La Presse Pontissalienne 264 - Janvier 2022
16 Pontarlier
La Presse Pontissalienne n°264 - Janvier 2022
POLITIQUE
Urbanisme au centre-ville “La Municipalité manque cruellement d’ambition dans l’aménagement du cœur de ville”
Élue de la minorité pontissalienne, Charlotte Henry n’a pas manqué de réagir aux propositions d’aménagement de l’Îlot Lallemand et de la Maison Chevalier présentées au dernier conseil municipal. Entretien.
L.P.P. : Vous regrettez que la politique d’urba- nisation ne soit globalement pas assez engagée sur la transition énergétique ? C.H. : Oui, et on l’a bien vu sur l’Îlot Saint-Pierre où le seul lot axé sur le développement durable repose juste sur la volonté du promoteur. Il reste encore d’autres programmes immobi- liers d’envergure à réaliser comme au Plan Battelin. On estime que c’est plus à la Ville d’imposer, d’anticiper ces orientations avant qu’elles ne devien- nent obligatoires. L.P.P. : Vous avez d’autres propositions à formuler en matière d’urbanisme ? C.H. : On milite pour la création d’une régie immobilière municipale. La col- lectivité gérerait son propre parc de logements. Cela permettrait d’avoir une dynamique de rénovation énergé- tique collective. On peut citer l’exemple de ce qui se fait avec les écoles. Le pro- gramme de rénovation n’est pas assez efficace, il relève d’une méthode au coup par coup. Des études thermiques ont été réalisées mais elles ne sont plus valables car il n’y a pas eu de tra- vaux en face. On dénonce ce manque de réactivité. Le Schéma directeur d’aménagement ne doit pas se réduire à quelques lignes mais bien prendre en compte l’ensemble des besoins des citoyens. Se pose aussi la question de la mobilité. Le transport à la demande n’est pas assez efficace contrairement à un réseau cadencé qui pourrait être financé grâce au versement mobilité perçu sur les entreprises de plus de 10 salariés. Ce que refuse la majorité. L.P.P. : Êtes-vous satisfaite du fonctionnement du conseil municipal ? Certains pointent parfois du doigt la lenteur des procédures, partagez- vous ce constat ? C.H. : Je trouve que les commissions devraient travailler davantage ensem- ble, qu’il y ait plus d’interactions. Le manque de passerelles entre les com- missions est frustrant. Je ne pense pas qu’il y ait de la lenteur car la vie démo- cratique demande du temps et dans ces circonstances, autant avoir une vision plus globale des dossiers et s’en- gager sur des projets plus ambitieux. n Propos recueillis par F.C.
Zoom Médiathèque et parking souterrain au programme de l’Îlot Lallemand
L a Presse Pontissalienne : Vous ne sem- blez pas convaincue par le schéma directeur d’aménagement du cœur de ville… Charlotte Henry : Ce schéma ne devrait pas se résumer aux seuls projets de l’Îlot Lallemand et de la Maison Che- valier. On espère qu’ils seront en phase avec la Réglementation Environne- mentale 2020 qui va remplacer la R.T. 2012 à partir de cette année. Il serait d’ailleurs pertinent selon nous que le lotissement Montaigne soit aussi conforme avec cette nouvelle régle- mentation. Pour l’instant, ce projet respecte seulement la R.T. 2012. La majorité traîne des pieds. Elle est fri- leuse, trop passive. On sait que les prix sont encadrés sur ce lotissement. L’ap- plication de cette norme R.E. 2020 compléterait la dimension sociale du programme en limitant la facture éner- gétique. L.P.P. : Ce schéma directeur est trop limité ? C.H. : La Ville manque cruellement d’ambition dans l’aménagement du cœur de ville. Il reste encore beaucoup de logements ou de résidences secon- daires qui mériteraient d’être réno- vés. L.P.P. : C’est bien l’objectif de l’Opération pro- grammée d’amélioration de l’habitat (O.P.A.H.) ? C.H. : Oui, mais ce dispositif s’adresse seulement aux propriétaires qui veulent rénover. C’est insuffisant. Il faudrait déployer d’autres outils pour aller en direction d’une rénovation plus large. L.P.P. : Pour la Maison Chevalier, la Municipalité annonce qu’elle conservera le parc Jeannine Dessay et va lancer un appel à projets sur un programme mixte de logements et de services. Cela vous convient ? C.H. : Cette propriété a été acquise la Ville il y a une bonne quinzaine d’an- nées et la seule actualité réside dans la réalisation de logements dans les
étages… On a fait plusieurs proposi- tions avec l’installation d’une maison des associations, d’une maison citoyenne de la transition énergétique avec beaucoup de services comme un atelier de réparation vélo… L.P.P. : Didier Chauvin l’adjoint à l'urbanisme a confirmé l’aménagement d’une médiathèque à l’Îlot Lallemand avec la création d’un parc végétalisé, d’un garage souterrain sur deux niveaux, et des logements dans les étages. Qu’en pensez-vous ? C.H. : En juin dernier, on nous avait conviés à participer à une réunion sur les grands projets structurants au niveau des axes de communication ou de l’urbanisme. On avait alors suggéré une médiathèque et un parking sou- terrain pour l’Îlot Lallemand. On note que nos idées ont été retenues et vali- dées. On ne s’inscrit pas que dans l’op- position systématique. L.P.P. : Suite à la présentation des deux projets, vous aviez également émis des craintes sur le rôle de la Ville dans la maîtrise de ces dossiers. Patrick Genre avait confirmé oralement que la collectivité garderait la main dans la définition du cahier des charges. Il comptait même mettre en place un groupe de travail associant des élus de la majorité et de la mino- rité. C’est plutôt rassurant ?
L’Îlot Lallemand se situe entre la rue Parguez et la rue des Remparts. Vu ici depuis le parking de la sous-préfecture.
A u dernier conseil municipal, Didier Chauvin l’adjoint à l’ur- banisme a fait le point sur les projets Maison Chevalier et Îlot Lalle- mand. Pas de grande nouveauté pour le premier avec la volonté de garder le jardin Jeannine Dessay et l’annonce d’un appel à projets sur un programme mixte associant des logements et des services. C’est plus précis au niveau de l’Îlot Lallemand qui abritera la médiathèque, les archives, des logements, un parking souterrain et un espace végétalisé en lieu et place de l’actuel parking situé derrière la bibliothèque. Et Patrick
Genre d’ajouter : “Il faut mettre en perspective ces deux projets pour redessiner Pontarlier dans les 10 à 15 ans à venir. Cela sous-entend de pren- dre en compte le P.L.U.I.H. (plan local d’urbanisme intercommunal et habitat), l’O.P.A.H., la trame verte et bleue, le schéma des mobilités.” Suite à l’intervention de Charlotte Henry, le maire confirme que la col- lectivité gardera la main sur la définition du cahier des charges mais qu’elle aura aussi besoin de trouver des par- tenaires. Il annonce la création d’un groupe de travail chargé d’établir le cahier des charges. n
C.H. : Nous avions préparé une réaction en fonction des éléments qui nous avaient été transmis avant la séance du conseil. En se tenant seu- lement à la délibération écrite, il y avait seulement une ligne sur le schéma directeur.Maintenant, on attend de voir où la majo- rité veut aller en espérant que cela ne se limite pas uniquement à des effets d’annonce.
“La majorité traîne des pieds.”
“Le schéma directeur d’aménagement doit prend en compte l’ensemble des besoins des citoyens”, explique Charlotte Henry, conseillère municipale qui représente la minorité.
La Maison Chevalier avait été rachetée par la Ville il y a déjà plus de 15 ans (photo archive L.P.P.).
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