La Presse Pontissalienne 283 - Août 2023

8 Haut-Doubs

ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2023

MALBUISSON

Un influenceur avant l’heure

Pierre-Jack Tollet, le précurseur Titi parisien aux multiples facettes, Pierre-Jack Tollet, dit Toto, a largement contribué au rayonnement de Malbuisson. Un personnage truculent, généreux et plein d’humour dont le Pignouquet, petit corbeau facétieux, est longtemps resté le symbole de la promotion touristique de sa commune.

P ierre-Jack Tollet a marqué les esprits de tous ceux qui ont eu la chance de le côtoyer. Né à Toulon en 1909, il vécut à Paris jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Cet homme de lettres exerça dans le journalisme, le cinéma. Touche à tout, il côtoyait le monde bohème de la capitale où il pos

sédait un petit appartement à Montmartre. Mobilisé en 1939, il est fait pri sonnier et envoyé dans un stalag en Allemagne jusqu’à la fin de la guerre. C’est là qu’il fait la connaissance d’un habitant de Malbuisson, Jules Chapuzet avec qui il va nouer de solides liens d’amitié. Au point de venir lui

a été mis en place suite aux pluies acides qui ont occasionné des dégâts dans les forêts vos giennes. La gestion du réseau est pilotée par le département recherche, développement et innovation de l’O.N.F. basé à Fontainebleau” , indique Pierre Girard, le garde-forestier qui gère le triage du Val d’Arlier tout en s’occupant depuis 2006 de la gestion du site d’observa tion de la forêt de Ban qui couvre 225 hectares sur la commune de Montbenoît. Chaque site est couplé à une station météo. Pierre Girard et un autre agent se relaient pour effectuer des prélèvements. “On vient chaque mercredi mesurer les précipitations pluvieuses ou neigeuses. Ces données sont transmises à Fontainebleau” , poursuit le technicien. La placette proprement dite est au cœur de la forêt domaniale. D’une surface d’1 hectare, il intègre un espace clôturé de 0,5 hectare, à l’abri notamment du gibier. “Cet endroit est totalement ouvert aux chercheurs de toutes nationalités. On a accueilli la semaine dernière des scienti fiques belges qui ont travaillé à rendre visite après la Libéra tion. La famille Chapuzet exploite un hôtel-restaurant, La Fuvelle. Pierre-Jack Tollet que rien ne retient à Paris tombe sous le charme des lieux et surtout de Lucette, la sœur de son ami, qu’il épousera peu après. Le trio reprend l’hôtel et Pierre-Jack s’occupe du bar. “C’était un per sonnage truculent, raconte Bri gitte Renaud dont les parents étaient amis avec la famille Cha puzet. À la Fuvelle, il avait créé un salon mondain fréquenté par ses relations parisiennes. C’était une période de Malbuisson très particulière.” La petite station touristique du Haut-Doubs voit arriver du beau monde comme en témoigne Gilles Chapuzet, le neveu de Pierre Jack Tollet. “J’ai eu la chance d’avoir vécu cette ambiance éton nante. Frédéric Dard,André Bes son, Alain Delon, Annie Girardot, Catherine Deneuve sont venus rendre visite à mon oncle qui était aussi passionné de musique. J’en garde le souvenir d’une personne

la géolocalisation de la placette.” L’organisation de la placette répond à un protocole scienti fique très précis. On y trouve par exemple des bandes floris tiques d’un mètre de large sur 50 m de long destinées à des inventaires floristiques. Des grappes de sol servent égale ment pour des prélèvements qui serviront à des analyses pédologiques. “Cette parcelle n’est pas mise sous cloche même si elle est entourée d’une clôture. Elle est exploitée comme tout le reste de la parcelle avec des coupes réalisées tous les huit ans” , tient à préciser Pierre Girard. Dès que les arbres ont un certain volume, ils sont numérotés pour faire l’objet de mesures dendro métriques annuelles. Il s’agit tout simplement de connaître la croissance à partir du dia mètre. “Les sapins de la forêt de Ban voient leur circonférence augmenter de 1 cm par an. et Une parcelle d’1 hectare voit son volume augmenter d’environ 10 m³ par an” , rappelle le garde forestier qui vient de passer le relais à Nicolas Penalvert, le nouveau responsable du triage du Montbenoît. C’est lui qui gérera désormais le site d’ob servation et la petite station météo installée en plein champ près de Hauterive-la-Fresse. n très généreuse et engagée.” Grâce à ses talents de dessina teur, l’hôtelier de Malbuisson dessine à l’encre de chine un petit corbeau baptisé le Pignouquet. Ce personnage va devenir en quelque sorte la mascotte de la promotion touristique de Mal buisson. Car Pierre-Jack Tollet ne se contente pas d’accueillir ses relations et les touristes der rière son comptoir, il s’investit dans la vie locale. Il préside pen dant de longues années le syn dicat d’initiative. À ce titre, il se démène pour accueillir des grands événements sportifs comme le Tour de France, le pas sage de la flamme olympique ou le rallye Liège-Rome-Liège. “Il a conçu lui-même le plan de Mal buisson. Il dessinait les prospectus touristiques. C’était déjà un grand communicant, plutôt visionnaire. Il avait même organisé un concours d’élégance à Malbuisson. On retrouvait des Pignouquets dans les bulletins municipaux” poursuit Brigitte Renaud. Ami d’Edgar Faure, Pierre-Jack Tollet est aussi à l’origine du

Président du syndicat d’initiative, créateur du Lion’s club Pontarlier Haut-Doubs, Pierre Jack Tollet a beaucoup apporté au rayonnement touristique de Malbuisson.

Lion’s club de Pontarlier Haut Doubs. Il a toujours gardé le contact avec ses amitiés artis tiques parisiennes. Il profite des saisons creuses pour écrire des romans policiers et d’espionnage qu’il va régulièrement présenter à Paris où il conserve son petit appartement à Montmartre. L’au teur ne se prend pas trop au sérieux. Ce sont généralement des récits au ton humoristique qu’il fournit, destinés à distraire. Les aventures sont toujours plai santes à lire, l’écriture est badine mais la construction sérieuse. Ses polars mettent en scène un personnage récurrent, l’inspec teur Liotard. Il n’est pas difficile de reconnaître quelques traits autobiographiques dans ce reje

ton littéraire et les allusions au cercle d’amis ne manquent pas. “Le cousin sans tête”, “Le tueur de concierges”, “La mort n’avait pas faim”,“Meurtre en soucoupe volante”, l’œuvre de Pierre-Jack Tollet est déjà tout un poème. À la fin des années soixante-dix, Pierre-Jack Tollet s’installe défi nitivement dans son village d’adoption où il finira ses jours en 1991. Son épouse le suivra trois ans plus tard. N’ayant pas de descendant, l’hôtel de la Fuvelle est vendu pour être trans formé en immeuble d’habitation. Les Malbuissonnais n’ont pas oublié leur Parisien adopté grâce au Pignouquet qui illustre tou jours le bulletin municipal. n F.C.

Pierre-Jack Tollet avait dessiné les Pignouquets qu’on retrouvait un peu partout sur les supports de promotion et de communication de Malbuisson

MONTBENOÎT

Pluies acides

La placette de la forêt de Ban opérationnelle depuis 30 ans La placette de la forêt domaniale de Ban à Montbenoît fait partie d’un réseau national de suivi à long terme des écosystèmes forestiers. C’est le seul observatoire dédié aux sapins. Baisse du niveau de pollution atmosphérique depuis 30 ans

C e réseau qui a été créé en 1992 par l’O.N.F. fait suite aux engagements de la France pour contri buer au suivi international des impacts des pollutions atmo sphériques sur les forêts. Il com prend 102 sites d’observation en France dont deux dans le Doubs, dans la forêt de Ban sur

la commune de Montbenoît et l’autre à Verrières-du-Grosbois. Le premier est identifié sous le sigle S.A.P. 25 en référence au sapin et le second sous l’abré viation H.E.T. 25 car il s’agit d’une placette dédiée au hêtre. La répartition globale permet d’avoir une gamme complexe de contextes écologiques. “Tout

À mesure qu’elles sont collectées, les informations sont intégrées, vérifiées et sauvegardées dans une même base de données nationale. Au bout de 30 ans, cette base a accumulé 100 millions de données correspondant à 900 types de mesures différentes. Les dépôts de polluants acidifiants ont nettement diminué mais l’acidification reste une menace là où les sols sont les plus pauvres et sensibles. Les arbres forestiers n’ont pas subi de dépérissement généralisé mais leur nutrition minérale s’est détériorée et leur état de santé a souffert des suites de plusieurs événements extrêmes : tempêtes de 1999, canicule de 2003. Leur capacité à s’adapter au réchauffement climatique est incertaine. Des changements inattendus ont aussi été décelés comme l’augmentation du stock de carbone contenu dans les sols, qui a contribué à préserver leur fertilité et à atténuer les émissions de gaz à effets de serre. n Les sapins de la forêt domaniale du bois de Ban bénéficient d’un environnement plutôt protecteur et sont encore peu affectés par le dépérissement lié aux effets du réchauffement climatique.

“Une fois par an, on relève les mesures dendrométriques”, explique Pierre Girard, le technicien O.N.F. qui s’occupait de la placette de la forêt de Ban depuis 2006.

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