La Presse Pontissalienne 300 - Janvier 2025

Le portrait 39

La Presse Pontissalienne - Janvier 2025

JOUGNE

Une santé à toute épreuve La vie au grand air, son secret de longévité Toujours bon pied, bon œil à l’aube de

ses 95 printemps, André Prudhon vient d’écrire le récit de sa vie. Un parcours rustique, sportif, avec toutes les joies et les peines de l’existence d’un homme franc et plein de bonté.

B ien avant que le franc suisse ne donne le tour nis à l’euro et que le Haut-Doubs bascule dans l’économie fron talière, le territoire tirait l’es sentiel de sa subsistance de l’agriculture. Bien loin égale ment des prix du lait à comté, à morbier, à mont d’or d’au jourd’hui. Fils d’agriculteur, André Prudhon peut en témoi gner. “Mes parents exploitaient une ferme à Jougne qui appar tenait au banquier pontissalien Labrut. Ils soignaient un trou peau d’une trentaine de bêtes, ce qui était déjà très important à l’époque.” La traction animale était de mise chez les Prudhon qui atte laient chevaux, bœufs et même un taureau pour effectuer les travaux des champs. Les parents et leurs six enfants apportaient leurs bras sans rechigner et sur tout sans se plaindre. À 7 ans, André décroche son premier poste de berger pour aller garder les vaches chez Marguerite Pour chet. “Je n’avais pas toujours le temps d’aller à l’école. À 10 ans, je me suis retrouvé seul avec mon frère de 8 ans à la ferme du Pal zard à Entre-les-Fourgs pour garder des génisses de mai à novembre. Les parents venaient nous ravitailler une fois par semaine. Ils nous avaient laissé une vache pour avoir du lait et faire du beurre.” Le travail a toujours été une vertu dans la famille. André a commencé à faucher à tout juste 11 ans. “J’arrivais à faire 80 ares par jour. Chaque année, je

fauchais une dizaine d’hectares sur des terrains très en pente. Je travaillais de 4 heures à midi puis je reprenais vers 14 heures jusqu’à 22 heures.” Les 2 x 8 ! Pas du tout assidu à l’école, il réussit quand même à décrocher son certificat d’études. À l’heure du service militaire, il part 18 mois en Allemagne. Le caporal-chef Prudhon qui servait dans les transmissions en garde de merveilleux souve nirs. “L’armée, c’étaient les pre mières vacances de ma vie. J’ai gardé beaucoup de copains. Ce passage sous les drapeaux m’a bien débrouillé.” Retour à la ferme familiale. À la vie d’agriculteur sans le sou, il préfère la tournée du facteur. “J’ai profité d’une saison de ber ger pour apprendre toutes les préfectures, sous-préfectures de

De sa jeunesse rude mais saine, André Prudhon l’ancien facteur de Jougne a conservé le goût d’être dans la nature pour chasser, cueillir des champignons, courir, se promener.

France car je savais que la géographie était la matière prin cipale au concours passé à Besançon.” Sur 35 000 candidats inscrits, 3 000 sont retenus dont André Pru dhon qui se retrouve à la 1 835 ème place du classement. “J’ai commencé par faire quelques remplacements de 1953 à 1956 avant de partir à Colombier Fontaine près de

“L’armée, c’étaient les premières vacances de ma vie.”

Suchet.” Veuf depuis huit ans, André garde le moral et la santé. Il vient régulièrement rendre visite en voiture à trois frères et sœurs encore en vie. S’il ne se laisse pas marcher dessus, il a toujours eu la repartie bienveillante et apprécie la vie en société. De quoi se faire respecter et appré cier. “Je connais peu de personnes qui aient autant d’amis !” , explique un de ses proches. n F.C.

tard pour bien faire. À l’aube de la quarantaine, le facteur de Jougne qui pratiquait déjà beau coup le ski de fond s’est trouvé une nouvelle passion pour la course en montagne. Il rempor tera de nombreuses courses chez les vétérans, vainqueurs par trois fois de la fameuse Sierre Zinal. À cette époque, je courais entre 120 et 230 km par semaine. “Nous habitions alors à Malbuisson et je faisais régu lièrement l’aller-retour jusqu’au

fermes ou hameaux n’était pas très attractive pour les facteurs. Pour moi, c’était du bonheur.” Cette nouvelle affectation lui permet surtout de se rapprocher de Gisèle, perceptrice à Mouthe qu’il avait épousée en décem bre 1956. “On est venu vivre à Labergement-Sainte-Marie.” Le couple a eu une fille et deux petits-enfants. Chasseur dans l’âme, André a été président de la chasse à Mouthe pendant 40 ans. “Au début des années 2000, on est parti vivre à Ounans dans le Val d’Amour. Mon épouse était fatiguée de la neige, des rudesses du climat.” Il n’est jamais trop

Montbéliard. J’étais dans les 10 premiers candidats reçus au concours dans le Doubs. J’ai ainsi évité la région parisienne où je ne serais de toute façon pas aller vivre.” En deux ans passés à Colom bier-Fontaine, il estime avoir cuisiné tout au plus quatre ou cinq repas de midi, étant la plu part du temps nourri chez l’ha bitant. Étonnant sens de l’hos pitalité. Le départ du facteur de Jougne ouvre une opportunité qu’il ne laissera pas passer. Il restera dans cette commune jusqu’à son départ en retraite en 1985. “Cette commune avec beaucoup de

Mémoires d’un jeune homme Auteur : André Prudhon Éditions Culture et loisirs de Jougne

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