La Presse Pontissalienne 256 - Avril 2021

Le portrait 35

La Presse Pontissalienne n°256 - Avril 2021

LES HÔPITAUX-NEUFS Artisanat d’art

Élodie Famel, artiste laqueur Installée depuis 2008 dans le Haut-Doubs, elle poursuit sa carrière artistique en exploitant un vrai savoir-faire artisanal acquis dans l’utilisation des laques et vernis. Découverte.

J amais à court d’inspiration, celle qui est issue du milieu ouvrier n’avait d’autres choix dans son métier que de côtoyer les gens de la haute, du genre qui ne regardent pas à la dépense pour s’offrir une de ses œuvres. “Sans vivre dans la pau-

Élodie Famel en gardant malgré tout les pieds sur terre. Si elle présente volontiers quelques œuvres en différents lieux du Haut- Doubs, notamment au café associatif Vert Clair situé aux Hôpitaux-Neufs, elle expose l’essentiel de son travail à

vreté, on a toujours fait attention aux dépenses dans ma famille. Dans ces circonstances, ce n’est pas facile de pro- poser un objet cher. Au fil du temps, je suis partie dans le luxe et aujourd’hui je n’ai pas de scrupules à vendre mes œuvres au prix du marché” , explique

Élodie Famel a trouvé sa voie dans la création d’œuvres artistiques à base de laque.

Paris. “Cela a un coût mais c’est essentiel dans ma profession” justifie l’artiste qui participe régulière- ment au salon Maison et Objet ou au Salon International du Patri- moine Culturel orga- nisé au Carrousel du Louvre. Des événe- ments annulés en 2020 sur fond de crise sani- taire, au grand dam d’Élodie Famel. “L’hu- main est primordial dans mon métier. J’ai besoin d’écouter les

installé durablement aux Hôpitaux- Neufs en 2012” , souligne Élodie Famel qui se considère avant tout comme une artisan d’art. Sa technique de travail consiste à superposer des couches de peinture, laque et vernis avec des étapes inter- médiaires de ponçage. “Je travaille beaucoup sur du médium, précise Élo- die qui dispose d’un atelier à Jougne, soucieuse de séparer la vie de famille du travail. C’est aussi plus sain car j’utilise des produits qui réclament des précautions surtout en période de gros- sesse.” Bricoleuse, elle a refait elle- même une bonne partie des travaux dans sa maison sans oublier de s’oc- troyer une pause professionnelle à l’aube de sa parentalité. L’univers de la laque artistique intègre une certaine saisonnalité. “Après le pic d’activité de l’automne, je profite du répit hivernal pour avancer sur les des- sins, la création. Je travaille alors peu à l’atelier.” La fin d’année est aussi une période assez stratégique où il ne faut surtout pas oublier de se rappeler au bon souvenir des clients fidèles en leur adressant de jolies cartes de vœux personnalisées. II lui arrive de travail- ler sur commande. “Des clients me sol- licitent pour laquer des meubles qu’ils ont fait fabriquer sur-mesure. Actuel- lement, je fais un bureau sur ce principe. Certains me demandent de leur faire des propositions de décoration inté- rieure. C’est un travail d’écoute et d’ima- gination avec le défi de ne pas les déce- voir. Les œuvres exposées sur les salons sont des créations pures” dit-elle. n F.C. l Artiste auteur l Originaire de Brest l 40 ans l Titulaire d’un D.M.A. ébénisterie à l’école Boulle et spécialisation en laque à l’école Olivier de Serres l Mariée, deux enfants de 7 et 11 ans l Loisirs : bricolage et boxe thaïe en version loisir Bio express

“Je travaille beaucoup sur du médium.”

gens, leurs envies quand ils me passent des commandes. Sans les salons, tout ce relationnel disparaît. Le Covid oblige à s’afficher sur les réseaux sociaux pour continuer à exister. Aujourd’hui, je suis présente sur Facebook et Instagram.” Difficile de se faire connaître en vivant aux Hôpitaux-Neufs. Élodie Famel a grandi à Brest. Après son Bac arts appliqués, elle suit une formation d’ébéniste à l’école Boulle à Paris puis étoffe son cursus à l’école Olivier de Serres où elle se spécialise dans la laque. “Sachant le coût des études à Paris, je travaillais en même temps dans un atelier d’ébénisterie. J’allais en cours deux jours par semaine. J’ai eu la chance de bénéficier d’une bourse versée par la Ville de Paris au profit des métiers d’art.” À la fin de ses études, elle participe en 2004 au concours des jeunes créa- teurs des ateliers d’art. Elle termine à la première place. Une satisfaction personnelle et surtout le sésame idéal pour se lancer dans le métier de laqueur. “Je me suis mis à mon compte après ce concours en prenant le statut d’artiste auteur en micro-entreprise.” Sans jamais perdre le contact avec les salons parisiens, elle part en province et bouge au gré des opportunités d’em- ploi de son mari ingénieur. Le périple débute dans la Drôme, passe en Suisse pendant deux années avant de se terminer dans le Haut-Doubs où la famille réside depuis 2008. “On s’est

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