La Presse Pontissalienne 275 - Décembre 2022
Le mensuel d'informations sur Pontarlier et le Haut-Doubs
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DÉCEMBRE 2022
Mensuel d’information du Haut-Doubs
www.presse-pontissalienne.fr
N° 275
USINES, BOULANGERIES, FROMAGERIES, STATION DE MÉTABIEF… LES CONSÉQUENCES CONCRÈTES DE LA CRISE ÉNERGÉTIQUE
Le directeur de Knauf Ceiling Solutions (ex-Armstrong) annonce un plan d’activité partielle d’au moins six mois pour les 190 salariés de l’usine pontissalienne.
le dossier en p. 16 à 22
Le président des maires du Doubs “Une augmentation d’au moins 10 % des tarifs municipaux” Politique p. 10
Climat - Chiffres à l’appui Le Haut-Doubs en première ligne du changement l’événement p. 4 à 8
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2 Retour sur info - Pontarlier
La Presse Pontissalienne n°275 - Décembre 2022
Philippe Schaller, officier du mérite agricole Un nouveau bâtiment à Étalans pour Charm’Ossature
E ngagé depuis plus de quarante ans au service de la race montbéliarde, cet éleveur passionné et passion nant termine sa carrière en apothéose au lendemain d’un Super Comice qui restera dans les annales. S’il fallait juger les ambassadeurs de la race montbéliarde, Philippe Schaller mériterait sans doute un 20 sur 20. Un nombre qui marquera la carrière de celui qui fut, simple coïn cidence ou pas, pendant 20 ans président du comice de Morteau et qui exercera aussi pendant deux décennies à la tête de la Fédération départementale des comices du Doubs. “Je suis né dans une famille de passionnés de la race mont béliarde et des comices. J’ai suivi les traces de mon père” , rappelle Philippe Schaller qui n’a jamais rechigné à prendre des responsabilités dans le monde agri cole. Désormais, c’est l’heure du grand
départ pour Philippe Schaller qui à 64 ans se retire des responsabilités en même temps qu’il prend sa retraite d’agriculteur. Après avoir savouré un bilan exceptionnel pour le dernier Super Comice le mois dernier à Pontarlier. “On a réussi notre coup reconnaît-il. Cela représente un travail colossal et je n’y serais jamais arrivé sans les autres membres du bureau de la Fédération. À savoir Philippe Marguet, Richard Ielsch, Richard Lacroix et Vincent Girard. On est comme les cinq doigts de la main.” Son successeur qui sera élu à la prochaine assemblée générale figure dans cette liste. Pas du genre à tirer la couverture à lui, l’ex-boss des comices du Doubs entend bien profiter de son temps libre et consa crer du temps à la famille, et au foot local qui lui a tant manqué quand il était agri culteur. ■
Philippe Schaller a reçu “le poireau”, autre nom du mérite agricole des mains d’Annie Genevard devant ses compères du bureau de la Fédération départe mentale des Comices du Doubs.
55 000 euros reversés par les Étoiles Noires
Moins de six mois après l’incendie, le bâtiment de Charm’Ossature est presque déjà entièrement reconstruit.
A près un grand retour et une tournée triomphale au début de l’été, le groupe les Étoiles Noires, composé à 100 % de bénévoles impliqués pour la bonne cause, a pu distribuer le fruit de sa générosité à plusieurs associations locales. Née pour aider le combat mené par l’association Semons l’Espoir, la troupe a réuni cette année près de 10 000 spec tateurs en neuf concerts. “Notre public vient des quatre coins de la Franche Comté. Pour la première fois cette année, nous avons donc pris la décision de sou tenir quatre associations, en plus de notre “association sœur” Semons l’Espoir : Les Amis de la Pédiatrie (Pontarlier), Les Z’amis de l’Aube (Mamirolle), Traces de Vies (Dole) et AscapHandicapable (Montbéliard)” indique Loren Marguet, la responsable communication du groupe. La remise des chèques aux associations s’est déroulée le 12 novembre dernier à la Maison des Familles. 55 000 euros ont pu ainsi être
D epuis la 2 X 2 voies, la vue sur la zone de la Croix de Pierre d’Étalans a presque retrouvé sa forme originelle. Adossé à Charm’Abris, le nouveau bâtiment de Charm’Ossature est bien sorti de terre, reconstruit sur les ruines de l’ancien. Moins de six mois après le terrible incendie du 19 juillet. “On est sur la bonne voie, confirme Dominique Charmoille, patron de Charm’Ossature. D’ici Noël, le bâti ment sera fermé, le sol sera posé, les fenêtres et les portes section nelles sont en train d’être installées.” Les deux premiers mois de 2023 verront arriver les machines pour un rapatriement au 1 er mars de l’ac tivité de l’atelier éphémère d’Aman cey à Étalans. 8,5 millions d’euros vont à terme être investis dans ce nouvel atelier, 2,5 millions provenant
de financements publics. La seconde usine de 5 500 m 2 , basée à Autechaux, fonctionne quant à elle à plein régime. L’en treprise qui fabrique des éléments de construction à ossature bois compte actuellement une quaran taine de collaborateurs. Un nombre qui devrait grimper à 70 en mars prochain. La société continue de recruter, notamment pour le nou veau site d’Étalans. L’incendie de juillet dernier a suscité beaucoup d’émotions et a soulevé un énorme élan de solidarité. L’en treprise, soutenue par les pouvoirs publics, les banques, ses clients, ses employés, ses fournisseurs, a su se relever très rapidement et transformer les cendres en un regain d’activité. ■
C’est grâce à une tournée triomphale que les Étoiles Noires ont pu être aussi généreuses (photo L. Lépeule).
de la tournée 2022” ajoute Loren Mar guet. Pour les Étoiles Noires, l’aventure ne s’ar rête pas là. La troupe propose pour cette fin d’année son “Calendrier 2023”, à la vente uniquement sur son site Internet www.les-etoiles-noires.fr (au tarif de 10 euros) au profit de Semons l’Espoir. “Et la troupe sera de retour en 2024, pour un nouveau spectacle sur les routes franc comtoises” ajoute Loren. ■
reversés aux différentes associations : 33 000 euros pour Semons l’Espoir, et 5 500 euros pour chacune des quatre autres associations mises en lumière cette année. “Cette remise de chèques a été un moment important pour la troupe, et très fort en émotion, durant lequel les Étoiles Noires ont eu une grande pensée pour Pierre Dornier, le président fondateur de Semons l’Espoir, qui nous a quittés quelques jours après l’ultime représentation
C ette drôle d’année 2022 aura été marquée par le retour de la guerre sur le sol européen, une crise inédite des ressources énergétiques et une pénurie sévère de matières premières entraînant une inflation que la France n’avait plus connue depuis plusieurs décen nies. En ce dernier mois de l’année, on ne peut donc qu’espérer, et souhaiter à tous, une année 2023 démarrant sous de meil leurs auspices…Mais en formulant ce sou hait, on sait que les difficultés provoquées par ce contexte international instable, après deux ans de crise sanitaire qui ont bouleversé bien des repères, ne sont hélas pas terminées. Nous illustrons largement cette prédiction ce mois-ci à travers plu sieurs reportages et notamment ceux que nous consacrons dans notre dossier central aux conséquences concrètes pour l’économie Éditorial Turbulences
du Grand Pontarlier et l’ensemble des col lectivités vont devoir annoncer d’ici le début de l’année prochaine d’inévitables augmentations de tarifs des services publics. Déjà asphyxiés en cette fin d’année par des prix alimentaires qui ont exagérément bondi, les foyers modestes - ils sont ici quelque peu cachés par le vernis du travail frontalier et de ses salaires opulents,mais plus nombreux qu’il ne semble -, pâtiront forcément de cette triple peine infligée par le surcoût de l’énergie, l’inflation des prix de l’alimentaire et la hausse inévitable des services publics. Si ces conséquences sont certaines pour le début de l’année prochaine, la seule incertitude qui demeure est la durée de ces turbulences. Les météo rologues de l’économie n’ont pas prévu un retour au calme immédiat. Malgré le contexte peu propice aux débordements d’enthousiasme, souhaitons à tous une parenthèse aussi joyeuse que possible à l’occasion de ces fêtes de fin d’année. ■ Par le directeur de la rédaction Jean-François Hauser
du Haut-Doubs de l’explosion des coûts énergétiques. Derrière les chiffres et des courbes qui s’affolent, il y a des entrepre neurs et leurs salariés qui craignent pour la pérennité de leur activité et de leur emploi. Les exemples frappants de l’ex usine pontissalienneArmstrong (rebaptisée Knauf Ceiling Solutions), ou celui du bou langer de Montbenoît, étouffés par des prix de l’énergie devenus insupportables montrent à quel point l’économie risque de se tendre dans les prochains mois. Les crises sont toujours cycliques, on sait que “même la nuit la plus longue prendra fin, et le soleil se lèvera” comme le synthétisait Victor Hugo,mais contrairement aux crises passées, celle-ci semble systémique et géné ralisée et n’épargne ni les acteurs de l’éco nomie, ni les collectivités territoriales, on le voit dans ce même numéro à travers les propos de Patrick Genre le président des maires du Doubs. Comme ailleurs, laVille de Pontarlier, la communauté de communes
Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER est éditée par la société “Publipresse Médias” Rédaction et publicité : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645
Rédaction : Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Laurine Personeni.
Mise en page : Olivier Chevalier. Conception pubs : Éloïse Perrot.
Équipe commerciale : Anne Familiari, Aurélie Robbe, Anthony Gloriod.
Crédits photos : La Presse Pontissalienne, J.-P. Bernard, G. Curtit, D. Gilbert, G.A.E.C. Laffly, L. Lépeule, V. Rouire, Habitat 25, J. Varlet, Ville de Pontarlier. Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1298-0609 Dépôt légal : Décembre 2022 Commission paritaire : 0227 D 79291
4 L’interview du mois
La Presse Pontissalienne n°275 - Décembre 2022
CLIMAT
Un ancien membre du G.I.E.C.
“Il y a encore une porte de sortie si l’on s’y met tous ensemble”
“Sans les C.O.P., je pense que les émissions auraient crû encore davantage”, estime Yves Fouquart.
sphérique. Sa spécialité concernait les interactions entre le rayonnement élec tromagnétique et l’atmosphère. “Je me suis très vite intéressé aux conséquences de la concentration des gaz à effet de serre. Les études sur les nuages et les aérosols comportent des aspects expé rimentation in situ, des aspects modéli sation et des aspects observation depuis satellite. J’ai participé à ces trois types d’activité. Ce qui est intéressant, c’est cette approche qui comprend des allers retours incessants entre observation et modélisation.” Cet enseignant-chercheur en physique a participé à la réalisation des premiers modèles climatiques français. Membre du comité scientifique du programme mondial de recherches sur le climat, il a été l’un des rédacteurs du deuxième rap port du G.I.E.C. Un précurseur. n
Y ves Fouquart, 78 ans, habite dans le Haut-Doubs depuis qu’il a pris sa retraite en 2004. “Après un essai dans le privé, j’ai commencé un D.E.A. en 1967. Ma thèse d’État portait sur l’ana lyse des spectres d’absorption présents dans la lumière solaire réfléchie par Vénus. Je me suis ensuite reconverti vers l’étude de l’atmosphère terrestre dans le cadre de recherches sur la dyna mique du climat” dit-il. Professeur à l’Université des Sciences et Techniques de Lille 1, Yves Fouquart dirigeait le Laboratoire d’optique atmo Zoom Sa vie, son œuvre
Enseignant-chercheur aujourd’hui en retraite, Yves Fouquart est un spécialiste de l’effet de serre. Ancien membre du G.I.E.C., cet expert climatologue vit aujourd’hui dans le Haut-Doubs. Rencontre.
L a Presse Pontissalienne : Originaire du nord, qu’est-ce qui vous a poussé à venir vivre dans le Haut-Doubs ? Yves Fouquart : Je suis arrivé ici en 2004 au moment de la retraite. Je vivais à Lille. C’est une région assez plate. Ici il y a du relief, de la neige. On peut skier, faire du vélo, c’est ce que je recherchais. L.P.P. : Vous n’êtes pas un réfugié climatique ? Y.F. : Non ! (rires) L.P.P. : L’évolution climatique au cours de la dernière décennie est-elle conforme à ce que vous attendiez ? Y.F. : Je trouve que cela s’est beaucoup accéléré notamment en Europe de l’ouest où les températures progressent plus vite que prévu. Quand on parle de tem
pérature globale, n’oublions pas que cela inclut aussi les océans qui représentent les 3/5 èmes de la surface de la terre. La température augmente 1,5 à 2 fois plus vite sur les continents et la progression est encore plus rapide en Europe de l’ouest. L.P.P. : Comment se traduit cette différence ? Y.F. : Depuis 1980, la température globale augmente de 0,19 °C tous les dix ans contre 0,46 °C en Europe de l’ouest, soit une hausse cumulée d’1,6 °C en 40 ans. Quand on a prévu que la température va augmenter de 2,5 °C, cela signifie donc qu’elle pourrait progresser de 4,5 °C sur le continent européen.
Y.F. : Plusieurs raisons à cela. On constate que les éléments extrêmes ont tendance à se multiplier très fortement. C’est d’abord une question de vapeur d’eau qui est le carburant de toute cette dyna mique. Quand la température augmente d’1 °C, le volume de vapeur d’eau aug mente de 7 %. Plus il fait chaud, plus il y a de carburant dans l’atmosphère. Ce principe est plus intense sur le continent où l’évaporation est plus forte et la réserve en vapeur d’eau plus limitée que sur les océans. Quand la sécheresse perdure, les vagues de chaleur s’intensifient. Il existe d’autres facteurs favorables à ces blocages longs de périodes sèches ou froides. Je pense par exemple au jet stream qui perd de sa vigueur du fait que l’écart de température diminue entre
L.P.P. : Pourquoi une telle évolution ?
L’interview du mois 5
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Un bilan mitigé pour la C.O.P. 27 La C.O.P. 27 s’est conclue le 20 novem bre en Égypte. Les pays développés ont finalement accepté de créer un fond dédié aux pays “particulièrement vulnérables” abondé par des sources de nouvelles ressources, permettant d’entrevoir l’élargissement du cercle des pays donateurs aux secteurs aérien et maritime ainsi que les entreprises du secteur des énergies fossiles en les taxant. Sa mise en œuvre opéra tionnelle est prévue pour 2024, et sera préparée par un groupe d’experts com posé à majorité de représentants des pays en développement. Concernant les perspectives de réchauffement climatique, cette C.O.P. a juste permis de maintenir l’objectif de réchauffement à + 1,5 °C en rap pelant les objectifs de l’accord de Paris pour viser 43%de réduction des émis sions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Alors que cet objectif avait déjà été jugé comme intenable…La C.O.P. 28 aura lieu à Dubaï en 2023. n
l’adaptation, il faudra également réduire nos émissions. On sait qu’il reste 1 000 milliards de tonnes de carbone sous forme de charbon, pétrole et gaz. On en consomme 10 milliards de tonnes tous les dix ans. il faut ralentir le réchauffement autant que possible et surtout gagner du temps en limitant nos émissions. Si la hausse des tempé ratures de 2,7 °C prévue vers 2 100 se produit en 2150, on aura gagné 50 ans. L.P.P. : Cela sous-entend de changer notre façon de vivre ? Y.F. : Oui car il faut désormais penser non pas à ce qui va arriver demain mais dans cinquante ans. Penser à nos enfants, nos petits-enfants et, au niveau sociétal, essayer d’aider à la diffusion d’une cer taine idée de la politique. C’est important d’être pragmatique, d’aborder le problème sans a priori idéologique qui n’ont rien à faire avec la science. Je pense au nucléaire. On n’a plus le temps de s’en passer. On va devoir composer avec toutes les sources d’énergie possibles, le nucléaire mais aussi le solaire, l’éolien… L.P.P. : Que pensez-vous de l’intérêt des C.O.P. ? Y.F. : S’il n’y avait pas eu de C.O.P., on n’en serait pas là. Elles ont eu pour effet de sensibiliser l’opinion des pays déve “On a mangé notre pain blanc.”
semblent bien plus préoccupants. Sans oublier l’impact de l’anthropocène sur la biodiversité. Au final, on se retrouve avec deux problèmes majeurs à gérer, à savoir le climat et l’effondrement de la biodiversité. On peut en ajouter un troi sième avec le fait qu’on va manquer d’énergie. Les réserves de pétrole, gaz, charbon seront épuisées dans 100 ans et encore il faudrait, pour ce faire, ralentir la consommation. D’autant plus qu’on ne sait pas exploiter 100 % d’un gisement car cela coûterait plus cher que ça rap porte en dollars et en énergie. On va donc arriver à une crise énergétique avant la fin du siècle. Il faudra faire avec et on peut aussi espérer de nouvelles découvertes même si la fin du siècle est trop proche pour espérer mettre au point une solution énergétique qui réponde aux besoins. L.P.P. : Que faire alors ? Y.F. : Tout n’est pas foutu. Il y a deux
loppés sur la réalité du problème. Grâce aux C.O.P., on a popularisé quelque chose. Il y a quand même des tentatives, des recherches d’accords qui engagent les gouvernements, les États. Sans ces confé rences des parties, je pense que les émis sions auraient été supérieures. On sait que c’est insuffisant mais l’injustice cli matique est quand même prise en compte. Les C.O.P. ont permis d’engager les pays développés sur une somme de 100 milliards d’euros à l’horizon 2020 en faveur des pays non développés. On est arrivé à 83 milliards, c’est mieux que rien même si cela ne va pas assez vite. L.P.P. : Êtes-vous vigilant à réduire vous aussi vos émissions ? Y.F. : Je fais attention mais pas assez. Je me bats depuis 50 ans pour sensibiliser la société sur les enjeux climatiques et il m’arrive parfois d’être dans la contra diction sans y être pour autant en per manence. J’ai isolé la maison, je fais attention à la température, je privilégie le vélo dans la mesure du possible. J’es saie d’être cohérent. Il faut tenter de ne pas gaspiller et se poser la question : est-ce vraiment nécessaire, indispensa ble ? L’approche individuelle est tout à fait insuffisante, l’essentiel des efforts doit concerner l’industrie et les États. L.P.P. : On arrive au bout d’un modèle ? Y.F. : Oui, on a mangé notre pain blanc mais ce n’est pas foutu. Il y a encore une porte de sortie si l’on s’y met tous ensem ble, à tous les niveaux. n Propos recueillis par F.C.
l’équateur et les pôles où l’on mesure des augmentations de températures de 0,7 °C par décennie. Conséquences, le jet-stream fait des méandres plus au sud à l’origine des gouttes froides ou à l’inverse il monte plus au nord en favo risant les remontées d’air chaud et les dômes de chaleur qui sont apparus quatre fois au cours de l’été dernier. Voilà les deux raisons principales. L.P.P. : Si on essaie de se projeter, que peut-il arriver ? Y.F. : Tout va dépendre des émissions de gaz à effet de serre en sachant que la part du CO2 représente les deux tiers. Le reste est dû aux changements d’usage des sols avec l’artificialisation, la défo restation…D’où le rôle de la C.O.P. pour essayer de ralentir le processus. Il n’y a plus guère d’espoir de se limiter à une hausse d’1,5 °C même si théoriquement c’est encore possible sous réserve de stopper toute émission immédiatement. Une utopie quand on sait qu’en 2021 les émissions de gaz à effet de serre ont dépassé de 2 % celles d’avant Covid. Certes, il y a une amélioration mais on ne parvient pas à respecter les engage ments de la C.O.P. 21 et les choses empi rent avec la guerre en Ukraine. L.P.P. : Le tableau est sombre… Y.F. : On a devant nous un obstacle très important. On sait ce qui va se passer dans les décennies à venir. On tire le signal d’alarme. Pour autant on continue à se faire la guerre ici ou là sans trop se soucier des enjeux climatiques qui me
choses à faire. Essayer de s’adapter au réchauf fement et aider les autres à s’adapter. Même si je suis toujours inquiet de l’évolution des choses sur le plan géopolitique. On sait qu’il y aura de plus en plus de problèmes de sécurité liés à l’insécu rité climatique : les sécheresses à répétition, les mouvements de population… Avec
“Il faut penser à nos enfants,
nos petits enfants.”
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6 L’ÉVÉNEMENT
La Presse Pontissalienne n°275 - Décembre 2022
COUP DE CHAUD SUR LE HAUT-DOUBS
Inutile d’être ingénieur météorologue pour constater la douceur qui a régné sur le Haut-Doubs cet automne. Le réchauffement ou le dérèglement climatique s’impose désormais au quotidien, qu’il soit ressenti ou vérifié scientifiquement. Ce changement est plus marqué dans le Haut-Doubs où les hivers à températures négatives ne sont plus d’actualité depuis 2014 ! Enquête. Une dynamique scientifique Quand la biodiversité sort de sa réserve l Labergement-Sainte-Marie
Au-delà de sa vocation initiale de protection, la réserve naturelle nationale du lac de Remoray sert aussi de support à de multiples études et inventaires qui permettent de mieux connaître la biodiversité dans un milieu protégé. Œuvre de connaissance.
Le travail mené sur les syrphes permet d’établir l’état de santé écologique d’un milieu naturel. C’est une forme de valeur étalon qui met en évidence les pro blèmes, les carences d’une pelouse sèche par exemple. Ce laboratoire à ciel ouvert attire la curiosité des scientifiques très spécialisés. “Actuellement, j’échange avec un chercheur ukrainien qui vit à Berlin. Merci Internet qui nous permet de communiquer dans le monde entier.” Comment expliquer une telle richesse à l’intérieur d’un si petit périmètre ? C’est d’abord le résul tat des travaux de restauration entrepris depuis la création de la réserve. Elle comprend unmas sif forestier de 70 hectares classé depuis 2017 en réserve biologique intégrale. “Cela permet à l’O.N.F. qui a la charge de cette forêt d’ob server l’évolution d’unmilieu pro tégé de toute intervention humaine. Il y a des arbres qui ont entre 250 et 300 ans et qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.” Parallèlement à ces démarches purement scientifiques, l’asso ciation des Amis de la Réserve Naturelle du lac de Remoray a bénéficié du soutien du plan de relance pour engager des actions
L es enjeux climatiques et environnementaux ne se limitent pas aux travaux d’isolation, à l’installation de panneaux photovoltaïques, aux changements comportemen taux. Il faut aussi connaître fine ment les milieux dans lesquels nous vivons. La réserve naturelle nationale du lac de Remoray a été créée en 1980. À l’époque, il s’agissait de protéger le lac de tentatives d’exploitation peu éco logiques. “On continue aujourd’hui à entretenir cet espace protégé tout en développant une dyna mique de connaissance de la bio diversité”, explique Bruno Tissot, le conservateur de la réserve. L’idée étant aussi de pallier la disparition des connaissances naturalistes, conséquence de l’évo lution de l’enseignement des sciences dans les universités. Un enjeu “connaissance” a donc été intégré au plan de gestion de la réserve naturelle de Remoray qui
est devenu un véritable labora toire dédié à la biodiversité. L’équipe de la réserve a effectué des inventaires très poussés au niveau des insectes, plantes, champignons… Ce travail a permis de découvrir des espèces inconnues jusqu’alors dans le Haut-Doubs. “On collabore étroitement avec la Réserve du ravin de Valbois située dans la vallée de la Loue. On est parvenu à inventorier 6 000 à 6 500 espèces dont les deux tiers appar tiennent au groupe des
Des arbres qui ont entre 250 et 300 ans.
en faveur de la biodiversité. Cela se traduit par une exposition avec des panneaux explicatifs installés autour de laMaison de la réserve. “On a aussi pu financer la création d’un laboratoire pédagogique à la disposition des chercheurs mais aussi du grand public à travers un programme d’animations. Le volet pédagogique s’appuie aussi sur un cycle de conférences à caractère naturaliste.”
arthropodes qui englobe les mille pattes, araignées, cloportes…” Qui pourrait imaginer qu’il y a 2 000 espèces de mouches dans cet espace de 350 hec tares ? Pour quelle utilité ?
Le Brun des pélargoniums (Cacyreus marshalli). Importé d’Afrique du Sud avec des géraniums, il s’est installé dans le sud de l’Europe et vient d’apparaître dans le Haut-Doubs, à la faveur du réchauffement climatique.
L’événement 7
La Presse Pontissalienne n°275 - Décembre 2022
l Tourbières Station de recherche “Entre 2009 et 2021, on a gagné + 0,7 °C” Les données mesurées sur la station de recherche implantée depuis 2008 dans la tourbière de Frasne montrent que le climat du Haut-Doubs se réchauffe plus vite qu’ailleurs. Les chiffres sont éloquents.
n’est pas en retard grâce à l’E.P.A.G.E. Haut-DoubsHaute Loue qui fait un travail exceptionnel, reconnu au niveau euro péen.” Le chercheur bisontin explique que cette dynamique est favorable à l’agriculture car plus propice à la pousse d’herbe. “Il faudrait aussi que les pouvoirs publics aient le courage de s’engager rapidement dans ce mouvement. Plus on s’y prépare tôt, plus on a de chance de s’en sortir.” Si l’élévation des températures est plus forte en altitude, elle s’inscrit néanmoins dans un climat plus froid qu’en plaine. Ce qui signifie, in fine , que la hausse restera plus supportable dans le Haut-Doubs qu’autour du bassin méditerranéen. Pas question d’être trop alarmistemais la pru dence s’impose quand on voit où se sont produits les incendies de forêts cet été. Les rigueurs de l’hiver jurassien ne seront bientôt plus une réalité. “La moyenne des températures de janvier à mars entre 2009 et 2013 était de -1,5 °C. Depuis 2014, on a basculé dans une moyenne positive et cette tendance semble inexorable. Même en restaurant les zones humides, on sait qu’il n’y aura pas d’amélioration significative pour les 20 ans à venir. Il fera de plus en plus chaud partout.” n F.C. Un projet est à l’étude pour créer une station scientifique internationale. La structure abriterait de l’hébergement ainsi qu’un laboratoire. “Frasne deviendrait la capitale européenne de recherche sur les tourbières”, annonce Daniel Gilbert. Une station d’accueil internationale à Frasne ?
“Frasne fait partie des 5 % des communes françaises les plus impactées par le changement climatique”, annonce Daniel Gilbert (photo V. Rouire).
C ette tourbière fait l’objet depuis 2008 d’un monitoring pluridis ciplinaire intégrant trois thèmes d’investigation : la météo et la physique du sol, l’hydrologie et la carac térisation écologique-biochimique. “On a rajouté en 2018 une station de mesure appelée aussi “tour à flux” qui permet de mesurer les quantités de C02 et deméthane
qui rentrent et sortent de la tourbière. Cela permet de faire des bilans carbone” , explique Daniel Gilbert qui dirige le labo ratoire Chrono-Environnement de l’Uni versité de Franche-Comté. La station de Frasne fait partie d’un réseau intégrant trois autres sites ins trumentés en France pour y observer et modéliser les flux de carbone entre l’at
février-mars pour constater que le gain de température atteint alors 2,7 °C en 12 ans. “On a probablement gagné près de 5 °C depuis l’an 2000.” La vitesse du réchauffement hivernal dans le Haut Doubs est spectaculaire. Ce qui n’est pas sans conséquence, notamment au niveau de l’eau dans les sols qui s’évapore beau coup plus vite qu’avant. L’assec de la vallée du Doubs entreArçon et Ville-du Pont se banalise chaque été. En forêt, ce manque d’eau fragilise les résineux encore plus sensibles aux attaques des scolytes. Les récoltes fourragères tendent aussi à diminuer même si l’altitude joue encore un effet protecteur sur le Haut-Doubs. Que faire ? Aucune hésitation pour Daniel Gilbert : “Cela passe par la restauration des tour bières et des zones humides. Il faudrait même accélérer les travaux. Le Haut Doubs, la vallée du Drugeon notamment, entendu” , poursuit le Pontissalien en mon trant ce relevé de température à 24 °C enre gistré le 1 er janvier 2022 au bord du lac Saint-Point. Plusieurs facteurs interagissent pour expli quer le réchauffement actuel et ses consé quences. Le dégagement deméthane affecte la couche d’ozone en provoquant alors le réchauffement des océans et la fonte des glaciers. La montée des eaux modifie les courants marins et aériens. “Ces change ments bouleversent les échanges entre les masses d’air chaudes et froides qui provo quent les catastrophes naturelles : sécheresses, inondations, tornades, incendies qui ali mentent de plus en plus souvent la une des journaux. La montée des eaux va recouvrir des surfaces habitées et des zones agricoles obligeant desmillions d’habitants ou réfugiés climatiques à se déplacer à l’intérieur des terres. Comment allons-nous faire toujours plus nombreux, avec de moins en moins de ressources ?” interroge-t-il.
mosphère et le sol. La tourbière de Frasne est l’une deux à bénéficier d’un tel équi pement. Les travaux de restauration entrepris depuis plusieurs décennies maintenant permettent de se rapprocher d’un système de plus en plus naturel. “On travaille avec l’E.P.A.G.E. et la com munauté de communes Frasne-Drugeon pour que cette tourbière devienne un site européen de recherche. Les mesures effec tuées depuis une quinzaine d’années don nent des indications précises sur l’évolution du climat à Frasne. Le verdict est sans appel : entre 2009 et 2021, on a gagné 0,7 °C. C’est énorme quand on sait que la température mondiale a augmenté d’1,2 °C depuis la révolution industrielle. Frasne fait partie des 5 % des communes françaises les plus impactées par le chan gement climatique” , annonce Daniel Gil bert. Le chercheur a concentré ses ana lyses uniquement sur lesmois de janvier
La tourbière de Frasne est équipée depuis 2018 d’une tour à flux qui per met de mesu rer les quanti tés de CO2 et de méthane qui rentrent et sortent de la tourbière (photo D. Gilbert).
l Pontarlier Un lanceur d’alerte La théorie du réchauffement naturel Pur autodidacte qui s’intéresse à tout, David Miaille annonce depuis plus de 35 ans ce qui est en train de se passer, sans
vraiment être entendu. Pour lui, l’homme ne fait
“O O n va être la sixième civilisation à disparaître de la surface de la terre. On nous parle souvent de dérèglement climatique alors que je pense que nous n’avons fait qu’accélérer un pro cessus naturel cyclique planétaire lié aux déplacements des champs magnétiques et des continents. Ces mouvements sont à l’ori gine des tremblements de terre, des séche resses, la fonte des glaciers, de la montée des eaux” , explique David Miaille. Installé depuis quinze ans à Pontarlier, il s’intéresse depuis plus longtemps encore à ces phénomènes climatiques inquiétants. “J’en parle en famille depuis que j’ai 15 ans mais personne ne me croyait. Avec l’arrivée des réseaux sociaux, j’ai communiqué sur Facebook. Je faisais partie de 25 groupes d’échange sur le climat. C’est comme cela que je suis devenu lanceur d’alerte même si aujourd’hui j’ai tout arrêté faute d’être qu’accélérer un processus natu rel cyclique de réchauffement.
Grâce aux aides du plan de relance, l’association des Amis de la Réserve du lac de Remoray a pu financer la création d’un laboratoire pédagogique utilisé par les chercheurs ou à disposition du grand public par le biais d’animations.
David Miaille estime que la situation va devenir très vite préoccupante et pourrait remettre en cause l’avenir de l’humanité d’ici la fin du siècle. “La nature est plus forte que tout. On n’aura pas d’autre choix que de s’adapter mais comment on va faire pour nourrir tout le monde ? Expli quez-moi !” n
“Personne ne me croyait…”
Après plus de 30 ans de travail dans la réserve, Bruno Tissot déplore la disparition des espèces spécifiques au profit d’espèces plus communes. Un crève-cœur pour ce conservateur qui observe
aussi cette migration géogra phique : “On n’arrête pas de voir arriver des espèces du sud qui remontent en montagne pour fuir le réchauffement climatique.” n F.C.
Très pessimiste, David Miaille s’interroge
aujourd’hui sur les solutions qui permettront de trouver une issue à la survie de l’Homme.
8 L’événement
La Presse Pontissalienne n°275 - Décembre 2022
l Houtaud La Fresque du climat Comprendre les enjeux du changement climatique en 3 heures Association nationale, la Fresque du climat sensibilise aux enjeux climatiques grâce à un outil pédagogique, collaboratif et ludique. À destination des enfants, citoyens, entreprises, ce jeu de cartes permet de comprendre l’essentiel en 3 heures. L’Hos tasien Laurent Guyon anime des ateliers dans le Haut-Doubs.
La fresque numérique de l’association Durable et Doubs L aurent Guyon et d’autres fresqueurs se sont regroupés en une association pon tissalienne, Durable et Doubs. Créée il y a un an, la structure ouvre des créneaux deux fois par mois à la salle des anciens com battants dePontarlier pour animer des fresques du climat pour les citoyens. Elle propose, en plus de la fresque du climat, des autres ateliers comme la Fresque du numérique. Cette dernière montre les impacts dus au numérique et au digital, de la production d’équipements (qui nécessitent des métaux rares dont l’extraction troue la planète) à leur utilisation (les data centers sont de gros consommateurs en énergies fossiles) aux déchets. “On nous pousse à consommer, avec une obsolescence programmée mais aussi une obsolescence psychologique, sou ligne Laurent Guyon. Seulement 15%de ce qu’on trie dans le numérique sont recyclés, il y a un manque de filières.” L’autre mission de l’association touche aux conseils et aux contre-propositions délivrés notamment aux collectivités et aux com munes dans l’élaboration de programmes et mesures pour la transition écologique. Prochains ateliers le samedi 10 décembre de 9 heures à 12 heures, jeudi 15 décem bre de 19 heures à 22 heures Cinq per sonnes minimum. Inscription sur Facebook la fresqueclimathautdoubs (ou via un Q.R. code ) . n
L’ ’effet papillon. C’est ainsi que l’on pourrait sommai rement résumer la Fresque du climat. “Parce que moi, je fais un kilomètre en voiture, certains Africains sont contraints de quitter leur pays” , schématise Laurent Guyon, “fresqueur”, et animateur de la Fresque du climat sur le Haut-Doubs. Devenue association, la Fresque du climat est un outil développé par Cédric Rigenbach, enseignant spé cialisé dans le climat. Composé de cinq lots de cartes dis tribuées au hasard, ce jeu met en avant des notions de causes et de conséquences entre différents phéno mènes (submersion, ralentissement du Gulf stream, montée des eaux, cyclones) et les activités humaines (agriculteurs, transports, utilisation
des bâtiments…). “On demande aux personnes de placer les cartes selon un lien de causes à conséquences, sachant que pour une carte, il y a plu sieurs causes et conséquences” , souligne Laurent Guyon. Au verso des cartes, des informations pédagogiques contex tualisent le phénomène ou l’activité. “À la fin, on arrive aux conséquences humaines : réfugiés climatiques,
Laurent Guyon anime des fresques du climat dans le Haut-Doubs.
actions qui aient le plus d’efficacité possible pour réduire leur impact car bone . “Installer des leds, c’est bien mais c’est une très petite partie. Si vous voulez réduire votre impact car bone, vous pouvez jouer sur votre ali mentation, réduire de moitié la consom mation de la viande” , éclaire l’animateur de la fresque. Autre ordre de grandeur : il y a 20 000 ans, le Haut-Doubs était couvert de glace, le climat complètement différent. Il a fallu 2 °C d’écart pour que la glace fonde et que le niveau de l’eau monte de 120 mètres. Les scénarios actuels projettent une augmentation de plus de 3 °C, voire 4… n L.P.
trois heures que dure la construction de la fresque, un débrief émotionnel se met en place. “J’ai vu des gens pleu rer, témoigne Laurent Guyon, ils com prennent que le réchauffement clima tique est induit par nos activités.” La troisième étape consiste en la pré sentation des ordres de grandeur : un Français moyen produit 10 tonnes de CO2 par an. Pour respecter les accords de Paris, il faudrait être à 2 tonnes par an en 2050. “Dans ces 10 tonnes, 25 % provient de l’alimentation. Un aller/retour Paris-Rio équivaut à 3 4 tonnes de CO2” , énumère Laurent Guyon. À partir de ces ordres de grandeur, le groupe commence à noter des
conflits armés, santé humaine, famine. Parce qu’on a parlé de baisse de biodiversité, donc moins de rendement agricole, etc.” Si la plupart du temps, les gens sont déjà un peu sensibilisés, aucun n’a vraiment la vision globale. Au terme des
10 tonnes de CO2 par an par Français.
État civil de novembre 2022
18/11/2022 – Ariane de Lucas TORREILLES, psy chiatre et de Marie DELONCA, chirurgien urologue. 19/11/2022 – Ambre de Julien BOSCHUNG, chauf feur livreur et de Carole ROUSSEAU, clerc de notaire. 21/11/2022 – Uriel de Jean DUTRUEL, régleur et de Antoinette MENGUE, sans profession. 19/11/2022 – Giulia de Franck OGGIANO, ouvrier qualifié et de Alexia GAUGAIN, coiffeuse à domicile. 18/11/2022 – Mariya de Yahya KHERBACH, conduc teur de train et de Karima BERKOUSSI, conducteur de car. 23/11/2022 – Thaïs de Cyril MARCEAU, fromager et de Justine FABLET, responsable magasin. 22/11/2022 – Éléonore de Thibaut THUREL, ingénieur de projet et de Emilie CHABOD, employée de banque. 23/11/2022 – Joséphine de Anthony CHOURAQUI, pharmacien et de Floriane BERT, préparatrice en pharmacie. 23/11/2022 – Charlie de Pierre ROUGET, optomé triste et de Laurie JACQUAND, éducatrice spécia lisée. 24/11/2022 – Lou de Arnaud GRANGE, chauffagiste dépanneur et de Emilie FAIVRE, assistante mater nelle. 25/11/2022 – Ella de Aurélien CHARVOT, technicien de production et de Alizée LE DORZE, formulatrice cosmétique. 26/11/2022 – Eloi de Romain DORNIER, agriculteur et de Léa ROY, assistante sociale. 27/11/2022 – Constant de Victorien CLÉVY, menuisier charpentier et de Pauline CHABOD, aide traiteur pâtissière. 26/11/2022 – Maxime de Kévin GOBI, infirmier et de Camille SIMON, kinésithérapeute. 27/11/2022 – Léo de Kérim CLAIN, responsable service après-vente et de Cathy PINTO, psycho motricienne. 28/11/2022 – Lina de Julien FORGERON, opérateur régleur et de Nastasia GIRARDET, chef de groupe en horlogerie. 27/11/2022 – Juliette de Morgan DROZ-BARTHO LET, technicien en bureau d’études et de Alexia DORNIER, laborantine. 30/11/2022 – Lilya de Idder KARIM, ingénieur et de Fatima MANTAGUI, radiologue.
01/12/2022 – Manahé de Michaël BAUD, ouvrier du bâtiment et de Pauline LOCATELLI, serveuse. 29/11/2022 – Lya de Sonia BOURNY, gestionnaire de stock en horlogerie. 01/12/2022 – Daniel de Ruslan MARCO, avocat en formation et de Daniela PSENITA, assistante dentaire. mArIAgE 12/11/2022 – Fatih ERDEN serrurier et Esra USLU, agent de fabrication. déCèS 29/10/2022 – Rosa BRIGIDA, 75 ans, retraitée, domiciliée à Pontarlier (Doubs), veuve de Matteo TOTARO. 29/10/2022 – Marie-Josèphe FONTAINE, 73 ans, retraitée, domiciliée à Vuillafans (Doubs), épouse de Alain BENOIT. 30/10/2022 – Thérèse ROUSSEAU, 87 ans, retraitée, domiciliée à Remoray-Boujeons (Doubs), veuve de Dominique SALVI. 02/11/2022 – Marielle ASTIER, 52 ans, sans pro fession, domiciliée à Pontarlier (Doubs). 07/11/2022 – Marie-Thérèse DÉBOIS, 91 ans, retrai tée, domiciliée à Pontarlier (Doubs) veuve de Georges DROZ-BARTHOLET. 08/11/2022 – Joseph INVERNIZZI, 84 ans, retraité, domicilié à Dommartin (Doubs) époux de Régine SEDARD. 08/11/2022 – Jacques-Michel REICHARD, 86 ans, retraité, domicilié à Pontarlier (Doubs) époux de Claudine LAMBERT. 10/11/2022 – Simone RICHARD, 92 ans, retraitée, domiciliée à Pontarlier (Doubs) veuve de Pierre BURAGLIO. 10/11/2022 – Nicole PONTARLIER, 88 ans, retraitée, domiciliée à La Rivière-Drugeon (Doubs), épouse de Pierre BRESSAND. 13/11/2022 – Nadine BACHMANN, 73 ans, retraitée, domiciliée à Noël-Cerneux (Doubs), veuve de Daniel OURION. 15/11/2022 – Marin LAMY, 71 ans, retraité, domicilié à Villers-le-Lac (Doubs). 15/11/2022 – Huguette MOLLIER, 86 ans, retraitée, domiciliée à Villers-le-Lac (Doubs), veuve de Roland REIN.
18/11/2022 – Maria LOCATELLI, 89 ans, retraitée, domiciliée à Pontarlier (Doubs), veuve de Luigi SALVI. 20/11/2022 –MadeleineMOSSER, 104 ans, retraitée, domiciliée à Pontarlier (Doubs). 20/11/2022 – Monique SORNAY, 88 ans, retraitée, domiciliée à Montbenoît (Doubs), veuve de Raymond VERDAN. 22/11/2022 – Henri BELOT, 90 ans, retraité, domicilié à Pontarlier (Doubs), époux de Suzanne CUINET. 26/11/2022 – Jean-Marc NAVAL, 58 ans, responsable de production, domicilié à Pontarlier (Doubs), époux de Véronique MONNIER. 26/11/2022 – Samuel RUNSER, 67 ans, retraité, domicilié à Longeville (Doubs), époux de Monique GENRE-GRANDPIERRE. 27/11/2022 – Denise MAIRE, 91 ans, retraitée, domiciliée à La Longeville (Doubs), veuve de Ray mond BOURDIN. 28/11/2022 – Michel CHANEZ, 70 ans, retraité, domicilié à Les Combes (Doubs), célibataire. 28/11/2022 – Lucien MICHEL, 96 ans, retraité, domicilié à Montmahoux (Doubs), époux de Chris tiane LAURENT. 29/11/2022 – Félix BRETILLOT, 91 ans, retraité, domicilié à Les Combes (Doubs), époux de Germaine CUENOT. 29/11/2022 – Marie-Raymonde GAILLARD, 73 ans, retraitée, domiciliée à Pontarlier (Doubs), céliba taire. 30/11/2022 – Jean FRELET, 84 ans, retraité, domicilié à Evillers (Doubs), époux de Marie-Bernadette ROYET. 30/11/2022 – Daniel BONNEFOY, 78 ans, retraité, domicilié à Saint-Gorgon-Main (Doubs), époux de Madeleine HEMLER. 30/11/2022 - Jeanne VERNIER, 88 ans, retraitée, domiciliée à Pontarlier (Doubs), veuve de Mario FERRARI. 01/12/2022 – Denise MONNIER, 91 ans, retraitée, domiciliée à Foncine-le-Haut (Jura), veuve de Serge BADOZ. 01/12/2022 – Marianne CHABOD, 58 ans, fleuriste, domiciliée à Pontarlier (Doubs), célibataire. 01/12/2022 – Bernard VIEY, 86 ans, retraité, domicilié à Vuillecin (Doubs), époux de Marie-Claude CRE TIN.
NAISSANCES 28/10/2022 – Victoire de Jean-Nicolas SIEBERT, actuaire et de Sophie REMONNAY, enseignante. 28/10/2022 – Neyla de Ismael ACHAK, électricien et de Edwina GERMAIN, sans profession. 29/10/2022 – Roxane de Benjamin POULET, élec tricien et de Aurore DUBOZ, sertisseuse. 29/10/2022 – Ange de Mathieu BULLE, sapeur pompier et de Sandrine ROUSSILLON, notaire assistante. 27/10/2022 – Célestin de Léon JACQUOT, agriculteur et de Lucie FAVRE, vendeuse en fromagerie. 27/10/2022 – Leïla de Julien BARRIEUX, ouvrier et de Anaïs PARENT, infirmière. 27/10/2022 – Adèle de Yohann VALNET, chauffeur routier et de Clémence PERRIN, assistante mater nelle. 01/11/2022 – Sacha de Anthony GRILLON, porcher et de Cyrielle CACHOD, infirmière. 29/10/2022 – Neva de Hüseyin KURT, électricien et de Dilan BOYRACI, interne en biologie médi cale. 31/10/2022 – Rosa de Florent COMTE, mécanicien poids lourd et de Laura FAVERGEAT, auxiliaire de vie. 31/10/2022 – Timéo de Julien BREUILLOT, technicien bureau d’étude et de Adeline COLLETTE, secrétaire de mairie. 02/11/2022- Sare de Bilal ASLAN, ouvrier et de Songül KAYA, sans profession. 31/10/2022 – Abdoul Aziz de Kalidou NIANG, menui sier et Ndeye WANE, cuisinière. 31/10/2022 – Louane de Florent LECOMTE, pro fesseur et de Maryline CUCHE, aide-soignante. 30/10/2022 – Marian de Alexis ALFARO, menuisier charpentier et de Oceanne MILLOT, infirmière. 30/10/2022 – Margaux de Antoine THOMET, ache teur de bois et de Laura GRESSET, ostéopathe. 03/11/2022 – Nathan de Olivier ANGUENOT, mar chands de biens et Victoria BÔLE, architecte. 01/11/2022 – Juliette de Valentin BESSON, directeur de site et de Typhanie CLER, enseignante. 01/11/2022 – Lise de Antoine RACINE, magasinier et de Margaux REBILLOT, assistante éducatrice.
31/10/2022 – Anna de Benjamin COURLET, agri culteur et de Marion CATTET, conseillère vendeuse en concession agricole. 04/11/2022 – Lucas de Guillaume ROYET, conduc teur d’engins et de Marion GAUTHIER, secrétaire médicale. 03/11/2022 – Ambre de Shane ROLOT, salarié agri cole et de Carine VIEILLE, aide-soignante. 03/11/2022 – Kimmy de Guy KRAMO, ouvrier et de Anaïs FONTAINE, gérante de centre équestre. 04/11/2022 – Izïa de Pierre-Edouard FOSSE, analyste et de Soizic AUDOUIN, responsable de produc tion. 05/11/2022 – Lyronn de Joris LANCE, isoleur calo rifugeur et de Maëva BAGINSKI, esthéticienne. 03/11/2022 – Anatole de Mathieur LECOULTRE, horloger et de Marine JACQUET, rédactrice scien tifique. 05/11/2022 – Adelyo de Joffrey BERTONCINI, chauffeur livreur et de Mélanie LEJARS, opticienne. 08/11/2022 – Léandre de Quentin LAGRANGE, ouvrier travaux publics et de Audrey BRETILLOT, agent des services hospitaliers qualifiés. 08/11/2022 – Liam de Adrian HERBAUT, vendeur sportif et de Marine GAMBERT, vendeuse. 05/11/2022 – Margot de Damien ROGNON, tech nicien de maintenance et de Leïla LAMBERT, agent de service hospitalier. 09/11/2022 – Marley de Frank KRÜTTLI, chef de projet et de Killiane LUPI, assistante administra tive. 09/11/2022 – Mélodie de Joé GUTLEBEN, technicien du son et de Mathilde FAIVRE, technicienne vidéo. 10/11/2022 – Mathis de Loïc DARBON, gérant d’entreprise et de Aline MARCEAU, vendeuse en jardinerie. 09/11/2022 – Iron et Maylone de David CUINET, machiniste et de Camille ROLLIN, coiffeuse. 13/11/2022 – Celyan de Damien MARMIER, salarié agricole et de Marine LOYE, secrétaire compta ble. 13/11/2022 – Lyvio de Anthony ROY, agent de sécurité et de Laetitia HIRCHY, horlogère. 13/11/2022 – Mila de Fabien CHABOD, opérateur technique et de Charlène GUYON, infirmière
10/11/2022 – Haroun de Ali EL HARTI, ouvrier et de Nisrine BENASKAR, sans profession. 12/11/2022 – Izia de Maxime PIERRE, chef d’équipe en gestion des déchets et de Lorène PIQUEREZ, doctorante en sociologie. 12/11/2022 – Colin de Tony BAVEREL, salarié agri cole et de Emilie HENRIET, horlogère. 11/11/2022 – Violette de David BRULPORT, édu cateur sportif et charpentier et Léa SAURET, pro fesseur des écoles. 14/11/2022 – Eva de Alexandre BITARD, agriculteur et de Charlotte VUITTENEZ, technicienne qualité. 14/11/2022 – Lou de Antonin DEHOSSE, chauffeur routier et de Morgane MILLET, assistante ressources humaines. 14/11/2022 – Léon de Jean PELLETIER, conducteur de travaux et de Laura BARRAND, géomètre. 14/11/2022 – Julian de Alexis CAMUS, boulanger pâtissier et de Floriane MITAINE, vendeuse en bou langerie. 15/11/2022 – Hayden de Eloïze PERRIN, accueil périscolaire. 15/11/2022 – Laïs de Thaï ENG, téléconseiller et de Laëtitia AMGHAR sans profession. 17/11/2022 – Gabin de Yannick POURCHET, agriculteur et Stéphanie DELACROIX, secrétaire médicale. 17/11/2022 – Manon de Yann LANQUETIN, ouvrier de production et de Marianne VARRIN, secrétaire administrative. 14/11/2022 – Arthur de Alexandre GOUT, chauffeur magasinier et de Claire MIGNON, commerciale. 17/11/2022 – Léa de Pierre LAMARRE, technicien réseau et de Anaïs MIRGUET, opératrice en hor logerie. 15/11/2022 – Zayn de Yunus KAYA, technicien usi nage et de Clélia LOPEZ, sans profession. 18/11/2022 – Lëlio de Jeoffrey CABOT, conducteur d’engins en carrière et de Charlotte HAUBRY, aide soignante. 20/11/2022 – Mike de Ruben PINTO SIMOES, ouvrier en terrassement et de Stephanie CAMACHO NOBREGA, femme de ménage. 20/11/2022 – Youssef de HakimBENYAICH YAAICH, maçon et de Hayat ADARGHAL BENHARI, sans profession.
p Des bons l
g ans et des rands momen p g ts à arta er
10 Pontarlier
La Presse Pontissalienne n°275 - Décembre 2022
POLITIQUE
Le président des maires du Doubs “Tous les tarifs municipaux augmenteront d’au moins 10 %”
De retour du Congrès des maires de France à Paris, le prési dent de l’association des maires du Doubs (A.M.D.) et maire de Pontarlier Patrick Genre estime que le compte n’y est pas dans les annonces gouvernementales et ne cache pas son inquiétude pour les finances des collectivités locales en 2023.
L a Presse Pontissalienne : Que retenez vous de ce récent Congrès des maires de France auquel vous avez participé ? Patrick Genre : J’en retiens beaucoup de questions, quelques réponses seulement, et encore beaucoup de flou. Les maires n’ont été aucunement rassurés sur la question des finances locales. Préparer notre budget 2023 dans ce contexte relève d’une véritable prouesse. On sait que des ressources vont disparaître comme la C.V.A.E. (une contribution des entreprises), alors dans ce contexte de hausse généralisée des prix, la pré paration d’un budget est un vrai casse tête. Des arbitrages devront être faits dans les toutes prochaines semaines alors même que nous n’avons pas toutes les réponses à nos interrogations. L.P.P. : Qu’est-ce qui inquiète le plus les maires dans l’élaboration de leur budget 2023 ? P.G. : C’est l’explosion des charges de fonctionnement liée à l’inflation. Nos collectivités traversent une crise géné rale comme on n’en a jamais vu. On s’attend dans nos collectivités dont la plupart ne bénéficieront pas d’un bou clier tarifaire à une inflation globale de 7 à 9 %. Sans parler des chantiers de travaux publics dont le coût pourrait augmenter de 20 à 30 %. L.P.P. :À quel niveau les dépenses énergétiques vont-elles augmenter ? P.G. : Entre 250 et 330 %d’augmentation pour l’électricité, c’est-à-dire un tarif jusqu’à 3 fois et demie plus élevé, et + 150 % pour le gaz… Il faut savoir que la plupart des collectivités ne béné ficieront pas d’un bouclier tarifaire et celles qui pourront en bénéficier ne sont pas celles qui consomment le plus. Ajouté à cela l’impact de la revalorisa tion du point d’indice des agents ter ritoriaux qui arrivera en année pleine, et on arrivera à des charges de fonc tionnement inédites. L.P.P. : Comment les communes vont alors réussir à équilibrer leur budget ? P.G. : Le premier risque pour elle est de voir fondre leur épargne brute pour faire face à ces dépenses de fonction nement qui explosent. Résultat : les collectivités devront recourir à l’emprunt mais comme avec la hausse des taux les banques ne prêtent quasiment plus à taux fixe, on va avoir beaucoup de mal à emprunter. L’autre levier possible, c’est la hausse des impôts locaux, ce que beaucoup de maires sont réticents à faire dans le contexte actuel. Et enfin, la réduction de nos investissements. J’ai peur que les investissements des collectivités baissent de 20 à 30 % l’an prochain. Il y a un autre levier, c’est la
hausse des tarifs pour les usagers.
L.P.P. : À Pontarlier, ce sera le cas ? P.G. : Il sera impossible d’y échapper. Tous les tarifs municipaux et inter communaux (entrées à la piscine,média thèque, eau…) augmenteront sans doute d’au moins 10 %. À l’échelle de la C.C.G.P., le coût de l’assainissement subira une hausse de 26 %. Rien que le budget électricité du secteur eau et assainissement augmentera de plus d’1 million d’euros. Nous n’avons pas d’autre choix que d’augmenter les tarifs. L.P.P. : Que réclamiez-vous en tant qu’élus locaux ? P.G. : Que la Dotation globale de fonc tionnement (D.G.F.) versée par l’État aux collectivités soit indexée à l’inflation, comme c’était le cas il y a encore une quinzaine d’années. Le gouvernement l’a refusé. Je rappelle juste que la D.G.F. n’est pas une subvention, mais c’est un dû qui compense le coût lié auxmissions que l’État confie aux collectivités. L.P.P. : Le gouvernement a pourtant annoncé une augmentation de 300 millions d’euros de cette D.G.F. lors de ce Congrès ! P.G. : Si on fait le ratio avec l’augmen tation de nos charges dues à l’inflation et aux coûts de l’énergie, il aurait fallu l’augmenter de 850 millions.Avec cette augmentation de 300 millions, nous perdons plus d’argent que les années précédentes sans augmentation de la D.G.F. P.G. : Forcément. Ma crainte est aussi de voir, en plus de la contraction de nos recettes, une partie de la population qui ne sera plus en capacité d’assumer la vie du quotidien. Les besoins sociaux de nos collectivités risquent d’exploser. L.P.P. : Vous êtes donc inquiets pour l’an pro chain ?
Patrick Genre a assisté au Congrès des maires de France à Paris en tant qu’élu local et président des maires du Doubs.
EN BREF
vités. Et en parallèle, malgré les pro messes, on continue à crouler sous les normes, c’est encore pire qu’avant. Il faut donc redonner du poids aux collectivités locales, et sans doute aussi plus de marges de manœuvre aux préfets de départe ments. Il faut impé rativement rappro cher le centre de décision du niveau local. L.P.P. : Autre sujet abordé lors de ce récent Congrès : la violence envers les élus. Vous confirmez ce phénomène ? P.G. : Bien sûr. Les agressions verbales, parfois physiques, les menaces…Tout cela est une réalité, y compris dans le Doubs, qu’on ne connaissait pas il y a vingt ans. Ce phénomène a été exacerbé par la crise sanitaire. Les gens ont été tellement contraints pendant deux ans qu’à la moindre contrainte nouvelle, ou obligation, il y a une montée systé matique de la violence verbale. Tout cela est amplifié par les réseaux sociaux. Dans les communes, il n’y a jamais eu autant de démissions de nouveaux maires ou conseillers élus en 2020. Heureusement, il reste une majorité d’élus déterminés et motivés pour faire face à la situation. L.P.P. : Pour vous, élu depuis 1995, c’est bien le denier mandat ? P.G. : Je le confirme. n Propos recueillis par J.-F.H. “Nos investissements pourraient baisser de 20 à 30 %.”
maintenant attendre de voir comment cette intention va se traduire dans les faits. Les relations avec l’État sont tou jours un peu compliquées, il reste du chemin à faire. Sur ce point, je fais clai rement la différence avec les relations entretenues sur le terrain entre le préfet du Doubs et les collectivités, qui elles, sont vraiment excellentes. L.P.P. : Lesmaires ont quandmême été entendus sur la fameuse loi Z.A.N. (Zéro artificialisation des sols) que tout le monde estime inapplica ble ? P.G. : Oui, ce point fait partie des annonces positives. Le ministre Chris tophe Béchu a bien compris que les cir culaires sur cette loi étaient inappli cables. L’engagement pris est de mieux tenir compte des spécificités des terri toires. Les 578 communes du Doubs sont autant de situations spécifiques en la matière. L.P.P. : Lesmaires semblent également unanimes pour réclamer une nouvelle phase de décen tralisation. Qu’attendez-vous sur ce point ? P.G. : On assiste en effet depuis quelques années à un mouvement de recentra lisation et de nationalisation de la fis calité locale et des budgets de nos col lectivités qui dépendent aujourd’hui à plus de 70 % des dotations de l’État. Le lien fiscal entre les habitants et leur commune est quasiment coupé, sauf pour les propriétaires avec la taxe fon cière. Ma crainte est de voir une perte de la notion de valeur des investisse ments locaux aux yeux des habitants. Je souhaiterais donc qu’on constitu tionnalise un certain nombre d’éléments concernant les ressources des collecti
Neige En période hivernale et jusqu'au 30 avril, la Ville de Pontarlier rappelle que l’occupation des parkings situés en zone bleue répond aux règles suivantes afin d’en assurer le déneigement : aucun stationnement autorisé de 22 heures à 7 heures en cas de neige (déneigement). Les usagers sont invités à utiliser, de 22 heures à 7 heures, les parkings les plus proches : Sablière, Portes du soleil, Berthet (parking S.N.C.F.), Centre sportif, 5 septembre, Clemenceau, Salles Saint Pierre… En cas de non respect, les contrevenants s’exposent à une contravention de 35 euros pour stationnement gênant et une mise en fourrière. Conférence Mercredi 14 décembre à 18 heures au musée de Pontarlier, conférence “Entre sources iconographiques et écrites, vers un regard nouveau sur l’évolution architecturale du Château de Joux.” Par Valentin Métral, doctorant en archéologie à l’Université de Franche-Comté. À travers le dépouillement systématique des sources iconographiques, Valentin Métral présente l’actualité de la recherche sur l’évolution architecturale du Château de Joux. Renseignements et réservation au 03 81 38 82 16. Accès gratuit.
On le voit déjà avec les associations caritatives. L.P.P. : Emmanuel Macron a invité des maires à l’Élysée pour tenter de renouer le dia logue avec eux. Vous y étiez ? P.G. : Oui, j’y étais. Le dis cours est toujours sédui sant mais il reste un vrai décalage avec les annonces sur le fond. Le président de la Répu blique a semble-t-il écouté, et entendu la nécessité de relancer un vrai processus de décen tralisation. Il a promis une grande concertation courant 2023. Il faut
“Une crise générale comme on n’en a jamais vu.”
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