La Presse Pontissalienne 277 - Février 2023
4 L’interview du mois
La Presse Pontissalienne n°277 - Février 2023
HAUT-DOUBS
Nicolas Onimus, le sous-préfet
“Il faut que le respect de l’environnement soit à la hauteur de la qualité du comté”
Après le temps de l’imprégnation, Nicolas Onimus le sous préfet en poste depuis juillet dernier dans l’arrondissement de Pontarlier, revient sur les grandes problématiques du terri toire : l’eau, le loup, le logement, l’emploi… Le grand oral.
L a Presse Pontissalienne : Avez-vous de nouvelles informations sur le chantier de contournement de Pontarlier ? Nicolas Onimus : Non, car je suis person nellement peu impliqué. Ce projet est surtout porté par l’État, le Préfet, la D.I.R.-Est. Les travaux pourraient commencer au plus tôt fin 2023. Rap pelons que deux autres projets sur R.N. 57, à savoir la mise en trois voies de la montée de la Main et le rond point de la Vrine figurent aussi au contrat de plan 2021-2027. L.P.P. : Comment comptez-vous agir pour accé lérer le transfert de la compétence “eau” des communes aux com’com de l’arrondisse ment ? N.O. : Il reste encore trois ans pour la prise de compétence par les E.P.C.I. Toutes les com’com ne sont pas au même niveau. Grand Pontarlier ou Frasne-Drugeon ont pris la compétence. Pour d’autres, c’est en cours et on compte six E.P.C.I. qui ne sont pas encore engagés dans la procédure. Rappelons que l’étape intermédiaire, c’est le schéma directeur permettant d’identifier les actifs, les dettes, les passifs dans chaque commune avant le transfert à l’intercommunalité. Se pose ensuite la question du tarif. Je vais réunir prochainement en sous préfecture les représentants des six E.P.C.I. concernés avec l’A.R.S., de la D.D.T. et de l’Agence de l’eau. Cette réunion s’inscrit dans un partage d’ex périences. L.P.P. : Se pose aussi la question de l’accès à la ressource en période de sécheresse ? N.O. : Tout à fait. Les collectivités et les syndicats doivent encore travailler à la sécurisation des réseaux pour éviter d’avoir à ravitailler des communes comme ce fut encore le cas l’été dernier à Arc-sous-Cicon. Les choses tendent à s’améliorer. On a pu le constater en 2022 avec de nouvelles interconnexions qui ont permis d’atténuer les effets de la sécheresse. Ce qui justifie aussi la présence de l’A.R.S., l’Agence de l’eau et la D.D.T. qui sont là pour accompa gner les projets d’interconnexion. L.P.P.: Il semble que le dossier de l’eau du Mont d’Or évolue, qu’en est-il ? N.O. : Sachant qu’une partie de l’eau du Mont d’Or ressort sur le territoire de Malbuisson, on peut se demander s’il ne serait pas plus facile de prendre l’eau à Malbuisson pour l’acheminer vers la station de Chaon plutôt que dans le tunnel. Cette option doit être étudiée par la com’com des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs. Rappelons aussi l’existence du Plan rivières kars tiques avec les exigences imposées sur les fromageries. Les premiers résultats
seront annoncés au printemps. Aucune des fromageries concernées par la pol lution des rivières n’est située dans l’arrondissement de Pontarlier. Sur ces dossiers, je trouve que la position du Préfet est courageuse. L’A.O.P. comté apporte une très haute valeur ajoutée à l’agriculture locale. Il faut que le res pect de l’environnement soit à la hau teur de la qualité du produit. L.P.P. : Quid du loup ? N.O. : Les vaches sont rentrées, ce qui signifie un répit en termes d’attaques. Ce répit doit être mis à profit pour préparer la prochaine saison d’estive. D’un côté, on a la France qui a signé la Convention de Berne et la directive Habitat qui protègent le loup et en face on trouve le monde agricole du Haut-Doubs et la filière comté. Il faut arriver à concilier les deux dans le res pect du droit et en privilégiant le dia logue. Entre la fin janvier et la fin février, une grand-messe sera organisée avec tous les interlocuteurs. L.P.P. : Comment agir ? N.O. : La clef de voûte, c’est la protection des troupeaux. Je veux y croire. Il existe des moyens de protection: les colliers, les chiens, le tir d’effarouche ment non létal, les gardiens bénévoles dans les alpages. Des attaques, il y en aura mais ce qu’il faudrait savoir c’est combien. Si l’on arrivait à évaluer l’im pact, ce serait plus acceptable. On doit œuvrer pour tendre vers la stabilisation de la situation en concertation avec les Suisses et le département français du Jura. L.P.P. : La dynamique démographique du Haut Doubs encouragée par le travail frontalier
Six mois après son installation, Nicolas Onimus engage un travail de concertation pour tenter d’apporter des solutions aux problématiques les plus sensibles du Haut-Doubs.
EN BREF
Animations La Communauté de Communes du Grand Pontarlier propose, comme chaque année, des animations durant les vacances scolaires pour les enfants de 4 à 13 ans et plus vivant sur le territoire. Ateliers kamishibaï ou petit reporter photo, initiation au roller ou activité mini moto et quad, sur une journée ou quelques heures, il y en a pour tous les âges et tous les goûts. Inscriptions au service Éducation Jeunesse de la mairie de Pontarlier au 69, rue de la République, face à la sous-préfecture. Participation par enfant et par stage: 6€ (ou 12€ pour les enfants habitant hors C.C.G.P.). Restos du cœur Les Restos du Cœur organisent leur grande collecte nationale les 3, 4 et 5 mars. L’association appelle les personnes à donner des marchandises lors de leur passage en magasin durant ces 3 jours, et fait un appel aux bénévoles : environ 1 500 bénévoles d’un jour sur des créneaux de 2 à 3 heures sont nécessaires pour aider à effectuer cette collecte à l’échelle du département du Doubs. Inscriptions sur le site collecte.restosducoeur.org. Rens.: 03 81 41 92 11.
geant des logements. J’ai aussi envie de développer le système Bail Réel Solidaire avec l’aide de l’Établissement Public Foncier. Comment ça marche ? L’E.P.F. achète un terrain sur lequel des maisons sont construites pour être vendues à des familles modestes qui ne seront pas propriétaires du sol. Le B.R.S. implique la création d’un office foncier solidaire. Le dispositif permet à des ménages, sous condition de pla fond de ressources, d’accéder à un loge ment de 20 à 40 % en dessous des prix de marché. L.P.P. : L’autre point de tension sur Haut-Doubs est lié à l’emploi. Le manque de main-d’œuvre affecte pratiquement tous les secteurs d’ac tivité. N.O. : Avec un taux de chômage inférieur à 5 %, l’emploi est une vraie préoccu pation, d’où l’importance d’apporter des solutions de logements, des services et du transport. Il faut avoir une réflexion départementale sur l’emploi. En Préfecture, on travaille sur deux axes avec l’ensemble des socio-profes sionnels. Sur les 5 % de chômeurs, il
faudrait trouver des solutions inno vantes pour en ramener au moins 1 % vers l’emploi. Second axe : essayer d’en courager le retour des frontaliers plus tôt dans leur carrière. Comment ? En développant un marketing territorial basé sur la qualité de vie optimisée en travaillant plus près de chez soi. N.O.: Il existe un outil adéquat: le fonds Vert. Il sert à financer des projets en lien avec la performance énergé tique, les éclairages, le tri, les biodé chets… Une grosse partie de notre travail en sous-préfecture consiste à accompagner les collectivités par le biais de la D.E.T.R. En 2023, cette sub vention d’équipement sera arrimée au Fonds Vert. On attend aussi de savoir si les agriculteurs qui installent des trackers photovoltaïques pourront conserver les aides P.A.C. J’espère que oui, car ces équipements ne consom ment pas de foncier agricole et offrent de l’ombrage aux bêtes. n Propos recueillis par F.C. L.P.P. : Comment encourager la transition éner gétique dans le Haut-Doubs ?
réduit l’offre de loge ments avec des prix de l’immobilier et des loca tions de plus en plus éle vés. Que peut-on faire pour détendre la situa tion? N.O. : C’est complexe car on a des besoins de logements avec une restriction des surfaces à urbaniser. Je voudrais essayer d’apporter des réponses en collabo ration avec Jacque line Cuenot-Stadler, vice-président au logement au Conseil départemental. On pourrait utiliser le fonds friche pour réhabiliter d’an ciennes fermes com toises en y aména
“Il faut avoir une réflexion départementale sur l’emploi.”
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