La Presse Pontissalienne 307 - Août 2025

30 Le dossier

Août 2025

l Pontarlier Une étape urbaine en mode itinérance L’auberge de jeunesse fait le plein de randonneurs à pied ou à vélo Idéalement placée au centre-ville, à 3 minutes de la gare multimodale, l’auberge de jeunesse de Pontarlier reste une étape privilégiée par les touristes itinérants.

À partir de la mi-mai et jusqu’à l’automne c’est toujours le même rituel en fin d’après midi avec l’arrivée des ran donneurs qui bouclent une étape de la G.T.J. ou de la Via Francigena ou encore un itinéraire personnalisé à pied, en vélo à V.T.T., Gravel… “On constate un fort développement de l’itinérance en bike packing (ou l’art de voyager léger à vélo). Les pratiquants sont souvent en autonomie mais si le temps est plu vieux ils cherchent volontiers un héber gement” , constate Lysiane Edme, direc trice de l’auberge de jeunesse de Pontarlier depuis 6 ans. Elle confirme le succès de la Via Fran cigena qui attire des pèlerins de tous pays. Exemple avec Éric et Marc qui sont venus des États-Unis parcourir cet itinéraire en bike packing. “On est parti de Londres le 10 juin en faisant des étapes de 70 à 80 km chaque jour. On n’a pas pris de tente car c’est assez compliqué de faire du camping sauvage en France. On dort soit dans des auberges comme celle de Pontarlier ou

dans les monastères” , explique Éric, 40 ans, originaire de San Francisco. Plutôt amateur de baseball que de vélo, ce journaliste qui avait déjà découvert l’an dernier la Via Francigena sur la partie Toscane, estime que son périple actuel est très difficile. “Je n’ai jamais fait un aussi long voyage à vélo.” Le binôme a prévu d’arriver à Rome dans la première quinzaine d’août. “On a pris nos billets retour le 15 août.” Marc, 42 ans, voit dans cette aventure matière à relever un défi physique et à satisfaire sa curiosité. Pour Éric, il

à l’anis pour l’un et à l’absinthe pour l’autre. C’est aussi le rôle de Lysiane de promouvoir sa région auprès de ses hôtes. “Ils apprécient au moins qu’on puisse leur fournir quelques indications sur les routes et chemins qu’ils emprun teront le lendemain.” Ouverte en 1937, l’auberge de jeunesse de Pontarlier est la propriété de la com mune. Elle est gérée par la Fédération de l’Union des Auberges de Jeunesse. Cette association emploie la directrice et l’autre salarié permanent du site. L’effectif pontissalien intègre également une apprentie et un saisonnier au plus fort de l’été. L’auberge qui avait fait l'objet de travaux d'agrandissement en 2007 comprend 23 chambres de 2 à 6 places pour une capacité totale de 80 lits. Elle intègre un service de restau ration uniquement pour les groupes. “On met à disposition des individuels une cuisine partagée. On a aussi des salles de réunion qui peuvent être louées pour des séminaires, des assemblées générales. Certaines sont régulièrement utilisées par des associations qui pro posent des séances de gymnastique, yoga, pilates…” En dehors des randonneurs et des cyclistes de passage, l’auberge accueille des voyages scolaires, des séjours décou vertes autour de la filière comté ou microtechniques. “On reçoit beaucoup de clubs sportifs qui viennent disputer des compétitions dans le secteur. Le tou risme social est en forte expansion. On peut proposer deux chambres qui répon dent aux normes accessibilité. Le gros de la saison débute avec les champion nats de France de Tarot, puis les ponts de mai.” L’auberge affiche déjà complet pour l’étape du Tour le 26 juillet. L’espace a entièrement été privatisé par l’enseigne Sodexo Live, le restaurateur officiel de la Grande boucle. “On a aussi beaucoup de demandes de nouveaux travailleurs

s’agit aussi d’un challenge personnel et d’enrichir son goût de l’histoire, du patri moine. “Ce soir, on boucle l’étape Besançon-Pontarlier par la vallée de la Loue. C’était très beau mais pentu” , analyse celui qui était déjà assez inquiet à l’idée de franchir les Alpes. L’étape pontissalienne fut aussi l‘occasion de décou vrir une boisson apéritive

“C’était très beau mais pentu.”

frontaliers en sachant que l’on ne fait pas de location au mois, seulement à la nuitée. Le tarif est identique voire plus élevé qu’un loyer mensuel sur Pon tarlier.” La force de l’auberge réside malgré tout dans des prix très accessibles. Sous réserve d’accepter l’hébergement par tagé, c’est le mode d’hébergement le moins cher de Pontarlier. “En six ans, on suit une progression régulière.” La clientèle de randonneurs est cosmopolite dans ses provenances avec une majorité d’Européens mais aussi des Australiens, Néo-Zélandais, Américains… “C’est souvent au moment du petit-déjeuner qu’on assiste à de beaux échanges entre les clients” , poursuit la directrice en regrettant le manque de transports collectifs pour acheminer ces hôtes sans voitures du côté du lac, de Métabief… L’itinérance dans le Doubs a aussi sa clientèle d’habitués. Originaires de Moselle, Christine et François terminent leur semaine de randonnée pédestre en mode G.T.J. “On a fait le tronçon

Pont-de-Roide-Pontarlier en faisant successivement étape à Saint-Hippolyte, Goumois, Fournet-Blancheroche, Vil lers-le-Lac et le lieu-dit des Seignes au dessus des Gras.” Soit entre 25 et 30 km par jour avec 1 000 mètres de dénivelé. Soucieux de voyager léger et avec un certain confort, ce couple de retraité privilégie des hébergements en chambre d’hôte, gîte, hôtel… “On a eu recours à la société Roule ma poule qui propose un service de transport des bagages.” Le couple avait découvert l’an dernier la G.T.J. en parcourant le secteur Pon tarlier-Lélex. Très attachés au massif jurassien qu’ils connaissent assez bien, les deux randonneurs ont beaucoup apprécié de marcher en total isolement dans la vallée du Doubs entre Goumois et le Saut du Doubs. Autre point positif : le parcours très bien balisé malgré quelques balises absentes et qui devaient sans doute se trouver sur des épicéas abattus suite au scolyte. L’oc casion de découvrir une autre réalité du Haut-Doubs. n F.C.

Originaires de Moselle, Christine et François terminaient à Pontarlier une semaine de marche qu’ils avaient débuté à Pont-de-Roide.

l Pays de Montbenoît Épicerie libre-service L’itinérance, c’est d’abord un service !

Situé sur le site de la Perdrix, le gîte d’étape du Haut-Saugeais Blanc accueille des randonneurs itinérants qui ont aussi la possibilité de se dépanner en nourriture dans l’épicerie libre-service mise à leur disposition par l’association.

soupes lyophilisées…” Bien sûr, la clientèle itinérante ne permet de couvrir les frais d’entretien et de gestion du gîte. “Les charges sont financées pour l’essentiel en privatisant le gîte pour des réunions de famille, des fêtes. L’itinérance, c’est d’abord un service. On reçoit aussi pas mal de groupes d’en fants en périscolaire, centres de vacances qui viennent passer quelques jours au gîte. Comme on ne mélange pas les publics, on doit parfois refuser de loger des randonneurs adultes. Il nous manque sans doute une petite structure d’accueil indépendante, du type chalet avec 4 ou 5 cou chages.” n

C omme dans la plupart des autres points d’hé bergement dédiés à l’itinérance, Davy Mou gin, le président de l’association du Haut-Saugeais Blanc à Hau terive-la-Fresse constate que de plus en plus de randonneurs s’y prennent en dernière minute pour trouver un lieu où dormir. “C’est parfois problématique car dans un fonctionnement asso ciatif, on ne peut pas toujours être sur place. On veut maintenir un accueil physique avec au moins un bénévole de l’associa

tion. Pour autant, on s’est équipé d’une boîte à clefs et d’outils informatiques permettant les paiements en ligne” explique le gestionnaire. L’itinérance a aussi le vent en poupe au Haut-Saugeais Blanc. Ce type d’accueil représente entre 200 et 300 nuitées par an. Avec des marcheurs et de plus en plus de groupes à vélo. Les G.T.J. V.T.T. et Gravel passent à la Perdrix qui est située à 1 heure de marche de la G.T.J. pédestre. “Ici, les gens cherchent un toit, une douche et des sani

taires. À 17 euros la nuitée, on est parmi les moins chers du massif du Jura. On voit aussi des randonneurs qui privilégient le bivouac.” Davy Mougin constate aussi que l’itinérance fonctionne davan tage aux ailes de saison qu’en plein été. “On ne fait pas de demi-pension mais on met la cuisine du gîte à disposition des randonneurs. Un des placards a été transformé en épicerie libre-service. On y met des pro duits de première nécessité, non périssables : pâtes, conserves,

“Cette épicerie en libre-service pallie l’absence d’un service de restauration en sachant qu’il n’y a aucun commerce à proximité de la Perdrix”, justifie Davy Mougin, le président de l’association du Haut-Saugeais Blanc.

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