La Presse Pontissalienne 259 - Août 2021
16 Dossier Spécial été
édition spéciale été - août 2021
Saint-Hippolyte transpire l’authenticité avec ses maisons anciennes, son couvent, ses tanneries et son église qui abrita le linceul du Christ. La commune a préservé ce patrimoine en préemptant des bâtiments. La voilà prête à le mettre en valeur. À 1 h 15 de Besançon, 1 heure de pontarlier Saint-Hippolyte, la cour des miracles SAINT-HIPPOLYTE
S aint-Hippolyte a des anges gar- diens. Les mêmes, qui, en 1595, ont noyé le village dans un épais brouillard pour faire reculer des troupes de mercenaires venues piller et incendier le village. Cette légende valut la construction de la chapelle de Notre- Dame du Mont, un site qui domine autant qu’il protège cette bourgade de 907 âmes, lovée entre le plateau de Maîche et le pays de Montbéliard, entre le village pittoresque de Saint-Ursanne (Suisse) et Consolation. Les mêmes anges gardiens qui ont pro- tégé la fameuse chapelle d’un obus incen- diaire balancé par les Allemands le 19 juin 1940, venu la détruire en grande partie, sauf le chœur et la vierge qui, par miracle, ont résisté aux flammes. Sont-ce les mêmes anges qui ont incité
L’église aurait
accueilli le linceul du Christ.
argumente le maire Boris Loichot, aux manettes depuis 2020. Nous en avons profité pour amener du service. Pour nous, le label “Cité de caractère” est tout aussi important en interne pour notre population qu’en externe pour les tou- ristes” dit-il. La mission du maire et de ses équipes, aujourd’hui, est de donner, ou plutôt redonner de la visibilité à un fabuleux patrimoine méconnu ou mal mis en valeur. C’est bien connu, les beautés sont parfois cachées, celles de Saint-Hipp se dévoilent à chaque coin de rue à l’image de ses deux fontaines, de son couvent, de son église, de ses maisons aux murs en pierre travaillées, et bientôt de ses tanneries. “Nous sommes en discussion avec le propriétaire d’une des tanneries À Saint-Hipp’, il n’y a pas que les “vieilles pierres”. Il y a surtout les grottes ! Elles ont servi - comme la “grotte du château” - de protection à l’ancienne forteresse élevée par les comtes de la Roche. C’est un lieu insolite l Le côté nature
le pieux seigneur Jean de la Roche à accueillir et de préserver dans l’église le linceul qui enveloppa la dépouille mor-
telle du Christ : le célèbre Saint-Suaire, de 1418 à 1425 ? Sur ce fait cultuel demeure un débat entre historiens. En revanche, point de débat sur le caractère unique de cette cité de caractère. Aujourd’hui, les anges gardiens de la cité ont un visage : la commune et ses élus. Le village a par exemple préempté des bâtiments historiques à l’image de la maison Prélot et ses 1 200 m 2 pour 70 fenêtres qu’elle a transformée en médiathèque ouverte à tous, même aux touristes qui peuvent venir se connecter au wifi ou lire le journal. Le coût de cette opération : environ 1,5 million d’euros qui ont sauvé de la ruine ce bâtiment. Après avoir récupéré les bâtiments de la gendarmerie situés dans le couvent (200 000 euros), elle acquiert cet été la troisième aile du couvent dont la toiture est en mauvais état, un site historique qui appartenait jusque-là au Départe- ment duDoubs (120 000 euros). Plusieurs millions d’euros devront être investis ici par Saint-Hippolyte. De quoi obérer son budget d’investissement : “On achète car cela fait partie de notre patrimoine. Nous ne pouvons pas laisser des ruines,
pour les ouvrir, sur visite, au public.” Fermées au début du XX ème siècle, les tanneries ont compté plus de 300 employés faisant la renommée de Saint- Hippolyte ! Les cuirs travaillés ici, expor- tés dans toute la France pour équiper les soldats durant la première guerre mondiale, ont été primés à Lyon en 1872 puis à l’exposition universelle de Paris en 1900. “On a également la chance d’avoir des propriétaires qui donnent accès à leurs cours intérieures lors des visites guidées de l’Office de tourisme” indique l’élu. Si Saint-Hippolyte n’est pas sale, le maire a demandé à ses services de redou- bler d’efforts sur le nettoyage. Régis Ligier qui est aussi vice-président en charge du tourisme à la communauté
situé à quelques kilomètres de là, à Soulce-Cernay. La grotte abrita la for- teresse des seigneurs avant d’être détruite par Louis XIV. L’autre grotte, c’est celle du Bisontin, un contrebandier qui s’en servait pour cacher son butin.
Boris Loichot,
maire, devant le lavoir proche du couvent.
Le centre vu depuis l’un des belvé- dères (photo A. Busson).
La grotte du Bisontin, une belle marche à découvrir. Renseignements à l’Office de tourisme (photo M. Rougnon).
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