On brasse les fosses à lisier une fois par semaine, cela veut dire que pendant deux heures, un tracteur doit tourner pour actionner le mécanisme. On compte mettre des moteurs électriques à la place, ce qui permet d’automatiser, cela enlève une contrainte de travail, un gain de temps et une économie de carbu rant” , projette l’agriculteur. Un second bâtiment, une nursery pour les veaux et les vaches taries, va aus si être construit et pourvu de photo voltaïque pour 250 kW de puissance installée, destinée à la revente. n

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