La Presse Pontissalienne 293 - Juin 2024
18 Pontarlier et environs
La Presse Pontissalienne n°293 - Juin 2024
ÉDUCATION Répondre à l’évolution des besoins Formation sécurité : le lycée Saint-Bénigne monte en gamme Le lycée professionnel Saint-Bénigne propose deux nouvelles formations post-bac axées sur les métiers de la sécurité pour répondre à l’évolution des besoins dans un domaine qui nécessite de plus en plus de compétences.
“On vient de mettre en place ces formations qui ont encore besoin de se faire connaître auprès des collectivités, des administrations et des acteurs économiques”, note Céline Faivre, la responsable de l’U.F.A. Saint-Bénigne.
R épondre au mieux aux besoins de la société, c’est aussi l’objectif des établissements de formation comme le lycée professionnel Saint-Bénigne qui s’est diversifié depuis 10 ans dans la sécurité. “On avait ouvert à la rentrée 2013 un Bac pro sur les métiers de la sécurité avec une promotion de 20 élèves. Ce diplôme permet de former des agents de sécurité et prépare aussi aux concours d’entrée chez les pompiers, les gendarmes, les ambulanciers… On reçoit en général une quarantaine de dossiers pour vingt places. Le jury est composé d’ensei gnants et de professionnels de la sécu rité. Certains poursuivent aussi leurs études en préparant un D.U.T. Hygiène Santé-Environnement” , rappelle Vir ginie Moutenet, directrice adjointe de l’établissement. Mais les métiers de la sécurité ne se réduisent pas à la surveillance dans les commerces et les manifestations.
Il est aussi question de sécurité dans bien d’autres domaines : industrie, cybersécurité… Ce qui ouvre de nou velles perspectives pour le lycée pon tissalien qui a décidé de mettre en place deux nouvelles formations à la rentrée prochaine avec un B.T.S. Mana gement Opérationnel de la Sécurité
dans leurs recherches. Les élèves pas seront 37 % du temps en formation et le reste en entreprise. On ne peut pas encore dire combien de candidats sui vront ce B.T.S. M.O.S. en sachant que le nombre de places est limité à 20” , explique Céline Faivre, responsable de l’U.F.A. La seconde formation, le certificat de spécialisation en cybersécurité, est plus technique avec des modules pro fessionnels. Si les titulaires d’un Bac général peuvent postuler, ils devront réussir des tests de connaissance. “Ce certificat se prépare sur une année avec 78 % du temps en entreprise. Il corres pond plutôt aux titulaires d’un Bac pro système numérique qui va changer d’intitulé pour devenir Bac Pro cyber
sécurité, Informatique et réseaux, élec tronique. L’objectif vise à former des techniciens capables d’intervenir sur l’installation, l’exploitation et la main tenance des réseaux informatiques. C’est un diplôme professionnalisant” , complète Céline Faivre. Le lycée professionnel Saint-Bénigne développe son offre dans les métiers de la sécurité car il dispose déjà d’un plateau technique adapté et d’un vivier d’élèves en Bac pro susceptibles de poursuivre leur cursus dans l’une des deux nouvelles formations. “Onaaussi essayé de trouver des solutions d’hé bergement avec l'auberge de jeunesse de Pontarlier qui proposera aux futurs apprentis des chambres à tarif préfé rentiel. n L’histoire de “Darwin, Dieu et les éleveurs de montbéliardes” M élanie est interne en médecine et Martin technicien de labora toire. Ensemble, ils visitent de nombreuses fermes pour une étude sur la maladie du “poumon fermier”, qui sévit parmi les éleveurs de Franche-Comté. Leurs personnalités sont différentes : elle est croyante, issue d’une famille d’agriculteurs mennonites, lui est athée, citadin, et fervent défenseur des acquis de la science. Lors des trajets, ils échan gent sur leur conception du monde. Tout semble les opposer, mais finalement ils apprennent à s’apprécier et s’accom modent de leurs différences qui les font évoluer… n Livre disponible dans toutes les librairies L.P.P. : Insolite et surprenant de mélanger Darwin, Dieu et les montbéliardes. Pourquoi ? G.R. : Ce livre va au-delà du monde agri cole, j’ai beaucoup travaillé sur Darwin et essayer de le rendre accessible. Aujourd’hui, son dénigrement réaug mente. Le titre met en avant l’aspect évolution. Mais l’évolution a plusieurs déclinaisons possibles. Le Darwinisme, mais également l’évolution des races montbéliardes et l’évolution de la religion mennonite qui évolue vers un statut plus moderne. n Propos recueillis par L.P. études entre 1970 et 1990.
Le B.T.S. Management Opérationnel de la Sécurité forme des techniciens capables de préparer une prestation de sécurité, de prévenir les risques, de gérer des incidents, de manager une équipe et d’organiser un service, d’éta blir une offre commerciale, de faire le rétroplanning avant de le mettre en application. Ces techniciens peuvent travailler dans des collectivités, hôpi taux, entreprises de sécurité ou de sûreté aux postes de responsable d’ex ploitation, manager opérationnel, chef d’équipe de télésurveillance. “Il faut avoir un Bac général, pro ou techno. On peut passer par Parcoursup ou pos tuler en direct. On réceptionne actuel lement les candidatures en organisant des entretiens. On les accompagne aussi
et Certificat de Spé cialisation sur la Cybersécurité. “Ce sont les deux pre mières formations post-bac du groupe scolaire Les Augus tins-Saint-Bénigne. On va ouvrir une Unité de Formation par Apprentissage car les deux formations s'inscrivent dans cette démarche alternante” , poursuit la directrice adjointe.
“On va ouvrir une Unité de Formation par Apprentissage.”
RURALITÉ
Un spécialiste sort un livre “La maladie du poumon fermier est plus importante dans le Doubs” Chercheur en microbiologie et spécialiste de la maladie du poumon fermier, Gabriel Reboux publie un roman qui se nourrit de ses connaissances scientifiques. Son livre Darwin, “Dieu et les éleveurs de montbéliardes” s’inspire de situations réelles observées dans des fermes du département.
L a Presse Pontissalienne :Vous êtes ingé nieur chercheur en microbiologie, dés ormais en retraite. Vous avez à votre actif près de 200 publications scienti fiques. Pourquoi écrire un roman aujourd’hui ? Gabriel Reboux : J’avais envie de quitter l’écriture scientifique qui est très contrai gnante. C’est une fiction basée sur mon expérience. Après avoir parcouru toutes ses fermes, j’avais un sentiment de gâchis car j’avais beaucoup de matières, sur des connaissances très locales. Les particularités d’élevage dans chaque ferme ne sont pas forcément connues par les agriculteurs. Le livre montre aussi différentes structures d’élevage agricoles. L.P.P. : Pendant près de 30 ans, vous avez consa cré vos recherches sur le poumon fermier. Concrètement, qu’est-ce que cette maladie ? G.R. : C’est une maladie liée à l’utilisation du fourrage, elle est plus importante dans le Doubs que dans d’autres régions d’élevage.Au Canada, par exemple, elle a reculé avec l’utilisation de l’ensilage. Pour la production de comté, si le foin n’est pas sec, il amène une aérosolisation de moisissures. Celles-ci ne jouent pas
sur la qualité du lait ni sur l’appétence des animaux mais peuvent être dan gereuses pour le poumon du fermier. Il y a aussi un certain nombre de légendes autour du poumon fermier. Par exemple, des foins qui n’émettent pas de poussière peuvent être aussi dangereux. L.P.P. : Quels sont les symptômes de la maladie pour l’agriculteur ? G.R. : De la fièvre tous les jours. Quelques heures après la manipulation des foins, de la fièvre apparaît, autour de 38,5 °C, elle diminue puis réaugmente. Elle pro voque un emphysème (le poumon détruit se distend, augmente de volume ce qui comprime la cage thoracique et les mus
L.P.P. : Comment évolue la maladie ? G.R. : Elle est peu mortelle, 1 % des décès sont directement liés à la maladie mais elle enclenche une perte de chance de vie. On a la maladie à vie mais un retour est possible. On a constaté, dans un laps de temps équivalent à 5 ans, si l’agriculteur est à la retraite et s’éloigne de la ferme, une amélioration de sa santé respiratoire. L.P.P. : Quelles mesures peuvent mettre en place les agriculteurs pour éviter et/ou lutter contre la maladie ? G.R. : Il faut sécher le foin de façon impor tante mais pas non plus de manière super intense. L’agriculteur se protège mieux avec le masque. Quant à moi, je préconise le port d’un heaume à ven tilation. Car il faut 4 heures pour que la moisissure redescende d’un mètre. Entre deux traites, les micro-organismes ont à peine le temps de redescendre au sol. Mais l’équipement coûte un peu cher. L.P.P. : Le monde agricole est-il sensibilisé à cette maladie ?
G.R. : La maladie est en recul depuis 25 ans. En 2000, on traitait 8 cas par an au C.H.U. Aujourd’hui, on est plutôt sur 4 cas par an. L.P.P. : Votre roman a-t-il pour objectif, entre autres, de faire évoluer les mentalités ? G.R. : Oui, il y a une certaine vertu péda gogique. Car il reste une forte culpabilité chez les agriculteurs malades, liée à des superstitions et à l’idée que, s’ils sont tombés malades, ils ont mal fait leur travail. Et puis, peu à peu, l’étude de cette pneumopathie a suscité un dés intérêt croissant avec seulement six études publiées en 2021 contre 40 à 50 Gabriel Reboux travaille depuis plus de 30 ans sur la maladie du poumon de fermier. Aujourd’hui à la retraite, il utilise ses connaissances scientifiques our nourrir ses romans.
cles respiratoires, empê chant l'expiration totale de l'air, N.D.L.R.), le pou mon est de moins en moins efficace. La forte dyspnée et la fièvre récur rente sont donc les symp tômes de la maladie qui se déclenchent générale ment autour de 50-60 ans à force d’exposition à la moisissure.
“On traite encore environ45 cas par an.”
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