La Presse Pontissalienne 260 - Septembre 2021
22 Le dossier
La Presse Pontissalienne n°260 - Septembre 2021
l Contrôle B.M.O. de Pontarlier Pourquoi les très grands excès de vitesse explosent Du jamais vu pour la brigade motorisée. Les excès de vitesse de plus de 50 km/h au-dessus de la limitation augmentent de 36 % dans le Doubs et 90 % dans l’arrondissement de Pontarlier ! Explications.
Le major Fabrice Astié, commandant de l’escadron
L a scène a lieu à Oye-et- Pallet, sur la Départe- mentale 437, une por- tion limitée à 80 km/h. Ce jour-là, vendredi 9 juillet, le contrôle de vitesse mené par les gendarmes de la compagnie de Pontarlier interpelle un chauf- fard dont la vitesse est enregis- trée à 177 km/h, soit 97 km/h de plus que la vitesse autorisée ! Le conducteur est évidemment reparti à pied. Depuis les der- niers déconfinements, les très grands excès de vitesse ne ces- sent d’augmenter dans le dépar-
temental de la sécurité routière (E.D.S.R.) du Doubs. Le phénomène est encore plus marqué dans le Haut-Doubs : “Nous avons constaté une hausse de 90 % des grands excès de vitesse sur le secteur de la com- pagnie de Pontarlier, des vitesses constatées par la brigade moto- risée. Ils sont passés de 10 en 2020 à 19 cette année.” Le grand excès de vitesse, supérieur ou égal à 50 km/h, est qualifié de contravention de cinquième classe. Dans ce cas, la peine encourue est automatiquement
tement du Doubs mais égale- ment sur l’ensemble du terri- toire. Idem pour les refus d’ob- tempérer. “Les excès de vitesse de plus de 50 km/h au-dessus de la limitation sont en hausse
de sécurité routière du Doubs.
d’accomplir (à ses frais, environ 300 euros) un stage de sensibi- lisation à la sécurité routière. L’explication viendrait de la psy- chologie des automobilistes qui ont l’impression de se sentir seuls sur les routes. “Les excès de vitesse compris entre 40 et 50 km/h sont également en forte hausse avec + 43 % entre 2020 et 2021 sur l'ensemble du dépar-
tement” note le Major. Les raisons sont multiples. Il y a l’effet déconfinement, sans doute, et le fait que la peur du gendarme s’est légèrement estompée. Dévolus à d’autres missions comme l’antiterrorisme puis la crise sanitaire, leur pré- sence sur les routes a peut-être paru moins régulière… n E.Ch.
une perte de 6 points sur le per- mis de conduire du contreve- nant, une amende forfaitaire de 1 500 euros, et une immobilisa- tion immédiate du véhicule en cause. Le conducteur arrêté pour un grand excès de vitesse encourt une suspension de son permis de conduire pour une durée pouvant aller jusqu’à trois années, ainsi que l’obligation
de 36 % (du 1 er janvier au 30 juin, entre 2020 et 2021) sur l’en- semble du dépar- tement” rapporte le Major Fabrice Astié, comman- dant adjoint de l’escadron dépar-
“Hausse également des excès entre 40 et 50 km/h.”
Les radars fixes sont-ils contre-productifs ? l Technique Le radar fixe, ennemi de la pédagogie ? La très forte décélération de certains usagers devant des radars fixes ou tronçons à l’effet d’agacer d’autres usagers… “qui dépassent ensuite n’importe où” témoigne un gendarme.
Radars embarqués par des sociétés privées : ils sont déjà là ! l Nouveauté Les contrôles radars confiés à des privés Le déploiement doit se poursuivre jusqu’en fin d’année. L’une de ces voitures est basée à Valdahon et sillonne les routes. Elle est conduite par un privé.
L e déploiement de l’ex- ternalisation de la conduite des voitures radars, lancée dans quatre régions entre le prin- temps 2018 et 2020, se poursuit dans quatre autres régions début 2021 en Bourgogne- Franche-Comté, dans les Hauts de France, le Grand Est et en Nouvelle Aquitaine.Depuis le 1 er juillet, ces voitures sillonnent les routes du Doubs sur un iti- néraire particulier, ce qui “per- met de multiplier le temps de contrôle” dit l’État dans son rap- port sur la sécurité. Au volant, ce sont des privés, souvent d’an- ciens gendarmes ou militaires, qui roulent. L’objectif est de déployer 223 voitures sur le sol français, contre une centaine aujourd’hui.Comment ça marche ? Le principe est assez simple : une voiture sans signe distinctif est conduite par un salarié d’une société privée et circule sur un itinéraire donné, les trajets réalisés et les plages horaires de contrôle étant fixés par les services de l’État, en fonction uniquement des cri- tères d’accidentalité locale.L’en- treprise est rémunérée par l’État au nombre de kilomètres parcourus, et non en fonction du nombre de verbalisations. Le conducteur de la voiture- radar et son entreprise ne sont
d’ailleurs pas censés pouvoir consulter le nombre de flashs réalisés afin d’éviter certaines dérives.
des excès de vitesse. Ce nouveau dispositif est cri- tiqué par les associations d’au- tomobilistes en raison du carac- tère non pédagogique de ce dispositif : “Un conducteur privé peut observer une voiture conduite par un automobiliste roulant sous l’emprise d’alcool… mais n’a pas la possibilité de l’arrêter” donne pour exemple l’association 40 millions d’au- tomobilistes. n
L’entreprise est rémunérée au nombre de kilomètres parcourus.
Comme une voiture-radar qui circulerait trop lente- ment pour susciter des dépassements et, potentiel- lement donc,
Un radar- tronçon, ici entre Morteau et Besançon.
D ans le sens Morteau-Besançon, sur la D 242, le radar-tronçon des Com- mènes fait désormais partie du pay- sage. Il a été installé à l’été 2014 et fut pour l’époque le deuxième radar de ce type après celui installé sur la voie des Mercureaux à Besançon. Son objectif : “Faire diminuer l’ac- cidentologie très croissante sur cette voie rec- tiligne” expliquait le secrétaire général de la préfecture de Besançon au moment de l’ins- tallation. Cette départementale connue pour être le rac- courci entre Morteau et Besançon, empruntée uniquement par les véhicules légers, accueille environ 4 800 véhicules par jour. En 2012, 7 accidents corporels ont été comptabilisés dont un cas mortel. 8 personnes ont été blessées et 7 hospitalisées. Depuis lamise en place de ce radar, les accidents se sont “déportés”. S’ils ont heureusement diminué dans la ligne droite et au croisement des Commènes, ils ont été tout aussi nombreux
dans le sens de la descente, dans l’une des épingles. Commandant de l’escadron de la sécurité routière, le Major Fabrice Astié admet que les automobilistes adaptent leurs compor- tements : “Concernant les radars fixes ou tron- çon, vous avez pu constater - comme tout le monde - que les gens se sont “adaptés”. Effec-
tivement, pour la plupart des usagers, ils ralentissent à leur hauteur puis ré-accélèrent ensuite. En revanche, certains conducteurs respectueux ou craignant l’amende roulent à 70 km/h (voire moins) sur des axes à grande circulation limités à 80 km/h. Cela a pour effet d’agacer d’autres usagers qui, impatients dépas- sent n'importe comment…” explique-t-il. C’est à ce moment que provient l’acci- dent. n
Les automobilistes adaptent leurs comporte- ments.
Une voiture avec radar embarqué entre Besançon et Pontarlier (photo Inforoutes25)
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