La Presse Pontissalienne 260 - Septembre 2021
20 LE DOSSIER
La Presse Pontissalienne n°260 - Septembre 2021
LE HAUT-DOUBS, CHAMPION DES RADARS ET DES GRANDS EXCÈS DE VITESSE
“La mode du tout-radar ne fonctionne plus” l Vitesse L’association 40 millions d’automobilistes La Cour des comptes épingle l’État dans sa politique de sécurité routière. Malgré les 80 km/h et le tout-radar, le nombre de morts ne baisse plus depuis 2013. La juridiction réclame un travail sur la qualité des infrastructures routières et les véhicules. Les radars automatisés fleurissent dans le Haut-Doubs, faisant de ce secteur l’un des mieux fournis du département voire de France. C’est aussi l’endroit du département où les vitesses les plus élevées sont enregistrées. Comment l’expliquer ? Une chose st sûre : le tout-radar ne fonctionne plus.
Pour Pierre Chasseray (40 millions d’automobi- listes), l’histoire de cette Bison- tine flashée à 33 reprises par le radar- tronçon des Mercureaux confirme le côté non- pédagogique des radars fixes.
E ntre Besançon et Pontar- lier, pas moins de six radars fixes sont installés, prêts à flasher au moindre kilo- mètre/heure dépassé. Ce chiffre ne compte pas la zone de radar autonome, c’est-à-dire le tronçon dans lequel un radar mobile peut être garé sur le bas-côté comme c’est le cas régulièrement dans une zone limitée à 70 km/h à Étalans. Ce tronçon ne mesure qu’une centaine de mètres mais a déjà piégé de nombreux étour- dis pensant que la zone était toujours limitée à 80. Entre Besançon et Morteau, soit 60 km, ce sont également six radars fixes, dont deux radars- tronçons, qui sont installés. Bref, le conducteur a davantage l’œil sur son compteur que sur la route. Le nombre de ces engins a explosé dans le Doubs et en France, pays qui compte
aujourd’hui 4 000 radars pour 1million de kilomètres de routes, alors que le nombre de morts, lui, ne diminue plus depuis 2013 indique la Cour des comptes dans sa politique publique de sécurité routière publiée en juin dernier. Un camouflet pour l’État. Elle suggère de changer de méthode, notamment en décro- chant du tout-radar. S’ils ont prouvé leur efficacité durant les premières années de leur ins- tallation, les contrôles fixes mar- quent le pas. Des conclusions qui vont dans le sens de ce que martèle l’association “40millions d’automobilistes” depuis des années. “J’ai bu du petit-lait en lisant ce rapport, métaphorise Pierre Chasseray, son porte- parole. La mode de la “radaro- thérapie” à tout prix ne fonc- tionne plus depuis longtemps !
Les radars sont une fausse bonne idée : on freine devant, on accélère après. Le Danemark et d’autres pays ont d’autres politiques qui fonctionnent.Arrêtons l’obsession sur la répression du facteur “vitesse” et soyons plus efficaces sur les causes de mortalité rou- tière laissées-pour-compte depuis des années : la conduite sous empire alcoolique, sous l’emprise de stupéfiants, ou encore l’état
25 selon les années (lire par ail- leurs). Pourtant, l’État redouble d’in- géniosité : entre 2006 et 2019, pas moins de 304 mesures de sécurité routière ont été mises en place. À l’instar des 80 km/h, on retiendra surtout les mesures polémiques telles que la priva- tisation des voitures-radars, la fin de l’oreillette avec le télé- phone ou l’interdiction de teinter ses vitres. “La fin de l’oreillette au volant a eu l’effet inverse. Nous l’avions annoncé : on s’aperçoit que les personnes ont repris leur téléphone dans les mains en conduisant” dit l’as- sociation. Si aucun automobiliste ne peut se déclarer contre la sécurité routière, comment faire dimi-
nuer ces chiffres ? “Il faut créer une police de la route” répond 40 millions d’automobilistes qui estime que les gendarmes, comme les policiers, n’ont plus le temps et l’énergie pour réa- liser les contrôles qui demeurent bien plus efficaces et pédago- giques que les radars fixes. Parmi les autres axes : lutter contre l’addictologie, l’alcool et les stupéfiants qui représentent jusqu’à la moitié des accidents mortels. L’État va-t-il insuffler une nou- velle politique moins axée sur la répression de la vitesse, plus sur les comportements et la qua- lité des infrastructures ? Année pré-électorale oblige, rien ne devrait bouger d’ici 2022. n E.Ch.
tenue. La France est en Europe le dernier pays à appliquer une amende et le retrait d’un point sur le permis de conduire pour une vitesse supérieure de moins de 10 km/h. Pour de nombreux Français, le radar est devenu une taxe déguisée. La très impopulaire mesure des 80 km/h prise par Édouard Phi- lippe n’a pas eu l’effet escompté. “On nous avait promis 450 vies par an sauvées avec les 80 km/h… il y en a eu 10. La France n’arrive toujours pas à passer sous le seuil des 2 000 morts par an, ce que Manuel Valls avait annoncé alors qu’il était Premier ministre” poursuit Pierre Chasseray. Le pays compte environ 3 000 morts sur ses routes, le Doubs entre 20 et
des infrastruc- tures” analyse le délégué général de 40 millions d’automobilistes. Le triptyque de l’association est le suivant : un automobiliste raisonnable dans une voiture entretenue sur une route entre-
450 vies devaient être épargnées… seulement 10 l’ont été.
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