Le Doubs Agricole 42 - Novembre 2023

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h i s to i R e Du gruyère à l’I.G.P. gruyère de France : la quête d’une identité

La définition du Gruyère français avec obligation de trous et affinage à 4 mois minimum est arrêtée le 3 mars 2003 par le Comité Interprofessionnel du Gruyère (photo S.I.G.).

de ses origines suisses à la reconnaissance de l’i.G.P. en 2013, la filière gruyère de France a dû surmonter bien des obstacles administratifs, batailler sur la propriété du nom gruyère avec les voisins suisses, se voir refuser un projet d’a.o.P. par l’union européenne… article réalisé sur les bases des recherches historiques menées par justine Basset de Monts et terroirs.

À partir des années quatre-vingt-dix, les deux pays vont engager une course-poursuite pour essayer de décrocher un signe de qualité empêchant l’autre de se distinguer. Les Suisses seront les plus réactifs. Ils déposent en janvier 1998, une demande de reconnaissance en A.O.C. gruyère suisse. Un mois plus tard, Gruyère Suisse et Gruyère

minimum est actée en mars 2003. Le C.I.G..qui devient Syndicat interprofessionnel du Gruyère en 2005 peaufine le contenu de son cahier des charges. L’A.O.C. est attribuée au Gruyère français en 2007 avant d’être retoquée en 2010 par l’Union Européenne qui estime que tous les critères ne sont pas requis pour l’obtention d’une A.O.P. Suisse 1, France 0. homologuée par l’I.N.A.O. en octobre 2010 sur la base du cahier des charges de l’A.O.C. Les accords bilatéraux entre l’U.E. et la Suisse sur les produits agricoles intègrent en 2011 la reconnaissance mutuelle des I.G.-A.O. Le Gruyère de France décroche finalement la labellisation I.G.P. le 6 février 2013. n Cette décision va pousser les opérateurs français vers l’I.G.P. qui sera finalement

C’ est en Suisse, dans la région de la Gruyère entourée par les sommets des Préalpes fribour geoises qu’est né le célèbre froma ge éponyme. Au XVII ème siècle, à la faveur des troubles politiques et reli gieux, les fromagers suisses trouvent refuge dans les régions voisines en Savoie et en Franche-Comté. Cette migration marque le début de la civi lisation du gruyère dans les mon tagnes jurassiennes et savoyardes. La fabrication de ce fromage de gran de taille impose une mise en com mun du lait entre les producteurs. Ce travail collectif est toujours d’actualité. Le gruyère va descendre de ses montagnes et conquérir

d’autres territoires agricoles au début du XX ème siècle. La famille des pâtes pressées cuites voit aussi se développer des concurrents à fort tonnage comme l’emmental. Au sortir de la seconde guerre mondiale, sur un marché envahi par des gruyères de qualité très inégale, certaines régions adoptent des stratégies de différenciation avec par exemple le gruyère de Comté ou celui de Beaufort. L’adoption des accords de Stresa en 1951 mettra un terme aux conflits entre les Français et les Suisses sur la propriété du nom gruyère défini désormais comme une propriété franco-suisse. Pour autant, le dossier d’appropriation est loin d’être classé.

Français engagent une réflexion commune, avec l’idée d’une appellation transfrontalière pour se défendre du Comté et du Beaufort.

L’idée d’une appellation transfrontalière.

La coopération s’achève en avril 2001, trois mois avant que le Gruyère Suisse obtienne son A.O.C. le 6 juillet 2001. Le Comité Interprofessionnel du Gruyère qui porte le dossier français poursuit ses démarches. La définition d’un Gruyère Français avec obligation de trous et un affinage de 4 mois

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