La Presse Pontissalienne 277 - Février 2023

Le portrait 35

La Presse Pontissalienne n°277 - Février 2023

CHAUX-NEUVE

Saut à skis

Joël Pagnier, l’homme des tremplins Tombé dans la marmite familiale et villageoise du saut à skis, le responsable des tremplins de la Côte Feuillée a fait de sa passion un métier. Il a acquis toutes les compétences techniques pour gérer cet outil de travail de haut vol qui fonctionne été comme hiver. Rencontre.

D’ abord l’immense déception d’appren dre l’annulation de l’épreuve de Coupe du Monde de com biné nordique qui devait se dérou ler les 21 et 22 janvier à Chaux Neuve. “Cela s’est joué à une semaine près. Cette année, c’est le manque d’enneigement. L’hiver dernier, Chaux-Neuve n’a pas été retenu pour privilégier la Coupe du Monde de ski de fond aux Tuffes. C’était une première pour le massif du Jura. Et les deux années pré cédentes, on subissait la crise sani taire” , se désespère Joël Pagnier qui sait l’intérêt d’accueillir une coupe de Monde. Au-delà des retombées dans l’éco nomie locale sachant qu’il faut nourrir entre 300 et 400 personnes uniquement pour ce qui concerne les athlètes et leurs staffs, un tel événement est une source de moti vation, et d’intérêt pour tous les jeunes sauteurs locaux qui ont l’oc

Monde et porte tous les espoirs d’une famille, d’un massif et d’une nation. Le petit Joël Pagnier se souvient avoir assisté à ses pre miers concours de saut au trem plin de Champvents situé au hameau Vuillet sur la commune de Petite-Chaux. “J’ai attaqué le saut vers 8 ou 9 ans. Comme il n’y avait plus de sauteur au Risoux Club, mon père m’avait inscrit à Foncine-le-Haut où j’ai fait mes gammes avec Sylvain Guillaume.” Contrairement à son copain qui deviendra vice-champion olym pique, Joël Pagnier met assez rapidement un terme à sa carrière sportive. “J’ai arrêté la compétition à 16 ans, j’avais un bon niveau régional mais sans plus.” Le saut devient pour lui un loisir. Après le collège à Mouthe, il entre à l'école d’apprentissage des tra vaux publics à Port-Lesney où il passe un C.A.P. de conducteur d’engins. Il travaille dans des entreprises du Haut-Doubs et en Suisse. En 1989, il assiste à la construction du site de la Côte Feuillée équipé de deux tremplins de 60 et 90 m. Trois ans plus tard, il trouve une place de bénévole aux J.O. d’Albertville, ce qui lui permet d’être aux premières loges pour assister au sacre de Fabrice Guy et son dauphin Sylvain Guil laume. Ces victoires redonnent un nouvel élan à la discipline. “J’ai passé un diplôme d’entraîneur fédéral. Avec Jean-Marie Nicod, on s’oc cupait des jeunes sauteurs locaux. Comme il n’y avait pas de tremplin de 30 m à la Côte Feuillée, on se

Joël Pagnier est responsable du site de la Feuillée depuis 27 ans.

Bio express l Joël Pagnier a 58 ans l Il est marié, a trois enfants l Sa formation : conducteur d’engins l Il est responsable du site de la Feuillée depuis 1996

frère figure parmi les meilleurs nationaux de sa catégorie. L’aîné a décidé d’arrêter après deux grosses chutes. Qu’à cela ne tienne, toute la famille se retrouve régu lièrement pour aller encourager Joséphine en Coupe du Monde. L’avenir de la discipline en saut et en combiné repose actuellement sur un groupe d’une vingtaine de jeunes jurassiens. “On encadre aussi un groupe d’initiation le ven dredi soir” , explique Joël Pagnier qui ne regrette pour rien au monde ses choix professionnels riches de contacts et d’une qualité de vie qui valent bien des sacrifices. n F.C.

version estivale ou hivernale. “Cela représente deux semaines de cou pure à l’automne et un mois au printemps.” Au rayon des bons souvenirs, l’an née 2010 avec la transformation du H.S. 90 en H.S. 118. À l’époque aussi, le combiné jurassien brille grâce aux victoires de Jason Lamy Chappuis. La gestion des tremplins qui fonctionnent 10 mois sur 12 mobilise aujourd’hui deux perma nents avec le renfort d’un saisonnier en hiver. La passion du saut à ski est tou jours d’actualité dans la famille Pagnier. Si Joséphine s’illustre au plus haut niveau, Clovis son petit

déplaçait jusqu’aux Houches pour organiser des concours départe mentaux de saut au pied du Mont Blanc.” Toute une aventure et une logistique qui prendra fin en 1994 à la construction d'un tremplin H.S. 30 à Chaux-Neuve. Le destin professionnel de Joël Pagnier bascule en 1996 à la créa tion d’un poste qui lui est attribué pour gérer le site de la Côte Feuillée. 1996, c’est aussi l’année de la pre mière Coupe du Monde de combiné. Dans son nouvel emploi, il va devoir se familiariser aux secrets du damage d’un tremplin, à la gestion de l’enneigement artificiel, à la mise en configuration du site en

casion de côtoyer l’élite mondiale. Sans oublier que cela faci lite aussi l’octroi de subventions pour maintenir le site à niveau. Originaire de Chaux Neuve, Joël Pagnier, 58 ans, a grandi dans une famille où l’on ne compte plus les champions, à com mencer par sa fille Joséphine qui tourne actuellement sur le circuit Coupe du

“J’ai arrêté la compétition à 16 ans.”