La Presse Pontissalienne 282 - Juillet 2023
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JUILLET 2023
Mensuel d’information du Haut-Doubs
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AU GRAND DÉSESPOIR DES ASSOCIATIONS D’OPPOSANTS 86 ÉOLIENNES SUR LES CRÊTES DE SUISSE VOISINE ! NOS VOISINS ONT DÉCIDÉ DE RATTRAPER LEUR RETARD
Pour le plus beau monument du Haut-Doubs À quand le très attendu programme “Renaissance” du château de Joux ? p. 6à8
Le beau projet de vie des champions Célia Aymonier et Simon Desthieux p. 29
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2 Retour sur info
La Presse Pontissalienne n°282 - Juillet 2023
Employeurs et demandeurs d'emploi se rencontrent sur le terrain
Jougne la médiévale
C ette année encore, le Comité d’Animation de Jougne organise sa fête médiévale le samedi 8 juillet. Le temps d’un soir, les visiteurs de la cité comtoise pourront se replonger pendant quelques heures dans le passé historique de Jougne, au son de la musique médiévale et du spec tacle costumé. “Le rendez-vous est fixé sur la place du Mont d’Or où la fête battra son plein autour de la buvette et des artisans de bouche qui présenteront pro duits locaux et restauration” indique Jean-François Veillet, le président du Comité.
De cette place partiront les cir cuits guidés toutes les 20 minutes à partir de 19 h 30 jusqu'à 21 h 50. Le spectacle animé par une soixantaine d’ac teurs amateurs costumés, au détour des rues du village, retra cera en quatre scènes quelques épisodes de la vie des Seigneurs de Chalon et de la vie paysanne d’autrefois. “À partir de 22 heures, une vente aux flambeaux est prévue, pour accompagner la Musique de Jougne lors d’un petit concert en attendant le feu d’artifice vers 23heures” ajoutent les organi sateurs. Samedi 8 juillet à partir de
Une centaine de bénévoles, dont une soixantaine en costume d’époque, prennent part à l’organisation de cette fête médiévale (photo D.R. - E.R.).
19 h 30, Spectacle historique costumé et guidé 5 euros (gratuit pour les moins de 6 ans) Vente
des billets sur place le soir même, ou par réservation au 06 06 76 66 95. n
“La puissance de feu de Schrader” et l’attractivité du territoire
18 candidats ont participé à l’action de recrutement de Pôle Emploi dans les commerces du centre-ville de Pontarlier le 9 juin dernier (photo D.R.).
F in mai, la présidente de la Région Marie-Guite Dufay a découvert l’usine Schrader, en compagnie de Christian Morel, vice-président et membre de la commission du développement éco nomique pour l’emploi et Valérie Pagnot, conseillère en charge des coopérations transfrontalières. L’occasion pour Damien
maintenu ce rang. Il y a la quantité certes, mais les produits de Pontarlier inondent à plus de 80 % le marché des États-Unis. ça ne se sait pas assez. Je suis très fière d’avoir pu toucher du doigt la puissance de feu de Schrader” , a ainsi souligné la présidente de région. En filigrane de cette visite de terrain, se dessinait un enjeu plus global : l’attractivité du territoire. “Il y a le sujet formation à aborder, qui est la compétence de la Région. Mais également le problème de logement et de transport sur le Haut Doubs. Nous voulons travailler au plus près avec les E.P.C.I.” , observe Damien Tournier, qui prend ici sa casquette de président de l’U.I.M.M. du Doubs. Mi-juin, une réunion informelle à la Région devait réunir les différents acteurs pour aborder ces problématiques de territoire et esquisser, peut-être, des solutions. n
Tournier, directeur de l’entreprise de mon trer les équipements et investissements réalisés en partie grâce à la Région. L’his torique usine Schrader fabrique 200 mil lions de valves pour l’automobile chaque année. “Vous êtes le leader mondial sur ce mar ché, ici à Pontarlier. Bravo pour avoir
F ace au faible taux de chômage et aux problèmes de recrute ment que rencontrent les entreprises, l’agence de Pôle Emploi Pontarlier a décidé d’occuper le terrain. Le 9 juin dernier, une action était menée dans les rues du cen tre-ville. L’objectif était le recrute ment dans les commerces afin d’an ticiper la période des soldes et des congés d’été. “De nombreux postes de vendeurs sont à pourvoir et la candidature “classique” du C.V. et de la lettre de motivation ne fait plus recette” , relève Djamila Oudiette, directrice de l’agence pontissalienne de Pôle Emploi. Alors la structure a mis en lien des deman deurs d’emploi et les entreprises en recherche de personnel. Huit
magasins, de prêt-à-porter et de métiers de bouche, ont accueilli des petits groupes de candidats. Ils ont procédé à des entretiens flash. 18 candidats ont participé à cette action de recrutement, accompa gnés par un binôme de conseillers de Pôle Emploi. Le but est avant tout de mettre en avant leurs com pétences et leur savoir être, au delà du C.V. “À l’issue de cette pre mière opération, les employeurs ont fait part de leur grande satis faction et des immersions sont d’ores et déjà prévues. Les 18 can didats présents ont pour la plupart des perspectives d’un retour à l’em ploi rapide” , note en conclusion l’agence. n
Damien Tournier, directeur de Schrader a présenté l’usine pontissalienne à Marie-Guite Dufay, Christian Morel, et Valérie Pagnot, fin mai.
L e vélo a la cote, qu’on se le dise ! Il s’est vendu en France l’an dernier plus de 2,5 millions de bicyclettes, dont 700 000 à assistance élec trique, générant un chiffre d’affaires global de 3,5 milliards d’euros. Près du double par rapport à 2019, au temps d’avant Covid. Et aucune catégorie de cycle n’échappe à cette tendance haussière, même les vélos-cargos qui permettent de transporter un ou plusieurs enfants ont vu leurs ventes bondir, presque doubler l’an dernier. Et cet engouement est aussi une bonne nouvelle pour l’économie fran çaise car la montée en gamme du parc de vélos en France bénéficie en bonne partie à des fabricants nationaux qui ont misé sur le Made in France (le succès de la marque vosgienne Moustache dans les vélos électriques n’est qu’une illustration Éditorial À bicyclette !...
notre département de Saint-Vit à Allenjoie via la vallée du Doubs, ou de la G.T.J. cyclotouriste qui suit le massif jurassien. Sans oublier, innovation signée Doubs Tourisme, ces points-nœuds que le comité de promotion du tourisme dans le Doubs est en train de créer sur tout le départe ment pour encourager un peu plus la pra tique. Il a été testé l’an dernier avec succès sur deux secteurs du département dont celui de Frasne et de la vallée du Drugeon. Petit à petit le territoire est irrigué d’iti néraires cyclables ou de pistes dédiées aux vélos. Le potentiel de développement est encore immense quand on sait que 3 % seulement des déplacements du quo tidien se font à vélo. Mais cette pratique est avant tout un loisir et cette période estivale sans doute l’occasion rêvée de découvrir notre territoire et plus largement les petites routes du département autre ment, au grand air et au rythme plus pai sible du vélo. Bel été à tous ! ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser
de cette success-story). L’aspiration au grand air, à plus de liberté peut-être, est d’ailleurs encouragée de toutes parts par les pouvoirs publics, à tous les échelons, qui poussent cette croissance des pratiques cyclistes. Que ce soit l’État qui a récem ment présenté son plan vélo, les collecti vités territoriales, à l’image du Conseil départemental du Doubs qui s’est fixé pour objectif de passer, à l’échelle du dépar tement d’ici 2026, de 800 à 2 000 km d’iti néraires cyclables. Et plus près de nous, les collectivités locales misent également sur le développement du deux-roues, en encourageant comme dans de nombreuses communautés de communes du Haut Doubs les itinéraires V.T.T., ou les circuits balisés pour cyclotouristes. On peut citer notamment le Vélo Jurassic Tour du côté de Frasne-Drugeon, un concept signé Montagnes du Jura. On peut également évoquer à l’échelle départementale le for midable succès de l’Eurovélo6 qui traverse
Directeur de la publication : Éric Tournoux Directeur de la rédaction : Jean-François Hauser est éditée par la société “Publipresse Médias” Rédaction et publicité : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645
Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni.
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Équipe commerciale : Anne Familiari, Aurélie Robbe, Anthony Gloriod.
Crédits photos : La Presse Pontissalienne, A.C.I.E.V., A. Baud, C.L.A.J., L. Cheviet, Dinozoo, E.R., L. Georges - C.D. 25, Mairie de Levier, Musée de Pontarlier, Les Z’Alouniers. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1298-0609 Dépôt légal : Juillet 2023 Commission paritaire : 0227 D 79291
4 L’interview du mois
La Presse Pontissalienne n°282 - Juillet 2023
MASSIF DU MONT D’OR
Le point de vue de Gérard Vionnet, éleveur
“Il faut protéger nos troupeaux, sans pour autant dézinguer le loup”
Éleveur de vaches allaitantes, et berger qui n’a jamais caché ses penchants pour une agriculture raisonnée et respectueuse de la biodiversité, Gérard Vionnet s’implique à fond pour tester, analyser des solutions permettant de protéger les troupeaux les plus vulnérables. Entretien.
buffles ou de gnous en Afrique. Quand les prédateurs arrivent, les veaux se regroupent en cercle, les adultes les entourent pour les protéger et les plus forts chargent les prédateurs. On doit jouer cette carte. L.P.P. : Et le chien patou ? G.V. : Les patous ont leur place dans ce dispositif car ils sont capables d’écarter la menace du loup. On est en train de tester cette combinaison patou-vache allaitante gardienne de nurserie dans un troupeau de veaux à la Batailleuse. Dans l’absolu, on pourrait aussi intégrer des vaches taries dans les lots de veaux. L.P.P. : Êtes-vous surpris par le nombre d’attaques enregistrées l’été dernier ? G.V. : Qui ne le serait pas ! On arrive pra tiquement à 80 bovins tués par les loups. C’est une mortalité exceptionnelle dans le Jura. En plus du problème de l’allo tement, il y a peut-être une spécialisation des meutes sur le bovin. L.P.P. : Que s’est-il passé cet hiver pour anticiper le retour des bêtes au champ ? G.V. : L’État a mis en place des mesures incitatives pour soutenir la solution du patou. Une vingtaine de chiots ont été introduits dans des troupeaux. On dénom bre une centaine de parcs à veaux sur le secteur le plus touché. Un quart de ces parcs ont fait l’objet d’attaques. On
L a Presse Pontissalienne : Que retenir des attaques de loups qui se sont multipliées au cours de l’été 2022 ? Gérard Vionnet : La plupart de ces attaques ont eu lieu en plaine sur des troupeaux de veaux séparés des adultes. C’est l’iti néraire d’élevage classique dans les filières A.O.P. du massif jurassien. On constate qu’il n’y a pratiquement pas eu d’attaque sur des troupeaux en alpage, sauf au Marchairuz où les éleveurs suisses mettent aussi des veaux en pâture. L’allotement est sans doute le principal facteur de vulnérabilité. C’est là qu’on doit agir. L.P.P. : En faisant quoi ? G.V. : Des choses ont été mises en place après les attaques. Certains ont placé des ânes avec des jeunes bovins sans avoir à déplorer des attaques même si cette solution a aussi ses limites. Plu sieurs ânes dans un troupeau peuvent avoir tendance à vivre leur vie ensemble sans plus de soucier de protéger les bovins. L’âne peut aussi être la cible
d’une meute déterminée. Comme j’ai un mulet, je l’avais monté sur l’alpage des Grangettes. Il était seul avec des veaux de l’année. On sait qu’un troupeau de vaches allaitantes est peu vulnérable au loup car, à la différence des moutons, les bovins ne fuient pas forcément devant une meute de loups. Ils ont les moyens de se défendre même si cela ne les rend pas invulnérables. L.P.P. : Comment exploiter cette capacité de défense ? G.V. : On teste la solution d’introduire une vache allaitante dans un troupeau de veaux. La vache doit agréger son petit aux autres. Quand le groupe est formé, la vache a l’instinct de s’interposer pour le protéger en cas d’attaques. Je ne dis pas non plus que cela fonctionne à tous les coups mais le principe est dissuasif. Rien n’empêche d’introduire plusieurs vaches allaitantes en supposant qu’elles soient capables d’agréger les veaux qui ne sont pas les leurs. On retrouve ces comportements dans les troupeaux de
lution des eaux. L’autre est axé sur les plantes aromatiques et médicinales. Celui qui nous intéresse et dont je fais partie travaille sur les thèmes de l’élevage de plein air et de la protection des trou peaux. Le technicien qui nous accom pagne est mis à disposition par Inter bio. L.P.P. : Quel est le fonctionnement de ce G.I.E.E. ? G.V. : On est engagé dans une démarche très transversale qui s’intéresse à la pro tection des troupeaux dans les systèmes d’exploitation globaux. On considère par exemple que le loup fait partie de la bio diversité au même titre que le campagnol, la vache ou l’homme. On veut tenir compte de tout ça pour promouvoir des systèmes permettant de se nourrir. Pré cisons qu’il n’est pas nécessaire d’être installé en bio pour nous rejoindre. Ce G.I.E.E. est en perpétuelle interaction. Les champs de réflexion sont multiples. On manque encore de connaissance sur le loup. Dans toute bataille, mieux vaut connaître son adversaire, prendre le temps de l’étudier pour le maîtriser. On appelle de nos vœux que le bovin devienne
a toujours le même nombre de parcs avec, en plus, une vingtaine de chiens de protection. C’est intéressant. L.P.P. : Le patou fait bon ménage avec les veaux ? G.V. : Tout à fait. On s’aperçoit que la mise en place du chiot est même plus facile avec des veaux car les brebis ont parfois tendance à écarter les chiots de leurs agneaux. Le problème ne se pose pas en filière comté où les veaux sont séparés très vite des mères. L’appropriation s’avère plus facile avec les chiots. Mettre en place des patous sur des groupes de veaux isolés, c’est facile. L.P.P. : Et la crainte des randonneurs de se faire charger par un chien de protection ? G.V. : Je la comprends parfaitement, d’où l’importance de sociabiliser très tôt le jeune patou vis-à-vis des humains. L’hiver a aussi été mis à profit pour instaurer plus de dialogues entre les acteurs : État, chasseurs, syndicats agricoles, Région, protecteurs de la nature… L’Agence régio nale de biodiversité a recruté un média teur. Il aura pour principales missions de tester les moyens de protection et de faire de la conciliation entre toutes les parties. Autre action hivernale avec la création d’un Groupement d’intérêt éco nomique et environnemental (G.I.E.E.). Ce G.I.E.E. regroupe actuellement sept éleveurs, bientôt dix, du Haut-Doubs et des alentours. L.P.P. : Quel sera son rôle ? G.V. : Le G.I.E.E. est un dispositif doté de fonds. Son intérêt réside sur le fait qu’il part du terrain avec des paysans assistés par des techniciens. Ce nouveau G.I.E.E. repose sur un groupe de paysans qui se connaissent. Pour info, il y a déjà deux autres G.I.E.E. sur le secteur. L’un est basé à Labergement-Sainte-Marie en étant spécialisé sur la prairie et la pol
une espèce protégeable dans le prochain plan national d’action loup 2024-2029 L.P.P. : Le G.I.E.E. a-t-il une vocation expérimentale ? G.V. : Bien entendu, on met en place différents dispositifs. On joue le jeu pour être moins vul nérable aujourd’hui qu’on ne l’était l’an der nier à la même époque. Cela repose sur l’obser vation par le biais de pièges photos et de sur veillance des trou
La combinaison patou et vache allaitante gardienne de nurserie dans un
“L’allotement est sans doute le principal facteur de vulnérabilité.”
troupeau de veauxpeut donner une solution de protection
suffisamment dissuasive en cas d’attaques.
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moins bien armés si l’on peut dire face au loup. Rappelons aussi l’exis tence de groupes de bergers béné voles qui viennent aider à la sur veillance des troupeaux la nuit. Il faut aussi casser certains préjugés. La proximité des loups près des habi tations n’est pas forcément signe d’attaque. Pas question non plus de minorer l’impact psychologique des attaques sur le mental des éleveurs qui doivent être accompagnés. On a également envie de travailler avec la société civile pour réconcilier tout le monde autour de ce sujet émi nemment sensible. n Propos recueillis par F.C.
peaux. On essaie de développer un système de défense adapté à chaque ferme. On peut aussi rappeler l’im portance des partenariats. On a signé des conventions avec plein d’orga nismes, sauf avec les syndicats agri coles. Pour que le G.I.E.E. marche, on a besoin d’avoir des informations rapides quand il y a des attaques. Il y a clairement un manque de réac tivité dans la connaissance génétique des loups. Il faut des mois pour apprendre d’où viennent les loups qui ont été tués. C’est tout le contraire en Suisse. L.P.P. : Il y a combien de meutes sur le massif du Jura ? G.V. : On en compte cinq actuellement dont deux ont déjà fait des portées les années précédentes, à savoir au Marchairuz et sur le Risoux. Les autres meutes sont localisées au Mont Tendre avec trois individus, au Suchet avec un couple et dans le Haut-Jura entre le Colomby de Gex et la Dôle où l’on a identifié trois individus. Aujourd’hui, les cinq meutes ont toutes un couple domi nant. Ceux qui avaient été tués ont donc été remplacés. L.P.P. : Sait-on si des meutes ont fait des petits ? G.V. : Pour l’instant, aucun louveteau n’a été vu même si on a de fortes présomptions de la présence d’une nouvelle portée sur la meute du Mar chairuz. C’est la première meute installée dans le Jura. Elle fait l’objet d’un suivi très intense.
L.P.P. : Peut-on considérer, après ce qui s’est passé l’été dernier, qu’on est dans une saison charnière ?
G.V. : Aucun doute là-dessus. On vou drait arriver à pro téger nos trou peaux sans dézinguer le loup. On sait que la pro tection coûte cher, plus cher que l’in demnisation. Tout doit être mis en place pour réduire la vulnérabilité des troupeaux les
“On considère que le loup fait partie de la biodiversité.”
Membre actif d’un Groupement d’intérêt écologique et environnemen tal axé sur l’élevage en plein air et la protection des troupeaux, Gérard Vionnet suit de près les différents dispositifs mis en place sur les troupeaux vulnérables pour les protéger des attaques du loup.
La sociabilisation des chiens de protection est nécessaire pour éviter les comportements trop agressifs vis-à-vis des humains.
6 L’ÉVÉNEMENT LE CHÂTEAU DE JOUX EN ROUTE VERS SA RENAISSANCE
La Presse Pontissalienne n°282 - Juillet 2023
Encouragés par le succès des visites libres qui ont boosté de 30 % la fréquentation du site en 2022, les gestionnaires du
château de Joux prennent leur mal en patience, le temps de finaliser des travaux d’urgence patrimoniale, avant d’engager le très attendu programme baptisé “Renaissance” portant sur la valorisation scientifique, touristique et culturelle qui permettra in fine de faire vivre le monument toute l’année. Mise en bouche.
l Stratégie 18 millions dans le programme de valorisation “On veut faire du château de Joux un monument touristique et domestique” Avec l’arrivée des beaux jours, le château de Joux reprend sa vocation touristique. Le fonctionnement estival est porté par un riche programme d’animations tout en restant figé dans un modèle de valorisation encore très classique. Les moyens sont encore investis dans la restauration de l’édifice qui a tendance à retarder la mise en œuvre du programme Renaissance axé sur la valorisation touristique et culturelle du plus beau monument du Haut-Doubs. État des lieux avec Jean-Luc Faivre, vice-président du Grand Pontarlier en charge du château de Joux. Avec l’appui technique de Laurène Mansuy la directrice.
L a Presse Pontissalienne : Que faut-il retenir de la récente visite du président Macron ? Jean-Luc Faivre : On a essayé d’être présent dans un protocole très cloisonné. Les élus locaux se sont exprimés par la voix de Patrick Genre qui a pu évoquer les soucis d’accès au monument, la saturation de la R.N. 57. Si on veut attirer des visi teurs, on est quand même pénalisé par le manque de desserte ferroviaire sur le Haut-Doubs. La visite d’un président reste toujours un événement important pour toute la région. On est assez fier qu’il soit venu au fort de Joux pour y célébrer le 220 ème anniversaire de la mort de Toussaint Louverture. Cela permet de conforter une politique mémorielle séculaire comme on peut aussi le lire sur une plaque apposée en 1901 à la mairie de La Cluse-et-Mijoux. Cette visite restera quoi qu’il en soit un bon coup médiatique.
la Tour du fer à cheval victime d’un ébou lement imprévu en 2005. On sait perti nemment qu’il y aura toujours des sur prises et le réchauffement climatique a plus tendance à amplifier les désordres. L.P.P. : Quel montant est-il prévu d’investir dans Renaissance ? J.-L.F. : Ce programme va s’échelonner jusqu’en 2030 en s’appuyant sur un budget de 18 millions d’euros. On a donc encore peu investi dans la valorisation et le châ teau fonctionne toujours sur un modèle d’exploitation assez classique. On a évolué en mettant en place depuis deux saisons les visites libres. Avec Renaissance, l’ob jectif est de faire du château un nouvel équipement touristique en développant l’aspect culturel. On veut également qu’il devienne un monument domestique à destination des locaux pour qu’ils puissent en profiter toute l’année. En basse saison, on propose seulement des visites guidées, c’est dommage qu’il n’y ait pas de salles
d’activités et d’expositions comme cela est prévu dans Renaissance. Dans ce pro gramme, on a fait appel à une Assistance à Maîtrise d’ouvrage avec le cabinet Syllab qui nous accompagne sur le projet global. On doit en priorité investir dans un nouvel espace d’accueil qui sera aménagé dans le casernement Joffre. Le retard nous a permis de lancer d’autres opérations. Je pense par exemple l’an dernier à la réno vation des deux ponts-levis et du pont dormant de la Porte d’honneur. Cette res tauration a coûté 1,150 million d’euros avec un reste à charge de 160 000 euros, soit environ 14 % du montant total. Pour mémoire, on avait reçu des aides de la D.R.A.C., de la Région, du Département, de la Mission patrimoine de Stéphane Bern. Une souscription publique avait été lancée avec des porteurs privés locaux comme Schrader, le Crédit Mutuel, De Giorgi, S.M.C.I., etc. En 2022, on a aussi procédé à la restauration du plancher des cellules où se trouvaient Toussaint
L.P.P. : Renaissance, le programme de valorisation scientifique, touristique et culturelle est-il déjà engagé? J.-L.F. : Non pas pour l’instant. Le château de Joux est un monument qui doit per durer. C’est le phare touristique incon tournable du Haut-Doubs. Il est identifié par tous les acteurs socio-économiques du territoire. Le site abrite près de 2 hec tares de bâti ancien et, au niveau des investissements, on est toujours en phase
Louverture, son domestique et son geôlier. Une opération à 51 260 euros avec un reste à charge de 46 %. Ce projet avait été soutenu par la D.R.A.C. et le club Mécènes du Patrimoine du Doubs animé par la Fondation du patrimoine et la Fon dation Mémoire de l’esclavage. L.P.P. : Et pour 2023 ? J.-L.F. : Les prochains travaux concerneront la Tour Mirabeau et la Tour de l’Horloge. Le budget est estimé à 500 000 euros. On souhaite rétablir une horloge sur la tour en question. Il reste encore beaucoup de choses à approfondir dans les archives pour comprendre la vie du château. Cette cloche était sans doute destinée à signaler
d’urgence patrimoniale. Il est important, par exemple, de faire monter l’eau et de mettre en place l’assainissement. Cela représente aussi de gros travaux et, par le fait, de gros budgets. On est engagé dans cette phase de restauration depuis les années 2000. Il reste encore beaucoup de travaux à faire dans
“Ondoit en priorité investir dans unnouvel espace d’accueil.”
L’événement 7
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l Découverte Spectacle en déambulation Lady Cactus, la star de Joux Ce spectacle déambulatoire qui rend hommage aux femmes du château de Joux affiche complet depuis deux étés déjà, au point qu’il a été nécessaire de doubler la jauge. Entretien avec Mathilde Martinage, la créatrice de ce spectacle qu’elle interprète avec son complice Rodolphe Martin.
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L a Presse Pontissalienne : Comment est né ce projet ? Mathilde Martinage : Laurène Man suy, la directrice du château de Joux m’avait vu jouer au festival des Nuits de Joux. Je faisais un monologue sur Marie de Bour gogne. C’était une forme de stand up dans un registre absurde et
comique. Laurène Mansuy m’a ensuite demandé d’écrire un spec tacle sur les femmes du château de Joux en déambulation. C’est la Compagnie La Levée dont je suis la directrice qui a porté ce projet d’écriture.
M.M. : Non, bien au contraire, on a travaillé main dans la main avec toute l’équipe du château pour proposer un vrai spectacle historique et artistique qui soit accessible et plaise aux petits comme aux grands. Le spectacle Lady Cactus mobilise aussi une costumière et Rodolphe Martin,
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mon complice sur scène.
ces femmes ont un corps, un cos tume, une voix. L.P.P. : C’est vous qui incarnez ces rôles féminins ? M.M. : Tout à fait, mais je n’en dirai pas plus car il faut préserver le mystère de ce spectacle qui dure environ 1 h 10. L.P.P. : Ce n’est pas très lassant de rejouer Lady Cactus pour la troisième saison consécutive ? M.M. : Non. C’est un spectacle qui a quand même évolué dans sa forme. Je pense par exemple à l’utilisation de nouveaux cos tumes. L.P.P. : Quand ont lieu les représenta tions ? M.M. : On joue les mardis et jeudis à 21 h 30 du 11 juillet au 14 août. Cela représente 14 spectacles,
sans compter les interventions au musée municipal de Pontarlier et à la distillerie des Fils d’Émile Pernot à La Cluse-et-Mijoux. L.P.P. : Avez-vous le temps de profiter des charmes du secteur ? M.M. : On n’est pas de la région, donc on vient passer une partie de l’été en famille dans le Haut Doubs. C’est très agréable. n Propos recueillis par F.C. Du 11 juillet au 24 août Mardi et jeudi à 21h30 La représentation du 13 juillet est déplacée au mercredi 19 juillet Spectacle sur réservation, places limitées Lady Cactus Visite nocturne Les gestionnaires du château poursuivent l’enrichissement des collections en orientant les recherches vers des objets et documents des deux der nières guerres mondiales. Illustration avec ce quart mili taire d’un soldat qui était en poste au fort de Joux en 1865 (photo Musée de Pontarlier).
L.P.P. : Vous avez travaillé seule ?
L.P.P. : Comment présenter ce specta cle ? M.M. : Le public est invité à plon ger dans un univers d’événe ments, d’animations, avec des effets sonores et lumineux qui prennent en compte et valorisent le cadre architectural. On a ima giné des fantômes de femmes emprisonnées dans le château. Ils seront délivrés par Lady Cac tus. Cette guerrière va rompre les mauvais sorts. On revisite l’histoire du château à travers quatre ou cinq portraits de femmes. L.P.P. : C’est un autre regard historique ? M.M. : Tout à fait. Il s’agit de femmes de caractère qui ont aussi, à leurs manières, joué un rôle politique. Lors du spectacle,
Lady Cactus met en scène deux comédiens, Mathilde Martinage et Rodolphe Martin, qui revisitent l’histoire du châteauà travers des portraits de femmes.
blable à ceux qui étaient installés dans les caponnières du château. L.P.P. : Combien de visiteurs ont été accueillis en 2022? J.-L.F. : Il y en a eu 53 000 dont 30 000 sur la saison estivale, soit une hausse de 19 % par rapport à 2019. Cette tendance semble toujours d’actualité. Sur les cinq premiers mois de l’année, on a enregistré une pro gression de 30 % par rapport à la même période en 2022. Il y a eu des facteurs favo rables : les nombreux ponts du mois de mai, la venue du président, le concours du monu ment préféré des Français, la réactivation des tour-opérateurs. On rêve bien sûr de se rapprocher du record des 60 000 visiteurs établi en 2014. L.P.P. : Question pratique, il manque des espaces de restauration à l’intérieur du château ? J.-L.F. : C’est vrai. On envisage d’accueillir des petits food-trucks sur différents points. L.P.P. : Peut-on rappeler les temps forts de l’été au château de Joux ? J.-L.F. : En commençant par la soirée d’inau guration programmée le 7 juillet à 20 heures On peut annoncer les chasses au trésor, ral lyes photo et autres ateliers proposés tous les matins. Les visites thématiques “Dans les pas de Toussaint Louverture” seront organisées sur quatre dimanches de l’été. Il y aura bien sûr le festival des Nuits de Joux et l’exposition sur Toussaint Louverture, à travers 10 panneaux installés autour du plan-relief du château. Sans oublier les démonstrations du fonctionnement des ponts-levis le jeudi à 14 heures. Et Lady Cactus ! n Propos recueillis par F.C.
à la rencontre des personnages historiques du château. Sur ce projet qui aboutira en 2025, on est soutenu par le Commissariat au Massif du Jura, la Région et le Dépar tement. Une telle option implique de sécuriser davantage encore les parcours, de poser la signalétique adéquate. Avantage : on n’aura plus besoin de poster du personnel aux points stratégiques pour orienter les gens et appor ter des éléments de compréhension. On a lancé plusieurs marchés publics : dévelop pement numérique, graphisme, sécurisation, garde-corps… L.P.P. : Qu’en est-il des musées ? J.-L.F. : L’espace d’interprétation “Forteresse et libertés” conçu comme une introduction à la visite du château sera le premier à ouvrir, en même temps que le pôle d’accueil. Le musée d’art et d’histoire militaire et celui axé sur les libertés, l’art haïtien et la mémoire de Toussaint Louverture seront aménagés dans le nouveau bâtiment de la caserne Vauban. Cela nous laisse un peu de temps pour remettre en état les onze tableaux montrant les portraits de militaires. Ces œuvres sont actuellement chez des restau rateurs spécialisés. Le coût global de cette restauration s’élève à 29 000 euros. L.P.P. : Vous continuez à enrichir les collections du château? J.-L.F. : Bien sûr, avec une politique d’acqui sition plus orientée vers les deux guerres mondiales. On cherche des tenues, des armes, de l’équipement. la C.C.G.P. alloue une enve loppe de 5 000 euros pour acquérir des pièces. On nous a donnés, par exemple, un gobelet de 1865 gravé par un soldat français qui était en poste au Fort de Joux. On vient d’acheter un canon Hotchkiss de 1885 sem
Jean-Luc Faivre, vice-président duGrand Pontarlier en chargedu châteaude Joux et Laurène Mansuy la directrice.
les temps de repas. Ces travaux sont pro grammés pour 2024. On recrute actuellement le maître d’œuvre. On se positionne sur un montage financier identique à celui de la Porte d’honneur. L.P.P. : Rien n’est engagé sur le plan touristique ? J.-L.F. : Si. On développe actuellement le projet de “Compagnon de visite numérique” qui remplacera à terme les audioguides. Ce concept intègre un système de son immersif dans un casque qui évolue sur un parcours de visite. Cela permettra d’offrir une alter native à la visite guidée et aux déambulations libres. Ce compagnon de visite numérique sera disponible en français, en anglais et en allemand. Les visiteurs iront, par exemple,
Restaurés en 2022, les ponts-levis du château sont maintenant opérationnels. Des manipulations sont organisées tous les jeudis à 14 heures. Le patrimoine reprend vie (photo A. Baud).
Parmi les récentes acquisitions, ce canon Hotchkiss de 1885 (photo Musée de Pontarlier).
8 L’événement
La Presse Pontissalienne n°282 - Juillet 2023
l Culture Du 28 juillet au 12 août Le festival des Nuits de Joux entre fidélité et originalité
Victor Hugo et Toussaint-Louverture seront à l’honneur d’une programmation toujours aussi éclectique dans ses expressions tout en restant fidèle aux ingrédients qui ont fait le succès de l’édition 2022. L’inspiration dans la stabilité.
Le troisième spectacle : “Fiesta” de Gwendoline Soubin s’adresse au jeune public et sera joué au théâtre du Lavoir. Le festival des Nuits de Joux s’ouvre depuis quelques saisons sur la musique avec pas moins de cinq concerts. Chan sons françaises, folk, bluegrass, folklore des Balkans… L’embarras du choix.À noter, le concert de clôture organisé le 12 août sous le signe de Haïti avec le chanteur James Germain. L’histoire haïtienne et sa figure incontournable Toussaint Louverture se retrouve aussi au menu des cartes blanches de la troupe où les comédiens s’emparent d’un thème pour en faire une lecture théâtralisée. L’évolution du festival se traduit éga lement par un renforcement des échanges et des actions avec l’équipe du château de Joux. Ce partenariat se décline autour de plusieurs événements. “L’inauguration de la saison estivale aura lieu le 7 juillet à 20 heures avec le stand-up “Tant Pis” joué par Aman dine Gay. Cela montre aussi qu’il se passe plein de choses en attendant l’ou verture du festival” , précise Laurène Mansuy, la directrice du château de Joux. Autre rendez-vous très apprécié avec
“O n va reprendre le même schéma de pro grammation que l’an dernier” , annonce Pierre-François Doireau qui partage la direction artistique du festival avec l’actrice Ariane Heuzé et la scénographe Analyvia Lagarde. Pourquoi changer une équipe et une méthode qui ont plutôt bien fonctionné l’été dernier ? Avec le plaisir d’évoluer cet été sur une nouvelle scène installée dans la cour d’honneur du château. Anecdo tique, mais quand même. La plupart des huit comédiens et des sept techniciens de la troupe des Nuits de Joux était déjà là en 2022. Certains viennent même ici depuis fort long temps. “C’est devenu une troupe d’amis qui prend plaisir à se retrouver autour d’un projet commun, avec un pro gramme fait maison et des spectacles préparés pendant les trois semaines de résidence. On a la chance d’avoir un
cadre exceptionnel. Ce festival est un vrai rendez-vous” , confirme Pierre François Doireau, lui aussi fidèle aux Nuits de Joux depuis quelques années. Après Molière, c’est Victor Hugo qui sera à l’affiche de l’une des trois créa tions de la troupe. “L’an dernier, on avait proposé des pièces méconnues de Molière et on a eu raison. Les gens font confiance à la programmation. On fera exactement la même chose avec Victor Hugo et on sait que cela fonctionnera grâce à la mise en scène et à la troupe” , confie Noël Rémond, coprésident du C.A.H.D. Le public pourra donc voir la pièce : “Angelo, tyran de Padoue”, une comédie dramatique qui permettra aussi de rendre hommage au grand écrivain né à Besançon. La seconde création : “Funérailles d’hiver” d’Ha nokh Levin est aussi une comédie mais dans un registre plus sombre. “Une façon de contrebalancer le texte de Victor Hugo” , justifie Pierre-François Doireau.
“Il y a aujourd’hui une bonne osmose dans la troupe et on a trouvé, je pense, notre vitesse de croisière”, confie Pierre-François Doireau qui se partage la direction artistique du festival avec Ariane Heuzé et Analyvia Lagarde.
conseillant de réserver pour ces visites nocturnes à jauge limitée. À noter dans cette programmation culturelle du châ teau de Joux, la poursuite des visites théâtralisées à la distillerie des fils d’Émile Pernot à La Cluse-et-Mijoux. n F.C.
le spectacle en déambulation nocturne “Lady Cactus”, une création du C.A.H.D. qui rend hommage aux femmes qui ont marqué l’histoire du château. “C’est la troisième et dernière édition. On proposera une nouvelle création en 2024” , note la directrice en
État civil de juin 2023
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