Le Doubs Agricole 39 - Mars 2022

A C T U A L I T É 32

F o n C I E r

“On a besoin des terres agricoles pour nourrir la population” toujours mobilisé sur ce sujet, le syndicat des jeunes Agriculteurs (j.A.) du Doubs se bat pour préserver le foncier nécessaire au renouvellement des générations. Entretien avec Loïc Farey, le président des j.A. du Doubs.

“Le foncier est le principal problème à gérer dans le dispositif à l’installation”, confie Loïc Farey, le président du syndicat des jeunes Agriculteurs du Doubs.

judiciaires.

L.F. : C’est un sujet de plus en plus préoccupant. Il y a une dizaine d’années, on voyait passer un ou deux dossiers par an alors que maintenant cela devient systématique à chaque commission départementale d’orientation agricole. On ne comprend pas comment un jeune qui s’installe, qui met tout son outil de travail aux normes, puisse se faire amputer au bout de neuf ans de ses facteurs de production. On suggère d’allonger la durée des baux à 18 ans renouvelables par tacite reconduction. Cela apporterait de la visibilité pour le jeune et le propriétaire des terres qui est protégé par le statut de fermage. n Propos recueillis par FC

LDA : Quelle est la revendication des J.A. sur ce point ? L.F. : Quand il y a une liquidation judiciaire, il faut que le foncier soit sorti du lot et non traité comme les autres actifs. Il faut que ce soit la S.A.F.E.R. qui s’occupe des terres. Sinon on tombe dans la logique du plus offrant et les prix du foncier s’envolent comme on a déjà pu le voir dans leHaut-Doubs. LDA : Le syndicat des J.A. est-il toujours favorable au prolongement de la durée des baux ruraux, une question toujours sensible lors de la reprise des biens de famille ?

L e Doubs Agricole : La dyna- mique de reprise des exploi- tations dans le Doubs est-elle toujours aussi forte ? oïc Farey : Oui, on compte 85 installations aidées par an dans le Doubs. C’est le département le plus dynamique de la région Bourgogne-Franche-Comté. Cela s’explique bien sûr par la vitalité des A.O.P. fromagères. Le foncier reste le principal problème dans le dispositif d’installation.

sujets de préoccupation ? L.F. : Par exemple, les panneaux photovoltaïques en plein champ qui tendent à se développer au détriment des surfaces agricoles. C’est plus pertinent de les mettre uniquement sur les toitures de bâtiments agricoles. On n’est pas contre le principe du photovoltaïque mais il faut travailler sur les coûts de raccordements au réseau qui sont un vrai frein. Rappelons aussi qu’on a besoin des terres agricoles pour nourrir la population. On souhaite aussi faire bouger les choses sur le plan des liquidations

LDA : Quels sont les principaux

L A C h E V I L L o t t E

“La réouverture du marché algérien est un ballon d’oxygène pour nos éleveurs”

Après plus d’un an de blocage de l’exportation, les génisses montbéliardes peuvent à nouveau fouler le sol algérien. De quoi redonner des perspectives aux éleveurs. Les prix sont à la hausse.

algérien à l’exportation est une bouffée d’oxygène pour nos éleveurs. Environ 2 000 génisses sont déjà parties depuis la réouverture ! calcule le directeur. “C’est un marché dont nos éleveurs ont besoin”, ajoute-t-il. Selon l’un d’eux, ce débouché peut représenter jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires d’une exploitation. Chaque année, la coopérative achète entre 10 et 15 millions d’euros d’animaux qui sont regroupés à La Chevillotte avant d’être envoyés par bateau depuis le port de Sète vers l’Algérie. En 2021, pour soutenir ses 1 200 adhérents, Coopex a cherché et heureusement trouvé de nouveaux débouchés au Sénégal, en Ouzbékistan, à Madagascar, au Cameroun et en Europe. “C’est positif mais encore une fois, cela ne compensait pas les volumes algériens.” En 2018, une montbéliarde vaccinée était vendue 1 280 euros. “Son prix est à la hausse en 2022. On repart sur une bonne dynamique”, convient la coopérative qui ne précise toutefois pas le montant exact. La filière montbéliarde ne se résume donc pas uniquement au Comté. n

L a vache montbéliarde s’exporte bien. Très bien même. Robuste, capable de résister au froid ou au chaud, elle séduit de nombreux

pays. Parfois, et cela arrive régulièrement, elle se fait rejeter à la frontière comme ce fut le cas en 2018 avec l’Iran dans le cadre du blocus pronon- cé par les U.S.A. “Les fermetures sont plus sou- vent politiques que sanitaires” remarque Tristan Gaiffe, directeur de la coopérative Coopex, chargée d’exporter les ani- maux pour le compte de ses éleveurs adhérents. Lorsque l’Algérie décide en décembre 2020 de fermer à l’importa- tion le marché des génisses et bovins d’engraissement en invoquant la crise Covid, c’est toute une filière qui s’interroge. La raison n’est pas sanitaire mais politique puisque le pays traverse, à l’époque des faits, une période de remous. Depuis janvier dernier, tout est rentré dans l’ordre. Pour le plus grand bonheur des éleveurs ! L’Algérie est en effet le plus important acheteur de montbéliardes âgées entre 18 et 24 mois. “La réouverture depuis janvier du marché

Un marché évalué à 15 millions d’euros.

La montbéliarde s’exporte au Sénégal, au Cameroun, à Madagascar.

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