La Presse Pontissalienne 298 - Novembre 2024

16 Pontarlier et environs

La Presse Pontissalienne n°298 - Novembre 2024

Farouchement opposés à l’implantation de trois éoliennes sur sa commune, Nicolas Barbe, le maire et son équipe ont choisi de contester le bien-fondé du projet en apportant des preuves et des arguments techniques, scientifiques et financiers. Un long feuilleton Projet éolien, la commune entre en résistance CHAFFOIS

Société Intervent Alterric “On a l’impression d’être mis à l’écart”

C hef du pôle études-projets dans la société Alterric-Intervent, Philipp Holt s’inquiète de la violence du débat anti-éolien orchestré contre le projet de Chaffois. “Il se crée une dyna mique où l’on a l’impression d’être mis à l’écart. Rappelons que ce projet a été construit avec l’accord intégral de la com mune qui nous a toujours suivis en pleine transparence. La mise en suspens de l’instruction suite au rejet du préfet en 2019 ajoutée au changement de muni cipalité a créé une dynamique complè tement contraire. On n’a jamais eu la possibilité de repositionner le projet dans le contexte climatique et énergétique. Aujourd’hui, la contestation est surtout le fait d’une petite partie de la population très bruyante. La virulence des propos atteint une ampleur qu’on a rarement vue.” La menace de ne plus pouvoir installer une troisième éolienne du fait d’un pos sible élargissement du couloir aérien militaire ne remettrait pas en cause, selon Philipp Holt, la viabilité économique du projet. Il reconnaît l’intérêt d’implanter des grandes éoliennes : “Plus c’est grand, plus ça produit.” Dans ces circonstances, les 500 m de distance entre les habitations et les éoliennes sont-ils toujours effi

caces? “Cela reste toujours la distance minimale réglementaire, ce qui suppo serait de brider aussi le fonctionnement des éoliennes pour ne pas dépasser des seuils acoustiques. Pour éviter ces pertes, on préfère s’éloigner des habitations. À Chaffois, on est à plus 1 100 mètres, ce qui permettra d’être à des niveaux de nuisance acoustique et visuelle très acceptables.” Pas d’inquiétude non plus à craindre sur la mortalité des oiseaux, l’éolien arrivant très loin dans ce domaine de la circulation automobile qui tue des milliers d’oiseaux chaque année. “Les mesures d’évitement prises sont suffisantes” dit le spécialiste. Philipp Holt espère que l’enquête publique se fera d’ici la fin de l’année ou début 2025. “La décision concernant l’autori sation environnementale qui s’appelait auparavant “autorisation d’exploiter” pourrait intervenir au premier semestre 2025. À partir de là, il restera à boucler le financement, finaliser les dernières études puis préparer l’organisation du chantier. Il faut aussi prendre en compte les délais de livraison des éoliennes et les délais de raccordement électrique. Par expérience, on compte deux à trois ans à partir de l’autorisation pour la mise en service du projet.” n

pourrait faire l’objet d’un élargissement, condamnant l’une des trois éoliennes La commune perdrait alors un tiers des revenus annoncés initialement, soit 56500 euros par an, découlant pour moitié sur la taxe sur la production d’énergie (I.F.E.R.) et pour le reste de la location des terrains communaux. Mais le fait de faire partie d’une com’com à fiscalité professionnelle modifie la répartition de l’I.F.E.R. versée par la société. Au final, Chaffois toucherait seulement 20 % de cette taxe.” Après avoir organisé une réunion publique pour faire le point sur le sujet, la commune a lancé de juillet à sep tembre dernier une consultation citoyenne: “Pour ou contre le projet éolien ?” Résultats : 437 participants, 13 pour et 421 contre. “En plus du courrier au préfet, on a sollicité le sou tien des communes et communautés de communes riveraines : Val-d’Usiers, com’com Frasne-Drugeon, et du Grand Pontarlier. On a demandé à l’associa tion pour la Protection de la Vallée du Drugeon des informations sur le comp tage des oiseaux migrateurs, sur le repérage des nids de milans royaux. J’ai également l’appui d’un spécialiste de l’éolien” , annonce le maire qui compte bien défendre son dossier quand l’ins truction passera au stade de l’enquête publique. La commune soutient aussi le collectif anti-éolien “Vent Debout” qui s’est créé à Chaffois cet été et qui a organisé une chaîne humaine contre le projet le 13 octobre dernier. n F.C. Pour Nicolas Barbe, le maire de Chaffois, ce projet éolien n’a plus lieu d’être.

L es premiers contacts autour de ce projet éolien remontent en juillet 2008. Il s’agissait au départ d’implanter dix éoliennes alignées sur les com munes de Bulle, Bannans et Chaffois. Premier revers en 2012 quand le minis tère de la Défense décide de déplacer un couloir d’entraînement aérien pour les avions volant à très basse altitude sur le sud de la commune de Chaffois. Ce qui oblige la société Intervent, inté grée depuis cet été au groupe Alterric, à travailler sur un projet de trois éoliennes tout en le décalant sur le massif du Grand Bois entre Chaffois et Sombacour. D’une hauteur variant entre 189 m et 220 m dont 60 m de longueur de pales, les trois éoliennes seront en capacité de produire entre 7 et 10 millions de kWh par an, soit la consommation électrique de 5000 foyers, hors chauffage. Deuxième coup de frein en décem bre 2019 quand le projet alors en phase d’instruction fait l’objet d’un arrêté préfectoral de rejet. Intervent décide alors d’interjeter appel de cette décision auprès de la Cour administrative d’ap pel de Nancy. L’arrivée d’une nouvelle équipe muni cipale en 2020 marque le début d’une opposition au projet. Position assez surprenante quand on sait que Nicolas Barbe était déjà élu en 2016 et figurait dans l’équipe qui avait validé le déve loppement d’un parc éolien. Il s’en explique dans le courrier adressé en septembre dernier au préfet du Doubs :

“Les conditions dans lesquelles a été prise la délibération ne permettaient pas aux conseillers présents de le faire en connaissance de cause” en pointant alors l’attitude du maire de l’époque, Raymond Perrin, qui n’aurait pas tout dit… Nouveau rebondissement en mai 2023 quand la Cour d’appel de Nancy annule l’arrêté du préfet du Doubs en lui enjoi gnant de reprendre l’instruction de la demande d’autorisation environne mentale. “Aujourd’hui, on s’oppose au projet car le contexte a changé et ce qui pouvait sembler opportun en 2016 ne l’est plus forcément aujourd'hui” , justifie Nicolas Barbe en développant son argu mentaire. Même s’il ne revendique aucune compétence concernant l’impact des éoliennes sur la santé, le conseil s’interroge sur la distance minimale de 500 m entre une éolienne et une habitation. “La puissance des éoliennes a augmenté depuis 2011. Ces distances ne devraient-elles pas prendre en compte ces évolutions?” Sur le plan environnemental, le maire indique que les défrichements qui seront nécessaires à l’implantation des éoliennes vont toucher les plus beaux bois communaux alors que les attaques de scolytes ont déjà détruit 10 % de la ressource forestière. Financièrement, la donne a aussi évolué. Depuis 2020, la commune a choisi de réduire de façon importante ses dépenses de fonc tionnement au point que l’opportunité financière du projet éolien n’est plus d’actualité. “Le couloir aérien militaire

Simulation des trois éoliennes vu depuis la chapelle de l’Espérance à Pontarlier. (image Alterric).

SOLIDARITÉ

30 novembre et 1 er décembre Le théâtre Blier, cœur battant du prochain Téléthon Le comité Pont’association prépare la prochaine édition du Téléthon qui aura lieu à la fin du mois. Les bénévoles espèrent mobiliser autant que l’an dernier.

L es préparatifs du Téléthon 2024 ont débuté à Pontarlier mi-octobre par un grand repas solidaire au lycée professionnel Toussaint-Louverture qui a permis de récolter les premiers fonds. Le reste se jouera les 30 novembre et 1 er décembre, au théâtre Blier de Pontarlier, épicentre de cette nouvelle édition du Téléthon pilotée locale ment par Catherine Mollé et ses équipes. Les bénévoles reprennent la même recette que l’an dernier. “Nous orga nisons une grande brocante et un

tournoi de tarot est également au programme le dimanche après-midi.” Dans un contexte où il est devenu plus difficile de mobiliser les bonnes volontés, les organisateurs espèrent faire un résultat aussi bon que l’an dernier où l’association organisatrice avait pu reverser près de 6 000 euros à l’Association française contre les myopathies. Les personnes intéres sées pour s’impliquer auprès des bénévoles ou par un stand au vide greniers peuvent contacter l’orga nisation au 06 88 93 76 86. n J.-F.H.

vide-greniers à la salle Toussaint Louverture, ainsi qu’un marché de Noël avec des créateurs. Les lieux seront ouverts de 9 heures à 18 heures pendant ces deux jours” détaille la présidente du comité d’organisation Pont’association. Le Téléthon ne serait pas le Téléthon sans musique. Sur la scène du Théâ tre Blier, trois formations de musique et de danse se succéderont : Country rebels, Hell’s country et Caraïbo Bra zil, le dimanche à partir de 14 heures (entrée 5 euros, gratuit pour les enfants). “Pour les amateurs, un

Brocante, vide-greniers et marché de Noël sont notamment au programme.

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