La Presse Pontissalienne 283 - Août 2023
24 Le dossier
ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2023
l Découverte
Maisons bourgeoise et château
Les secrets bien gardés de Vuillafans Souvent délaissée par les visiteurs entre Ornans et Lods, la commune de Vuillafans mérite pourtant une halte. Ce village de vignerons a plus d’une histoire à raconter. Visite guidée.
C’ est une enfant du pays, amou reuse de son village qui nous servira de guide. Anne-Paule Madoz, bien connue des habi tants du village en tant que postière, habite ici depuis toujours. Elle connaît Vuillafans comme sa poche. Et d’abord son histoire vigneronne, elle dont le père était vigneron ici, et apiculteur, et dont le frère Gaétan a créé avec Alain Verdenet la société Ruranim au début des années quatre-vingt dix, qui a contribué à relancer cette tradition séculaire. Sur une très ancienne carte postale qu’Anne-Paule Madoz conserve chez elle, on voit d’ailleurs les coteaux du village entière ment recouverts de vigne. Vuillafans, ce n’est pas que la vigne. Arrosé par la Loue, le village a été industriel, abritant notamment un moulin. “La métallurgie a, au même titre que le vin, fait la fortune de Vuil lafans. Il y avait notamment une clouterie dans laquelle mon père a travaillé à l’âge de 12ans” observeM me Madoz. Si Ornans, Lods ou Mouthier-Haute-Pierre jouissent d’une réputation plus large que Vuillafans, cette dernière commune de 723 habitants au dernier recensement présente quelques édifices remar
Vuillafans, 723 habitants, fait partie du réseau des Cités de caractère de Bour gogne-Franche-Comté.
quables. “Et contrairement à Mouthier ou à Lods, ici, tous les habitants profitent de la Loue. Il n’y a pas de village haut et de village bas” note avec humour notre guide d’un jour. Beaucoup de demeures bourgeoises jalonnent les rues du village. Certaines classées aux monuments historiques, d’autres ayant béné ficié d’opérations de rénovation via la Fon
anne-Paule Madoz est viscéralement attachée à son village. elle pose devant la statue de saint-Vernier, le patron des vignerons, installée devant l’église de l’assomption, élevée de 1429 à 1522. L’église de Vuillafans se caractérise par une tour-clocher massive surmontée d’un toit en pavillon. Percée de baies ajourées, elle abrite une cloche ornée de caractères chinois, don de M gr guillemin, originaire de Vuilafans et premier évêque de Canton en Chine.
l Vuillafans
Une demande d’I.G.P. en cours
Le vignoble est toujours vaillant Après avoir connu bien des vicissitudes, l’activité vigneronne renaît depuis quelques années sur les coteaux de Vuillafans grâce au travail de François Aubert et de Hugo Courvoisier, deux “reconvertis” bien déterminés à développer une belle gamme de vins bio. Rencontre.
P lus de 1 000 hectares de vignes occupaient les coteaux de la val lée de la Loue entre Mouthier Haute-Pierre et Ornans au XIX ème siècle. C’était avant l’arrivée du chemin de fer, des vins du Midi et du phylloxéra qui ont eu raison de cette acti vité prospère. Au début des années quatre-vingt-dix, l’association de revitalisation du milieu rural, Ruranim relève le défi de replanter des pieds de vigne sur les coteaux de la Croix de Croux et de Plain Madame. Ce projet va générer un élan de solidarité sans pareil. 1 600 souscripteurs apportent leur contribution pour acquérir, planter et récolter le vin de Vuillafans. Les réalités climatiques et humaines - mauvaises
lafans en 2016. Un coup de cœur. “ C’est là que je voulais me lancer d’autant plus que j’avais déjà un bon réseau de vente dans le Doubs.” François Aubert se met à l’œuvre au printemps 2016 avec un gros travail de nettoyage. Un autre jeune vigne ron s’installe aussi sur ce vignoble planté en différents cépages : chardonnay, pinot noir, gamay, auxerrois, trousseau. Il arrê tera au bout de quelques années. Les vignes de Vuillafans présentent l’ori ginalité d’être taillées en lyre. Une tech nique qui a ses avantages et inconvénients. “On a deux fois moins de pieds à l’hectare mais les grappes bénéficient d’une meil leure exposition. On tourne avec un ren dement qui varie entre 30 et 35 hectolitres par hectare” , note Hugo Courvoisier qui a repris en 2021 la partie du domaine qui n’était plus exploitée. Informaticien de formation, lui aussi a préféré vivre du travail de la terre. Un peu comme son grand-père qui avait des vignes du côté de Gevingey. Il passe un Bac professionnel au lycée de Beaune où il fait d’ailleurs la connaissance de François Aubert. “J’ai travaillé en Bourgogne, dans le Jura, dans le Beaujolais avant de me spécialiser dans la distribution et de me mettre à mon compte à Besançon en tra vaillant avec des professionnels : cavistes, restaurateurs…” Hugo Courvoisier vient vivre à Montgesoye. L’occasion de renouer
récoltes, querelles intestines - auront finalement raison de ce premier sursaut. La vigne est laissée à l’abandon en jan vier 2014. C’est l’époque où François Aubert entamait sa reconversion. Après des études en bio logie à l’Université de Besançon, il a décidé de donner un autre sens à son parcours. “J’ai arrêté mon cursus pour aller travailler comme ouvrier dans les vignes du Jura. Comme j’avais envie de vivre de ce métier, j’ai passé un B.T.S. au lycée viticole de Beaune” , explique celui qui avait opté pour une formation par alternance en travaillant alors dans un domaine bio à Mercurey. À la recherche d’une exploitation à repren dre en Franche-Comté, il découvre Vuil
Le vignoble de Vuillafans est aujourd’hui exploité par deux vignerons indépendants : François aubert et Hugo Courvoisier
le contact avec François Aubert et d’ap prendre qu’il y a une possibilité de repren dre 3 hectares de vigne. “J’ai sorti mon premier millésime qui est resté un an en barrique. D’ici quelques années, je projette de faire du vin de garde. Ici à Vuillafans, on raisonne sur la base d’une gamme diversifiée. On travaille actuellement sous l’appellation Vins de France et on a engagé les démarches pour avoir l’I.G.P. de Franche-Comté, Coteaux de Vuillafans.” Les deux vignerons n’hésitent pas à s’en traider sur certaines tâches ou pour des achats groupés. Chacun reste indépendant et gère lui-même son affaire. François Aubert privilégie les ventes locales sur les marchés de proximité. Hugo Courvoi sier a réactivé son ancien réseau de dis tribution. n F.C.
La vigne d’ornans La municipalité d’Ornans a décidé en 2015 de replanter des vignes sous la Roche du Mont. Elle a sollicité l’association A.P.I. pour la restauration de murets en pierres sèches avant de lancer une pre mière plantation sur 0,35 hectare en pinot noir. François Aubert a repris l’exploitation de cette vigne en 2017. “J’intervenais au départ en prestation de service et maintenant j’ai un bail sur cette parcelle de 0,35 ha. En 2019, on a décidé de replanter 60 ares supplémentaires en trousseau, savagnin et gamaret” ,détaille le jeune vigneron. n
À Vuillafans, les pieds de vigne sont taillés en lyre.
Contacts : l Les Vignes de FanFan - François aubert - 06 08 94 62 72 l Le VignoBLe du Pagure - Hugo Courvoisier - 06 85 79 91 58
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