Le Doubs Agricole 39 - Mars 2022

C h E V A L C o M t o I S Des projets pour valoriser la viande et le lait Après un salon de l’agriculture couronné de succès, l’Association nationale pour le Cheval de trait Comtois (A.n.C.t.C.) continue à s’investir dans la recherche de nouveaux débouchés, gages de pérennité de la filière cheval comtois.

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L’A.N.C.T.C. est engagé sur un projet de valorisation du lait de jument comtoise fermenté qui pourrait permettre à terme d’installer

quelques éleveurs.

o S S E Des drones pour sauver les faons pendant les foins La Fédération départementale des chasseurs teste depuis l’an dernier l’utilisation de drones pour repérer les faons avant que l’agriculteur ne fauche ses champs. Le dispositif sera élargi.

L’ avenir du cheval comtois repo- se d’abord et avant tout sur sa valorisation bouchère. “La viande représente 80 % des débouchés. Aujourd’hui, le marché est assez porteur. Il y a plus de consommation, la viande de cheval se vend plus cher qu’avant, l’export est en hausse. Tous les indicateurs sont au vert sauf que 80 % de la vian- de consommée en France vient de l’étranger alors que nos poulains com- tois sont exportés en Italie et en Espagne. On voudrait relocaliser nos débouchés en Franche-Comté en développant les circuits courts” , explique Stéphane Dugois, le secré- taire de l’A.N.C.T.C. en charge des dossiers viande et lait. Cette stratégie implique de commu- niquer davantage sur les bienfaits et l’intérêt de privilégier la viande de che- val locale. L’association assure la pro- motion du cheval comtois sur les salons et se déplace à la rencontre des éle- veurs. “Actuellement, on met en pla- ce un label viande chevaline franc- comtoise. On travaille également à la création d’un réseau de distribution en ciblant plutôt les boucheries tradi- tionnelles.” Stéphane Dugois qui est lui-même éleveur de comtois souligne la chan- ce d’avoir à Champagnole un abat- toir spécialisé dans le cheval. Le seul en France. “On peut utiliser les abat-

toirs généralistes mais celui de Cham- pagnole est aussi équipé d’une salle de découpe avec des bouchers spé- cialisés dans la viande équine.” Depuis plusieurs années, l’A.N.C.T.C. investit dans des programmes de recherches axés sur le lait de jument. Elle fonctionne notamment avec l’E.N.I.L. de Mamirolle pour étudier les qualités organoleptiques du lait, les modes de conservation et les pos- sibilités de transformation en produits alimentaires. “On a engagé un projet sur le lait fermenté. C’est un aliment plein de probiotiques qui permet par exemple de maintenir la flore intesti- nale. On parle alors d’alicament. On croit beaucoup dans ce produit en cours d’élaboration. L'idée serait de pouvoir installer quelques éleveurs sur ce créneau. Cela permettrait ainsi de diversifier les débouchés.” Installé à Autechaux sur une exploi- tation laitière avec un élevage de che- vaux, Stéphane Dugois constate depuis des années tous les bienfaits du pâturage mixte en mettant des comtois au milieu des troupeaux bovins. “C’est très bénéfique pour renforcer les défenses immunitaires et je n’ai pratiquement plus de traite- ment parasitaire à réaliser sur les bêtes” , souligne celui qui souhaite pro- mouvoir davantage cette mixité entre les deux races emblématiques de l’agriculture comtoise. n

I nitiée par la fédération départe- mentale des chasseurs du Doubs, l’utilisation de drones courant mai à Osse avait pour objectif de repé- rer les faons blottis dans l’herbe grâ- ce à des caméras thermiques. “Leur immobilité, c’est leur sécurité. Si une faucheuse passe, les faons ne partent pas. Notre mission est de le repérer, de les déplacer dans un endroit en sécurité ou de les faire partir s’ils le peuvent” explique Pierre Feuvrier, direc- teur de la fédération départementale des chasseurs du Doubs. Aucun chiffre n’est connu quant au nombre de faons tués par les faucheuses chaque année. C’est la première fois que ce genre d’opération était menée dans le Doubs. La Suisse est pionnière en la matière. Ce matin-là, aidés par l’association “Sauvons les faons” qui possède des drones de très haute technologie capables de détecter lamoindre source de chaleur, les chasseurs n’ont trouvé aucun faon sur 5 parcelles. “Peut-être les chevrettes ont-elles mis bas dans la forêt” émet un technicien. Les agriculteurs ont pu faucher

tranquillement : “Même en faisant très attention, il arrive d’en faucher. C’est donc une bonne initiative” indique Michel Saint-Hillier, jeune agriculteur installé à Osse. Jean-Louis Pauthier et Dominique Jeannerot, deux autres exploitants, ont accepté que les drones survolent leurs champs. Pour quelle raison les chasseurs - qui ont payé ce prestataire - investissent-ils dans cette technologie ? Pour prélever davantage de gibier diront les anti-chasse. “Le chevreuil au même titre que les autres espèces est un maillon de la chaîne alimentaire. Il va par exemple servir de nourriture au lynx” répond un technicien. La Fédération des chasseurs du Doubs dispose d’une mission de service public délivrée par le préfet pour gérer la faune sauvage. Ce dispositif s’ajoute aux réflecteurs anti-collisions positionnés sur une partie des routes départementales. Ces piquets ont déjà permis de faire diminuer de manière drastique les accidents entre des animaux sauvages et des véhicules. n

L’association “Sauvons les faons” a utilisé des drones à Osse, sur demande de la fédération de chasse, pour repérer des faons.

Salon de l’agriculture : un bon cru 2022 Les éleveurs du Doubs se sont distingués cette année à Paris. François Perrin le président de l’A.N.C.T.C. a remporté le titre chez les étalons avec Jojoba et Damien Pretet de Pouilley-les-Vignes a aussi gagné avec sa jument Joueuse. À signaler aussi la belle médaille d’argent décrochée au trophée national d’utilisation inter-races par Benjamin Poilleux, éleveur dans l’Oise, avec sa jument comtoise Bahia. n

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