La Presse Pontissalienne 271 - Août 2022

8 Grand Besançon

ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2022

BESANÇON

Installation prévue en octobre Statue de Victor Hugo par Rodin : un don aussi rare que précieux

Grâce à Léonard

Gianadda, généreux mécène, trois exemplaires de cette sculpture monumentale Rodin - 2,10 mètres pour 250 kg - voient le jour dont l’un est réservé à Besanço (photo D.R.). de Victor Hugo par

C’est un don exceptionnel que reçoit la Ville de Besançon. La fondation Suisse Pierre Gianadda offre à la capitale comtoise un exemplaire d’une sculpture de Victor Hugo par Rodin. Une œuvre rare et inédite chargée d’une symbolique forte autour du vieillissement.

immédiatement sur le futur quartier Saint-Jacques. “Un endroit qui a du sens et à la hau teur du personnage, explique AnneVignot. Un quartier huma niste, où l’on prend soin des autres avec l’hôpital, la maison des familles (qui se situe dés ormais à côté du C.H.U. ndlr) . Ce sera un carrefour humaniste et littéraire autour de la grande bibliothèque” , s’enthousiasme t-elle. Pour l’heure, le quartier n’en étant qu’à ses balbutiements, la statue, actuellement en train d’être fondée, prendra place au musée des Beaux-Arts

très rétif à poser comme modèle. “Victor Hugo a été échaudé par un autre sculpteur qui lui a imposé 39 séances de pose très longues pour un résultat raté” , restitue Nicolas Surlapierre. Rodin doit donc observer l’écri vain à la dérobée, lorsque celui ci travaille ou reçoit du monde. Commencées en janvier 1883, les séances prennent fin dès avril par un Victor Hugo lassé. “Rodin finit la terre cuite de mémoire et d’après ses dessins” , poursuit le conservateur. De cette technique inédite et peu académique, l’artiste fait naître unVictor Hugo combatif, en mouvement, âgé mais puis sant. “Rodinmontre la puissance d’un tribun, c’est pour ça qu’il est debout légèrement en avant pour pouvoir haranguer les foules et les faire se mouvoir. C’est aussi unVictor Hugo plutôt marqué. On voit qu’il a pris des coups mais qu’il continue de lut ter.” Rodin a choisi de montrer l’un de ses combats : l’exil et l’Amnistie en prenant la posture d’Hugo sur le bout d’un rocher

I l aura fallu attendre près de 140 ans pour que l'œuvre inachevée de Rodin “Victor Hugo debout grand modèle” reprenne vie des mains, cette fois-ci, d’un mécène Léonard Gianadda, de la fondation Pierre Gianadda de Martigny en Suisse. Généreux jusqu’au bout, il a tenu à offrir à la Ville de Besançon un exemplaire en bronze de cette monumentale statue coulée dans un moule inédit. “C’est fabuleux, c’est une donation très importante”, réagit Nicolas Surlapierre, conserva teur des musées de Besançon. La sculpture est exceptionnelle tant par sa taille que par son histoire. Lors d’un inventaire, le musée Rodin déniche un

moule inédit en 2019. Léonard Gianadda, membre de la com mission des acquisitions du musée saisit l’occasion. Désolé que la ville natale de l’écrivain ne puisse ériger unVictor Hugo vu par Rodin, Léonard Gianadda n’hésite pas. Sa fondation fera couler trois exemplaires dont l’un prendra place à Besançon. Le premier ira à sa fondation et le troisième est destiné au musée Rodin. “L’honneur est immense, souligne la maire de Besançon, Anne Vignot. Le symbole est très fort et permet de réaffirmer les valeurs humanistes de la ville.” Une seule condition à ce don : trouver un endroit prestigieux. Le choix de la maire se fixe

La statue montre un Victor Hugo nu et âgé, pour autant combatif et puissant.

lorsqu’elle arri vera en octobre. L’occasion pour le public de découvrir son histoire. Ses 2,10 mètres et 250 kg n’ont en effet pas été faciles à créer pour Rodin. La faute à unVictor Hugo

trop invisibilisée et perçue comme taboue par la société. Ce Victor Hugo puissant et monumental jette la lumière sur cette problématique socié tale. Près d’un siècle et demi après sa mort, l’écrivain continue ses combats pour une société plus humaniste. n L.P.

à Guernesey. Ce “Victor Hugo grand Modèle” est représenté nu car inachevé. “Un Victor Hugo nu va sans doute interpeller, anticipe Anne Vignot. Mais cela permet de réin terroger l’esthétique d’un homme âgé et l’acceptabilité de l’âge.” Derrière cette œuvre de l’écri vain, nu et âgé, se dessine la question de la vieillesse, encore

BESANÇON

FORMALITÉS

Une box pour les seniors

C’est bon pour les commerces

On vient de loin pour faire son passeport à Saône

Les élèves de Pasteur veulent résoudre la fracture numérique

C omme Besançon n’a pas souhaité donner suite à l’appel du préfet, Saône a sauté sur l’occasion. Si bien que dans la grande région Bourgogne-Franche-Comté, seules Dijon et Saône accueillent, depuis la mi-juin, un centre d’accueil temporaire doté de dix postes pour la délivrance des titres d’identité, passeports et cartes nationales d’identité. “Nous avions déjà une certaine expé rience avec notre maison France Services et de la place dans nos locaux pour installer ces postes supplémentaires. Saône est aussi la deuxième commune la plus importante de la périphérie bisontine. Je considère qu’une mairie doit aussi être au service de l’État, nous avons donc dit oui pour la création de ce C.T.A.” note le maire Benoît Vuillemin. Opérationnel depuis mi-juin, ce C.T.A. devrait fonctionner “au moins jusqu’à mi-septembre” ajoute le maire. Les services de l’État ont fourni à la commune le matériel (scanners, informatique…), à charge pour cette dernière d’assurer l’accueil des administrés et de recruter les agents temporaires, des jeunes, ou des retraités du secteur. Pour la commune, c’est un coup de projecteur et mieux, une aubaine, notamment pour les La commune de Saône est la seule du département à avoir répondu à l’appel de l’État pour l’ouverture d’un centre temporaire d’accueil (C.T.A.) capable de gérer jusqu’à 200 rendez-vous par jour.

avec leur famille ou leurs amis grâce à une caméra intégrée à la box. Les élèves de Pasteur ont poussé le concept jusqu’à la réalisation d’une étude marke ting. “Et Samsung va sans doute confier à ses équipes de recherche l’idée afin, pourquoi pas, de la développer.” Le challenge Solve for tomorrow repose sur les principes de la pédagogie active, “c’est-à-dire la mise en situation entrepre neuriale et le rapprochement des jeunes avec le monde économique et professionnel, c’est fondamen tal selonmoi” note l’enseignante bisontine. Grâce à ce prix, le lycée Pasteur s’est vu attribuer une dotation en matériel mul timédia à hauteur de 15 000 euros par Samsung. n J.-F.H.

Suite à un projet de mini-entreprise, les élèves de l’enseignante Lætitia Ducros ont obtenu le prix “coup de cœur” d’un concours d’innovation grâce à leur MultiBox destinée aux seniors.

L eur projet a été retenu parmi 80 propositions émanant de toute la France. Les élèves de S.T.M.G. (gestion et manage ment) auxquels se sont greffés des étudiants en N.S.I. (sciences informatiques) ont vu leur inno vation se hisser à la deuxième place du challenge baptisé “Solve for tomorrow” organisé par Sam sung, le géant mondial de l’élec tronique. “Dans ce challenge organisé en partenariat avec l’association “Entreprendre pour apprendre”, Samsung avait fait

de la fracture numérique le thème central de ce concours. Mes élèves ont choisi la théma tique des seniors et ont réfléchi à un concept novateur. Ils ont créé un prototype de MultiBox qui sert aux personnes âgées à leur faciliter l’accès à Internet en utilisant leur téléviseur comme média” détaille Lætitia Ducros, leur professeure de management à Pasteur. Grâce à différentes applications, la box permet un accès personnalisé aux centres d’intérêt des seniors et leur facilite la communication

Le préfet Jean-François Colombet est venu vérifier la bonne marche du C.T.A. de Saône.

commerçants. Car on vient de loin pour faire ses papiers à Saône : de Mulhouse, de Paris et même de Lille pour cette famille passée par ici fin juin. Loin des longues attentes enregis trées ces derniers mois pour décrocher un ren dez-vous, ici, c’est quasiment la veille pour le lendemain. Début juillet, le C.T.A. de Saône tournait à environ 80 rendez-vous par jour. Financièrement, l’opération sera blanche pour la commune qui se verra rembourser à hauteur de 50 000 euros. Les commerçants, eux, se réjouissent : le photographe du village, le bou langer voisin et même les magasins de vête ments ont enregistré de nouveaux clients de passage. n J.-F.H.

Les jeunes du lycée Pasteur sont allés chercher leur trophée à Paris (photo D.R.).

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