Le Doubs Agricole 43 - Avril 2024

TECHNOLOGIE

EnVironnEMEnT La graine de lin : bon pour le troupeau, bon pour la planète Très engagée sur l’intégration du lin dans l’alimentation animale, l’association “Lin avec l’autre” a remis en décembre dernier des compteurs éco-méthane à une cinquantaine d’éleveurs soucieux de participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Un choix économique et environnemental.

O n connaît depuis long temps les bienfaits du lin sur la santé, la fertilité, la longévité des bovins. Sa contribution à la réduction des gaz à effet de serre en élevage laitier est au cœur de la démarche initiée par Bleu Blanc Cœur. Cette association nationale a mis en évidence que la graine de lin dans la ration réduit de 15 à 20 % les émis

sions de méthane. “Des analyses de profils d’acides gras dans le lait sont faites chaque mois dans les exploita tions engagées dans la démarche pour mesurer la réduction d’émission de méthane du troupeau. La méthode a été validée par l’I.N.R.A.E. et le minis tère de l’Agriculture” , confirme Philip pe Chays qui préside l’association “Lin avec l’autre”. Le méthane issu de la digestion des

bovins représente en moyenne 50 % des émissions de gaz à effets de serre d’un élevage laitier. “Il faut multiplier le volume de méthane par 25 pour avoir l’équivalent en CO2. À l’heure du réchauffement climatique, la réduction du méthane devient un enjeu majeur. La C.O.P. 26 en a fait une priorité” , poursuit Philippe Chays. À partir de là, plusieurs valorisations sont possibles. Bleu Blanc Cœur a

créé une fondation Éco-méthane alimentée par des mécènes qui bénéficient d’une réduction fiscale égale à 60 % du don. 85 % des sommes versées aux Fonds Bleu Blanc Cœur sont redistribués aux agriculteurs. Les 15 % restants couvrent les frais

o r n A n s Un des leviers de valorisation du troupeau La remise des compteurs éco-méthane s’est déroulée le 14 décembre dernier au G.A.E.C. de la Grange Guyot qui apprécie depuis longtemps les bienfaits de la graine de lin dans la ration sans négliger l’importance des autres facteurs contributifs de la bonne santé du cheptel laitier.

Frédéric et Aude Chabod, ici avec Vincent Girard à droite, ne négligent aucun volet dans la gestion de leur troupeau laitier : qualité des fourrages, génétique, apport en céréales et en lin.

F rédéric Chabod et son épouse Aude qui exploitent la ferme de la Gran ge Guyot sont d’abord des éleveurs passionnés qui prennent grand soin de leur troupeau. Ces clients historiques de la maison Chays sont convaincus de l’effet positif du lin dans l’alimentation de leurs 55 vaches laitières. “On adhère à Bleu Blanc Cœur depuis 2016 mais on complète la ration avec du lin depuis plus longtemps” , souligne l’agriculteur. Une ration à base de foin-regain avec un mélange de céréales et 25 % de lin extrudé. “Cela représente entre 800 g et 1 kg de lin par jour et par vache” , précise Vincent

Girard, commercial chez Chays. Le G.A.E.C. de la Grange Guyot affiche des performances laitières dignes des meilleurs élevages en lait à comté. Une production journalière à 28,3 kg de lait par vache. Un taux en matières grasses à 43,9 g par litre et un taux protéique à 37 g par litre. “La force de cette exploitation réside aussi dans la régularité des résultats qui ne varient guère tout au long de l’année. Pour en arriver là, il faut être bon à tous les niveaux : qualité des fourrages, suivi génétique, qualité des apports en céréales et en lin” , confirme Vincent Girard. La gestion d’un troupeau s’inscrit dans

une approche globale avec le besoin d’être efficace globalement pour exprimer au mieux le potentiel. Dans cette équation, l’apport du lin aide à tendre vers une valorisation optimale. Depuis le 28 avril 2016, le compteur éco-méthane du G.A.E.C. de la Grange Guyot affiche une réduction de 7,8 tonnes de méthane, soit 1 million de kilomètres évités au niveau de l’empreinte carbone. “Donner du lin à ses vaches représente un investissement pour l’éleveur mais les résultats sont là au niveau du taux de cellule, de l’immunité. Au final, la charge est vite rentabilisée” , estime Vincent Girard. n

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