La Presse Pontissalienne 264 - Janvier 2022
Le portrait 39
La Presse Pontissalienne n°264 - Janvier 2022
PONTARLIER
Handisport
Philippe Zonca, la rage de vaincre Ayant perdu l’usage de ses jambes depuis une dizaine d’années, ce sportif de 56 ans doublé d’un préparateur physique a surmonté non sans mal son terrible handicap pour s’investir à 200 % dans le sport adapté.
P lus que son récent double titre de champion de France vétéran de handbike acquis en octobre dernier dans l’épreuve en ligne et le contre-la- montre, ce compétiteur acharné n’oublie pas de rendre d’abord hom- mage à celles et ceux qui lui ont permis d’en arriver là. “Quand on est au fond du trou comme cela a été mon cas quand j’ai appris que je ne marcherais plus, c’est primor- dial de rencontrer des personnes, des soignants en l’occurrence, à qui l’on peut tout dire et qui sont aussi légitimes. Sans eux, je n’aurais sans doute pas retrouvé cette ligne de vie.” Originaire de Dole où il a débuté l’athlétisme, Philippe Zonca est arrivé à 17 ans dans le Haut-Doubs et plus précisément à Bouverans où sont venus s’installer ses parents. Première rencontre mar-
gage assez vite dans la formation et décrochera son BE2 d’athlé- tisme en 1992. Entraîneur béné- vole à l’A.C.P., il exerce profes- sionnellement comme surveillant dans des lycées du Haut-Doubs. “En revenant de l’armée, j’ai décidé de devenir moniteur d’auto-école” , poursuit celui qui trouve une place à Champagnole où il choisit alors de s’occuper des athlètes de Cham- pagnole-Morez Athlétisme. Retour à Pontarlier en 1998 où il est toujours moniteur d’auto-école et devient préparateur physique au service de plusieurs clubs comme le C.A.P. hand. “J’ai com- mencé à ressentir les premiers signes de paralysie des muscles des jambes à partir de 1995. Les muscles qui permettent de tenir debout se contractent mais ne se relâchent pas.” Cette maladie évo- lutive finit par le clouer sur un fauteuil roulant dix ans plus tard. Coup de blues. Après une grosse dépression, il effectue un séjour au centre de réadaptation fonctionnelle de Salins-les-Bains où il restera plu- sieurs mois. L’espoir renaît. “On m’a suggéré un jour d’aller me détendre à la salle de musculation adaptée à nos pathologies.” Heu- reuse proposition car le déprimé qui a beaucoup d’énergie à dépen- ser se prend au jeu. Il trouvera son salut dans la fonte. “C’est aussi là que j’ai découvert le han- disport.” De nouveau opérationnel, physi- quement dumoins, Philippe Zonca se met au Handbike en 2014. “Il a une grande force morale. C’est un gars exigeant, très volontaire et hyper-motivé. Il aurait sans
Perfectionniste, et d’une détermination à toute épreuve, Philippe Zonca n’a négligé aucun détail pour s’illustrer sur des
compétitions de handbike.
dernier à Bourg-en-Bresse, il rem- porte deux titres dans sa catégorie : le contre-la-montre et la course en ligne. “J’avais repéré le circuit à l’avance pour organiser mon scé- nario de course. L’épreuve de course en ligne fait entre 50 et 60 km et le contre-la-montre entre 10 et 20 km.” Épanoui physiquement, il a aussi fini par se désinhiber du regard des autres sur son handicap suite à son passage professionnel à Pôle Emploi. “J’accueillais du public et je n’avais pas le choix que de faire abstraction de mes problèmes. Cela m’a fait le plus grand bien.” Toujours porté vers de nouveaux challenges, le double champion de France n’oublie pas qu’il a été entraîneur et répond toujours pré- sent à ceux ou celles qui auraient besoin de ses conseils. n F.C.
toirs, c’est très très compliqué de se déplacer en fauteuil. J’ai eu toutes les peines du monde pour qu’on m’accorde des créneaux d’entraî- nement spécifiques sur la piste d’athlétisme. La mairie voulait absolument que je m’entraîne en même temps que les valides bien que la cohabitation soit pratique- ment impossible voire dangereuse sur une piste où l’on peut rouler jusqu’à 40 km/h.” Philippe Zonca a été entendu et ses remarques prises en compte. Après avoir investi dans ce qui se fait de mieux en termes d’équipe- ment, il a fait du handbike son pro- jet de vie. L’ancienne voie du train est devenue sa piste d’entraînement préférée. Son acharnement sportif a fini par payer.Aux championnats de France de handbike disputés en octobre Tout change
doute pu aller aux J.O. avec 30 ans de moins” , note Léon Sur, très investi dans le développement du sport adapté. Ne négligeant aucun détail, Philippe Zonca va s’investir à fond dans ce nouveau loisir. “Le sport m’a sauvé” , avoue ce dernier qui rebondit aussi professionnel- lement en préparant pendant deux ans et demi un Bac pro secrétariat dans un centre de formation spé- cifique à Mulhouse. Diplôme en poche, il trouve du tra- vail dans une compagnie de taxis du Haut-Doubs, et à Pôle Emploi. Installé à Pontarlier, il se montre assez critique vis-à-vis de la poli- tique d’accessibilité déployée par la municipalité. “On a l’impression d’exister uniquement au moment des promesses de campagne. Avec les chantiers incessants, le mauvais état général de la voirie et des trot-
Bio express l Philippe Zonca est originaire de Dole l Il a 56 ans, il est célibataire l Profession : secrétaire administratif l Passionné de sport et de préparation physique l Champion de France 2021 de handbike en catégorie vétéran
quante en 1982 avec Robert Tem- pesta, entraîneur à l’Athlétique Club de Pontarlier. “Comme on n’avait pas encore de moyens de se déplacer, il s’est proposé pour venir nous entraîner. C’est lui qui a tout déclenché” , explique l’ancien coureur de fond qui prend alors sa licence au club de Pontarlier en pri- vilégiant les courses sur route. Attiré par l’enca- drement, il s’en-
“Le sport m’a sauvé” affirme-t-il.
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