Le Doubs Agricole 39 - Mars 2022
A C T U A L I T É
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M A r A î C h A G E b I o
Des semences Made in Franche-Comté Sept maraîchers bio du Doubs dont un aux Fourgs et l’autre à Arçon sont rassemblés au sein du G.I.E. La Semencerie pour commercialiser des graines de plantes produites en Franche-Comté.
D éjà soucieux de pratiques culturales sans O.G.M. ni phytosanitaires, les maraî- chers bio francs-comtois œuvrent aussi dans la production de semences bio, équitables et repro- ductibles issus du terroir comtois. “Depuis une dizaine d’années, on a développé un réseau d’échanges de semences entre maraîchers comtois.
sa version initiale, la semencerie était axée uniquement sur les fermes bio. “On a voulu s’ouvrir au grand public, ce qui supposait de se doter d’une structure juridique adéquate.” La création du G.I.E. (groupement d’intérêt économique) remonte à 2019. On a défini ensemble une charte de valeurs, un règlement. La gouvernance est collégiale avec des décisions prises
au consentement. Ce qui signifie qu’on lève toutes les oppositions avant de valider un choix. Rien n’est imposé. La réglementation sur les
Au départ, il s’agissait d’une démarche pure- ment informelle. Une tren- taine de fermes participe aujourd’hui à ce disposi- tif. On s’organise pour ne
Deux fermes du Haut-Doubs adhèrent maintenant au G.I.E. de la Semencerie : Au Petit Jardin exploitée par Séverine et Emmanuel Marguet à la Mare d’Arçon et, à droite, la Sémilla avec Mayra et François Aymonier aux Fourgs.
Décisions prises au consentement.
semences est particulièrement encadrée, mais il existe une fenêtre juridique nous permettant de vendre en direct nos semences uniquement aux particuliers. Le G.I.E. la Semencerie dispose d’un site Internet où les clients commandent en ligne et viennent récupérer leurs graines dans l’une des sept fermes adhérents au groupement. “Au départ, on était cinq à Arbois, Lons, Orchamps, Rioz et Les Fourgs. Cette année, on accueille deux nouveaux maraîchers avec Le jardin
a connu un très gros succès. “On a été dévalisés” , résume le maraîcher des Fourgs. Les perspectives d’évolution sont grandes. Pas question pour autant de basculer dans un système non vertueux. “On veut garder une dimension humaine au sein du G.I.E. en limitant le nombre d’adhérents à 12. Au-delà, il nous semble préférable de créer un autre groupe.” Chaque ferme développe l’activité semences au gré de ses envies. À la Sémilla aux Fourgs, cela représente 5 % du chiffre d’affaires. D’une ferme à l’autre, on passe de 7 à 79 variétés pour une offre globale supérieure à 300. L’investissement dans le G.I.E. est calibré au prorata des ventes réalisées au cours de l’année précédente. “On envisage de se développer sur le volet semences, annonce François Aymonier. On se dit que si nos semences résistent aux Fourgs, elles pousseront partout en Franche-Comté. En gardant à l’esprit qu’on n’arrivera jamais à produire des semences d’aubergine, de melon ou de pastèque sur le toit du Doubs. La Semencerie a du sens que collectivement car on s’inscrit dans la préservation d’un patrimoine commun.” n
pas faire des doublons entre les diverses variétés de semences. On se retrouve une fois par an pour pla- nifier la production de l’année à venir. Chacun apporte également ses semences” , explique François Aymo- nier, le maraîcher-distillateur aux Fourgs. Soucieux de traçabilité, de professionnalisme, les maraîchers engagés dans la démarche ont travaillé de concert avec les conseillers techniques agricoles d’Interbio. Dans
de la Ciboulette près de Lons et Au petit jardin à Arçon.” Toutes les semences du G.I.E. sont cultivées en Franche-Comté. L’objectif n’est pas d’avoir un catalogue complet mais de privilégier la diversité. “On tient également à remettre au goût du jour des variétés historiques comme la carotte jaune du Doubs ou le pois jaune de Frasne utilisé autrefois pour la soupe aux pois. Ces espèces sont tombées en désuétude car les manières de consommer ont évolué.” Les maraîchers du G.I.E. collaborent aussi avec des associations conservatoires spécialisées dans le maintien de telle ou telle famille de fruits, de légumes, de plantes aromatiques comme l’oignon de Montbozon. Le critère local n’est pas systématiquement synonyme de bons produits. François Aymonier s’empresse de préciser : “Nos semences ont été testées. On propose des variétés adaptées qui ont du goût et se cultivent facilement. Tous les lots ont également fait l’objet d’un test de germination. On travaille aussi avec d’autres semenciers français ou européens en bio. On est partenaires et non concurrents.” Sitôt mise en service, la semencerie
L’objectif est de remettre au goût du jour des variétés historiques comme la carotte jaune du Doubs ou le pois jaune de Frasne.
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