La Presse Pontissalienne 297 - Octobre 2024

20 LE DOSSIER

La Presse Pontissalienne n°297 - Octobre 2024

Santé mentale : le Haut-Doubs aussi en souffrance

Il n’existe pas un territoire en France qui soit épargné par la croissance significative du nombre de personnes en détresse psychique : le mal du siècle. Sur le secteur psychiatrique du Haut Doubs, comme ailleurs, les professionnels de santé manquent cruelle ment de moyens pour assurer la prise en charge des patients dans les meilleures conditions. Néanmoins, des projets et des dispositifs innovants se mettent en place que ce soit au niveau des enfants, des adolescents

et des adultes pour optimiser le parcours de soins, favoriser la prévention et les thérapies de groupe. Enquête.

l Soins

Des alternatives innovantes

La créativité pour soigner les maux du pôle

aussi une augmentation de 30 % au cours des cinq dernières années du nombre de personnes souffrant de troubles de la personnalité. “Cette progression s’explique en partie par l’augmentation de l’adressage des patients souffrant des troubles de per sonnalité et en partie par la présence des travailleurs en situation précaire avec des pathologies réactives spécifiques.” Les deux unités d’admission du Grand vallier affichent toujours complet. Comme partout, l’établissement manque de per sonnel paramédical : infirmières, A.E.S., etc. Du côté des médecins, il est plutôt bien pourvu avec huit psychiatres en exercice. Cette vitalité de recrutement repose en grande partie sur l’investisse ment d’Andreea Marinescu. Également enseignante à la faculté de médecine de Besançon, elle réussit à convaincre pas mal de praticiens en leur présentant la dynamique et les résultats mis en place au Grandvallier. “Ici, il y a de la créativité. On s’adapte aux conditions du moment et on cherche à développer de nouveaux types de prise en charge. L’objectif, c’est de tendre vers plus d’autonomie, de se tourner davantage sur l’extérieur” , annonce celle qui tient beaucoup à l’hu manité, à l’ambiance qui règne au pôle psychiatrique qu’elle considère aujourd’hui comme une grande famille. n F.C. Rachel Balice, cadre supérieure de santé au pôle de Psychiatrie Grandvallier, avec le docteur Andreea Marinescu,

Le pôle psychiatrique du Grandvallier dispose d’une capacité d'accueil sous-dimensionnée par rapport à la taille de son secteur opérationnel. Face à cette situation, l’établissement a amorcé un virage ambulatoire en privilégiant également la mise en place de dispositifs préventifs et d’unités thérapeutiques très innovantes. Actions.

L e pôle psychiatrique du Grand vallier comprend deux unités d’admission, soit 32 lits, deux centres médico-psychologiques à Pontarlier et Morteau, deux hôpitaux de jour de 10 places toujours à Morteau et Pontarlier. Sans oublier sur le site de l’hôpital de Pontarlier, le Centre d’activités thérapeutiques à temps partiel qui intègre notamment le restaurant thérapeutique “Le temps d’une pause” où interviennent une dizaine de patients encadrés par des professionnels soignants. “On a une très faible capacité d’accueil en hospitalisation. Un secteur psychia trique de 80 000 habitants comme le nôtre dispose en général de 100 lits d’hospita lisation et non 32. Par conséquent, on a amorcé un virage ambulatoire en déve loppant en parallèle l’accueil en hôpital de jour et la prise en charge au C.M.P.” , indique le D r Andreea Marinescu, res ponsable du pôle psychiatrique Grand vallier. Plutôt que de subir la situation, cette psychiatre et son équipe, accompagnées par la direction de l’hôpital, ont cherché des solutions alternatives. “Historique ment, une des deux unités d’admissions était une unité long séjour qui accueillait des patients chroniques. On a déposé un projet au Fonds d’innovation pour la psy chiatrie, ce qui a permis, in fine, d’ouvrir

santé mentale, mieux vaut prévenir que guérir. “On a développé une équipe mobile de prévention-précarité pour aller à la rencontre de personnes en souffrance qui ne sont pas en capacité de venir sur place. Cette mobilité s’avère très efficace. On a beaucoup moins d’hospitalisations en urgence et cela permet aussi de désamorcer des situations complexes.” Deux autres équipes mobiles sont en cours de création, l’une dédiée à la géron topsychiatrie, l’autre à vocation médico sociale interviendra dans les foyers et établissements spécialisés du secteur. “Ces deux équipes débutent et seront com plètement opérationnelles d’ici un an” , complète Rachel Balice, cadre supérieure de santé au pôle psychiatrique en rap pelant aussi que l’intérêt d’une équipe mobile réside dans son approche théra peutique non médicamenteuse. “Aujourd’hui, avec tous ces projets, on répond aux besoins du territoire. On sou haite poursuivre dans cette démarche qui répond aussi aux orientations du Plan de Santé Mentale.” Chaque année, le pôle psychiatrique porte deux à trois projets. Il vient par exemple de postuler à un appel à projet “Réduction de l’isolement et contention physique.” Si les habitants du Haut-Doubs souffrent des mêmes problèmes psychiatriques qu’ailleurs, Andreea Marinescu observe

en 2021 une unité psychiatrique de 14 lits pour les personnes âgées résidant à l’E.H.P.A.D. du Larmont. Il existe seu lement deux ou trois unités de ce type en France. Ce projet pilote va être dupliqué au niveau national. Il a aussi permis de libérer 14 lits au Grandvallier où l’on a pu créer des unités moyen et court séjour” , poursuit la responsable du pôle psychia trique. Elle apprécie également l’existence du restaurant thérapeutique qui répond au besoin d’ouvrir la psychiatrie sur l’ex térieur. “C’est une belle vitrine ouverte au grand public.” Le site du Grandvallier accueille depuis quelques années l’Établissement d’Accueil médicalisé “Bellevue”. Il a été créé par

redéploiement et change ment d’autorisation de la M.A.S.-foyer de vie le Châ teau de Villeneuve d’Amont. Cette structure de 24 places est gérée par l’Hygiène Sociale du Doubs. Elle s’adresse à des patients souffrant d’un handicap psychique. “On travaille en étroite colla boration, d'autant plus que Bellevue est dirigé par un psychiatre qui exerçait auparavant chez nous.” En psychiatrie comme en

Les deux unités du Grandvallier

affichent toujours complet.

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