Le Doubs Agricole 38 - Novembre 2021

A C T U A L I T É

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t e r r o I r Croissance et empreinte écologique dans l’actualité du comté Le C.I.G.C. avait profité de l’ouverture de la nouvelle

A vec une progression des ventes affichée à 4,03 % depuis un an, soit un volu- me de 60 323 tonnes de comté commercial isées, les diri- geants devraient afficher une cer- taine sérénité. 68 500 tonnes de comté ont été produites au cours de la même période. Mais les sou- rires sont plutôt crispés face aux attaques incessantes qui remettent en cause cette belle dynamique et ses conséquences sur l’environne- ment. “2020 restera une année par- ticulière rythmée par la crise sani-

maison du Comté à Poligny fin mai dernier pour y faire son assemblée générale et tirer le bilan d’une campagne 2020-2021 plus qu’encourageante. L’occasion aussi de dénoncer l’acharnement des associations écologistes à l’encontre d’une filière trop souvent montrée du doigt. Il n’est jamais agréable d’être régulièrement placé sur le banc des accusés comme c’est le cas de toute la filière comté, soi- disant en grande partie responsable de la pollution de rivières comme le Doubs, le Dessoubre ou encore la Loue. Comme ils l’avaient déjà fait au sujet du robot de traite, les syndicats actifs sur la filière : Confédération Paysanne, Coordination rurale, F.D.S.E.A. et J.A. dénoncent dans un communiqué commun “l’acharnement dont ils font l’objet de la part du collectif S.O.S. Loue.” Ils rappellent que “la croissance du comté est le fruit d’une politique volontariste d’ouverture basée sur une augmentation du taux de transformation d’un lait déjà produit, une substitution de l'emmental par le comté, l’accueil de nouveaux exploitants et donc de nouvelles surfaces.” Grâce à cette politique, le massif du Jura est sans doute le champion de l'installation. Un départ pour une arrivée. Quid des pratiques prétendument trop intensives ? Pour les quatre syndicats, “la limitation individuelle de la production de lait par ha constitue le meilleur rempart à toute intensification.” Les mesures expertisées actuellement par l’I.N.A.O.

taire. Après quelques inquiétudes liées notamment à la fermeture des rayons de vente à la coupe, la filiè- re a plutôt bien résisté à la conjonc- ture grâce aux efforts de tous. On

progressent de 10 % sachant qu’elles représentent actuellement 10 % du volume global. 75 % des exportations se font dans les pays frontaliers de la France” , complète le président.

De quoi élargir encore le potentiel de production pour la prochaine campagne qui s’étend jusqu’au

a su s’adapter pour regagner la confiance des consommateurs” , analyse Alain Mathieu, le président du C.I.G.C.

60 323 tonnes de comté commercialisées.

30 avril 2022. Le rythme reste inchangé avec 1 500 tonnes de nouveaux droits à produire. “Cette ouverture confirme une vraie politique d’accueil basée sur l ’ intégration de nouvel les surfaces. Cela représente 140 nouveaux exploitants depuis 4 ou 5 ans. 35 000 hectares ont basculé sur le terroir comté en 10 ans, soit 15 % de la surface déjà dédiée à l’A.O.P.” Face aux déf is cl imatiques et environnementaux, aux attentes sociétales et économiques, la filière affine en permanence son cahier des charges. Une nouvelle mise à jour a été transmise à l’I.N.A.O. en mai 2020 pour une première expertise. L’objectif est de maintenir tous les ingrédients du modèle comté basé sur la coopération, l’exploitation des ressources locales, le l ien à l ’herbe, la tai l le des outi ls de production et de transformation, le bien-être animal… “On ajoute par exemple 30 % de surface supplémentaire par vache laitière. On réduit aussi de 20 % le nombre d’unités d’azote en système lisier” , illustre Alain Mathieu. Cette nouvelle réforme rime avec limitation. Limitation de la taille des fermes, du nombre de vaches laitières par producteur, limitation de la tai l le des atel iers et encadrement de la croissance de ces outils de transformation. n

L’augmentation de 4,03 % s’applique à tous les segments de la distribution. Elle se décline en France comme à l’export. “Les ventes à l’étranger

L’UNION SYNDICALE SACRÉE AUTOUR DU COMTÉ z o o m

de concentrés, ils expliquent travailler à la création de filières locales d’approvisionnement. Ils invitent aussi “à ne pas généraliser aux 2 400 fermes à comté, des cas isolés que nous condamnons, lesquels par leur comportement entachent le travail de tous.” Alain Mathieu le président du C.I.G.C. souscrit bien sûr à cette levée de boucliers. “On partage aussi le

vont dans le sens de la préservation des milieux

naturels. Selon une étude de la D.R.A.A.F., la fertilisation des prairies permanentes a baissé de 30 % entre 2011 et 2020. Les producteurs insistent aussi sur le fait que leurs vaches ne sont pas des “usines à lait”. Une autre étude montre que le niveau de production du troupeau dans le Doubs, tous systèmes confondus, s’élève à 6 930 kg de lait par vache laitière et par an contre 9 226 kg pour la race Prim Holstein. Sur l’utilisation

Les vaches ne sont pas des “usines à lait”.

diagnostic. La filière est engagée et agit en toute transparence.” n

La pollution ne peut pas se réduire à la présence d’une tonne à lisier dans un champ.

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