La Presse Pontissalienne 261 - Octobre 2021
Le portrait 43
La Presse Pontissalienne n°261 - Octobre 2021
MALBUISSON
Traqueur à 90 ans
Pour Paul, 90 ans, son médecin, c’est son chien L’alerte nonagénaire parcourt sur des kilomètres les pentes du Mont d’Or et de la Fuvelle avec Orion, son fidèle compagnon. Plus que la chasse, c’est la nature qui le passionne, un amour partagé avec ses enfants. Depuis que sa vue lui joue des tours, Paul Grésard a rangé son arme. Son bonheur, c’est d’écouter les menées.
S ur l’alpage du fort Saint-Antoine, les premières rafales de vent annonçant l’automne caressent les cimes des sapins. La cas- quette de Paul, 90 ans, ne dévie pas. Encore moins son pas, alerte et décidé malgré le relief accidenté. Paul Grésard parcourt jusqu’à dix kilomètres à pied lorsqu’il chasse, quatre à cinq kilomètres par jour le reste de l’année sur les che- mins de randonnée proches de sa mai- son de Malbuisson. Le nonagénaire est une force de la nature qui ne craint pas que son jeune chien Orion, magni- fique courant Bernois, ne le fasse tom- ber lorsqu’il le tient en longe. Certes, il s’est bien cassé la main l’an dernier dans le bois. Ce n’était pas la faute à Orion d’ailleurs mais à une branche dans laquelle le pied de Paul est venu s’engouffrer. “Orion, c’est comme s’il me comprenait… On s’est bien trouvé les deux” témoigne l’homme, 65 permis de chasser au compteur. La complicité avec son fidèle compagnon est née d’un cadeau de Noël offert par ses enfants à Noël dernier. “Ça a été le plus cadeau de ma vie” lâche Paul, peu habitué à livrer ses sentiments, qui se souvient de l’arrivée de cette boule de poils sous le sapin. Il en a pleuré car il ne pensait plus jamais en avoir. “Vous savez, à mon âge…” dit-il. Des chiens, Paul en a toujours eu : à la ferme familiale de Saint-Antoine,
puis lorsqu’il entre en activité, et main- tenant en retraite. Sans cette compa- gnie, il n’irait plus à la chasse : “Mon médecin, c’est mon chien” , dit-il d’un ton amusé. Né en 1931 à Saint-Antoine, d’une famille de paysans comme il aime le rappeler, Paul a créé la boucherie Gré- sard à Malbuisson qu’il a transmise à ses fils et fille, qui l’ont développée puis vendue récemment. Boucher, il l’a été par la force des choses. Après un cer- tificat d’études obtenu à 14 ans, le
Paul Grésard (au centre) partage avec Claude (à gauche), Françoise et Pierre, ses enfants, la passion de la chasse.
de chasse, Paul a vu sa passion évoluer. “On avait la liberté par exemple d’aller chasser le lièvre le lundi, ce que l’on n’a plus aujourd’hui.” Le regard des gens aussi a changé. “Oui, il y a des “anti-chasse” mais quand on discute avec des promeneurs, cela se passe bien. Quant à ces personnes qui se disent écologistes, elles ne mettent bien souvent jamais un pied dans le bois” suggère le chasseur qui profite de chaque pas- sage en forêt pour ramasser des cham- pignons. A-t-il constaté dans les alpages - qu’il connaît par cœur - une baisse du nom- bre d’espèces ? Paradoxalement, c’est l’inverse. Si le lièvre a certes diminué en nombre, les populations de chevreuils et sangliers ont explosé sur le Mont d’Or et le Risoux. Quant au cerf, inconnu dans ces bois il y a dix ans, il est devenu un hôte permanent des forêts de sapins. Paul n’en a jamais prélevé. Qu’importe. Son plus grand bonheur, c’est entendre son chien donner de la voix et partager sa passion avec ses enfants et son petit- fils âgé de 31 ans. n E.Ch.
Tant que je peux aller lâcher mon chien à la Coquille (à Métabief), je suis heu- reux. Ce que j’aime, c’est l’entendre chas- ser car là-bas, ça résonne bien, et surtout, il n’y a pas de voitures. Je ne le lâche plus à Saint-Antoine car j’ai trop peur des voitures” expose le retraité. Sa fille Françoise (61 ans) chasse également. Elle traque depuis cette année avec son papa alors que les deux frères sont au poste. “C’est une organisation fami- liale” explique Claude. Quand le nonagénaire a commencé la chasse aux chiens courants, il n’existait pas les colliers G.P.S. qui permettent aujourd’hui de localiser le fidèle com- pagnon. “J’avais perdu une de mes chiennes tout un hiver ! Je la cherchais jusqu’au jour où on a pu la localiser du côté de Vaux-et-Chantegrue. Elle s’était nourrie sans doute des aliments laissés à l’époque dans les décharges à ciel ouvert. Elle était amaigrie mais vivante.” Heureusement, Orion revient assez rapidement après avoir couru derrière un chevreuil, un sanglier ou un cerf. En près de cinquante années de permis
chasser, à 25 ans. Rapidement, j’ai eu mon premier Bruno du Jura, Étoile, et j’ai tué mon premier chevreuil, au- dessus du Fourpéret” raconte-t-il comme si c’était hier. Le métier de commerçant ne colle pas vraiment avec la chasse. Le samedi, comme le dimanche, il faut ouvrir et tenir le magasin. Lui et ses enfants - avec qui il partage la même passion - s’organisent. “On se levait le dimanche matin à 5 heures, on préparait le maga- sin puis on allait à la chasse jusqu’à 8 h 30 pendant que les autres y allaient le reste de la journée” raconte Claude, l’aîné. “Notre vie, c’était le travail, la chasse l’automne, le ski l’hiver” ajoute Pierre, le cadet (62 ans), jeune retraité. Le paradoxe chez cette famille de bou- chers, c’est qu’elle n’est jamais allée à la chasse pour remplir le congélateur. Bien au contraire. C’est surtout pour se retrouver en forêt, avec la famille, avec les amis. Depuis cette saison 2021, Paul a décidé de ne plus prendre son fusil. Cela ne le chagrine pas : “Il faut savoir être rai- sonnable. Je sais que ma vue a baissé.
gamin de Saint-Antoine passionné par le bois s’inscrit à l’école de Mouchard et obtient un brevet industriel de menuisier. Son oncle, qui n’avait pas d’en- fants, lui demande de l’aider dans sa bouche- rie située à Laberge- ment-Sainte-Marie. En 1956, à 25 ans, Paul reprend la boutique. C’est tardivement qu’il devient disciple de Saint-Hubert : “J’ai- mais la nature mais je n’allais pas à la chasse. C’est en discutant avec des amis, les familles Thiébaud et Delgrande, que j’ai commencé à
“Ranger le fusil, c’est plus raisonnable.”
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