La Presse Pontissalienne 277 - Février 2023

10 Pontarlier

La Presse Pontissalienne n°277 - Février 2023

DOUBS

Triste anniversaire Ukraine : la mobilisation est toujours d’actualité Contrainte de quitter le bâtiment de La Belle Vie, l’association Volia Ukraine a trouvé refuge dans l’ancienne épicerie Griffon à Doubs où les bénévoles continuent à préparer des colis de vêtements et de nourriture.

Michelle Jankow et les bénévoles de Volia Ukraine se retrouvent le jeudi après-midi à Doubs pour faire les cartons et préparer les palettes.

Volia Ukraine réceptionnent les vête ments, produits qui sont mis en palettes avant d’être acheminées à Besançon. Elles seront réceptionnées par deux autres associations : Ukraide et Convois Solidaires qui organisent le chargement des semi-remorques en partance pour l’Ukraine. Un camion part en moyenne tous les quinze jours. Ils sont récep tionnés à la frontière polonaise par Martha et Magdalena, deux bénévoles de l’association Sokolnia. “Elles sont formidables et courageuses. Avec d'au tres amis, elles vont redistribuer les colis dans toute l’Ukraine. Elles nous informent aussi de besoins spécifiques. Avec l’argent des dons, on a acheté par exemple un groupe électrogène. On recherche actuellement des gilets de sauvetage, mêmes anciens” , explique Michelle Jankow qui ne baisse pas les bras. n F.C.

ciation humanitaire trouve autant d’ar gent? Si j’avais eu une telle somme, j’aurais préféré acheter de la nourriture qui fait tant défaut à la population ukrainienne !” Volia Ukraine s’est ainsi retrouvée dans l’obligation de retrouver un autre logis en étant tributaire de la générosité de propriétaires suscep tibles de les accueillir. Comme ce fut le cas à la création de l’association en mars 2022 qui avait été logée dans un local appartenant à Emmaüs. Le salut est venu de la famille Griffon à Doubs qui est toujours propriétaire de l’ancienne épicerie située rue de la Chaussée. Le transfert a eu lieu en novembre dernier. “On est ouvert le jeudi après-midi de 14 heures à 17 h 30. L’élan de générosité ne faiblit pas. On a beaucoup de vêtements. Ce qui nous manque le plus, c’est la nourriture. On prend tout sauf les produits liquides.” Michelle Jankow et les bénévoles de

EN BREF

M ichelle Jankow, la présidente de Volia Ukraine ne cache pas sa déception. “On a été obligé de quitter le local de

La Belle Vie qui appartient au Grand Pontarlier car on ne pouvait plus hono rer le loyer mensuel de 800 euros. Com ment voulez-vous qu’une petite asso

Loup Des analyses génétiques ont été effectuées sur le 2ème loup mâle prélevé dans le Doubs en 2022. Les analyses génétiques ont permis de retrouver l’haplotype w22 caractéristique de la population italo-alpine de loup gris (Canis lupus lupus) et retrouvé de façon spécifique en Italie, en Suisse et en France. Ce loup provient d’un individu “backcross Canis lupus lupus” issu de l’accouplement d’un loup de lignée italo-alpine (Canis lupus lupus) et d’un hybride entre un chien (Canis lupus familiaris) et un loup de lignée italo-alpine (Canis lupus lupus). L’individu prélevé à Frasne est un “disperseur” puisqu’il avait déjà été détecté par analyse génétique dans le département du Var en fin d’hiver 2021-2022. Lingerie La boutique Fémina Lingerie de Pontarlier (60-62, rue de la République) a obtenu le prix d’excellence Intima au concours Top 100 Boutique Awards lord du dernier salon de la lingerie à Paris. Une belle récompense pour cet acteur du commerce de centre-ville à Pontarlier. Ce salon à Paris réunissait le 22 janvier les plus grandes marques internationales, et qui comporte également un gala de remise de prix, promu par le magazine Intima. “Ce prix n’aurait pas été possible sans mon équipe, le soutien de ma famille, et les conseille de Mme Buhler, la précédente gérante” note Stéphanie, la responsable u magasin pontissalien qui ajoute : “Ce n’est pas facile, mais avec beaucoup de travail et d’efforts, nous pouvons atteindre nos objectifs.”

Un coucou de la frontière polonaise où Martha, Magdalena et les bénévoles de l’asso ciation Sokolnia réceptionnent les colis français avant de les acheminer dans toute l’Ukraine.

TÉMOIGNAGES Lourdeurs administratives La difficile intégration des mamans ukrainiennes

Un an ou presque après leur arrivée en France, la vie des réfugiées ukrainiennes est loin d’être une partie de plaisir entre l’apprentissage du français, la gestion des enfants, les lenteurs administratives, la séparation avec le reste de la

Nathalie et Irina avec au milieu Svetlana Seguin dans le rôle de l’interprète.

F idèle à son histoire, la France n’a pas manqué d’ouvrir ses portes aux familles ukrainiennes qui fuyaient la guerre. Avant tout des femmes et leurs enfants car les hommes étaient, pour la plupart, réquisitionnés pour aller au combat. “Au début, elles étaient très bien accompagnées mais aujourd’hui elles sont plus livrées à elles-mêmes” , explique Svetlana Seguin qui joue les interprètes. D’origine russe et mariée à un français, elle accompagne les familles ukrai niennes dans leurs démarches quoti diennes. Un vrai chemin de croix. Ori ginaire de Doniesk, Nathalie est venue à Pontarlier avec ses deux enfants Daria 14 ans et Roman 5 ans. L’aînée est sco larisée au collège Malraux et le plus jeune est à l’école maternelle. Son mari est resté en Ukraine. “Ce n’est pas facile de communiquer” , explique Nathalie qui passe une grande partie de son temps à apprendre le français à la F.R.A.T.E. Soit quatre jours par semaine, matin et après-midi. Elle vient de passer son premier diplôme d’étude en langue

française A1. Ce qui lui fera une qua trième langue après l’Ukrainien, le russe et l’anglais. Excusez du peu… Nathalie occupe le reste de sa journée entre les enfants, ses tâches quoti diennes et les formalités administra tives. Kinésithérapeute dans son pays, elle ne parvient pas à avoir des équi valences. “On est parti dans la précipi tation et j’ai oublié tous mes diplômes.” Elle sait aussi qu’elle ne maîtriserait pas encore assez bien la langue pour exercer son métier en France. Avant qu’elle se lance à plein temps dans l’ap prentissage du français, elle faisait du bénévolat dans des associations huma nitaires. Comment voit-elle son avenir? “Elle n’envisage pas de retour. La situation est encore trop dangereuse en Ukraine. Elle manifeste aujourd’hui une très forte envie de s’intégrer en France” , explique Svetlana en soulignant aussi les angoisses, les insomnies, les sanglots communs à toutes ses familles qui res tent malgré tout stoïques dans la dif ficulté. De vraies guerrières.

leur reste tout au plus quelques centaines d’euros pour se nourrir, s’habiller… Elles peuvent compter sur quelques amis mais finis sent par se sentir gênées de toujours demander de l’aide. Svetlana ne peut taire aussi l’angoisse du petit Danil incapable de pouvoir rester seul dans une pièce ou devant une fenêtre telle ment il reste marqué par les bombar dements. “Les enfants font semblant d’être biens mais au fond, ils ne vont pas bien et leurs mamans sont dépour vues face à ce type de situation.” Barrière de la langue, séquelles de la guerre, séparation familiale, rien n’est simple pour ces mamans ukrainiennes découragées aussi d’un pays rompu au surenchérissement administratif. n

Irina, son amie vient de Kharkiv, une ville de 2 millions d’habitants située à la frontière russe. Arrivée en France en avril avec Danil son fils de huit ans, elle a été hébergée dans différents endroits avant de trouver un apparte ment à Pontarlier avec l’aide de l’asso ciation Repair. Cette psychothérapeute s’est beaucoup investie avec Svetlana qui exerce la même profession qu’elle pour accompagner les familles qui débar quaient en France. Elle a elle aussi mis en suspens ses activités pour apprendre le français à temps plein. L’une comme l’autre bénéficient d’un statut de pro tection temporaire qui leur permet de travailler mais pas d’avoir d’aide. Une fois qu’elles ont réglé leurs loyers, il

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