La Presse Pontissalienne 282 - Juillet 2023

14 Pontarlier

La Presse Pontissalienne n°282 - Juillet 2023

SOUVENIRS

L’ancien adjoint à la culture

“La création de la Maison des associations reste l’une de mes plus belles satisfactions”

Pontissalien pur souche, René Émilli a vécu, travaillé et s’est investi pendant plusieurs mandats au service de sa ville natale. Retiré des affaires, il se consacre désormais à ce qu’il apprécie le plus : la culture.

L a Presse Pontissalienne : Avez-vous digéré le fait que les élus aient privilégié le centre nautique à la médiathèque, projet que vous défendiez bec et ongles quand vous étiez adjoint à la culture ? René Émilli : Les deux projets étaient en balance. Rappelons quand même que la réalisation d’une médiathèque à la Maison Chevalier a été écartée à une voix près dans le vote de la Ville. L.P.P. : Il y a quand même une médiathèque à Pontarlier ! R.E. : Oui c’est vrai mais ce qui existe n’est pas à la dimension et à la hauteur d’un territoire de 30 000 habitants. Pour moi, cela restera une forme de déception. L.P.P. : Avez-vous définitivement décroché des affaires municipales ? R.E. : Oui, je ne suis pas reparti en 2020. J’ai été élu la première fois en 1983 à l’époque où Roland Vuillaume est devenu

maire en succédant à Denis Blondeau. J’étais alors dans l’opposition. Quels que soient mes engagements, j’ai tou jours été guidé par l’action au profit du bien-être de tout le monde. Du temps d’Yves Lagier, j’étais premier adjoint pendant quatre ans. En 1995, j’ai pré senté ma propre liste (M.R.G.) face à André Cuinet. On a perdu sèchement en maintenant seulement deux élus de

la liste. J’ai fait un break de 2001 à 2008 pour revenir avec Patrick Genre qui m’a confié un poste d’adjoint. L.P.P. : Quel bilan tirez-vous de cet engagement dans la vie locale ? R.E. : J’ai eu beaucoup plus de satisfactions que de déceptions. C’est l’op portunité de s’enrichir intellectuellement. Il y

“J’ai eu beaucoup plus de satisfactions que de déceptions.”

Après son retrait de la vie politique locale, René Émilli a choisi d’adhérer aux Amis du musée où il fait partie de la commission conférences.

Humeurs poétiques Habitué à poétiser ses idées, ses sentiments, ses joies et ses peines depuis l’adolescence, René Émilli nous livre sa prose en choisissant d’y associer son ami et conscrit Claude Bertin-Denis pour accompagner chaque texte d’une affiche de cinéma. Une double inspiration mise en page par Fabrice Hérard. À voir et à lire.

textes sur une œuvre de 160 poèmes. Tous sauf deux respectent le rythme des vers en 6, 8 ou 12 pieds. René Émilli puise son inspiration dans les choses de la vie. C’est à lui qu’on doit aussi les échanges pleins d’humour entre Milie et Milo, son surnom de jeu nesse. Restait à mettre en page ce recueil poétique. Habitué à l’exercice, Fabrice Hérard, le chargé de mission des Amis du musée a lui aussi répondu favorablement. D’au tres liens du cœur unissent les trois compères. “Ma grand-mère qui était ins titutrice a fait la classe à Claude Bertin Denis et René Émilli scolarisés dans la même école” , note Fabrice Hérard. Édité à compte d’autres, ce recueil grand format est vendu aux bureaux de tabac “La Civette”, “Chez Brenet” ainsi qu’à la librairie Rousseau et à la galerie d’art de la Halle. n

a dans la rencontre avec les autres quelque chose d’inestimable. Quand on connaît les gens, on a moins tendance à les craindre. L.P.P. : Quelles réalisations vous ont fait par ticulièrement plaisir ? R.E. : Je pense immédiatement à la Maison des associations aménagée dans les anciens locaux de la S.E.G.P.A. On avait déjà dû batailler pour savoir à qui appartenait le bâtiment qui faisait finalement partie du patrimoine immo bilier de la commune. Ce projet enri chissait l’offre de locaux associatifs. On a fait une première visite des locaux avec Jean-François Bourliaud, le direc teur des services. On a pris en compte le point de vue des associations pour faire des aménagements adéquats. je pense au mur d’escalade intégré au local du Club Alpin français. L.P.P. : D’autres points positifs ? R.E. : Oui, avec les scènes du Haut Doubs. Au départ, cette programmation de spectacles attirait tout au plus une trentaine de personnes à chaque repré sentation et aujourd’hui, tout se joue à guichets fermés. Cette réussite s’ex plique par le choix d’une programma tion évolutive dans le répertoire. On est parti du léger pour s’orienter vers des choses plus élaborées. L.P.P. : Vous étiez également vice-président au sein du Grand Pontarlier, chargé du déve loppement touristique de la com’com. Avec quelles actions à la clé ? R.E. : J’avais en charge la gestion du ski nordique et du château de Joux.

On ne finira sans doute jamais d’in vestir dans ce monument qui reste exceptionnel et reconnu. Je trouve qu’on a aussi la chance d’avoir une directrice très compétente en la per sonne de Laurène Mansuy. L.P.P. : Comment définir les contours de la poli tique culturelle quand vous étiez aux com mandes ? R.E. : Il faut essayer de satisfaire toutes les associations et ce n’est pas seulement qu’une question de moyens. Je garde, par exemple, un très bon souvenir de La flûte enchantée avec l’orchestre sym phonique présidé par Didier Gallinet et dirigé par Pierre Tréfeil. J’estime qu’une collectivité doit travailler avec les associations. Cela a toujours été mon leitmotiv . Je n’oublie pas non plus les formidables échanges organisés dans le cadre du jumelage avec Villin gen. C’est une invention superbe. Il m’est même arrivé de prononcer un dis cours en allemand alors que je ne parlais pas un seul mot dans cette langue. L.P.P. : Pontissalien encore et toujours ? R.E. : J’ai toujours gardé cette mentalité montagnarde qui caractérise les habi tants du Haut-Doubs, sans négliger le modernisme. Je n’éprouve aucune nostalgie du passé. Je pense que les mentalités perdurent. En reprenant une célèbre citation je dirais, “On a beau tourner et retourner, il n’y a rien de mieux qu’à Pontarlier !” J’ai apprécié et j’apprécie cette ville à tous les âges de la vie. C’est le bonheur pontissa lien. n Propos recueillis par F.C.

E n contraignant les gens à rester chez eux, le Covid a finalement réveillé ou stimulé des passions endormies. René Émilli a tou jours eu le goût de l’écriture. Une passion d’adolescent qu’il mettra sous cloche de nombreuses années avant qu’elle ne resurgisse il y a une dizaine d’années. “Pendant les confinements, je me suis mis à envoyer des poèmes à des amis relativement proches.” Parmi les destinataires figure l’historien Jean-Michel Blanchot qui suggère à

socier le texte à l’image. Le mode de sélection est très intuitif. Claude Bertin-Denis se laisse imprégner des textes et choisit alors l’affiche qu’il juge la plus appropriée. La couverture montre un King Kong accroché à la porte Saint-Pierre qui effeuille des pages manuscrites. “Pour moi, King Kong repré sente un des plus beaux films d’amour” , justifie René Émilli qui a sélectionné 28

Humeurs Poétiques a mobilisé trois talents complémen taires : Fabrice Hérard le graphiste, René Émilli lepoète et Claude Bertin-Denis l’iconographe.

René Émilli de mettre sur le papier ses humeurs poétiques. Pas forcément réticent à l’idée, mais soucieux d’y apporter un peu de relief, l’auteur décide alors de solliciter son ami d’en fance, Claude Bertin Denis, Monsieur affiches de cinéma par excel lence. Une façon comme une autre d’as

René Émilli puise son inspiration dans les choses de la vie.

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