La Presse Pontissalienne 261 - Octobre 2021

38 La page du frontalier

La Presse Pontissalienne n°261 - Octobre 2021

MOUTHE

Un comptage mené sur 800 hectares

Grand Tétras : bilan catastrophique chez les jeunes

Le bilan du comptage de Grands Tétras mené cet été entre Mouthe et Chaux-Neuve a révélé la présence de (seulement) deux “nichées”. Un mauvais signal.

les bois n’ont été autant sillon- nés” rapporte le spécialiste qui sait que l’animal a besoin de quiétude. D’année en année, cet oiseau emblématique du massif régresse. “On en compte 70 sur le massif et 250 à l’échelle de l’Arc jurassien. Le renouvelle- ment génétique n’est plus assuré” explique Christophe Guinchard. Encore visible il y a une ving- taine d’années sur le Larmont, Jougne voire la forêt de laHaute- Joux, le Grand Tétras a disparu de ces espaces pour se réfugier à plus de 1 200mètres d’altitude. La zone la plus prolifique est celle étudiée par ces experts.Au final, onze coqs et dix-neuf poules ont été observés ainsi que qua- rante-quatre gélinottes. Le renouvellement de population ne sera pas assuré cette année. n E.Ch.

La population de Grands Tétras est en baisse inquiétante sur le

A près le travail de terrain, place aux analyses. Durant cinq jours, courant juillet, l’État - par arrêté ministériel - a autorisé le Groupe Tétras Jura à passer la forêt du Petit et Grand Risol au peigne fin. Objec- tif : comptabiliser les Grands Tétras et leurs progénitures sur une surface de 800 hectares entre Mouthe et Chaux-Neuve. “C’est une zone que nous analy- sons depuis 25 ans” présente Christophe Guinchard, de l’Of- fice français de la biodiversité et membre du groupe Tétras Jura. Avec l’appui du personnel de l’O.N.F., du centre régional de la propriété forestière, de la fédé-

ration départementale des chas- seurs du Doubs, de la D.D.T. et de quelques bénévoles, une tren- taine de personnes a, cinq jours durant, sillonné la forêt du Petit et Grand Risol. Les résultats sont connus. Ils sont mauvais :

massif (photo archive L.P.P.).

“C’est même catas- trophique pour les nichées ! Seules deux ont été comp- tabilisées” rap- porte le spécia- liste. La raison ? Un printemps plu- vieux, la prédation sur les nids, et le facteur “lié au dérangement humain. Jamais

Seulement 11 coqs et 19 poules observés.

VALLÉE DE JOUX

Plusieurs attaques

Dix veaux tués cet été par les loups du Marchairuz Les attaques de loups sur bovins se multi-

VOTATION

Société

La Suisse dit oui au mariage pour tous Le 26 septembre dernier, le peuple suisse a

B onne nouvelle pour la bio- diversité, l’installation d’une meute sur le sec- teur du Marchairuz en 2019 s’accommode de plus en plus difficilement des activités pas- torales. Le couple parental a vite trouvé les conditions pro- pices à sa reproduction dans une zone giboyeuse avec notamment beaucoup de cerfs. Quatre louveteaux naissent en 2019, puis cinq l’an dernier et à nouveau cinq ce printemps. “On estime que lameute compte aujourd’hui entre 9 et 11 indi- vidus en incluant les sub- adultes. On a aussi recensé quelques loups dans le massif du Risoux” , explique Frédéric Hofmann, chef de section “chasse, pêche et surveillance” à la Direction générale de l’En- vironnement du canton de des éleveurs et la mobi- lisation des pro-loups. Une seconde meute dans le Risoux Peut-on annoncer l’installation d’une meute de loups dans le Jura français ? Trop tôt encore pour le dire car si une seconde meute semble bien avoir été iden- tifiée dans le massif du Risoux, impossible pour l’instant de situer la tanière avec précision. n plient dans les alpages jurassiens. Décision a été prise d’abattre deux jeunes loups. Une situation sensible à gérer entre la colère

Le résultat du référendum est sans conteste. Pas un seul can- ton n’a dit non. Le canton de Bâle-ville a obtenu le plus fort taux de oui avec 73,96 %.À l’in- verse, le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures finit bon dernier avec 50,82 % en faveur du mariage pour tous. Les cantons frontaliers duHaut- Doubs figurent dans lamoyenne nationale avec 63,43 % à Neu- châtel, 65,02 % au canton de Vaud et 61,13 % dans le canton du Jura.À l’issue du scrutin, le Conseil fédéral a annoncé que l’entrée en vigueur du mariage pour tous se ferait probablement au 1 er juillet 2022. Également soumise à votation populaire, l’initiative 99%portée par la Jeunesse Socialiste en faveur d’une hausse de l’impo- sition sur le capital a été reto- quée à 64,1 %. n

plébiscité le mariage pour toutes et tous à 64,1 %. Un vote historique vers l’égalité des droits pour les personnes homosexuelles.

Cinq louveteaux ont vu le jour cette année dans la meute du Marchairuz (photo Fondation J.-M. Landry).

recherche du consensus, mais une opposition qu’on retrouve systématiquement dans tous les pays confrontés au retour du loup voire de l’ours. Au-delà de la régulation qui ne doit pas compromettre l’ave- nir de la meute, quelles solu- tions peuvent être mises en œuvre pour limiter les attaques ? La protection des bovins est plus complexe à orga- niser qu’avec des moutons. “On ne préconise pas du tout les chiens de protection car les bovins les assimilent à des cani- dés et ont tendance à les chasser. Se pose aussi le problème de la cohabitation de ces chiens avec les usagers des alpages juras- siens : chasseurs, randonneurs, cueilleurs…On préconise plutôt l’installation de grands parcs sécurisés laissant la possibilité aux veaux de se nourrir, s’abreu- ver et se déplacer. En surface, cela représente des parcs de 2 hectares. On accompagnerait les éleveurs dans ces réalisa- tions. Chaque parc regrouperait plusieurs dizaines de veaux. Cela suppose de repenser en profondeur le mode de protec- tion avec des adaptations qui devront se faire sur plusieurs années.” n F.C.

Vaud. La prédation du loup sur le cheptel ovin et bovin pendant la saison d’estive a augmenté au fur et à mesure de l’exten- sion de la meute. Quelques moutons en 2019, un veau en 2020 et depuis cet été une dizaine d’attaques de veaux ou génisses imputables au loup. “Scientifiquement parlant, le loup est impliqué sur trois attaques, même s’il y a de très fortes présomptions qu’il soit aussi responsable de la mort des sept autres veaux. On pou- vait raisonnablement s’attendre à des attaques sur bovin mais pas d’une telle envergure.” Dans ces circonstances, l’Office fédéral de l’environnement a donné suite à la demande du Canton deVaud de pouvoir pro- céder à des tirs de régulation de deux jeunes loups. “Les tirs seront effectués par les sur- veillants de la faune duCanton. Pour l’instant, on est empêché par des défenseurs du loup qui se mobilisent sur le terrain pour empêcher le déroulement des tirs. Cela génère des ten- sions avec les éleveurs”, pour- suit Frédéric Hofmann qui se dit préoccupé par cette situation conflictuelle. Compréhensible dans un pays habitué à la

E n Suisse, lemariage entre couples homosexuels n’était toujours pas auto- risé. Ces couples avaient la possibilité de conclure un par- tenariat enregistré. Ils étaient environ 700 à utiliser chaque année cette possibilité qui pré- sente néanmoins des différences avec le mariage, notamment sur le plan juridique. Le Conseil Fédéral et le parle- ment souhaitaient doncmodifier la loi pour ouvrir le mariage civil aux couples dumême sexe. Ces derniers seraient alors pla- cés sur un pied d’égalité avec les autres couples, tant sur le plan institutionnel que sur le plan juridique. L’époux étranger d’un Suisse ou l’épouse étran- gère d’une Suissesse pourrait par exemple demander la natu- ralisation facilitée. Les couples de même sexe pourraient éga- lement adopter un enfant conjointement. Les couples de femmes mariées pourraient de surcroît recourir au don de sperme dans les conditions pré- vues par la loi. Ce projet a suscité des opposi- tions. Trois comités et des par- lementaires de droite avaient lancé un référendum contre cette modification de loi. Ils

considèrent le mariage comme une communauté de vie natu- relle entre un homme et une femme et qu’elle doit être pro- tégée. Les référendaires sont bien sûr opposés au don de sperme pour les couples de

Pas un seul canton n’a dit non.

femmes. Ils esti- ment que la loi priverait l’enfant d’un père et que cela pourrait entraîner ensuite des problèmes d’identité pour les enfants concernés.

La Suisse était l’un des derniers pays d’Europe de l’Ouest à ne pas avoir légalisé le mariage pour tous.

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