La Presse Pontissalienne 283 - Août 2023

Le dossier 17

ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2023

l Visite Pays d’Ornans Patrimoine Les secrets du patrimoine d’Ornans Tous les mardis soir de l’été, Claude Hugel, Ornanais et président de l’association de Pays d’Ornans Patrimoine propose des visites de la ville qu’il commente. Il est ce qu’on appelle un “greeter”.

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Claude Hugel, Ornanais passionné de patrimoine, assure des visites commentées de la ville tous les mardis soir de l’été.

C’ est un nouveau nom qui apparaît dans le monde du tourisme, à la tonalité anglo phone et pas vraiment beau. Reste que ces “greeters”, ces habitants qui accueillent gratuitement touristes et curieux, proposent une rencontre authentique lors d’une balade commen tée originale et personnelle. C’est le cas de Claude Hugel, président de l’association de Pays d’Ornans Patri moine, qui s’attache tous les mardis soir à faire découvrir les secrets de la ville de Gustave Courbet. “Il n’y a pas que Courbet, il y a d’autres personnages célè bres” , aime à répéter l’Ornanais devant la dizaine de personnes qui l’accompa gnent dans la visite, la plupart étant des touristes. En préambule, il précise les trois atouts majeurs de la ville : le patrimoine, le tourisme et l’industrie avec trois leaders européens dans leur domaine (Alstom, Guillin et Rivex), ce qui ne manque pas d’étonner cette touriste venue de Moselle. Surtout lorsqu’elle apprend qu’Ornans ne compte que 4 500 habitants. l Les hôtels particuliers “L’âge d’or d’Ornans se situe pendant le Saint-Empire Romain germanique” , reprend Claude Hugel. À cette époque, l’hôtel de ville actuel faisait office de bailliage où la justice était notamment rendue. On peut encore y apercevoir des portes de geôles qui ferment les bureaux de la mairie et les barreaux aux fenêtres. “Les fonctionnaires s’installent à Ornans et c’est pourquoi il existe de très beaux hôtels particuliers”, explique Claude.

Parmi eux, impossible de passer à côté de celui de la famille Perrenot de Gran velle, situé en face du monument aux morts. Nicolas Perrenot de Granvelle, conseiller de Charles Quint, connu pour la construction du Palais Granvelle à Besançon est né à Ornans. Cette famille témoigne d’une formidable ascension sociale, obtenue grâce à des études, des bons mariages et la mainmise sur l’ad ministration du sel. “Les parents de Nico las Perrenot de Granvelle sont enterrés à Ornans, dans la chapelle des Granvelle dans l’église” , éclaire Claude. Cette même église a été construite au XVI ème siècle sur les ruines de l’église romane du XII ème siècle plusieurs fois détruite. Elle a bénéficié de l’extrême générosité de la famille Perrenot de Granvelle. “C’est une église monumentale pour un si petit village qui à l’époque

L’hôtel particulier de Grospain, encore dans son jus, a été le premier hôtel de ville.

comptait 1 500 habitants” , relève Claude. À l’inté rieur, on peut y observer une copie de la déploration du Christ de Bronzino. “Avec moins de bleu car à l’époque, il n’y avait pas d’accès au lapis-lazuli qu’on trouvait exclusive ment en Afghanistan. Si vous regardez attentive ment, on peut y apercevoir un personnage sous les traits du cardinal Perrenot de Granvelle, fils de Nico las qui a repris le flambeau à la suite de la mort de son père pour terminer la construction de l’église.”

LeSaint Empire romain germanique,

Le tableau original constitue une des pièces maîtresses de la collection du musée des Beaux-arts de Besançon. Il a été offert à Nicolas Perrenot de Gran velle par Côme I er de Médicis en remer ciement. Un peu plus loin, la rue Saint-Laurent possède aussi trois beaux hôtels parti culiers de la Renaissance. Parmi eux, celui de Bauquier-Doney, propriété pri vée, magnifiquement entretenue. À l’ar rière, il est possible d’observer un cadran solaire avec trois méridiens. “Il a été entièrement fait par les propriétaires, c’est rare de voir trois méridiens. C’est remarquable” , souligne Claude Hugel. Quelques mètres plus loin, proche de la médiathèque s’érige l’hôtel de Grospain, le chouchou du “greeter”. Encore dans son jus, il témoigne de très belles agrafes au-dessus des portes et fenêtres, typiques de la Renaissance. Étienne de Grospain a été écuyer au service du Saint-Empire Romain Germanique. Il a participé à la capture de François I er lors de la bataille de Pavie en 1525, destinée à chasser les Français du Milanais (obtenue grâce à la victoire de Marignan en 1515). Le bâtiment a été érigé sur la route du sel là où passait le gué (l’actuelle passerelle). Il a également fait office de premier hôtel de ville. l Histoires de la Loue Comment parler d’Ornans sans parler de la Loue ? Sur le pont menant au musée Courbet, là où l’une des plus belles vues de la ville s’offre au regard, Claude Hugel s’arrête pour raconter des anecdotes liées à la rivière. “Les petites cabanes en bois que vous voyez accolées

l’âge d’or d’Ornans.

anciennement les abattoirs. “Les deux grandes ouvertures servaient à déverser le sang dans l’eau. À l’époque, les truites se portaient beaucoup mieux, plaisante l’Ornanais. Plus loin, vous pouvez obser ver les anciennes tanneries où on tannait, traitait et séchait les peaux.” L’Hôpital Saint-Louis qui a fêté ses 300 ans, le premier atelier de Courbet dans lequel il a peint l’Enterrement à Ornans, l’histoire du pêcheur de chavots ou encore l’hôtel particulier Sagey d’Arros et son escalier à double volet… La visite concoc tée par Claude Hugel recèle encore bien d’autres histoires et secrets de la ville. À découvrir lors d’un mardi soir ou dans le livre édité par l’association Pays d’Or nans Patrimoine, Balades curieuses, qui renferme des visites commentées rue par rue. n L.P.

aux maisons et surplombant la Loue ser vaient de toilettes qui s’écoulaient direc tement dans la rivière.” Le “greeter” en profite pour mentionner Pierre Vernier, personnalité de la ville dont la rue prin cipale tire son nom, et inventeur du pied à coulisse vernier. Dans la Loue était arrimée la pierre d’asile, visible aujourd’hui à côté du musée Courbet. “Si un criminel arrivait à toucher la pierre sans se faire arrêter, cela lui donnait le droit à un procès équi table. Un moyen d’éviter les vendettas”, continue Claude Hugel avant d’entamer le chapitre dédié à Gustave Courbet, tout en passant devant la maison dite natale du peintre. “On ne sait pas vrai ment où il est né mais il a été déclaré à l’état civil d’Ornans.” Suivant le fil de la Loue, la visite se poursuit vers la salle des Isles basses,

À l’origine plantée dans la Loue, cette pierre d’asile permettait d’éviter les vendettas en assurant un procès équitable au criminel.

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