La Presse Pontissalienne 271 - Août 2022
Le dossier 11
ÉDITION SPÉCIALE ÉTÉ - Août 2022
l Ornans Il préside la Fédération de l’hôtellerie de plein air “En termes d’attractivité, notre région est sur une voie ascendante” Gérant du camping de la Roche d’Ully à Ornans, Étienne Pascal est aussi le président Bourgogne-Franche-Comté de la Fédération de l’hôtellerie de plein air. Interview.
renouvellement du personnel, malgré quelques fidèles qui reviennent d’année en année. Pour le volet animation, nous recrutons à l’international, c’est donc assez compliqué également. L.P.P./B. : Combien de campings et de structures d’hébergement de plein air co-existent dans notre région ? É.P. : Au total, la Bourgogne-Franche Comté compte 330 campings. Notre syn dicat en regroupe quasiment la moitié, soit 150 à 160 adhérents. La fédération est là pour défendre les intérêts de nos adhérents, les informer de l’évolution de la législation. La fédération a égale ment un rôle de représentation auprès des institutions régionales, le C.R.T. notamment, et à l’échelle départementale pour le suivi par exemple des commis sions de sécurité. Nous avons également un rôle de lobbying, notamment auprès du ministère du Tourisme. Avant la nomination du nouveau gouvernement, nous avions affaire à Jean-Baptiste Lemoyne, un élu bourguignon, qui a vraiment bien défendu notre secteur. Sur le plan national, je suis président de la commission “tourisme durable” de notre fédération. À ce titre, nous avons un rôle de propositions à formuler.
É.P. : Des choses très concrètes comme la réflexion que nous avons lancée sur le thème de l’éco-construction de loge ments types mobile-homes par exemple. Nous avons lancé une vaste réflexion également, en partenariat avec l’A.D.E.M.E., sur le thème du solaire afin de voir comment à terme on pourrait équiper la plupart de nos infrastructures. Autre réflexion : sur les recharges pour véhicules électriques dans nos infra structures. En France, quatre locatifs ont déjà pris feu parce que les touristes avaient branché leur voiture électrique. Ces sujets nécessitent de trouver des solutions à assez court terme. L.P.P./B. : Notre région n’est pas la plus touristique de France, on le sait. Néanmoins, tire-t-elle son épingle du jeu ? É.P. : La Bourgogne-Franche-Comté, comme tout l’Est de la France en général, est véritablement sur une voie ascen dante en matière touristique. Notre avantage est justement d’être une région très rurale et son relatif isolement est devenu un atout. C’est notre cas dans le Doubs. C’est aussi le cas par exemple dans la Nièvre, un département très rural dont le niveau de fréquentation est en sensible augmentation.
hôtellerie de plein air, a-t-il toujours cette conno tation un peu “ringarde” ? É.P. : Cette image de ringardise, on l’a bien effacée ces dernières années. D’ail leurs, il n’y a qu’en France que cette image persiste encore. Récemment encore, alors que je souhaitais intégrer un jeune en B.T.S. tourisme dans mon établissement, le lycée m’a répondu : “Mais qu’est-ce qu’il va bien pouvoir apprendre dans un camping ?” … Je conseillerais à tous les curieux de venir voir tout ce qui se passe dans un camping et tous les savoir-faire qu’il est nécessaire de mettre en œuvre, de l’accueil à la res tauration, en passant par l’animation et les espaces verts. L’hôtellerie de plein air représente aujourd’hui le chiffre d’af faires le plus important du secteur du tourisme en Bourgogne-Franche-Comté. L.P.P./B. : À tel point que les groupes financiers s’intéressent de plus en plus aux campings ? É.P. : Exactement. Le camping des Fuvettes à Malbuisson appartient dés ormais au groupe Capfun, comme la Pergola au bord du lac de Chalain. Le camping d’Ounans a été racheté par Utopia, et le mouvement ne fait que s’accentuer. Les groupes ont bien compris l’intérêt qu’il pouvait y avoir à investir dans ce type d’hébergements.À tel point qu’à certains endroits, ça devient plus compliqué pour des petits privés qui ont désormais des efforts à faire en termes de communication notamment, ce qu’ils n’avaient pas l’habitude de faire. Ici, nous avons régulièrement des proposi tions de rachat. Dans notre fédération, nous avons décidé de travailler non pas contre les groupes, mais avec, de concert. Car toutes nos structures sont complé mentaires et forment un tout cohérent. En vingt ans, nos métiers ont bien évolué. Avant, je passais 70 % de mon temps à entretenir les espaces verts, aujourd’hui, c’est 70 % de mon temps au bureau ! É.P. : Il y a dix ans, le gros de notre clientèle venait duNord et de la région parisienne. Aujourd’hui, les clients viennent d’abord de Franche-Comté et nos clients les plus proches sont même d’Ornans ! Après la Franche-Comté viennent l’Alsace, puis la région parisienne. Les gens du Nord se sont rabattus sur leur littoral. Nous avons depuis quelques années seulement une nouvelle clientèle : les Bretons et les habitants de la côte atlantique qui traversent la France en largeur, et même un peu les gens du Sud qui commencent à monter. Ces phénomènes sont tout à fait nouveaux. n Propos recueillis par J.-F.H. L.P.P./B. : Le profil-type des clientèles évolue t-il aussi ?
L a Presse Bisontine/Pontissalienne : L’hôtellerie de plein air, y compris dans notre région, semble vivre une saison assez exceptionnelle. Comment l’ex pliquez-vous ? Étienne Pascal : Nos structures bénéficient d’un triple effet cumulé. L’effet de 2020 où à la réouverture des campings, les Français viennent sauver notre saison. Nous avons donc eu une clientèle 100 % française, et nombreuse. L’année 2021 où les Français ont continué à passer leurs vacances en France et à fréquenter massivement nos établissements. Et l’année 2022 cumule les deux avantages : nous enregistrons encore beaucoup de Français et en plus, nous retrouvons la clientèle étrangère d’avant. Ce qui explique le printemps record que nous avons vécu. Ici à Ornans, nous avons fait 50 % de plus qu’un printemps nor mal. À l’Ascension et à la Pentecôte, nous avons refusé du monde. Ce qui n’était jamais arrivé jusqu’à mainte
nant.
L.P.P./B. : Et cette tendance se confirme pour cet été ? É.P. : Début juillet, nous avions une pers pective positive mais nous n’étions pas encore complets pour juillet-août. Para doxalement pour cet été, les clients ont eu tendance à réserver de plus en plus tard. Avec le Covid qui reprenait, les gens voulaient être sûrs de pouvoir partir. Désormais, il faut faire avec le “on ne sait plus prédire.” L.P.P./B. : Le recrutement du personnel a-t-il été le principal sujet de préoccupation pour cet été ? É.P. : À l’échelle nationale, il y avait 250 000 postes à pourvoir rien que dans la restauration. Personnellement, nous étions en sous-effectif ce printemps. Nous avons besoin d’une vingtaine de personnes en juillet-août et comme ail leurs, nous subissons un assez large
L.P.P./B. : Le camping, qu’on appelle désormais
L.P.P./B. : Lesquelles par exemple ?
Étienne Pascal
préside la fédération régionale de l’hôtellerie de Bourgogne Franche Comté depuis la fusion des deux régions en 2016.
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