La Presse Pontissalienne 307 - Août 2025

10 L’événement

Août 2025

l Besançon

250 fidèles le vendredi Les musulmans de Besançon prônent le dialogue

Dans le Grand Besançon, il existe une petite dizaine de mosquées. Rencontre avec les respon sables d’une des plus anciennes de la ville, la mosquée As-Souna dans le quartier des Torcols.

Boutouta. À la manœuvre, un imam présent ici depuis six ans, Fouad Fhaima, venu d’Algérie et désormais salarié de l’association depuis que l’État français a interdit la venue d’imams “détachés” payés par un pays étranger. “Le métier d’imam est désormais reconnu dans le Code du travail fran çais” ajoute le président. Le religieux, qui traduit certains de ses prêches en français pour les fidèles qui ne seraient pas arabophones, est en train de valider son diplôme universitaire pour être en conformité avec les nouvelles règles en vigueur depuis quelques années en France, destinées à éviter toute forme d’entrisme religieux. Une des difficultés de l’islam vient du fait qu’elle n’a pas de clergé, pas de hiérarchie comme c’est par exemple le cas pour la religion catholique. D’où le dialogue parfois chaotique par le passé. Depuis que le Forum de l’Islam de France (F.O.R.I.F.), lancé en 2022, est en place, le président de la mosquée As-Souna estime que “le dialogue est désormais permanent avec les services de l’État. Depuis 2018, le conseil fran çais du culte musulman n’est plus l’in terlocuteur de l’État, ce sont les A.T.I.F. qui le sont et les relations sont beaucoup plus directes et claires. Nous faisons tous société commune en France, il est important de poursuivre sans cesse le dialogue, avec les services préfectoraux, mais aussi avec les services de la Ville. Notre pays, c’est la France, nous sommes Français” ajoute M. Boutouta qui est également aumônier pour les patients

musulmans de l’hôpital de Besançon. Deux autres aumôniers musulmans officient dans le Doubs, un pour les prisons, un autre pour l’armée. La sécurité de leur lieu de culte reste une préoccupation. Dans les périodes électorales, ou pendant le ramadan, les risques peuvent être plus élevés. Dans l’ambiance de la dernière cam pagne présidentielle, fin 2021, les murs de la mosquée Souna et d’un autre lieu de culte musulman de Besançon avaient été souillés de tags à la peinture rouge représentant des croix de Lor raine. Un peu plus tôt, les mêmes croix de Lorraine avaient été peintes sur deux lieux de culte musulman du Haut Doubs, à Pontarlier et à Montlebon. L’auteur des faits, cagoulé, avait pu être démasqué. Dans ce contexte “zemmourien”, l’as sociation bisontine s’était équipée de systèmes de vidéo-surveillance, exté rieurs et intérieurs. Ses responsables sont en contact direct avec les forces de l’ordre pour dissuader toute tentative de récidive. “Les pratiquants de confes sion musulmane sont des citoyens comme les autres, nous ne devons rien lâcher face à ce genre d’actes et nous devons tous faire en sorte que notre pays s’en sorte par le haut” plaide Abdel razak Boutouta qui se plaît à rappeler aux théoriciens du grand remplacement que dans la religion musulmane, tout prosélytisme est interdit. “D’où l’im portance de poursuivre ces assises de l’islam, dans un dialogue constant avec la République.” n J.-F.H.

C’ est une des plus anciennes mosquées de la ville, créée dans les années soixante quand les premières vagues d’immigration maghrébines sont arrivées à Besançon. Depuis 1994, l’association cultuelle As-Souna dispose de la plus grande mosquée du secteur, reconnaissable de loin avec son haut minaret blanc. À la tête de l’association qui gère la mosquée, Abdelrazak Bou

touta. Il veille avec son conseil d’ad ministration sur le bon fonctionnement de cette association dont l’objet est de faire vivre cette mosquée. “Nous sommes 100 % autonomes financièrement, nous ne touchons aucune subvention, c’est la communauté des fidèles grâce à leur cotisation qui finance l’association et l’ensemble des travaux d’entretien ou d’investissement que nous faisons sur ce bâtiment” indique le président. Selon

ses possibilités, chacun des adhérents verse entre 10 et 100 euros par mois à l’association pour assurer son bud get. Sur le plan religieux, la mosquée de la rue Avicenne est le principal lieu de culte musulman de Besançon. 250 à 300 fidèles assistent à la prière du ven dredi., et en période de ramadan, la mosquée bisontine reçoit “entre 500 et 600 personnes à chaque office” note M.

Le président de l’association Abdelrazak Boutouta avec l’imam de la mosquée Fouad Fhaima.

l Pontarlier Un climat plutôt apaisé La mosquée Philippe-Grenier toujours soucieuse d’harmonie et d’intégration La vie au sein de l’association cultuelle “Mosquée Philippe Grenier” reflète aussi celle d’un territoire dynamique marqué par l’attractivité du travail frontalier et qui n’est globalement pas soumis à un climat d’insécurité permanent, ce qui n'empêche pas de rester vigilant.

C réée en 1983, la mos quée Philippe-Grenier est installée dans l’une des ailes des casernes Marguet. “Cet espace avait été mis à disposition de la commu nauté maghrébine. Elle est ouverte à tous les musulmans à la recherche d’un lieu de prière. On prône une pratique religieuse harmonieuse et sereine” , explique le président de l’association cul tuelle de la mosquée Philippe Grenier en précisant que les locaux à caractère cultuel font l’objet d’une location. Cette association compte aujourd’hui une centaine d’adhé rents et environ 250 sympathi sants. On y trouve aussi comme dans tous les groupes constitués du Haut-Doubs une part de nou veaux habitants venus travailler

en Suisse et de religion musul mane. “On constate aussi ce phé nomène de turn-over avec des départs, des arrivées mais glo balement l’effectif est assez stable, en tout cas depuis que je suis arrivé dans la région en 2004. Toutes les tranches d’âge sont représentées. Il y a autant d’hommes que de femmes. Pour

plus de place pour mieux accueil lir les hommes et les femmes avec des salles où l’on puisse faire des activités.” L’association orga nise, par exemple, le samedi matin en période scolaire des séances “d’éveil à la foi” enca drées par des bénévoles. Rien n’est encore engagé concrè tement. “On essaie actuellement de réunir le financement. Plu sieurs projets sont à l’étude y compris celui de construire une nouvelle mosquée” , poursuit le président. Avec la fin des imams détachés, la mosquée Philippe Grenier fonctionne sur la base du béné volat. “On œuvre pour pouvoir recruter un imam formé en France. On tient à être en phase avec les orientations nationales dans l’organisation du culte

La mosquée actuelle est maintenant sous-dimensionnée pour répondre aux besoins de l’association cultuelle qui cherche de nouveaux locaux plus adaptés.

adhérer à l’asso ciation, il faut être majeur et musul man.” Depuis quelques années, l’associa tion a engagé une réflexion sur un nouveau lieu de pratique qui cor respond à l’évolu tion des besoins. “Il nous faudrait

“On défend l’idée d’une

musulman.” Le souci d’intégra tion est permanent au sein de l’association. “On fait partie du comité départemental du culte musulman du Doubs. Cela per met de se rencontrer régulière ment pour échanger sur diffé rents sujets religieux. Le département est divisé en trois bassins à Besançon, Montbéliard et Pontarlier.”

La mosquée de Pontarlier a déjà été victime d’actes islamophobes. “Depuis 2004, on n’a jamais eu de souci interne. Les seules dif ficultés sont venues de l’extérieur. Tout ce que l’on entend actuel lement nous interpelle forcément. On fait preuve d’une certaine vigilance. Ce travail se fait avec les autorités locales dans le but de sécuriser les citoyens français

musulmans notamment lors des grands événements du calen drier religieux. Pour autant, je suis très confiant dans nos défis à relever avec ce projet de nou veaux locaux. On défend l’idée d’une mosquée ouverte, loin de l’islamophobie ambiante. On revendique juste notre liberté de culte.” n F.C.

mosquée ouverte.”

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