La Presse Pontissalienne 260 - Septembre 2021
4 L’interview du mois RÉACTION
La Presse Pontissalienne n°260 - Septembre 2021
Charles Piquard
“La vaccination est la solution pour sortir de cette situation” Président de l’Association des
L a Presse Pontissalienne : En cette période de rentrée sur fond de crise sanitaire, avez-vous des recomman- dations à faire à vos concitoyens ? Charles Piquard : Il y en a deux : le port du masque et la vaccination. Pour moi, la vaccination est la solution pour sortir de cette situation. Je suis pour, je fais campagne pour que les enfants, eux aussi, soient vaccinés. Dans nos écoles, il y aura peut-être des enseignants qui y seront opposés. Nous ne pourrons pas l’imposer. L.P.P. :Vous préparez votre assemblée générale qui aura lieu en octobre. La vaccination fera- t-elle partie des sujets abordés ? C.P. : La crise sanitaire et la vaccination font partie des sujets qui préoccupent les maires. Personnellement, je souhaite que les maires s’engagent en faveur de la vaccination et qu’ils l'encouragent comme je le fais. Encore une fois, il n’y a, à mon sens, que le vaccin pour sortir de cette crise. Dans ma commune, comme partout en France, certaines personnes ne veulent pas entendre parler de vaccination ou n’ont pas envie de se faire vacciner. Les maires doivent tenir la même ligne de conduite sur ce point pour sensibiliser leurs conci- toyens à l’importance de se faire vac- ciner. L.P.P. : Beaucoup d’élus redoutent la baisse des dotations d’État dans un contexte où les petites communes sont confrontées à des dif- ficultés financières. Qu’en est-il de la situa- tion ? C.P. : Les dotations d’État versées aux communes ont baissé mais dans des proportions moindres que ce qu’on avait imaginé. Cette baisse est gérable pour l’instant à l’échelle d’une com- mune. Ce qui est dramatique en revanche pour nos communes rurales, c’est la baisse importante des recettes liées à l’exploitation forestière. LP.P. : Les forêts de résineux sont malades ce qui justifie des coupes importantes. Quelle est l’ampleur de préjudice financier pour les collectivités, conséquence d’une qualité de bois qui se déprécie ? C.P. : Pour prendre l’exemple de ma commune, Osse, la baisse des recettes pour cette année est de 30 à 40 %. Le mètre cube de bois se vend entre 3 et 4 euros, alors qu’il se négociait autour de 30 euros avant l’apparition des sco- maires ruraux du Doubs, le maire d’Osse livre son point de vue sur les problèmes que rencontrent les communes en cette période de rentrée qui s’ouvre sur fond de crise sanitaire et de difficultés financières.
“Nombreux sont les maires à vouloir démissionner” déplore Charles Piquard
président de l’Association des maires ruraux du Doubs.
dans des investissements nécessaires comme lamise aux normes des réseaux. À l’évidence, il y aura des coupes franches dans les budgets des com- munes en 2022. J’ajoute que les entre- prises, notamment celles du B.T.P., comptent aussi sur les investissements des communes. L.P.P. : Les communes vont devoir faire des arbitrages budgétaires à long terme ? C.P. : Je pense que cette crise va imposer aux communes une nouvelle gestion afin de pallier ces difficultés sur le long terme. Sur le plan financier, il faudra serrer les boulons. Cette situa- tion peut encourager les communes à se regrouper. Il n’y aura peut-être pas d’autre choix surtout pour gérer de gros projets d’investissement comme les écoles par exemple. C’est malheu- reux, car on se bagarre en permanence pour maintenir nos services de proxi- mité. Mais pour cela il nous faut des moyens que nous n’avons pas. L.P.P. : La suppression de la taxe d’habitation n’arrange rien dans ce contexte ? C.P. : Tout tombe en même temps. La taxe d’habitation est actuellement com- pensée, mais jusqu’à quand ? LP.P. : La crise sanitaire a suscité un regain d’intérêt pour les territoires ruraux. Peut-on parler d’un changement ou d’un nouvel équilibre
week-end. Ils ne l’avaient pas suffi- samment mesuré. En plus, dans nos villages, il n’y a pas les services tech- niques comme dans les villes pour aider le maire. C’est même devenu très dif- ficile de recruter un secrétaire de mai- rie. L.P.P. : L’association que vous présidez souhaite former les jeunes maires. Où en êtes-vous dans ce programme ? C.P. : Nous avons fait une formation pour les nouveaux élus durant laquelle nous avons parlé budget. Nous allons en proposer une autre pour discuter de la gestion de la forêt, de l’affouage, des revenus forestiers.À partir de l’au- tomne, c’est une formation à l’urba- nisme qui sera proposée aux jeunes maires. Nous avons de bons retours sur cette initiative. L.P.P. : Brigitte Ligney, maire de la Chenalotte, a disparu cet été à la Réunion. Comment votre association a-t-elle réagi ? C.P. : Nous avons tout d’abord apporté tout notre soutien à la famille et à la commune. Sur le plan administratif, la Préfecture va aider l’équipe en place à gérer la commune. Notre association sera aux côtés des élus du village pour les aider selon ce qu’ils demanderont. Cela ne sera pas facile, car Brigitte Ligney tenait une grande place. n Propos recueillis par T.C.
lytes. À cause de cette maladie, nous avons dû couper abondamment, beau- coup plus qu’une année normale. Les coupes sont importantes et les recettes sont très faibles. C’est la double peine. Ce qui est perdu est perdu.
entre la ville et la campagne ? C.P. : Il est évident que cette crise a mis en avant la ruralité. Beaucoup de gens se rapprochent de nos villages, se ren- seignent pour y construire. Le problème est qu’il faut être capable d’apporter des services publics parallèlement à ce développement. Je pense en parti- culier au réseau de transport. Les gens s’installent à la campagne lorsqu’ils y trouvent des services. Or, pour les déve- lopper, il faut de l’argent. L.P.P. : Quels types de services faut-il pour qu’une commune soit attractive ? C.P. : Le premier des services est l’école. Viennent ensuite la santé et les trans- ports. Dans nos communes nous avons des idées pour développer chacun de ces services. Mais le nerf de la guerre pour y parvenir est toujours l’argent. Être attractif sur le plan de l’emploi c’est aussi important pour nos villages. L.P.P. :Au regard de tous ces éléments, comment est le moral des maires en cette période de rentrée ? C.P. : J’observe que les jeunes maires élus en 2020, entourés d’un nouveau conseil municipal, ont des difficultés. Je discute beaucoup avec eux. Ils sont nombreux à vouloir démissionner, et pas seulement dans les petites com- munes. Être maire demande du travail et du temps, y compris le soir et le
LP.P. : Qu’attendez-vous du plan de relance de l’O.N.F. ? C.P. : On nous annonce le plan de relance de l’O.N.F. qui a pour but de replanter des arbres. Je suis d’accord, mais cela signifie que pendant 15 ou 20 ans, il faudra entretenir ces forêts, sans que les communes ne puissent en tirer le moindre revenu. L.P.P. : Comment les com- munes gèrent-elles ce manque à gagner sur le plan budgétaire ? C.P. : Le problème est que les revenus de la forêt servent à l’inves- tissement. Beaucoup de communes qui avaient des projets vont les reporter. Je suis inquiet pour celles qui ont pris du retard
“Cette crise a mis en avant la ruralité”
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