La Presse Pontissalienne 263 - Décembre 2021

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La Presse Pontissalienne n°263 - Décembre 2021

SOCIAL

Trois initiatives LE HAUT-DOUBS À L’HEURE DES MOBILITÉS SOLIDAIRES Les solutions de transport public sont

loin de répondre aux besoins sur ce territoire rural comme l’avait révélé en 2016 l’enquête menée dans le cadre du Schéma Départemental d’Accessibilité aux Services à la Population du Doubs. La démarche portée par le Département avait abouti à la création d’une fiche action Haut-Doubs notifiant l’importance de développer les mobilités solidaires. Illustrations.

La Croix Rouge sur le front de la mobilité sociale Le projet Croix Rouge Mobilités dans le

L ongtemps S.D.F., Francky qui bénéficie aujourd’hui d’un hébergement digne de ce nom, souffre de gros problèmes de mobilité impliquant qu’on vienne le chercher à domi- cile pour des déplacements de première nécessité. Sa prise en charge étant très compliquée, c’est là qu’intervient le service de mobilité sociale de la Croix Rouge. “Il aurait de grosses difficultés pour utiliser les transports en commun existants. On a des véhicules adaptés qui permettent à personnes comme Francky d’aller se faire vacciner, de se rendre à un rendez-vous médical, ou à un entretien de médiation” , explique Jean-Pierre, le bénévole de l’unité locale de Pontarlier responsable de la mobilité. Toutes les options sont envisageables allant jusqu’à la mise à disposition de chauffeurs pour conduire le véhicule des personnes qui ont parfois du mal à s’en séparer même si elles ne sont pas en capacité de conduire. “Ces actions s’inscrivent bien dans une politique d’accompagnement sociale pour des Jean-Pierre le responsable des mobilités à l’unité locale de la Croix Rouge transporte des personnes comme Francky qui est trop handicapé aux jambes pour utiliser les transports publics.

populations exclues d’un accès à la mobilité. Il ne s’agit surtout pas de remplacer les taxis ou les ambu- lances” , précise Yves Leclerc, le pré- sident de l’unité locale Croix Rouge de Pontarlier. Ce dernier est aussi à l’origine du déploiement du dispositif Croix Rouge Mobilités à l’échelle du Haut- Doubs. Objectif : développer une offre de solutions alternatives à la voiture individuelle. La démarche s’articule en trois volets avec l’au-

Haut-Doubs porté par l’unité locale Croix Rouge française de Pontarlier figure parmi les 46 lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt : Territoires des nouvelles mobilités durables.

Une politique d’accompa- gnement sociale.

topartage, le covoiturage et le transport solidaire. L’unité locale de Pontarlier gère aussi le dispositif de la Croix Rouge sur roues permettant d’assurer la livraison de l’aide alimentaire en différents points de distribution duHaut-Doubs. “Des familles nous sollicitent pour une livraison à domicile. À nous d’imaginer des solutions pour aller au plus près des besoins” , poursuit Yves Leclerc. Le responsable de l’unité locale de Pontarlier est bien sûr ravi que le projet Croix Rouge Mobilités dans le Haut-Doubs soit retenu dans l’appel à manifestation d’intérêt. “On aura un contrat sur deux ans assorti de subventions qui vont nous per- mettre de recruter un chargé de mission. Les gens et les élus ne connaissant pas encore assez nos actions. On a besoin de se faire connaître davantage, de développer d’autres partenariats.” n F.C.

L’auto-école solidaire victime de son succès Ce dispositif porté par le service insertion prévention jeunes de l’A.D.D.S.E.A. arrive à saturation. La liste d’attente s’allonge. Se pose alors la question du développement et par ricochet du financement induit.

L a rudesse du climat du Haut-Doubs, associée à la faible offre de transports publics, constituent sans doute les principaux handicaps d’accès à la vie sociale et profes- sionnelle d’un public qui n’est pas en mesure de s’offrir l’auto- nomie de déplacement. “À quelques exceptions près, le permis est quasiment indispensable pour travailler et vivre dans le Haut- Doubs” , explique Bernard Robouant, directeur du service insertion prévention jeune, à l’ori- gine de ce dispositif lancé en 2019. L’auto-école solidaire est financée par des fonds européens fléchés sur un public jeune, ce qui empêche de répondre aux demandes d’adultes sans permis qui auraient aussi besoin d’un coup de pouce. “On avait réuni les auto-écoles de Pontarlier pour les informer de notre démarche. Contre toute attente, ils l’ont approuvée en expliquant qu’ils avaient toujours des difficultés à

gérer ce public spécifique.” L’âge n’est pas le seul critère pris en compte pour bénéficier de l’auto-école solidaire. “Le candidat doit résider sur le territoire de la C.C.G.P. ou dans les communes limitrophes. Il doit être engagé dans une démarche d’insertion professionnelle. Il nous est adressé sur prescription d’un travailleur social” , récapitule Aurélien Ber- tin-Denis, moniteur d’auto-école avec un statut d’éducateur tech- nique nécessaire pour encadrer les séances de conduite et de code

“Les séances de code se déroulent dans l’une des salles du Centre Sportif Municipal”, explique Aurélien Bertin-Denis le moniteur-éduca- teur qui anime l’auto-école solidaire.

qui se déroulent au centre sportif municipal à Pon- tarlier. “Ici, le par- cours est vraiment personnalisé. On prend le temps d’expliquer de se familiariser.” Après une année 2020 perturbée par la crise sani- taire, l’auto-école

800 euros tout compris pour le permis.

ron 800 euros tout compris pour décrocher le précieux sésame. Certains touchent aussi une aide de la Région pouvant aller jusqu’à 500 euros. “On a une vingtaine de personnes en liste d’attente. Ce

a pris sa vitesse de croisière. “J’ac- compagne une trentaine d’élèves chaque année. Sur l’année 2021, on arrive à un taux de réussite de 83 % à l’examen de conduite et de 63 %au code.” Comptez envi-

la demande des élus de Morteau qui voudraient leur auto-école solidaire” , observe Bernard Robouant, convaincu de l’intérêt d’aller plus loin dans cette démarche. n

qui pose la question de développer le dispositif voire d’embaucher un second moniteur. Les parte- naires financiers seront bientôt réunis pour décider de la marche à suivre et savoir si on répond à