La Presse Pontissalienne 263 - Décembre 2021
4 L’interview du mois
La Presse Pontissalienne n°263 - Décembre 2021
SÉCURITÉ
Baptême de la caserne de Pontarlier
“Plus que la proximité de la frontière, c’est l’opulence du Haut-Doubs qui attire les dealers”
La gendarmerie nationale célèbre avec un an de retard le tricentenaire des brigades de gendarmerie. Cet événement donne lieu à un hommage public le 7 décembre à Pontarlier où l’on baptisera aussi la caserne au nom de Paul Grosjean, ancien capitaine de gendarmerie qui fut résistant, prisonnier et déporté. Le passé pour mieux se projeter vers l’avenir, ce qui n’est pas pour déplaire au chef d’escadron de la compagnie, Thierry Combe-Chevaleyre toujours soucieux d’aller vers plus de proximité avec la population. Entretien.
“Les faits de délinquance générale diminuent de façon exponentielle depuis un an. Les cambriolages 50 %”, souligne le commandant Thierry Combe- Chevaleyre à la tête de la compagnie de gendarmerie de Pontarlier. ont aussi baissé de
L a Presse Pontissalienne : Est-ce courant de nommer ainsi les casernes de gen- darmerie ? Thierry Combe-Chevaleyre : Oui, c’est très fréquent. Ce n’est pas systématique- ment un gendarme mais toujours une personnalité qui s’est distinguée par son courage, son engagement au service du pays, des autres. Une plaque Paul Grosjean sera dévoilée lors de la céré- monie. Une autre rappellera le tricen- tenaire des brigades de gendarmerie. L.P.P. : Ces hommages vous semblent encore importants ? T.C-C : Oui ce baptême permet par exem- ple de se situer dans le temps. Cela montre qu’on s’inscrit dans une histoire. C’est important de se souvenir d’où l’on vient. On ne peut qu’être fier que la caserne de Pontarlier porte le nom de cet illustre ancien. L.P.P. : Vous êtes attaché à ces valeurs ? T.C-C : Avant de m’engager dans la gen- N é le 22 septembre 1897 à Lan- dresse, il est soldat lors de la Pre- mière Guerre Mondiale. À l’issue du conflit, il sert dans la gendarmerie nationale et en 1943, il commande la section de Pontarlier au grade de Lieu- tenant. Pendant l’occupation, il s’illustre comme un résistant actif, menant des actions de renseignement et de caches d’armes. Il participe notamment au pas- sage de personnes recherchées à la frontière suisse. Il est arrêté le 7 juillet 1943 dans son vil- lage natal par la Gestapo. Classé “Nacht und Nebel” (“Nuit et brouillard”), il est incarcéré dans cinq prisons françaises avant d’être déporté enAllemagne. Durant sa captivité, il fait preuve d’un courage et d’un dévouement hors du commun pour ses camarades de camp, n’hésitant pas à partager sa maigre nourriture avec les plus faibles physiquement.
darmerie, j’ai suivi des études univer- sitaires en histoire-géographie. Cet hommage est un trait d’union entre le passé et le présent. Je pense que le devoir de mémoire a toute sa signifi- cation dans le contexte actuel. D’autant plus quand la mémoire fait référence à des personnes comme le capitaine Paul Grosjean. C’est donc plus qu’un simple événement. L.P.P. : Comment se structure la compagnie de gendarmerie de Pontarlier ? T.C-C : Elle regroupe entre 112 et 120 gendarmes répartis sur quatre com- munautés de brigades qui chapeautent deux ou trois brigades. La communauté de brigade de Pontarlier intègre aussi Frasne et Levier. Celle de Morteau fonctionne avec Le Russey. Celle des Hôpitaux-Neufs avec Mouthe et celle de Valdahon avec Pierrefontaine-les- Varans et Orchamps-Vennes. Le ter- ritoire de la compagnie se superpose à celui de l’arrondissement.
se situe encore dans le Val d’Usiers chez une autre personne qui cultivait aussi des plants de cannabis. L.P.P. : Vous êtes toujours actif par rapport à la crise sanitaire ? T.C-C : Oui, on effectue notamment beau- coup de contrôles de pass sanitaire dans les établissements recevant du public. On est intransigeant vis-à-vis des fautifs même si globalement tout se passe bien. Les gens d’ici respectent encore bien le port du masque et se plient sans grogner au contrôle des pass. L.P.P. : Comment la gendarmerie peut être plus efficace sur le Haut-Doubs ? T.C-C : Avec le déploiement de nouveaux outils comme le compte PanneauPocket ou le réseau participation citoyenne. L.P.P. : De quoi s’agit-il ? T.C-C : Le compte PanneauPocket a été mis en place avec les associations de maires. Ce dispositif qui est déjà en application à Pontarlier permet de transmettre des informations, des
dans la transmission des informations. Cet outil va permettre de tisser un réseau d’alerte sur tout le territoire pour être plus réactif. Les communes adhérentes auront la possibilité d’af- ficher une signalétique “Commune participation Citoyenne”. Cela aura un effet dissuasif. L.P.P. : D’autres outils à développer ? T.C-C : Il existe un plan de vidéoprotec- tion porté à l’initiative du Préfet et du général commandant le groupement de gendarmerie. À chaque projet, on a met à disposition des communes un référent sûreté issu du groupement. Il apporte son expertise et établit un diagnostic global de sécurité. On conti- nue à former les élus dans la gestion des incivilités. Je passe aussi dans tous les com’com pour les informer de tous ces dispositifs. Le contact avec la popu- lation est capital et notre présence sur le terrain doit être visible et rassu- rante. L.P.P. : Quelles sont les tendances de l’année 2021 sur le plan des chiffres ? T.C-C : C’est encourageant. Les faits de délinquance générale diminuent de façon exponentielle. Les cambriolages ont baissé de 50 %. Depuis un an, on a interpellé entre 5 et 8 équipes. Cela donne un taux d’élucidation de 25 %, c’est très important. L.P.P. : Rien d’autre à rajouter ? T.C-C : On peut aussi évoquer, pour être complet, la mise en place en mars der- nier des brigades de gestion des évé- nements. Ce dispositif national vise à maintenir sur roues des patrouilles H 24 sur l’ensemble du département. Ces patrouilles s’occupent uniquement de la gestion des bruits et des obstacles. Cela permet de libérer du temps pour les autres gendarmes. n Propos recueillis par F.C.
L.P.P. : Un territoire acquis à la gendarmerie ? T.C-C : Globalement, on a la chance de côtoyer une population très favorable à notre action. La coopération est facile. L.P.P. : Quels dossiers mobilisent le plus les gendarmes de la compagnie ? T.C-C : On doit être très vigilant sur le plan de la sécurité routière. On inter- vient dans un secteur accidentogène. Les causes sont récurrentes : vitesse, alcool et stupéfiants. La R.N. 57, la R.D. 437 et la R.D. 461 concentrent les flux les plus importants. On y relève trop d’infractions graves. Le dossier des violences intrafamiliales reste mal- heureusement d’actualité. Depuis l’an dernier, une intervenante sociale de la gendarmerie assure des perma- nences deux fois par mois à Morteau et Valdahon. Elle accompagne les vic- times ainsi que les auteurs. Ce dispositif permet d’agir en amont et d’éviter par- fois les passages à l’acte. L.P.P. : La lutte contre les stupéfiants reste une priorité ? T.C-C : On essaie d’être très actif en pri- vilégiant des actions rapides et efficaces. On passe entre trois semaines et un mois au maximum sur chaque dossier. Plus que la proximité de la frontière, c’est l’opulence du Haut-Doubs qui attire les dealers. Entre septembre et octobre, on a réglé trois dossiers stup avec notamment une saisie de 3,6 kg d’héroïne. L’enquête a été menée par la brigade de recherche de Pontarlier en partenariat avec le groupe d’enquête. Le 17 octobre, on avait réuni assez d’éléments pour une interpellation en flagrant délit. Avec la drogue, on a récupéré 17 500 euros et le véhicule qui servait au transport. On est aussi intervenu chez un particulier à Som- bacour où l’on a découvert 210 pieds de cannabis. La troisième opération
Le capitaine Paul Grosjean Qui se cache derrière celui qui donne son nom à la caserne de gendarmerie de Pontarlier ?
alertes sur des séries de cambriolages, des vols à la roulotte, des escroque- ries. Aujourd’hui, le compte regroupe plus de 300 inscrits, des élus pour l’essentiel. L’objectif de PanneauPocket est dou- ble. Il est à la fois pré- ventif et sert à créer du contenu avec la popula- tion. L.P.P. : Et la participation citoyenne ? T.C-C : C’est un réseau de référents utilisé pour lut- ter contre les atteintes aux biens. Il complétera l’action des gendarmes
“La population est très favorable
Paul Grosjean.
à notre action.”
Après 23 mois de captivité, il est libéré et rentre le 26mai 1945 en France. Promu au grade de capitaine en septembre 1945, il est affecté au commandement de la section de gendarmerie de Montbéliard. Il prend sa retraite militaire en 1947, poursuivant une activité professionnelle dans la Société desAutomobiles Peugeot à Sochaux jusqu’en 1962. Il se retire alors à Héricourt (Haute-Saône) où il s’éteindra le 6 février 1973. n
Made with FlippingBook - Online Brochure Maker