La Presse Pontissalienne 262 - Novembre 2021

32 Économie

La Presse Pontissalienne n°262 - Novembre 2021

RESTAURATION

Le phénomène prend de l’ampleur

LES FOOD TRUCKS À LA CONQUÊTE DU HAUT-DOUBS Il n’y a plus un bourg-centre ou un parking stratégique qui ne soit pas desservi par un food truck. Après les pizzas, le phénomène s’est diversifié dans les burgers, kebabs et autres spécialités culinaires. Qui sont-ils ? Pourquoi ? Comment ? À la rencontre de quelques food trucks locaux.

Les spécialités vietnamiennes au menu du Bunbungo

Dan Pizza dans la tradition des pizzas au feu de bois

C e food truck à la cuisine exotique ravit tous les suffrages. “Vous pouvez y aller sans risque” , explique une cliente sur le mar- ché de Pontarlier en attendant patiemment son tour. À partir de 10 heures, Diem Mi Danq qui gère ce food truck n’a plus une minute à elle, entre les com- mandes à prendre au téléphone et la préparation des plats à emporter. Pas un geste inutile, précision, sourire permanent, elle évolue dans son food truck comme un poisson dans l’eau. Une question d’organisation avant tout et pour elle un plaisir évident à faire apprécier les saveurs culinaires de son pays. Illustration aussi que le travail constitue sans doute le meilleur facteur d’intégration. Partie il y a dix ans duVietnam pour rejoindre son mari à Pon- tarlier sur fond de regroupe- ment familial, elle ne connais- sait ni la langue française, ni le mode de vie occidental. “J’ai pris des cours au G.R.E.T.A. où j’ai eu la chance de rencontrer Patricia, une très bonne forma- trice. En même temps, j’ai com- mencé à travailler dans les res-

taurants asiatiques de Pontar- lier.” Avec son époux, ils reçoi- vent souvent des amis à la mai- son qui viennent bien sûr apprécier les talents de la cui- sinière maison. Jusqu’à l’en- courager à se lancer. Sans pré- cipitation. “On a préparé ce projet de food truck sur plusieurs années.Monmari m’a beaucoup soutenu. C’est lui qui a aménagé, par exemple, le laboratoire où je prépare tous les ingrédients : nems, rouleaux de printemps, viande, salades, légumes, pâtes, crustacés, sauces qui seront ser- vis au camion” poursuit Diem Mi Danq.

À l’origine des food trucks, il y avait les camions pizza. Certains ont résisté à la mode des burgers, des kebabs et autres spécialités. Pontissalien pure souche, Daniel Olivier fait presque figure de pionnier, lui qui exploitait déjà un camion snack en 1993 dans la descente de laVrine. Une mise en bouche avant de tenir le bar du Pont Rouge. “J’ai ensuite repris un emploi salarié en étant chauf- feur-livreur dans une entreprise de matériaux. J’y suis resté 13 ans jusqu’à la fin des études de mes filles.” Soucieux de s’accomplir pro- fessionnellement, il part alors en formation à Lyon chez un

pizzaïolo napolitain. “C’est important pour moi d’avoir de bonnes bases notamment sur la gestion de la pâte. Chez nous, tout est fait maison dans un laboratoire aménagé à mon domicile. Après la fabrication, la pâte à pizza est mise au repos en chambre froide entre 48 heures et 72 heures pour une meilleure digestion” ,

Dan Pizza officie depuis neuf ans au parking Sport 2000 sur la zone Hyper U.

avec la fromagerie Arnaud et la fruitière des Deux Lacs.” La communication se résume à une page Facebook et le bouche-à-oreille fait le reste. Pas le droit à l’erreur donc. “On mise tout sur la qualité” , com- plète Andréa Saunier qui pré- sente la particularité d’avoir cinq jobs différents. Lemenu se veut simple, efficace et de saison. Autour des incon- tournables Ricain et Cheese- burger, les deux associés pro- posent un burger du mois. En octobre, c’est le mont d’or qui tient la vedette. Ils testent aussi des nouveautés comme le King Chou associant choucroute au champagne, cancoillotte, chips de Morteau, salade, tomate. Le food truck fonctionne trois jours par semaine à Mouthe, Les Hôpitaux-Neufs et Laber- gement en stationnant sur des parkings publics ou privés. “On réfléchit pour ajouter une autre étape à Chaux-Neuve.” Les deux associés sont aussi prestataires sur des soirées privées, anni- versaires, mariages ou festivals de musique comme ce fut le cas dernièrement au Mammouth Fest. “Aujourd’hui, je n’échan- gerais pour rien au monde ma place” , annonce David Rocha- Filipe. n carte de 25 pizzas avec quelques spécialités mensuelles. Plus que jamais, il est resté attaché à la cuisson au feu de bois. Le craquant est selon lui incom- parable. À l’heure du bilan, il n’affiche aucun regret. “C’est plus de travail qu’en étant sala- rié mais quelle satisfaction de travailler pour soi et de maî- triser son affaire !” n

bout de neuf années, on fidélise une clientèle. On dépend aussi des événements sportifs. Les commandes affluent avant chaque grandmatch de l’équipe de France de foot. On a toujours un petit creux au plus froid de l’hiver ou quand la météo per- turbe les déplacements.” Dan Pizza travaille du mardi au samedi soir. Il propose une

Le craquant est selon lui incomparable.

note celui qui a ouvert “Dan Pizza” fin 2013 sur le parking de Sport 2000 dans la zone Hyper U à Doubs. “Au

Le Bunbungo a ouvert le 10 janvier 2017. Présent au marché de Pontar- lier le jeudi et le samedi matin, ce food truck vietna- mien fonctionne aussi trois soirs par semaine, jeudi, vendredi et samedi, au 45, rue de Doubs devant le domicile de la famille Danq-Ly. n

Ce food truck ravit tous les suffrages.

Le Nomade fête l’arrivée du mont d’or en burger

B asé à Petite-Chaux, ce food truck spécialisé dans les burgers est tenu par David Rocha- Filipe et Andrea Saunier. L’his- toire d’une reconversion par cet ancien plâtrier peintre jurassien venu s’installer à Mouthe en 2013. “J’ai eu envie de changer d’activité. J’ai com- mencé dans le ski alpin à la station de la Source, puis j’ai

frais et locaux de préférence. “J’ai deux fournisseurs de viande : Paillard à Laberge- ment-Sainte-Marie, et le jeune

donné des coups de main au Chalet Gaillard. J’ai fini par travailler 18mois au restaurant “A la table de Charlotte” à Mouthe. Quand cet établisse- ment a fermé, j’ai aidé le copain qui avait acheté ce food-truck avant que je ne lui reprenne en janvier 2020” , résume celui qui est resté dans le même état d’esprit que son prédécesseur. Des burgers avec des produits

Thomas Lacroix aux Longevilles- Mont-d’Or. Le pain est fabriqué à la boulangerie La Charmille à Pontar- lier. Pour les fro- mages, je travaille

Pas le droit à l’erreur.

David Rocha- Filipe et Andrea Saunier gèrent ensemble le Nomade.

Après avoir travaillé dans les restaurants asiatiques de la ville, Diem Li Danq a ouvert un food truck vietnamien en janvier 2017.