La Presse Pontissalienne 279 - Avril 2023
24 Le dossier
La Presse Pontissalienne n°279 - Avril 2023
l Douanes
2022, année exceptionnelle Hausse considérable du trafic de tabac
et dangers de la contrefaçon
Arrestation d’un grand baron de la drogue, grosses saisies de stupéfiants et de tabac, contrefaçons… Arrivé le 1 er janvier 2022, Bruno Ligiot, directeur régional des douanes de Franche-Comté revient sur une année exceptionnelle pour les services douaniers.
de capitaux de Russe ou Biélo russes, cherchant à rapatrier leurs biens en Russie. De la même manière, 2,3 mil lions d’euros de droits et taxes ont été redressés en frontière. “Des droits et taxes éludés en frontière par négligence ou inten tion frauduleuse” , précise le directeur régional. À chaque passage de frontière suisse, le particulier comme le profession nel doit dédouaner la marchan dise et justifier de sa provenance. En cas de non-respect, le contre venant doit s’acquitter du recou vrement des taxes ainsi que d’une amende salée. Les patrouilles mixtes françaises et suisses ont d’ailleurs été mul tipliées par 10 en 2022. Forte de 250 agents sur la Franche-Comté, la douane contrôle près de 80 routes de passage. n L.P. *Hakim Hambli a été jugé au tribunal correctionnel de Mul house le 17 mars dernier. Lors de son arrestation en jan vier 2022, il a fait opposition au jugement de 2007 et fait appel de sa condamna tion. Il a obtenu la relaxe du tribunal.
la contrefaçon. Sur ce point-là aussi, les douanes ont effectué une belle année avec 89 000 contrefa çons saisies à Besançon. Jouets, peluches, tabac, médicaments, pièces automo biles… Au-delà du côté contreve nant qui porte atteinte à l’éco nomie d’une
fié les papiers d’identité auprès des autorités genevoises, le tra fiquant en cavale depuis près de 20 ans, serait passé entre les mailles du filet. 2022 a été “ exceptionnelle” aux dires du directeur régional des douanes. 5,4 tonnes de stupé fiants en transit ont été saisies sur l’axe Espagne-pays de l’Est. “Grâce à la réorientation de nos services douaniers sur un axe Nord-Sud, soit des ports du nord de l’Europe vers la France, nous avons aussi réalisé deux saisies exceptionnelles d’héroïne, de 20 et 10 kg, à destination de l’ag glomération bisontine” , poursuit Bruno Ligiot. Ce dernier alerte particulière ment sur la hausse du trafic de tabac. De 250 tonnes saisies en 2019 à 650 tonnes en 2022 en France. En Franche-Comté, 11 tonnes de tabac ont été saisies. “C’est un phénomène inquiétant, ce sont désormais des réseaux criminels de grande ampleur, avec des véhicules ouvreurs, des ateliers de fabrications clandes tins. C’est très lucratif” , remarque Bruno Ligiot qui sou ligne néanmoins que ce trafic, contrairement aux stupéfiants, ne revêt pas (encore ?) la dimen sion de narco-banditisme. Pour autant, la moitié des saisies de tabac relevait également de
drogue français, recherché depuis 2002, condamné en 2007 par contumace à 8 ans de pri son*. “Un sacré beau cadeau pour le jour de ma prise de fonc tion” , relève Bruno Ligiot, direc teur régional des douanes de Franche-Comté. Sans la vigi lance des douaniers qui ont véri
L’ année 2022 avait démarré en trombe pour les services douaniers. Le 1 er jan
vier, lors d’un banal contrôle routier sur l’A 36, les douaniers ont mis la main sur Hakim Hambli, frère d’un baron de la
2,3 millions de droits et taxes redressés à la frontière suisse.
entreprise, l’attention des douanes se porte sur la question de la sécurité et des normes. Un jouet contrefait, une pièce se détache et l’enfant l’avale, des plaquettes de frein contrefaites qui ne freinent pas à un moment, des guirlandes élec triques dans un sapin qui pren nent feu… Bruno Ligiot avance de nombreux exemples qui ren dent la contrefaçon dangereuse. Il en va de même pour les ciga rettes contrefaites qui vont au delà de la dangerosité naturelle du produit. Autre mission, avec les mesures de rétorsion consécutives de la guerre en Ukraine, la douane a également saisi plus d’1 million d’euros issus de mouvements
Bruno Ligiot, directeur régional des douanes de Franche-Comté.
l Association
Violences intrafamiliales
Près de 300 victimes ont fait appel à Solidarité Femmes en 2022 Depuis la mise en place du Grenelle des violences conjugales en 2019, l’association Solidarité Femmes constate de réels efforts dans la prise en charge globale des victimes. En 2022, 302 personnes ont fait appel à l’association, un chiffre qui reste stable.
Éva Bronnenkant, coprésidente de
Solidarité Femmes à Besançon, constate les efforts menés depuis 2020 dans la prise en charge des victimes.
S i les forces de l’ordre ont observé une hausse des faits de violences intrafamiliales constatés (de l’ordre de 43 % en 2022 par rapport à 2021), l’associa tion Solidarité Femmes observe des chiffres de prise en charge stables depuis plusieurs années. Preuve s’il en est que la parole des victimes se libère. Mais aussi que la chaîne de prise en charge a fait l’objet de réels efforts. “On l’observe depuis le Grenelle des violences conjugales mis en place en 2019, souligne Éva Bronnenkant, coprésidente de Solidarité Femmes. Il y a une volonté de mettre autour de la table tous les acteurs concernés par les violences intrafamiliales.” L’association a pour sa part mis en place une permanence au C.H.U. où les victimes peuvent directement dépo ser plainte. “Les forces de l’ordre se déplacent et les victimes savent qu’elles
des points saillants. “Depuis le plan départemental du Gre nelle en 2020, les maillons de la chaîne se sont resserrés mais on aimerait que ça se passe sur tout le territoire. Et si le recueil des plaintes s’est amélioré, il reste du travail sur le traitement des dossiers, les délais, etc.” Un nouveau plan sur 2022- 2024 vient d’être signé, qui poursuit les objectifs du précédent tout en mettant l’accent sur la préven tion et l’éducation ainsi que la prise en charge des auteurs de violences. En 2022, 302 personnes dont quelques hommes ont sollicité un premier entre tien avec Solidarité Femmes. La moitié a souhaité bénéficier d’un accompa gnement dans la durée. L’association compte 33 places en C.H.R.S. (centre hébergement et réinsertion sociale) ainsi que d’un accueil de jour. “C’est un lieu d’écoute et d’orientation, les victimes peuvent parler de leur histoire,
peuvent venir au C.H.U. Sur Besançon, les choses ont bougé” , poursuit la copré sidente. Ainsi, un référent sur les vio lences intrafamiliales est présent au sein de la police. De même, le dispositif T.A.C. (tableau accueil confidentialité) au commissariat permet une prise en charge plus rapide et discrète. “La per sonne qui vient pour des violences conju gales ou sexuelles a juste à poser la main sur une pastille à l’accueil. Elle
Pour continuer à mener à bien leur accompagnement, Solidarité Femmes recherche des mécènes. Elle lance donc un appel aux entreprises qui souhai teraient la soutenir financièrement. En contrepartie, l’association propose d’intervenir auprès des salariés dans des ateliers de sensibilisation. n L.P. Plateforme téléphonique d’écoute pour les victimes de violences : 39 19 ou solidaritefemmes25.org
prendre conscience de ce qu’elles vivent” , explique Éva. L’association compte 13 salariés dont des travailleurs sociaux et une psychologue. La vingtaine de bénévoles propose quant à elle des acti vités. “Le travail sur l’estime de soi est énorme. Avec les activités, les victimes se rencontrent, rompent l’isolement, se rendent compte que des schémas de violence se répètent. Elles reprennent leur vie en main. Dans le cas de violence, l’emprise est telle que c’est un assujet tissement de l’identité” , précise la copré sidente.
est ensuite amenée dans une autre pièce. Cela lui évite de tout dire à haute voix devant tout le monde” , reprend Éva. Les poli ciers peuvent égale ment utiliser un réfé rentiel pour questionner les vic times, leur donnant ainsi des repères et
Mettre l’accent sur la prévention et l’éducation.
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