La Presse Pontissalienne 306 - Juillet 2025

4 Haut-Doubs

La Presse Pontissalienne - Juillet 2025

AGRICULTURE

Mésentente au sein des G.A.E.C. 55 familles accompagnées par Solidarité Paysan en 2024

Le dynamisme des filières A.O.P. dans le Doubs cache aussi des situations économiques et sociales qui mettent des exploitations en grande difficulté comme le constate chaque jour l’association Solidarité paysan en encourageant les agriculteurs en difficulté à solliciter un accompagnement le plus en amont possible.

dations ou les procédures col lectives.” Avec 33 ans d’expérience, Soli darité paysan Doubs a fait ses preuves. Son efficacité est main tenant reconnue. Sa force réside incontestablement dans la rela tion de confiance établie avec la personne. “Notre priorité, c’est de sauver l’homme et ensuite on regarde si on peut aussi sauver la ferme. On se déplace parfois pour des problèmes minimes mais on constate souvent que le malaise est plus profond.” Le bilan 2024 est un peu moins critique qu’en 2023 où l’asso ciation avait accompagné 60 familles dont 24 nouvelles. “On trouve aussi bien des jeunes que des anciens exploitants. On a aussi des retraités, des couples

pellent que l’association inter vient gratuitement en deman dant seulement à la personne de prendre une cotisation dont le montant est de 20 euros. L’as sociation compte aujourd’hui une trentaine de bénévoles venus de tous les horizons sociaux, professionnels. “Il suffit d’avoir la fibre rurale. On leur propose des formations. Avec l’expérience, on apprend à mieux écouter. On essaie également de rester assez neutre, ce qui n’est pas toujours facile. Quand le problème devient insoluble, on passe parfois au stade de l’étude collective.” À la demande des “victimes”, des groupes de parole ont été mis en place depuis quatre ans. Ces séances encadrées par une animatrice permettent à chacun de verbaliser ses problèmes. “L’an dernier, on a continué dans cette approche collective en créant un groupe d’échanges de pra tiques car les personnes ont rare ment l’occasion de comparer leur situation avec d’autres. C’est très valorisant.” Certains accompa gnés sont devenus des accom pagnants. “On peut aussi se féli citer de l’ambiance qui règne parmi nos adhérents”, apprécie Jean Vuillet. n F.C.

“O n ne le dira jamais assez mais c’est préférable d’appe ler le plus tôt pos sible avant que les situations ne deviennent trop compliquées pour tout le monde” , insiste Syl vie Jeannin, ancienne agricul trice membre de l’association Solidarité Paysan qui est en

place depuis 1992 dans le Doubs. Il existe la même structure dans le Jura, la Haute-Saône et pour l’ensemble des départements de Bourgogne. “On est présent dans 83 départements avec une association faîtière nationale qui emploie six salariés dont plusieurs juristes. On a une ani matrice dans le Doubs qui a un

poste partagé avec la Haute Saône” , complète Jean Vuillet, lui aussi ancien agriculteur et président de Solidarité Paysan Doubs. En 2024, l’association a accom pagné 55 familles dont 14 nou velles. “On identifie trois niveaux d’intervention avec des dossiers légers qui sont rapidement réglés, des dossiers globaux nécessitant plusieurs déplacements ou visites et les dossiers importants dont le traitement peut durer plu sieurs mois, voire des années. Sur les 55 dossiers gérés en 2024, on en trouve 11 dans la première tranche, 23 dans la seconde et 21 dans la dernière” , détaille Sylvie Jeannin. La ventilation par secteur de production montre que toutes les filières sont concernées. Plus de la moitié des structures en difficultés sont en élevage laitier, 18 % en production diversifiée et 11 % en lait standard. “Depuis un an, on enregistre beaucoup de cas de mésentente au sein des G.A.E.C. Pour faire face à ce nou veau phénomène, une partie des bénévoles a suivi une formation

à la médiation. Les modalités d’intervention sont toujours les mêmes et reposent sur la volonté de l’agriculteur en difficulté de demander de l’aide. Rien ne se fait sans son accord. On se déplace seulement quand le pay san appelle, sinon cela ne fonc tionne pas. On se limite parfois juste à présenter l’association. C’est rare que cela n’aille pas plus loin. On intervient toujours en binôme en sachant qu’il est composé au moins d’un agricul teur actif ou en retraite.” Solidarité Paysan n’agit pas seul mais en partenariat avec d’au tres organismes comme la cham bre d’agriculture, les banques ou la M.S.A. Sylvie Jeannin observe aussi que beaucoup de gens sont dans le déni ou ont honte de se retrouver dans une mauvaise passe. “Au besoin, on n’hésite pas à faire appel à des compétences externes pour débrouiller des points techniques ou juridiques. On est sans doute la seule association proposant aux personnes de les accompa gner au tribunal pour les sau vegardes judiciaires, les liqui

en séparation. On est assez vigilant sur la thématique de la transmis sion car il y aura beaucoup de départs dans les 5 à 10 ans à venir. Dans ces cas-là, on joue un rôle de facilitateur entre le repreneur et le cédant.” Sylvie Jeannin et Jean Vuillet rap

“Beaucoup de cas de mésentente au sein des G.A.E.C.”

Jean Vuillet, le président de Solidarité Paysan dans le Doubs et Sylvie Jeannin, bénévole de l’association.

EN BREF

DOUBS

Un projet entre deux classes La nature, une salle de lecture à ciel ouvert

Jougne Comme chaque année Jougne fait revivre l’histoire. Le Comité d’Animation de Jougne et sa centaine de bénévoles costumés font découvrir la vie d’autrefois. Le samedi 12 juillet “Jougne Mémoire d’un Lieu” emmènera le spectateur, village: la journée “bien chargée” des moines, un enterrement des années cinquante, l’école d’autrefois ou l’arrachage des patates avec une touche le plus souvent humoristique. Tarif: 5 euros (gratuit pour les moins de 6 ans) pour l’une des 8 visites itinérantes. Vente des billets au 0606766695. Sur place: restauration, buvette, jongleurs, acrobates et animations musicales, jusqu’au feu d’artifice prévu vers 23 heures La soirée se prolongera par un bal gratuit. au fil de 4 scènes, partager la vie du

Des élèves de la section S.E.G.P.A. du collège Aubrac ont travaillé avec une classe C.P. de l’école de Doubs autour d’un projet de lecture avec des séances organisées dans une parcelle forestière mise à disposition par la commune. Bienvenue dans l’école du dehors.

Les deux classes se sont retrouvées le 10 juin dernier sur la parcelle pédagogique

L es écoliers de Doubs fré quentent depuis quelques années cette parcelle pédagogique aménagée dans le cadre de l’opération “Dans 1 000 com munes, la forêt fait école”. “On s’y rend de temps en temps, notamment pour l’activité “Bulle nature” où chaque enfant est invitée à construire son espace personnel avec ce qu’il trouve autour de lui. Ils adorent ça , explique Bénédicte Remillet, professeur des écoles qui s’oc cupe d’une classe de C.P. à l’école primaire de Doubs. On a aussi des envies de s’émanciper du cadre purement scolaire au col lège Aubrac.” Deux classes de S.E.G.P.A. et une classe U.L.I.S. participent au dispositif “L’école de la forêt.” “On a pris contact avec la com mune de Doubs qui nous a pro posé de profiter également de cette parcelle pédagogique. Puis

on a eu l’occasion d’échanger avec l’école primaire. Ce rappro chement a abouti à ce projet de lecture entre deux classes dans la forêt de Doubs” , complète Fabienne Da Silva, enseignante de français au collège Aubrac et qui s’occupe aussi d’une classe de 5 ème en section S.E.G.P.A. Concrètement, les 13 élèves de S.E.G.P.A. feront des lectures d’albums aux 23 élèves de la classe de C.P. dans la parcelle forestière. Les deux classes se sont rencontrées une première

pour une troisième rencontre autour de la lecture d’albums.

Fabienne Da Silva. La séance en forêt s’est tenue le 27 mai. Chaque collégien faisait la lec ture à quelques écoliers. “On avait choisi des livres de jeunesse très accessibles avec une petite mise en scène.” Ce qui devait arriver arriva! Des collégiens plutôt turbulents en classe se sont pris au jeu de ces lectures en y mettant beau coup d’envie et d’application. Au point même de donner envie

aux écoliers de les imiter en fai sant la même chose avec des enfants de maternelle. De quoi alimenter une troisième ren contre organisée le 10 juin tou jours en forêt où les grands sont allés prodiguer des conseils de lecture aux plus petits. “Cela donne du sens aux élèves de S.E.G.P.A. Quand on arrive à ce résultat, on sait que la partie est gagnée” , apprécie Fabienne Da Silva. Certains élèves ont

rarement l’occasion d’aller jouer, se promener en forêt. Le bénéfice de ces échanges est aussi sani taire car les classes se rendent à pied sur la parcelle. Les deux enseignantes sont d’ores et déjà prêtes à renouveler cette colla boration. Cette méthode péda gogique d’apprentissage à l’ex térieur tend aussi à se généraliser avec la création de jardins au sein des établisse ments scolaires. n F.C.

fois en avril pour faire connais sance. Les collé giens étaient venus avec des cookies qu’ils avaient cuisinés en atelier pra tique. “Ils ont pré paré ces lectures en cours de fran çais” , poursuit

“Cela donne du sens aux élèves.”

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